Vue aérienne sur la lagune du Grand Barachois (au nord), et l’isthme de Miquelon-Langlade, un cordon littoral sableux (2012)
© Thibaud VERGOZ - CNRS Photothèque
Le besoin
Des survenues récentes de marées vertes ont laissé supposer des limitations du renouvellement d’eau et/ou un comblement de la lagune modifiant l’équilibre de son environnement. C’est pourquoi le BRGM a été sollicité par la Direction des Territoires, de l’Aménagement et de la Mer (DTAM) de Saint-Pierre et Miquelon afin de réaliser une analyse globale du fonctionnement hydro-sédimentaire de la lagune du Grand Barachois et de caractériser son éventuel comblement. L’objectif était de replacer le fonctionnement actuel de la lagune dans une perspective temporelle afin de déterminer si le comblement s’inscrit dans une évolution naturelle continue ou s’il s’agit d’une rupture dans son mode de fonctionnement, et le cas échéant, de déterminer les causes de cette rupture.
Les résultats
Les différentes structures géomorphologiques de Miquelon, les mécanismes et les potentiels secteurs d’apports sédimentaires dans la lagune ont été identifiés et analysés. L’analyse morphologique de la lagune, de l’évolution de son embouchure, de l’orientation des chenaux ainsi que des bancs de sable a été réalisée en couplant des données d’imagerie satellitaire, des ortho-photographies, des données Lidar ainsi que des données de terrain de relevés de la position du trait de côte et de bathymétrie. La collecte de données sédimentologiques complète les acquisitions, afin de représenter la diversité spatiale et en profondeur de la couverture sédimentaire. Une expertise réalisée par l’ONF dans le cadre de ce projet consolide les éléments concernant la santé des dunes entourant le système et leur rôle potentiel dans l’apport de sédiments vers la lagune.
Il apparait ainsi que le comblement du grand Barachois n’est pas avéré quantitativement par des données topographiques objectives. On ne constate pas de variation récente dans la nature sédimentaire des fonds, et l’examen des sources potentielles d’apports sédimentaires ne montre pas d’explication privilégiée entre :
- des apports terrestres par les bassins versants, qui sont négligeables ;
- des apports éoliens par érosion des cordons dunaires, qui restent peu significatifs ;
- des apports marins par l’embouchure, potentiellement importants, mais qui restent localisés aux grands deltas de flots dans l’Est ;
- des apports d’origine biologique, qui ne peuvent se caractériser que par une augmentation de teneur en sédiments fins, ce qui n’est pas observé.
Les données montrent que la dynamique interne de la lagune depuis 1952 est caractérisée par des migrations des systèmes de chenaux/bancs qui s’accompagnent d’un développement des zones de zostères, et d’une progression de ces herbiers vers les estrans, en particulier dans le Sud-Ouest du Grand Barachois. C’est probablement ce développement de zostères qui est à l’origine d’une perception d’un comblement général de celui-ci, qui peut être relié à une diminution, sur un pas de temps long (1952-2019), de l’agitation hydrodynamique de la lagune, elle-même générée par la dynamique des bancs/chenaux.
Le BRGM est un partenaire indispensable pour la DTAM et son travail est très important pour nous permettre d’objectiver nos choix et de répondre à l’inquiétude de la population, très attachée aux usages de la lagune. Au vu des résultats, nous n’aurons pas besoin d’envisager des mesures invasives, de type dragage par exemple, qui auraient eu un impact fort sur le milieu.
L’utilisation
Ce projet s’inscrit dans une démarche globale de la DTAM de Saint-Pierre et Miquelon visant à une meilleure gestion de l’isthme sableux reliant Miquelon-Langlade, voie de communication d’intérêt majeur pour l’archipel. Les données acquises dans la lagune du Grand Barachois participent ainsi à la compréhension de la dynamique sédimentaire générale de l’isthme dans sa globalité.
Synthèse des chenaux internes et du delta de flot de la Lagune du Grand Barachois, entre 1952 et 2019, par périodes successives.
© BRGM
Les partenaires
- Direction des Territoires, de l’Aménagement et de la Mer de Saint-Pierre et Miquelon (DTAM 975)