Le projet AD-VITAM, qui s’est déroulé de mi-2017 à fin 2020, s’est donné comme objectif d'améliorer la résilience des territoires par rapport aux risques naturels de glissements de terrain, à travers le développement de systèmes opérationnels innovants, basés sur la donnée de pluie.
1 mars 2021
Logo du projet AD-VITAM

Logo du projet AD-VITAM

© Interreg ALCOTRA

Le BRGM était partenaire du projet AD-VITAM, financé par le programme européen ALCOTRA et coordonné par le laboratoire Géoazur, qui s’est achevé fin 2020.

Enjeux et besoins

Les activités concernaient l’évaluation des relations pluie-glissement de terrain par l’étude des événements historiques, la réalisation d’un inventaire des événements sur le territoire Alcotra franco-italien, le développement de différents modèles de prévision, la définition de seuils pour le déclenchement des glissements de terrain, et la production de cartes dynamiques de vulnérabilité, outil fondamental pour la gestion opérationnelle.

Les résultats sont surtout destinés aux gestionnaires locaux, confrontés à la gestion du risque glissement de terrain, et qui trouveront immédiatement des applications dans tout l’espace Alcotra, ils sont par ailleurs diffusés sur Internet pour une information grand public.

L’objectif majeur du projet était la prise en compte effective des variations pluviométriques aussi bien en termes de bilan que de prévision (projection climatique) dans des modèles de calcul des aléas glissement de terrain, phénomène émergent peu étudié contrairement aux chutes de blocs (projet MASSA). Le bilan historique permet de réaliser un inventaire et une restitution des liens de cause à effet sur les territoires en termes d’impact et de résilience des communautés face aux risques spécifiques de montagne, mais aussi de zone typique du pourtour méditerranéen.

Glissement de terrain, Italie

Glissement de terrain (Mendatica di Monesi, Ligurie, Italie, 2017).

© BRGM

Résultats et utilisation

Actions de communication, coordonnées par l’ARPAL

  • L’information à la population sur les thèmes suivants : « un territoire résilient », « connaître pour prévoir », « se protéger » et « connaître le passé » ;
  • L’éducation aux risques ;
  • La formation des techniciens par le biais de plusieurs séminaires qui se sont tenus au cours du projet ;
  • La réalisation d’un glossaire franco-italien pour mieux se comprendre en techniciens côté Français et Italien ;
  • La réalisation de guides pratiques ;
  • D’un séminaire de restitution des résultats du projet.

Actions sur l’historicité des phénomènes, coordonnées par la Région Piémont

  • La mise à jour d’un inventaire des événements historiques de mouvements de terrain disponibles sur l’ensemble du territoire éligible Alcotra Franco-Italien ;
  • Un travail d’identification des secteurs de versants vulnérables aux phénomènes de glissements superficiels par une représentation cartographique de la susceptiblité des versants aux glissements de terrain à travers ou non l’utilisation de modélisations ;
  • Un travail de caractérisation des épisodes de pluies intenses et de mouvements de terrain (éboulements, glissements de terrain) associés par un retour d’expérience sur les événements passés, et la caractérisation d’une typologie spécifique des épisodes types de pluies intenses, mais aussi les conséquences probables en termes de déclenchements de mouvements de terrain sur des territoires comme ceux des Alpes-Maritimes côté Français, des régions Ligurie, Piémont et Val d’Aoste côté Italien ;
  • Une proposition de seuil de déclenchement des glissements de terrain à l’échelle du département des Alpes-Maritimes à partir des données météo et d’événements historiques de glissements de terrain, sur 15 ans de données (2000-2015).
Equipe projet AD-VITAM

Equipe projet AD-VITAM (Piémont, 2017).

© BRGM

Actions sur la modélisation, coordonnées par le BRGM

  • Le test des modèles existants de prévision des mouvements de terrain (glissements de terrain) côté Français et Italien (ALICE © BRGM, LAMP © UNIGE, YASSA © ARPAL) sur des territoires identifiés préalablement compte tenu de leur morphologie, des enjeux, et de leur contexte géologique et événementiel dans le passé (bassins de risques, tronçons de route...), et cela à niveau d’eau constant (niveaux piézométriques synchrones des pluies globales) dans un premier temps, puis en rejouant des épisodes de pluies intenses du passé (par exemple les épisodes de 2014 qui ont impacté fortement les Alpes-Maritimes et la Ligurie), et ainsi obtenir sur un certain nombre de sites pilotes des cartes probabilistes de susceptibilité aux glissements de terrain ;
  • L’amélioration des modélisations de glissements de terrain en y intégrant une donnée spatialisée de pluie issue des radar météo (ici le radar Mont Vial dans les Alpes-Maritimes géré par la société Novimet ® et le radar Monte Settepani en Italie) et ainsi l’amélioration des cartes de susceptibilité en les rendant “dynamiques”, et en améliorant la précision sur la susceptibilité aux glissements de terrain ;
  • Un travail sur la prévision de glissements de terrain en temps réel (sur un temps d’environ 1 à 2h entre l’information de l’arrivée d’une pluie intense et le début de l’épisode pluvieux), afin de rendre dynamiques les cartes de susceptibilité aux glissements de terrain en y intégrant la lame d’eau radar quelques heures avant son arrivée pour faire évoluer ou non les zones de susceptibilité aux glissements de terrain ;
  • A partir du modèle ALICE développé par le BRGM, cette analyse est désormais possible par la mise en place d’une chaîne de traitement depuis la mesure radar de la pluviométrie (dalle de 1km2) à une date d, l’intégration de la donnée pluie radar dans le modèle hydrogéologique Gardenia, le calcul du niveau de nappe h au jour d, la selection de la carte de FS (facteur de sécurité) parmi toutes les cartes pré-calculées coorrespondant au niveau de nappe h et enfin la production d’une carte de susceptibilité correspondant au niveau de nappe h au jour d. L’objectif aujourd’hui est de rendre opérationnel cette chaîne de traitement pour les besoins des collectivités ;
  • Un travail sur un modèle de prédiction (FLAME © BRGM), permettant de prédire la vitesse de déplacement du glissement en fonction de données des précipitations, sur des sites de glissements de terrain connus disposant de chroniques de déplacements et piézométriques depuis plusieurs années. Initialement prévue sur les sites instrumentés durant le projet AD-VITAM par des GPS (Vence, Ceriana et Mandatica di Monesi), cette analyse avec FLAME a finalement été faite sur le site du glissement de terrain de Borgata en région Piémont.

Rôle du BRGM

Le rôle du BRGM dans le projet a porté sur son expertise en géologie et sa capacité d’analyse du risque associé aux glissements de terrain : analyse passée des événements, valorisation des données géologiques, pré-analyse des risques. Ce travail a été réalisé par le BRGM via notamment la coordination du volet modélisation, et l’encadrement de plusieurs stages M2 et d’une thèse (Drouillas Y., publication à venir).

Les objectifs du BRGM dans ce projet étaient de capitaliser la connaissance sur les risques naturels (mouvements de terrain) pour mieux la diffuser, adapter et faire évoluer les outils de prévention développés au BRGM (modélisations) pour qu'ils tiennent compte des facteurs déclenchant (précipitations), échanger avec les partenaires italiens notamment sur les travaux scientifiques de modélisation et répondre au mieux aux besoins des gestionnaires par une communication et une formation des élus aux outils de prévention pour améliorer la gestion d'un territoire et à terme sa résilience.

Partenaires

  • Français : GéoAzur et BRGM
  • Italiens : ARPAL, Fondation Montagne Sûre (Val d’Aoste), UNIGE Université de Gênes, ARPA Ligurie, Région Piémont, et Communauté de communes Val d’Ormea, d’Argentina et de Mendatica