L’établissement public en charge de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (RNDP) et le BRGM ont achevé, en 2021, un projet visant à identifier et sélectionner, au sein des carrières françaises, des pierres « neuves » compatibles avec les pierres d’origine afin de mener les travaux de restauration de la cathédrale. Ce projet a également permis de rédiger un guide méthodologique de référence pour le domaine des monuments historiques.
19 septembre 2022

Le besoin

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019 a causé d’importants dommages à l’édifice, et a engendré la mise en œuvre d’un chantier sans commune mesure avec les travaux classiques de restauration des monuments. De nombreux éléments architecturaux en pierre ont en effet été fortement impactés par le feu, nécessitant de recourir à des pierres de restauration de qualité et quantité adéquates et ce, dans des délais contraints. Face à cet enjeu d’approvisionnement du chantier, le maître d’ouvrage RNDP a fait appel à l’expertise du BRGM afin de rechercher, au sein des carrières françaises actives, des pierre « neuves » :

  • Compatibles selon des critères esthétique et physico-mécanique avec les pierres d’origine de la cathédrale ;
  • Disponibles pour certaines en blocs de dimensions exceptionnelles (hauteur d’assise importante, longueur pluri métrique).

Les résultats

En premier lieu, une trentaine de types de pierre, mis en œuvre durant la phase de construction initiale de la cathédrale (Moyen-Age), mais également lors des nombreux travaux de restauration et d’agrandissement au cours des siècles suivants et jusqu’à nos jours, a été inventorié au sein de l’édifice. Des investigations sédimentologiques ont ensuite été conduites dans une trentaine de carrières d’extraction de pierres calcaires, situées dans plusieurs bassins français ciblés (Picardie, Bourgogne, Poitou-Charentes), accompagné du repérage, de la sélection et de l’échantillonnage d’une quarantaine de types de pierre. Les échantillons collectés ont finalement été caractérisés en laboratoire. Le guide de sélection des pierres de restauration de la cathédrale réalisé est constitué principalement :

  • D’un « Référentiel des pierres d’origine de la cathédrale », fournissant des données détaillées sur la trentaine de types de pierre calcaire inventoriés sur la cathédrale ;
  • D’un « Référentiel des pierres de remplacement », fournissant des données détaillées sur 32 pierres calcaires d’âge Lutétien (Miocène), issues de 9 carrières de l’Aisne et de l’Oise, associé à une 1ère collection d’échantillons représentatifs ;
  • D’un « Référentiel des pierres de substitution » fournissant des données détaillées sur 10 pierres calcaires d’âge Bathonien (Jurassique moyen), issues de 8 carrières actives de Charente, de la Côte-d’Or et de l’Yonne, associé à une 2nde collection d’échantillons représentatifs.

L’utilisation

Les trois référentiels mentionnés ci-dessus constituent aussi bien des catalogues de données que des outils opérationnels d’aide à la décision, en particulier pour l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, maître d’œuvre du chantier de la cathédrale et auquel incombe le choix final des pierres de restauration de la cathédrale. Sur la base de ces référentiels, plusieurs pierres calcaires issues de carrières de l’Oise ont d’ores-et-déjà été sélectionnées pour les premières tranches de travaux.

Les partenaires

  • Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris