La Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Corse et le BRGM ont conduit de 2020 à 2022 une étude visant à inventorier et identifier les pierres mises en œuvre dans six monuments funéraires du territoire.
27 octobre 2023
Tombeau Quilici dans le cimetière marin de Bonifacio, intégralement en marbre de Carrare (Italie), 2022.

Tombeau Quilici dans le cimetière marin de Bonifacio, intégralement en marbre de Carrare (Italie), 2022.

© BRGM - D. Dessandier

Le besoin

Les données sur les pierres des monuments français (et leurs carrières d’origine) demeurent parcellaires, alors que ces informations pourraient aider historiens et archéologues dans leurs travaux de datation et d’interprétation, et guider les professionnels dans leurs choix de pierres « neuves » de restauration.

Dans ce contexte, la DRAC de Corse a sollicité le BRGM en vue d’inventorier et d’identifier les différents types de pierres de construction et de pierres décoratives, mises en œuvre dans six monuments funéraires de Corse, d’importance variable, peu documentés pour la plupart et tous remarquables à divers titres :

  • Le Tombeau Benedetti à Bastia, 
  • Le Tombeau Rivarola à Oletta,
  • La Chapelle Impériale et le Tombeau Colonna d’Istria à Ajaccio,
  • La Chapelle Casanova d’Aracciani à Sartène,
  • Le Tombeau Quilici dans le cimetière marin de Bonifacio.
Bloc de calcaire, Corse

Nous souhaitions étayer nos connaissances avec un travail scientifique, concernant la provenance des pierres de construction mises en œuvre dans des édifices historiques. Le BRGM a bien identifié notre problématique et a amené tout son savoir-faire, en retour nous avons partagé notre documentation. Ce travail a permis de mettre en place un catalogue lithologique qui constituera un outil d’aide à la décision dans les choix de restauration à venir, afin de préserver et pérenniser notre patrimoine.

Eléonore Bozzi, chargée de la protection des Monuments Historiques, DRAC Corse
Chapelle Impériale à Ajaccio, majoritairement construite en pierre « molasse » de Saint-Florent (Burdigalien), 2022.

Chapelle Impériale à Ajaccio, majoritairement construite en pierre « molasse » de Saint-Florent (Burdigalien), 2022.

© BRGM - D. Dessandier

Les résultats

Après une phase de recherche documentaire et archivistique, chacun des monuments sélectionnés a fait l’objet d’une inspection générale et d’un examen visuel approfondi, aboutissant au repérage, à l’inventaire et à la description macroscopique de ses différents types de pierres constitutives. Des contrôles géologiques de terrain ont ensuite été conduits, accompagnés de prises de vue photographiques et de la collecte d’échantillons représentatifs. Les échantillons prélevés sur les monuments ainsi que ceux collectés lors des contrôles de terrains ont enfin fait l’objet d’une caractérisation pétrographique, minéralogique et chimique dans les laboratoires du BRGM, et d’une comparaison.

Dans de nombreux cas ont ainsi pu être repérées d’anciennes zones d’extraction, voire des carrières potentielles de provenance de certaines des pierres observées sur les édifices. Au final, l’étude des six monuments funéraires a mis en évidence l’usage d’une vingtaine de types de pierres parmi lesquelles :

  • Deux pierres de construction emblématiques en Corse : la « Pierre de Saint-Florent » (molasse beige-jaunâtre autrefois extraite sur la commune éponyme) et la « Pierre de Brando » (calcaire marmoréen blanchâtre à interlits schisteux verdâtres, exploité jusqu’à récemment sur Brando) ; 
  • Divers marbres (au sens large) en décoration ou en mobilier religieux : marbres blancs à gris-clair, provenant de la région de Carrare (Italie), marbre vert (ophicalcite) de Bévinco (Biguglia, Corse), marbre rouge (ophicalcite) de Levanto (Italie) et marbre noir » de Belgique ;
  • De nombreuses pierres de construction très locales (extraites aux abords, voire au droit des édifices) : calcaires compacts (grisâtres à jaunâtres), schistes gris-verts (en couverture) et divers granites gris-clairs (beiges à rosés).

L’utilisation

L’ensemble des résultats a été restitué sous la forme d’un rapport riche en illustrations photographiques et cartographiques, inventoriant et décrivant les différents types de pierres mises en œuvre dans les six monuments funéraires remarquables étudiés. L’ensemble apporte ainsi à la DRAC de Corse de précieux éléments d’analyse et d’interprétation de chacun des édifices qui pourront notamment être exploités lors de travaux de restauration.

Les partenaires

  • Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Corse