L’isthme et la plaine de Miquelon, reliant la presqu’île du Cap au nord avec la presqu’île de Grande Miquelon au sud, sur lequel s’est développé le bourg de Miquelon (Miquelon, 2023).
© BRGM - B. Vittecoq
Le besoin
La population de Miquelon et les pouvoirs publics s’inquiètent de l’occurrence future d’inondations par remontée de nappe. Une nappe d’eau souterraine est en effet présente à quelques mètres sous le sol de Miquelon, au sein des sables et galets constituant l’isthme entre le Cap et la Grande Miquelon. C’est pourquoi la DTAM a sollicité le BRGM afin de mieux comprendre le fonctionnement de la nappe pour mieux appréhender les phénomènes observés par le passé, et notamment en 2018 et 2020, et étudier des solutions de prévention ou de protection, individuelles ou collectives, visant à diminuer la vulnérabilité et augmenter la résilience face à ce type d’inondation.
Les résultats
Un réseau de mesure a été mis en place en août 2021 grâce à une collaboration entre la DTAM, la mairie de Miquelon et le BRGM. Une vingtaine de points sont ainsi mesurés tous les mois afin de suivre le niveau général de la nappe et six appareils automatiques suivent heure par heure son niveau. Un dernier appareil a été installé au niveau du ruisseau de l’Anse, en amont de la route vers le Cap. Les données acquises depuis août 2021 ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de la nappe et de confirmer la pertinence d’un dispositif de suivi pour mieux appréhender l’évolution de la vulnérabilité du secteur au phénomène de remontée de nappe.
L’analyse et l’interprétation des résultats ont permis de mettre en évidence l’extension et les sens d’écoulements de la nappe libre de la plaine de Miquelon au sein de dépôts littoraux postglaciaires holocènes contraints par le niveau de la mer et du Grand Etang. Compte tenu de la nature très perméable des sols, l’intégralité de la pluie efficace s’infiltre pour recharger la nappe. Le suivi piézométrique, conduit dans les zones les plus vulnérables aux remontées, permet d’évaluer la profondeur de la nappes en période hivernale (novembre-mai), à seulement 0 à 50 cm de profondeur par rapport au sol et en période estivale (juin-octobre), entre 50 cm et 1 m de profondeur par rapport au sol.
Evolution du niveau de la nappe au cours du temps dans le puits situé au bout du terrain de football. Les variations sont représentées ici en profondeur par rapport au niveau du sol. (Miquelon, 2023).
© BRGM - B. Vittecoq
L’utilisation
Le modèle maillé spatialisé réalisé avec ©Marthe, calibré sur la période 2021-2022, a permis en premier lieu de reproduire les niveaux de la nappe lors de la tempête de novembre 2018 et mettre ainsi en évidence que le modèle ne permet pas d’expliquer les niveaux atteints dans les caves uniquement par des remontées de nappes. Les inondations seraient ainsi plus probablement la résultante de la réinfiltration des eaux de ruissellement liées aux submersions marines. Dans un deuxième temps, la modélisation a permis d’évaluer l’impact d’une élévation du niveau moyen de la mer (considérant les scénarios de projection du GIEC) grâce à la réalisation d’une carte d’évolution de la vulnérabilité au phénomène de remontée de nappe pour identifier les secteurs les plus vulnérables et de tester des solutions de remédiations actives (pompages) et passives (drains) afin d’évaluer leur efficacité en terme de rabattement du niveau de la nappe.
Enfin, un plan d’actions a été proposé pour renforcer la robustesse prédictive du modèle et améliorer la compréhension du fonctionnement de la nappe (3 actions) et déployer des actions de remédiation (7 actions) pour favoriser le ruissellement, diminuer la recharge et favoriser l’écoulement de la nappe.
Partenaire
- Direction des Territoires, de l'Alimentation et de la Mer (DTAM) de Saint-Pierre et Miquelon