A l’occasion de travaux ou à la suite d’éboulements, d’événements pluvieux intenses ou de fortes houles susceptibles de porter atteinte à la sécurité des usagers, la Route du Littoral (RN1) à La Réunion peut être interdite à la circulation. Le report du trafic sur la Route de la Montagne (RD41) induit alors une augmentation des risques gravitaires (éboulements, chutes de blocs).
7 octobre 2021
Secteur de la Grande Chaloupe sur la RD41 lors d’une fermeture de la Route du Littoral (2019).

Secteur de la Grande Chaloupe sur la RD41 lors d’une fermeture de la Route du Littoral (2019).

© Imaz Press Réunion

Le besoin

Le service des routes du Conseil Départemental, souhaitant mesurer l’exposition de la Route de la Montagne aux risques gravitaires lors de ces périodes de circulation modifiée sur la Route du Littoral, a sollicité le BRGM afin d’étudier la faisabilité d’évaluation de l’influence de la pluviométrie et de l’augmentation du trafic sur les risques gravitaires de la RD41.

Les résultats

  • Suite à la consolidation de l’inventaire des mouvements de terrain le long des 30 km de la RD41 (161 évènements sur la période 2013-2020), l’analyse fréquentielle des chutes de blocs a montré que l’itinéraire de délestage (RD41) de la Route du Littoral est plus souvent impacté par des chutes de blocs que cette dernière, du fait d’une moindre sécurisation et d’une configuration morphologique propice localement aux atteintes de la route ;
  • La confrontation du catalogue d’évènements sur les deux secteurs les plus actifs de la RD41 et des chroniques de pluies reconstituées à partir de la lame d’eau radar montre que 85% des chutes de blocs surviennent lors de jours pluvieux, représentant environ la moitié des jours de l’année ;
  • Indépendamment de l’intensité des pluies, il est observé une corrélation positive entre les pluies journalières et les instabilités recensées. Cette corrélation est maximale le jour pluvieux (J0) et reste perceptible jusqu’à deux jours après le jour pluvieux (J+2) ;
  • Le calcul de la fréquence des chutes de blocs (quel que soit le volume des évènements) par intervalle pluviométrique met en évidence une augmentation de la probabilité d’occurrence des atteintes de chutes de blocs parallèlement à l’augmentation des cumuls journaliers de pluies sur 1, 2 ou 3 jours ;
  • Le risque gravitaire pour les usagers de la RD41 (probabilité journalière de décès d’un usager par kilomètre de route) a été quantifié par croisement des probabilités d’atteinte de la chaussée avec la probabilité d’impact de véhicule (fonction du trafic) et la probabilité de victime (fonction des conditions d’atteinte et d’endommagement des véhicules en cas d’impact). Cette étude a conduit à l’élaboration d’un abaque et d’un atlas cartographique figurant les risques de chutes de blocs en fonction des cumuls de pluies sur 1, 2 et 3 jours et des conditions de trafic ;
  • Afin de pouvoir réellement comparer les risques encourus en empruntant, au même moment, l’une ou l’autre des deux routes, il reste à déployer la même méthodologie sur l’ensemble des deux itinéraires pour différents scénarios de gestion.
Secteur de la Grande Chaloupe sur la RD41 lors d’une fermeture de la Route du Littoral (2019).

Le BRGM a travaillé sur la relation entre précipitations et risques encourus par les usagers du fait des chutes de bloc, sachant que le danger pour les automobilistes est lié à l’importance du trafic. Son étude nous permet d’avoir un état des lieux statistique le plus fiable possible pour que l’on puisse éventuellement déterminer un mode de gestion plus sécurisant. Au-delà de ce travail, la situation devrait s’améliorer avec l’ouverture, d’ici la fin de l’année, d’une partie de la nouvelle route du littoral dont la construction s’achève.

Dimitri Stark, directeur départemental des routes, Conseil départemental de La Réunion

L’utilisation

Cette étude a permis de mesurer les risques gravitaires induits indirectement par les décisions de fermeture de la route du littoral. Sur cette base, une réflexion sur des modes de gestion météo-dépendant de l’itinéraire pourrait être engagée afin de tendre vers des niveaux d’exposition acceptables pour le gestionnaire. De manière plus globale, ce type d’étude ouvre des perspectives pour alimenter et concevoir des outils d’exploitation à destination des gestionnaires d’infrastructures linéaires soumises à des aléas naturels.

Les partenaires

  • Conseil départemental de La Réunion