En 2016, deux équipes du BRGM posent leurs valises au Cameroun et au Malawi. Dans le premier de ces pays, l’établissement français, associé à des partenaires camerounais (BEIG3) et finlandais (GTK), est missionné pour un projet de renforcement des capacités dans le secteur minier (PRECASEM). La première phase (2016-2018) couvre 170 000 km2 ; la seconde (2019-2021), en étendant le programme sur 220 000 km2, aboutit à la mise à jour des connaissances géologiques sur la quasi-totalité du territoire camerounais (80 %) ! « Il s’agissait toujours d’actualiser et d’enrichir la carte géologique du pays et de réaliser des campagnes d’exploration géochimique mais, cette fois, nous ne nous sommes pas limités aux ressources minérales qui peuvent intéresser les opérateurs miniers, souligne Claude Delor, chef de projet. Nous avons aussi mis en évidence les géomatériaux, les matériaux de carrière, de construction, les roches ornementales, etc., qui sont susceptibles d’irriguer le tissu économique local à court terme. »
Un outil de travail innovant
Financé par la Banque mondiale, le projet « Cameroun 2 » permet d’établir trois cartes du pays à l’échelle 1/1 000 000 présentant des synthèses géologique, gîtologique et des géomatériaux. Elles sont complétées par 18 cartes géologiques au 1/200 000 qui affichent les ressources minérales et les géomatériaux – 14 autres avaient été produites dans le cadre de Cameroun 1 – ainsi que 12 cartes géochimiques. Pour centraliser, conserver, diffuser et valoriser ces données, un système d’informations géologiques et minières (SIGM) est créé, qui met également à disposition près d’un millier de documents. « Le SIGM est un outil de travail innovant pour les opérateurs miniers et les services de l’État mais aussi un support de connaissances géoscientifiques de premier ordre pour les enseignants, les chercheurs, les étudiants, les aménageurs, les collectivités… », avance Marc Urvois, en charge de ce SIGM. Le PRECASEM a enfin permis de faire monter en compétences une soixantaine d’homologues camerounais, formés à la géochimie et la géologie ainsi qu’à la gestion, l’actualisation et la maintenance du SIGM. Le renforcement des capacités s’entendant aussi au plan matériel, des équipements ont été fournis pour mettre à niveau les infrastructures scientifiques. Les résultats de Cameroun 2, restitués localement en décembre 2021, ont été largement relayés par les médias nationaux.
Le projet Geological Mapping and Mineral Assessment of Malawi (Gemmap), financé par la France via une convention cadre signée avec cet État africain, s’est lui aussi achevé en 2021. Mis en œuvre par un consortium piloté par le BRGM, avec pour partenaires les services géologiques de Finlande (GTK) et d’Afrique du Sud (CGS), Gemmap visait à appuyer le développement économique du pays par la diversification du secteur des ressources minérales. Ce qui nécessitait une actualisation de sa couverture cartographique géologique et un nouvel inventaire de son potentiel minier. L’ensemble du territoire est aujourd’hui couvert par 40 cartes géologiques au 1/100 000, 10 cartes géologiques et 10 cartes structurales au 1/250 000 ainsi que 3 cartes de synthèse au 1/1 000 000, dont une sur les ressources minérales.
Projet Cameroun 2 financé par la Banque mondiale
Extrait de la carte géologique du Cameroun au 1/1 000 000. Ce type de données géoscientifiques est publié sur le nouveau portail de données SIGM (sigm.minmidt.cm.) qui regroupe près de 1 000 documents dont les cartes géologiques, géochimiques et de géomatériaux établies lors du projet "Cameroun".
© BRGM
Des cartes sur les risques naturels
Pour les besoins de la carte géologique du Malawi, sept campagnes de terrain sont effectuées par plusieurs équipes simultanément. Pour l’inventaire des occurrences minérales, des levés géochimiques sont réalisés dans sept secteurs, sur la base de l’actualisation des données. Des cartes sur les risques naturels sont également produites : elles illustrent les zones sujettes à différents types d’aléas, en particulier les inondations, les glissements de terrain et les tremblements de terre.
Gemmap a par ailleurs permis de dispenser 37 formations à plus de 300 stagiaires et étudiants malawites, sur le terrain et en laboratoire, lors de stages et de sessions ou encore dans le cadre de formations diplômantes, avec des masters effectués au Malawi, au Ghana et en Australie. « Nous avons couvert tous les champs qui permettront à nos homologues de continuer à approfondir leurs connaissances dans le domaine des géosciences », résume Carol Zammit, adjointe au chef de projet. Comme au Cameroun, les laboratoires ont été équipés et remis en état. Un centre de documentation a également été érigé. Une conférence de restitution intermédiaire a, par ailleurs, réuni 300 personnes en deux jours, dont plusieurs opérateurs miniers.