Pour évaluer la pertinence du recours à la géothermie sur pompe à chaleur à l'échelle d'une région, d'une commune ou d'un quartier, il est impératif de croiser les besoins thermiques avec les ressources géothermales situées au droit de ceux-ci. Une méthodologie a été mise au point par le BRGM et déjà déclinée sur plusieurs cas d'étude.
6 avril 2014
Exemple de valorisation d'une ressource géothermale par mutualisation

Exemple de valorisation d'une ressource géothermale par mutualisation à l'échelle d'un éco-quartier. 

© BRGM 

Le potentiel géothermique correspond au taux d'adéquation entre la ressource géothermale et les besoins thermiques en surface. Cette mise en relation ressources/besoins va beaucoup plus loin que les données de contexte (de très favorable à très défavorable) fournies par les atlas géothermiques (voir encadré). Les études de potentiel du BRGM fournissent des données quantitatives, et indiquent la production thermique annuelle d'un aquifère en un point et à un moment donné en fonction du contexte des besoins en surface.

Mieux mesurer les potentiels régionaux 

À l'échelle régionale, des études de potentiel ont déjà été conduites avec l'ADEME, la DREAL et les collectivités, en Picardie et en région Centre par exemple. Sur la même maille que les atlas ou sur une maille plus fine, la démarche consiste à identifier et évaluer la ressource et à la croiser avec les besoins (en termes d'infrastructures et de bâti existants) afin de mesurer la contribution potentielle de la géothermie. Pour approcher le potentiel régional, le BRGM étudie non seulement la géothermie sur aquifères superficiels, mais également sur sondes, implantées dans le sol.

Plusieurs sources de données sont exploitées. Pour l’évaluation des besoins thermiques des utilisateurs en surface, on utilise en premier lieu la base BD Topo de l'IGN, qui fournit une description vectorielle en 3D des sols et de leur occupation : végétation, cours d'eau, infrastructures routières et ferroviaires, bâti… Cela permet d’obtenir des informations sur les surfaces occupées auxquelles on intègre les consommations énergétiques, fournies notamment par les collectivités et les fournisseurs d'énergie. En croisant les données "ressources" des atlas et l'évaluation des besoins thermiques issue de l'analyse de l'occupation des sols, puis en intégrant les contraintes réglementaires et techniques susceptibles de limiter le recours à la géothermie, il est possible de définir assez précisément le potentiel géothermique en tous points de la région étudiée.

Nice Méridia, un éco-quartier de 26 hectares 

La méthodologie a également été développée pour intégrer des changements d'échelle (département, commune(s), quartier…), par une approche différente et plus fine et par l'apport de données complémentaires, notamment issues des fichiers cadastraux MAJIC sur le foncier bâti et non-bâti. 

En 2013, sur une zone très favorable pointée par l'atlas régional dans la basse vallée du Var, le BRGM a entamé, avec l’Établissement public d'aménagement (EPA) de la plaine du Var, une démarche d'évaluation sur un projet de Technopole à "Nice Méridia". Sur cette zone de 26 hectares, des investigations complémentaires ont été conduites, par sondages mais également par modélisation hydrodynamique, pour affiner l'approche du potentiel, mieux définir le système à mettre en œuvre en fonction des types de constructions envisagées, et mesurer l'impact éventuel sur deux captages voisins d’eau potable.

Trois scénarios (système centralisé, machinerie décentralisée dans chaque unité de bâtiments, et déploiement en plusieurs étapes d'ici 2028, terme du projet) ont été soumis au maître d'ouvrage, assortis d'une analyse technico-économique intégrant critères de rentabilité, retour sur investissement, comparaison avec l'énergie gaz et émissions de CO2 évitées… 

Cette approche méthodologique permet d'offrir aux opérateurs un véritable accompagnement dans leur décision, avant l'intervention des bureaux d'étude. À une échelle intermédiaire – commune et communauté de communes – la démarche est aujourd'hui également mise en œuvre, entre autres, dans le Puy-de-Dôme, en collaboration avec Clermont Communauté.