PLASMIANTE veut utiliser la physique des plasmas poudreux pour filtrer et quantifier les poussières d’amiante.
© GREMI/ Pr L. Boufendi Univ. Orléans
A l’heure actuelle, sur les chantiers de désamiantage, la détection de l’amiante en suspension dans l’air nécessite des dispositifs de prélèvement contraignants. La norme consiste à filtrer l’air ambiant sur le chantier et à compter les fibres d’amiante dans un microscope électronique en transmission, le MET-A, opération longue et difficile. C’est un opérateur qui réalise cette analyse sur la base de trois critères. Celui-ci détermine si la poussière est bien une fibre d’un diamètre nanométrique. Il vérifie avec un dispositif analytique sa composition minérale et détermine la structure cristalline par diffraction électronique. Le MET-A est une technique coûteuse, dont les résultats sont différés dans le temps. Quant aux appareils automatisés actuellement disponibles pour un contrôle en temps réel, leur fiabilité n’a pas été établie par les organismes d’agrément.
Mettre au point un système d’analyse et de comptage innovant et fiable
Dans ce contexte, il est urgent de mettre au point une nouvelle métrologie en rupture par un système d’analyse et de comptage innovant et fiable. L’opération la plus délicate consiste à filtrer les poussières d’amiante. Leur analyse se fait ensuite de façon assez courante par spectroscopie infrarouge.
Le projet consiste à faire la preuve de fonctionnement d’un dispositif intégrant un filtre à plasma, pour filtrer et identifier les poussières. Il se situe en TRL5 (niveau 5 de maturité technologique), qui correspond à la validation d’une maquette en environnement représentatif.
Un dispositif intégrant un filtre à plasma pour filtrer et identifier les poussières
Pour résoudre la contrainte du filtrage, PLASMIANTE propose de tester la technologie Plasma développée par le GREMI (Groupe de Recherches sur l'Energétique des Milieux Ionisés). L’objectif est d’utiliser les connaissances acquises par la science des plasmas "poudreux" pour filtrer et caractériser l’amiante des aérosols. Les nanoparticules sont piégées en lévitation dans les plasmas qui pourraient servir de filtre pour la détection et la mesure des nanoparticules d’amiante de l’air.
Les poussières captées dans l’environnement du chantier sont injectées et piégées dans cette cellule de plasma radio-fréquence. Il est ainsi possible de contrôler les propriétés connues des plasmas poudreux pour réaliser un filtrage des nanoparticules en fonction de leur forme et de leur discrimination au sein du plasma. La spectroscopie infrarouge permettra ensuite de caractériser la structure cristallographique. Pour cette partie du projet, le BRGM s'est associé à Thermo Fisher Scientific, qui a développé des compétences dans l’identification des trois types de fibres d’amiante réglementaires les plus courants (Chrysotile, Amosite, Crocidolite) en se basant sur leur signature spectrale dans l’infrarouge. Thermo Fisher Scientific est chargé de coupler la technologie infrarouge à la cellule Plasma et d’effectuer la validation.
Le BRGM est capable de créer des atmosphères empoussiérées dans lesquelles il maîtrise le ou les types d’amiante ainsi que la quantification en termes de nombre de fibres par litre d’air. Il dispose pour cela des équipements de sécurité et des habilitations pour mettre en œuvre une expérimentation avec des fibres d’amiante. Le BRGM agit en "end-user". Son rôle consiste à tout mettre en œuvre pour reconstituer les atmosphères, réaliser les essais pour valider la faisabilité et borner les performances du prototype.
Désamiantage : le projet PLASMIANTE du BRGM récompensé par le PRDA
Dans le cadre du Plan Recherche et Développement Amiante (PRDA), le projet PLASMIANTE a été retenu parmi les 11 premiers lauréats des appels à projets du PRDA (Plan Recherche et Développement Amiante). Lancé en 2015 par le ministère du Logement, ce plan vise à accompagner financièrement les projets innovants dans le traitement de l’amiante. L’objectif est d’appuyer les actions en faveur de la rénovation et de l’efficacité énergétique, dans un souci de prévention de la sinistralité.
Les 11 lauréats des premiers appels à projets bénéficieront d’un appui global de 1,4 millions d’euros. La subvention pour le projet PLASMIANTE est de 400 000€. Le comité scientifique lui alloue 200 000€ jusqu’au Go/No go consistant à établir la preuve de concept. Le projet se poursuivra alors par une deuxième allocation de 200 000 €. Le Président du PRDA, Alain Maugard, a souligné qu’il s’agissait en effet du projet le plus disruptif que le comité scientifique avait examiné.