Régions prometteuses d’Europe orientale et méridionale.
© STRATEGY CCUS
Enjeux et besoins
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à considérer le Captage, Stockage et Valorisation du CO2 (CCSV, ou CCUS en anglais) comme un facteur-clé pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris, par les perspectives de réduction significative des émissions de CO2 qu’il ouvre pour les secteurs industriels et énergétiques européens.
Le CCSV permet de réduire les émissions non énergétiques "non évitables", ainsi que les émissions énergétiques encore émises pendant la période de transition énergétique. C’est une option technologique mature qui peut être mise en place rapidement et massivement pour contribuer à réaliser les réductions drastiques d'émissions pour lesquelles les pays se sont engagés dans l'Accord de Paris. En 2017, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a annoncé que le développement du CCUS n’était pas suffisamment rapide pour permettre d'atteindre l'objectif de l'Accord de Paris de 2015.
Notre intention est de fournir aux gouvernements et aux citoyens d'Europe du Sud et de l'Est un aperçu de la faisabilité du développement de la CCUS dans leurs régions, en lien étroit avec un large éventail d'activités socio-économiques locales. Notre objectif est d'aider les territoires à atteindre la neutralité carbone avec des feuilles de route réalisables à court, moyen et long terme.
Le projet STRATEGY CCUS, un projet CSA (Coordination and Support Action) H2020 financé par l'UE pour une durée de 3 ans (avril 2019 à juillet 2022), a pour objectif de promouvoir une transition à faible émission de carbone en Europe orientale et méridionale. Huit régions prometteuses ont été identifiées dans 7 pays européens (France, Espagne, Portugal, Croatie, Pologne, Grèce, Roumanie) pour y étudier les possibilités et perspectives de déploiement de ces technologies. Parmi ses activités, le consortium a prévu :
- d’explorer les pistes de développement : zones d’émissions, lieux potentiels de stockages, infrastructures et corridors de transports et possibilités de captage, stockage et valorisation du CO2,
- de réaliser des études économiques et environnementales comme l’analyse approfondie du cycle de vie (ACV) et d'une analyse technico-économique (ATE), pour étayer les propositions (élaboration de scénarios) et l’exploitation des résultats,
- de travailler et collaborer avec des parties prenantes locales et décisionnaires à l’échelle régionale, nationale et européenne par la consultation et la prise en compte de leurs ressenti, besoins et attentes, tout au long du projet.
L’objectif est d’établir des feuilles de route détaillées sur le captage, l'utilisation et le stockage du carbone (CCUS) et proposer des solutions applicables dans d’autres régions, en particulier pour les émissions non énergétiques, qui résultent de procédés industriels (cimenteries, incinérateurs, procédés de fermentation, de distillation, etc.).
Le succès des stratégies de CCUS dépend dans une large mesure des situations locales. Outre les critères techniques et structurels, cela englobe différents aspects sociétaux qui peuvent en partie être évalués dans des évaluations technico-économiques et des analyses de cycle de vie. Mais pour obtenir des informations et des connaissances sur les aspects d’acceptation dans une région spécifique, il est très important d'inclure les parties prenantes concernées le plus tôt possible. La collaboration avec les parties prenantes dans le cadre du projet STRATEGY CCUS garantira la viabilité future des options technologiques développées.
Résultats et utilisation
En avril 2020, les partenaires du projet STRATEGY CCUS ont sélectionné trois de ces huit régions "prometteuses" en Europe du Sud et de l'Est pour bénéficier de ces feuilles de route détaillées sur le CCSV (CCUS).
Les régions sélectionnées pour des études plus approfondies disposent du meilleur potentiel pour le déploiement à grande échelle de ces technologies de limitation du réchauffement climatique : existence de grappes industrielles (clusters), options de transport et de stockage géologique du CO2, possibilités d'utilisation du CO2. Elles couvrent les zones industrielles et géologiques ci-dessous :
- La vallée du Rhône en France comprend le pôle CSU Fos-Berre/Marseille visé par l'action 9 du plan SET (en tant que projet phare), et la métropole lyonnaise.
- Le bassin de l'Ebre en Espagne comprend la zone industrielle de Tarragone et les régions de Castellón Nord et de Teruel Nord.
- Le bassin lusitanien au Portugal comprend des sources de CO2 dans l'axe Leiria-Figueira da Foz et s'étend à la région industrielle de Lisbonne.
Quatre régions étudiées plus en détails, avec pour chacune le nombre de sites industriels et les émissions de CO2.
© STRATEGY CCUS
Les trois régions sélectionnées font actuellement l'objet d'une analyse approfondie du cycle de vie (ACV) et d'une analyse MRIO (Multiregional Input Output Assessment - Évaluation multirégionale des entrées et sorties) en plus de l’analyse économique qui est menée pour l’ensemble des 8 régions.
- L'analyse du cycle de vie (ACV) évaluera les impacts environnementaux du déploiement du CCUS à tous les stades (du développement à la mise en œuvre opérationnelle à grande échelle, y compris les émissions, l'énergie intrinsèque et l'utilisation des ressources).
- L'analyse MRIO examinera l’impact socio-économique du déploiement de la technologie CCUS sur la valorisarisation des produits ou service, sur le produit intérieur brut (PIB) et sur la création des emplois.
Conformément à leur objectif de promouvoir une transition à faible émission de carbone en Europe orientale et méridionale, les partenaires du projet ont aussi élaboré une modélisation économique détaillée sur le CCUS pour le nord de la Croatie, arrivée en quatrième position lors du vote, qui offre des possibilités d’utilisation du CO2 pour la récupération de pétrole assisté par l’injection de CO2 (E.O.R.= Enhanced Oil Recovery).
Injection et stockage du CO2 : propositions de scénarios de référence d'évolution.
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Les quatre autres régions de France (Bassin de Paris-Ile de France), Grèce, Pologne et Roumanie - qui font partie du groupe initial identifié comme prometteur pour le développement des technologies de CCUS - feront l'objet d'études économiques au cours des nouvelles phases d’avancement du projet STRATEGY CCUS.
Ces résultats pour les huit régions étudiées, attendus au début de l'année 2022, alimenteront les scénarios de déploiement de CCUS à échéance de 10, 20 et 30 ans.
Parallèlement, la consultation régulière des parties-prenantes et des enquêtes à différents niveaux (regional, national et européens) se poursuivra afin d’étayer les études technico-économiques et environnementales et s’assurer de la faisabilité et la viabilité des scénarios proposés et du support des acteurs locaux.
Les feuilles de route qui en résulteront, et qui proposeront des modèles commerciaux, des savoir-faire techniques et des bonnes pratiques sur des enjeux tels que l'acceptation sociale, visent à prouver aux gouvernements nationaux et régionaux comme aux entreprises que le développement du CCUS est à la fois réalisable et essentiel si l’on veut respecter les engagements de l'accord de Paris en faveur de l'action climatique.
Le projet STRATEGY CCUS aborde résolument à la fois une question, la CCUS, et des zones géographiques, l'Europe du Sud et de l'Est, qui doivent être explorées si nous voulons nous attaquer aux émissions de CO2 de l'industrie. Les huit régions ont chacune leurs propres atouts et pistes de progrès, et plusieurs d'entre elles gagneraient à être étudiées conjointement pour s’assurer des synergies existantes. Les technologies de CCUS nécessitent un travail d'équipe à l'échelle européenne et STRATEGY CCUS contribue à cet objectif.
Rôle du BRGM
Le projet STRATEGY CCUS - Strategic planning of Regions and Territories in Europe for low-carbon energy and industry through CCUS, Coordination and Support Action - est mené par le BRGM, le service géologique français, en collaboration avec 17 partenaires scientifiques et industriels de 10 pays européens (France, Espagne, Portugal, Grèce, Croatie, Royaume-Uni, Roumanie, Pologne, Allemagne, Norvège).
Il a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n°837754. Il a débuté en 2019 et se poursuivra jusqu'en 2022.
Le BRGM est :
- Coordinateur du projet.
- Co-leader du Groupe de Travail WP2 pour la cartographie du potentiel technique des régions prometteuses étudiées.
Partenaires
- France : BRGM (Coordinateur), IFPen, Total
- Espagne : IGME, CIEMAT
- Portugal : Universidade de Évora, Universidade Nova Lisboa, CIMPOR, DGEG
- Croatie : University of Zagreb
- Roumanie : Geoecomar, SNSPA
- Grèce : CERTH
- Pologne : GIG
- Allemagne / Fraunhofer ISI
- Norvège : NORCE
- Royaume Uni : University of Edinburgh(SCCS)
PilotSTRATEGY, nouveau projet coordonné par le BRGM à la suite de STRATEGY CCUS
À la suite des suite des réalisations engagées dans STRATEGY CCUS, le BRGM coordonne le projet H2020 PilotSTRATEGY - pilotes pour le stockage géologique de CO2 dans des régions stratégiques, qui vise à développer des sites de stockage géologique de CO2 en Europe. D’une durée de 5 ans, ce projet poursuit les études déjà entreprises dans cinq régions industrielles de l’Est et du Sud européen.