Dans le Nord-Ouest Atlantique, l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon est exposé à divers aléas météo-marins (liés notamment à des dépressions subarctiques ou des cyclones remontant la côte Est américaine). Le littoral linéaire d’environ 200 km est ainsi soumis à la fois à un recul du trait de côte dans les zones de côtes rocheuses ou sédimentaires et à des phénomènes de submersion marine dans les zones basses, où la population est implantée (Saint-Pierre, Miquelon et hameau de Langlade).
14 septembre 2020
Typologie des morphologies de l’embouchure du Goulet de Miquelon

Typologie des morphologies de l’embouchure du Goulet de Miquelon (2017 - image © PLEIADES).

© BRGM

Le besoin

On constate depuis plusieurs années le comblement de la partie interne du goulet du Grand Etang, et le recul progressif de la partie sud de l’Anse de Miquelon. Les interactions entre le goulet et la plage adjacente résultent de flux hydro-sédimentaires, liés d’une part au flux oscillant dans le goulet et d’autre part à la dérive littorale et son blocage par le goulet. On constate ainsi une élongation du delta de jusant (delta sableux sous-marin très mobile, créé par la marée descendante) qui piège le transit sédimentaire vers le nord, et entraine vraisemblablement un déficit d’apport à la plage de l’Anse de Miquelon.

Dans ce contexte, la Direction des Territoires, de l’Alimentation et de la Mer (DTAM) de Saint- Pierre et Miquelon a sollicité le BRGM pour réaliser une étude visant à comprendre les mécanismes hydro-sédimentaires en jeu dans le secteur du goulet et ainsi aider à la gestion durable du site et de l’érosion de l’anse de Miquelon.

Les résultats

L’analyse des données historiques, ainsi que des données d’observation satellitaires récentes a permis de caractériser une évolution cyclique de l’embouchure du Goulet : l’augmentation progressive du delta de jusant entraine la rotation du chenal et l’érosion de la partie sud de l’anse de Miquelon, jusqu’à la rupture naturelle de la flèche qui restitue un chenal plus linéaire et entraine le transfert de sédiments vers l’anse de Miquelon. Ce mécanisme cyclique résulte principalement de la houle dominante et de la dérive littorale. Toutefois le phénomène de rupture, probablement associé à des écoulements plus intenses dans le goulet pendant les grandes marées, reste difficilement prévisible.

L’étude a ainsi permis d’établir un schéma conceptuel du fonctionnement de l’embouchure et de préconiser des recommandations en terme de gestion du système. Deux options principales sont retenues : laisser l’embouchure évoluer naturellement ou mettre en œuvre une intervention modérée (prélèvement) visant à rétablir la position d’équilibre du chenal et à recharger la plage en aval-transit, sans toutefois perturber l’hydrodynamique du système.

Evolution de l’embouchure du Grand Etang de Miquelon entre 1949 et 2017

Evolution de l’embouchure du Grand Etang de Miquelon entre 1949 et 2017. Les tracés représentent la ligne de rivage ainsi que l’axe principal du chenal. Fonds © BDOrtho IGN.

© BRGM

L’utilisation

Les préconisations émises à l’issue de cette étude permettent d’envisager la gestion des sédiments à l’embouchure du goulet du Grand Etang de Miquelon. La DTAM peut ainsi mettre en œuvre une intervention sur le delta de jusant qui devra (i) rester modérée et (ii) ne pas modifier les processus hydro-sédimentaires. L’avantage principal de cette stratégie est de permettre de choisir la zone de dépôt du sable prélevé, et ainsi de mieux positionner les rechargements sur les zones déficitaires.

Les partenaires

  • Direction des Territoires, de l'Alimentation et de la Mer de Saint-Pierre et Miquelon
Brèche pyroclastique de Galantry, Saint Pierre et Miquelon

Cette étude nous a permis de mieux connaître le fonctionnement du goulet du Grand Etang de Miquelon. Elle explique notamment l’impact du goulet sur l’érosion de la plage et propose les travaux possibles pour rétablir en toute sécurité le débit sédimentaire au droit du goulet. Elle fait partie d’un ensemble d’études dédiées à une meilleure connaissance des phénomènes d’érosion.

Christophe Georgiou, chef de projet, DTAM Saint-Pierre et Miquelon