Avec l’appui de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, le BRGM a élaboré un modèle exploratoire visant à identifier, face à la présence de chlorures, la vulnérabilité du schéma d’alimentation en eau potable (AEP) des collectivités situées dans les vallées de la Meurthe et de la Moselle aval à l’horizon 2050.
30 septembre 2020
Cartographie selon différents scénarii identifiant les zones vulnérables

Cartographie selon différents scénarii identifiant les zones vulnérables nécessitant la mise en place de mesures de sécurisation.

© BRGM

Le besoin

Les concentrations en chlorures dans la Meurthe et la Moselle, en aval des soudières et de la confluence avec le Sânon, sont supérieures à la limite réglementaire pour l’AEP (en raison des rejets industriels et du fonds géochimique). Le renforcement des conditions d’étiage pourrait augmenter les concentrations dans la Moselle et sa nappe alluviale. Or, les alluvions représentent 20% de l’approvisionnement en eau des collectivités de ce périmètre.

Le BRGM est ainsi intervenu afin de diagnostiquer la vulnérabilité de l’AEP à horizon 2050, compte tenu de l’organisation actuelle du réseau et des possibilités de mutualisation de ressources, et en considérant également les aspects liés au changement climatique, à l’évolution de la demande en eau et aux risques d’interruption accidentelle de l’approvisionnement.

Les résultats

Trois types de scénarios futurs ont été élaborés (co-construits avec les acteurs du territoire) puis simulés à l’aide d’un modèle hydro-économique développé spécifiquement pour cette étude : 

  • Des scénarios prospectifs d’évolution des besoins en eau ;
  • Des scénarios d’évolution des teneurs en chlorures dans un contexte de changement climatique ;
  • Des scénarios de crise : rupture de canalisation et pollutions diffuses.

Deux zones vulnérables ont ainsi été identifiées :

  • Dans la partie sud du périmètre, liée à une dépendance aux alluvions de la Moselle dans une zone de concentrations en chlorures élevées. Un besoin de sécurisation pérenne apparait nécessaire dans ce secteur ;
  • Dans la partie nord du périmètre, en cas de crise sur la ressource du Rupt de Mad. Dans l’état actuel des infrastructures, les ressources alternatives sont en effet insuffisantes pour compenser la crise. Un besoin de sécurisation en secours apparait donc nécessaire dans ce secteur.

L’utilisation

L’étude a permis d’identifier les besoins de sécurisation de l’AEP, et des pistes pour le développement d’un schéma de sécurisation ont été proposées, basé sur les principes suivants : 

  • Éviter les situations d’approvisionnement mono-ressources ;
  • S’assurer de la préservation des ressources alternatives non chlorurées existantes ;
  • Recourir à deux gisements de ressources complémentaires ; 
  • S’appuyer sur des politiques volontaristes de maitrise des rendements et de la demande afin d’optimiser le dimensionnement des solutions de sécurisation.

Étant donné les interdépendances entre collectivités, l’étude préconise de mettre en œuvre une démarche concertée.

Les partenaires

  • Agence de l’Eau Rhin Meuse

La cascade du Dard dans le Jura

L’étude du BRGM a permis d’effectuer des modélisations prédictives de l’impact des rejets de chlorure sur l’approvisionnement en eau potable du sillon Mosellan. Les différents scénarios obtenus donnent des clés aux acteurs des territoires leur permettant de mettre en œuvre des actions ciblées. D’ailleurs, le 11e programme de l’agence de l’eau, 2019/2024, porte sur l’éclairage de huit grands défis du bassin dont l’un est la sécurisation du sillon Mosellan.

Sarah Walter, Cheffe de service territorial Moselle aval et Sarre, Agence de l’Eau Rhin Meuse