Pour répondre aux problématiques générées par la présence de sel dans les sols et les nappes, les gestionnaires du territoire de Narbonne ont sollicité le BRGM et l’Institut Agro de Montpellier afin de mettre en œuvre le programme d’étude et recherche SALIN (salinisation des aquifères littoraux de la Narbonnaise). Cette étude a permis d’améliorer les connaissances sur l’origine de la salinité des eaux et des sols.
26 octobre 2023
Submersion d’une parcelle expérimentale (Cercle à Narbonne, juin 2022).

Submersion d’une parcelle expérimentale (Cercle à Narbonne, juin 2022).

© BRGM - Perrine Fleury

Le besoin

Aujourd’hui, au droit de la plaine de la Narbonnaise, les sols et les nappes constituant le multicouche quaternaire sont caractérisés par la présence, plus ou moins marquée selon les secteurs, de sel. Il en résulte une mortalité importante des espèces végétales. La Communauté d'agglomération Le Grand Narbonne et le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée, gestionnaires du territoire, ont sollicité le BRGM et l’Institut Agro de Montpellier afin de caractériser l’origine de ce sel ainsi que le fonctionnement de ce système (sol + nappe) et ainsi permettre, à terme, faciliter la gestion des ressources en eau.

Les résultats

Une spatialisation de la salinité des sols et de la nappe a été réalisée sur l’intégralité de la zone d’étude. L’étude géochimique a révélé que les sels sont issus de l’infiltration d’une eau saumâtre. Les échanges avec les archéologues de l’UM3 ont permis de confirmer la présence de salines au Moyen Âge. Par la suite, grâce à des aménagements hydrauliques et l’apport important d’eau déviée de l’Aude, notamment pour l’agriculture, la plaine a été drainée et s’est progressivement dessalée.

Aujourd’hui, les importants apports d’eau douce lors des submersions permettent le bon développement des végétaux malgré le sel. Cet apport réduit le stress osmotique subi par les plantes. La recharge actuelle sur l’hydrosystème (précipitations, recharge agricole et crues de l’Aude) permet ainsi de maintenir une lentille d’eau douce, salutaire aux végétaux.

Les cascades du Sautadet, Gard

Les résultats scientifiques apportés par le projet SALIN ont désormais vocation à aider les acteurs du territoire à la mise en place d’actions permettant l’adaptation du territoire à la raréfaction des ressources en eau. À l’issue du projet, il a été montré que des pistes de réflexion et d’amélioration des connaissances seraient toutefois nécessaires pour mener ces adaptations. C’est dans ce cadre qu’une suite au projet est envisagée.

Eric Voque, Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée
Reconstruction of the palaeogeography 2000 years ago (2018).

Reconstruction of the palaeogeography 2000 years ago (2018).

© CNRS

L’utilisation

Dans un contexte de changement climatique, associé à une raréfaction de la ressource en eau, et de la mise en place d’un Plan de Gestion de la Ressource en Eau (PGRE) visant à une diminution des prélèvements sur l’Aude, les usages de la plaine de la Narbonnaise vont nécessairement évoluer, en prenant en compte les caractéristiques des différents secteurs. Ainsi, le Sud de la Plaine, à proximité des étangs, présente une très forte vulnérabilité au changement climatique (élévation du niveau de la mer). Sur les secteurs amont, la recharge naturelle et anthropique (eau agricole disponible) devrait diminuer dans les décennies à venir, impactant ainsi fortement les végétaux dans les secteurs les plus salés. Une adaptation des pratiques sur ces secteurs à forte valeur économique agricole et environnementale sera donc nécessaire dans le futur.

Les partenaires

  • Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée 
  • Communauté d’Agglomération Le Grand Narbonne
  • Institut Agro Montpellier
  • Région Occitanie
  • Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse