Les sargasses sont des algues pélagiques qui s’échouent sur les plages des Antilles depuis 2011. Elles sont régulièrement ramassées puis déposées en arrière plage en attendant leur dégradation. Néanmoins, leurs teneurs en arsenic et parfois en chlordécone fait craindre une pollution des sols et des eaux au droit des sites de stockage.
1 septembre 2022
Mesures de teneurs métallique par FluoX sur un site de stockage de sargasse (Terre de bas, Guadeloupe, 2019).

Mesures de teneurs métallique par FluoX sur un site de stockage de sargasse (Terre de bas, Guadeloupe, 2019).

© BRGM - Fanny Le Loher

Le besoin

Depuis 2011, l’échouage massif de sargasses sur les côtes antillaises génère des nuisances conséquentes d’un point de vue aussi bien environnemental (asphyxie de la faune et de la flore marine), qu’économique (oxydation des appareils électroniques, chômage technique pour les entreprises situées à proximité du rivage, baisse du tourisme, ...) et sanitaire (émanations toxiques de sulfure d’hydrogène et d’ammoniac au cours de leur décomposition). Actuellement, ces algues sont épandues sur des sites, le plus souvent en arrière plage, qui n’ont pas été prévus spécifiquement pour les accueillir. En effet, les sargasses présentent des concentrations élevées en arsenic et parfois en chlordécone, il est donc nécessaire de quantifier l’impact de ces sites de stockage en terme de pollution des sols et des eaux.

Prélèvement sur un site de stockage de sargasses (Terre de haut, Guadeloupe, 2019).

Prélèvement sur un site de stockage de sargasses (Terre de haut, Guadeloupe, 2019).

© BRGM - Fanny Le Loher

Les résultats

Cette étude a permis de mettre en lumière d’importantes disparités en termes d’impact d’un site de stockage à un autre. De manière générale, l’arsenic et les chlorures (ainsi que le sodium associé) sont considérés comme les trois éléments, provenant directement des sargasses, réellement impactants sur l’environnement des sites de stockage. Il est à noter que la plupart des sites accueillant les algues subissent également des pollutions anthropiques, contemporaines ou antérieures au stockage (décharges sauvages ou non, dépôts d’ordures et d’encombrants…).

L’impact direct du stockage des sargasses, quoique relativement limité à ce stade, est bel et bien identifié, via la présence d’arsenic et la salinisation des eaux. Au vu des temps d’exploitation relativement faible (3 à 4 ans) des sites, la poursuite de l’épandage des sargasses, dans des conditions similaires, risque d’augmenter l’impact environnemental. Il est en outre possible que la dégradation des sargasses, de par les caractéristiques de son lixiviat basique, entraine des remobilisations et/ou des transferts de polluants anthropiques, comme les métaux lourds.

L’utilisation

Les éléments de connaissance apportées par l’étude servent notamment de base technique pour la définition de nouvelles recommandations de traitement des sargasses au sein du plan d’action Sargasse II, mis en place par la préfecture.

Echouage des sargasses, Guadeloupe

Nous avions besoin de mieux connaître l’impact de la présence d’arsenic dans les sargasses stockées sur les sols, les eaux de surface et les eaux souterraines. Grâce à cette étude, nous avons accès aux informations qui nous permettent de nous inscrire dans une gestion plus maîtrisée des sites d’épandage. Si les impacts actuels restent limités, les conséquences d’un stockage à long terme en matière de pollution des sols restent à surveiller. Nous travaillons donc aussi à des solutions de revalorisation de ces algues.

Jérôme Roch, directeur régional de l’ADEME Guadeloupe

Les partenaires

  • ADEME Guadeloupe