A gauche : ancienne décharge de Lingreville (Manche) durant les travaux pour arrêter l’érosion qui emportait les déchets. A droite : ancienne décharge de Lingreville une fois réhabilitée (mai 2018).
© Geraldine Lebourgeois - La Presse de la Manche
Les zones côtières habitées du monde entier ont en héritage de nombreux sites anciens et historiques de stockage de déchets. Une partie de ces sites est déjà exposée aux aléas littoraux et cette exposition s’aggravera en raison du changement climatique. En effet, le niveau moyen de la mer augmente depuis la fin du 19ème siècle, et cette élévation devrait s'accélérer au cours des prochaines décennies, augmentant ainsi les inondations et/ou l'érosion.
On craint donc que les sites de stockage de déchets situés sur la côte et à proximité posent un risque croissant pour l'environnement, en raison du rejet potentiel de déchets liquides et solides vers la mer mais également vers les plages.
Une publication scientifique internationale basée sur des cas d’études réels
Des chercheurs du BRGM ont participé à une étude internationale qui a réuni des scientifiques de plusieurs pays : le Royaume Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne, les États-Unis et la France. Elle a donné lieu à une publication scientifique dans la revue « Frontiers in Marine Science » : Coastal Landfills and Rising Sea Levels: A Challenge for the 21st Century - Décharges côtières et élévation du niveau de la mer : un défi pour le 21e siècle.
Cet article vise à évaluer la compréhension actuelle de cette question complexe ainsi que les besoins de recherche en synthétisant plusieurs situations et cas d’études réels. Les cas d’étude français ont été la décharge côtière La Samaritaine (Manche), qui a été réhabilité en 2018, et les études et actions en cours depuis plusieurs années autour de la réhabilitation de la décharge Dollemard au Havre.
Des besoins de recherche identifiés
Ce partage d’expérience entre plusieurs pays a permis d’identifier le besoin de mieux comprendre les problèmes suivants :
- la quantité, la nature et l'impact des déchets qui pourraient être rejetés par les sites d'enfouissement ;
- l'acceptabilité et la réglementation des déchets des décharges côtières exposées aux aléas de submersion et d’érosion ;
- la surveillance des taux d'érosion actuels et futurs sur les anciennes décharges, et la mise en place d'outils prédictifs pertinents ;
- l'éventail complet des méthodes de gestion possibles pour traiter les déchets provenant des décharges et la science pour les soutenir ;
- des mécanismes de financement à long terme pertinents pour résoudre ce problème.
Le retour d’expérience international montre que dans les situations analysées, les décisions consistent à retenir les déchets sur place et éviter l’érosion, ou les enlever et réhabiliter le site. Les approches pour évaluer et traiter les rejets de déchets solides dans l'environnement marin/côtier représentent une lacune particulière et nécessitent une approche multidisciplinaire entre le génie côtier et la dynamique littorale et les sciences de l’environnement et du déchet.
Enfin, étant donné que les déchets solides persisteront indéfiniment et que le niveau de la mer augmentera pendant de nombreux siècles, la longue échelle de temps de ce problème nécessite une appréciation plus large et devrait être incluse dans la politique côtière et de gestion des déchets.
Appui aux acteurs locaux : un guide pour la réhabilitation des décharges littorales en préparation
En parallèle de ce travail de recherche et de partage d’expériences international, le BRGM élabore, avec un financement du ministère chargé de l’Environnement, un guide destiné aux autorités locales pour la réhabilitation de ces décharges littorales. La parution de ce guide est attendue pour 2022.