Le BRGM, en collaboration avec le Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg (SERPN) cherche à identifier les voies de transfert de l’AMPA (Acide Aminométhylphosphonique), un contaminant détecté de manière récurrente dans les eaux brutes du captage des Varras, en Seine-Maritime.
6 octobre 2021
Station d’épuration de Bourg-Achard dans l’Eure (octobre 2020).

Station d’épuration de Bourg-Achard dans l’Eure (octobre 2020).  

© BRGM

Préleveur automatique asservi au débit permettant de collecter les effluents d’une station d’épuration (Saint Ouen de Thouberville - octobre 2020).

Préleveur automatique asservi au débit permettant de collecter les effluents d’une station d’épuration (Saint Ouen de Thouberville - octobre 2020).

© BRGM

Le besoin

Le captage des Varras (Mauny, 76), qui se trouve dans un aquifère crayeux karstique, est sujet à la présence récurrente d’AMPA dans les eaux brutes. Ce contaminant possède au moins deux origines possibles, puisqu’il est à la fois un produit de dégradation du glyphosate (herbicide ayant aujourd’hui des usages possibles en agriculture et pour certains besoins des collectivités) et un produit de transformation de certains détergents. En raison du contexte hydrogéologique, la présence du composé dans le captage peut résulter de différentes voies de transfert dans l’aire d’alimentation du captage : infiltration diffuse liée à l’occupation du sol et/ou infiltration plus localisée à l’aval des rejets de station d’épuration. Déterminer l’importance relative de chacune des voies potentielles de transfert est essentiel pour le syndicat pour préserver la qualité de l’eau.

Pour cela, le BRGM a mis en œuvre une méthode originale, basée sur une approche multi-traceurs constituée d’outils chimiques et isotopiques dont certains spécifiques des eaux usées, en complément de l’amélioration des connaissances sur le fonctionnement hydrogéologique du bassin d’alimentation.

Les résultats

Les premiers résultats, obtenus pendant l’automne - hiver 2020 en période de basses eaux et en début de reprise de la recharge, ont permis de faire une première caractérisation des différentes sources potentielles d’AMPA. Ainsi, les outils chimiques et isotopiques identifient les rejets de deux stations d’épuration présentes sur l’aire d’alimentation comme une source possible. Un traçage coloré réalisé à l’aval de ces deux rejets a permis de mettre clairement en évidence une relation hydraulique directe avec le captage, à la faveur de bétoires identifiées lors des investigations de terrain, mais aussi de manière plus diffuse au niveau d’une zone de pertes mise en évidence par la réalisation de jaugeages différentiels le long d’un fossé. En parallèle, l’analyse des échantillons prélevés au niveau de différents drains agricoles confirme également la présence d’AMPA dans l’eau qui s’infiltre vers la nappe et permet d’estimer des premiers flux. Les investigations vont se poursuivre tout au long d’un cycle hydrologique pour déterminer la ou les voies de transfert majoritaires et apprécier, le cas échéant, la variabilité des contributions relatives des différentes voies de transfert dans des contextes hydrodynamiques différents et des périodes d’utilisation possible du glyphosate.

Station d’épuration de Bourg-Achard dans l’Eure (octobre 2020).

Nous avions cherché d’où venaient les pollutions en faisant des observations et des analyses mais nous ne savions pas comment les interpréter. Nous avons contacté le BRGM pour son expertise dans les méthodes sur les transferts. Il nous a aidé à mieux identifier les sources de pression sur la qualité de l’eau et à déterminer les interlocuteurs (acteurs économiques, particuliers, collectivités ou encore agriculteurs) à cibler en priorité afin de travailler sur la qualité de l’eau en limitant les transferts.

Julie Leboulenger, directrice technique du SERPN

L’utilisation

Le SERPN pilote déjà de nombreuses actions de gestion et de communication orientées aussi bien vers le monde agricole que les collectivités. Dans le cas présent, identifier la ou les voie(s) de transfert et leur importance relative au cours d’un cycle hydrologique permettra de fournir des éléments concrets pour mieux cibler et prioriser les actions à mettre en œuvre afin de réduire la contamination au niveau des eaux brutes du captage (communication et sensibilisation aux usagers, aménagements à l’aval de STEP, travaux d’hydraulique douce etc.). L’efficacité des démarches de sensibilisation et des travaux de protection de la ressource n’en sera qu’accrue.

Les partenaires

  • SERPN (Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg)
  • AESN et Conseil départemental Seine-Maritime