L'identification des cavités souterraines dans les zones habitées est un enjeu important du BRGM. Dans cette vidéo, découvrez les mystères des galeries souterraines d'Orléans.
28 janvier 2022

Dans les entrailles du centre-ville d'Orléans : que se passe-t-il sous nos pieds ?

A une dizaine de mètres de profondeur, dans les entrailles du Centre-Ville d'Orléans, de nombreuses galeries ont été creusées par l'Homme depuis le 11e siècle. Que peut-on y trouver ? Y a-t-il des risques ? On vous explique tout.

© BRGM

Nous voici à une dizaine de mètres de profondeur, dans les entrailles du centre-ville d'Orléans. Ici, comme dans beaucoup de villes de France, entre le Xe siècle et le début du XXe siècle, les habitants ont creusé de nombreuses galeries dans le sous-sol calcaire pour en extraire la pierre nécessaire à l'édification des bâtiments. Ces souterrains, dont les plus vastes couvrent une superficie de 3 000 m2, ont été creusés de façon artisanale directement sous les parcelles à bâtir, à l'aide de pics dont on peut encore observer les traces sur certaines parois. Après avoir été exploitées pour la pierre, beaucoup d'anciennes carrières ont été mises à profit pour d'autres usages. Cette évolution a nécessité certains aménagements, comme ce mur, érigé en 1840 pour isoler différents espaces au sein de la carrière. Ainsi réaménagées, les carrières étaient utilisées, par exemple, pour le stockage de vin en tonneaux ou toute autre denrée alimentaire. Du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle, de nombreuses carrières orléanaises sont utilisées pour la culture de salade de cave. La barbe de capucin, une variété de chicorée à larges feuilles ressemblant à une endive, est cultivée dans ces souterrains, où l'obscurité, la température et l'humidité constante offrent des conditions idéales. La production a été vendue jusqu'à Paris et même en Angleterre. Les sillons de culture sont encore bien visibles sur le sol de nombreuses carrières des faubourgs de la ville. À Paris, les anciennes carrières étaient utilisées comme champignonnières pour cultiver les fameux champignons de Paris. Lors de l'exploitation des carrières pour l'extraction de la pierre, les puits étaient le seul moyen d'accéder aux galeries souterraines. Ils servaient également à sortir les blocs de calcaire de la carrière. Les escaliers que nous connaissons actuellement n'ont été creusés que plus tard. D'autres puits, comme celui qui se trouve devant nous, étaient creusés depuis la surface, traversaient des galeries, et descendaient jusqu'à une dizaine de mètres sous le niveau de la carrière pour puiser l'eau de la nappe phréatique. Une ouverture était aménagée dans le mur en pierres du puits, pour pouvoir puiser de l'eau directement depuis la carrière, pour l'arrosage des cultures de salades, par exemple. Enfin, d'autres puits assuraient l'aération de la carrière. Orléans a été la cible d'intenses bombardements au cours de la dernière Guerre mondiale. D'abord, par l'armée allemande, en 1940. Puis, par les Alliés, en 1944. Pour protéger les habitants des bombardements, les caves et carrières de la ville avaient été inventoriées et aménagées sommairement. Durant les alertes, jusqu'à plusieurs centaines de personnes pouvaient venir se réfugier dans ces espaces exigus. Aujourd'hui, de nombreuses carrières conservent des traces de cette période de l'histoire de la ville. Ici, ce sont des latrines constituées d'une simple fosse recouverte de planches, qui témoigne de la promiscuité dans laquelle vivaient les habitants réfugiés dans la carrière. Avec le temps, beaucoup des anciennes carrières de la ville ont été laissées à l'abandon. Dans certaines zones, plus fragiles, la roche se désagrège progressivement et des effondrements, ou fontis, peuvent survenir. Ces effondrements peuvent être favorisés par la présence de racines, et surtout par les infiltrations d'eau. C'est le cas ici, où le plafond de la galerie, appelé le ciel, a commencé à s'effondrer, créant ainsi une voute qui risque de remonter petit à petit vers la surface. Lorsqu'ils débouchent subitement en surface, ces fontis créent de sérieux risques pour la sécurité publique, surtout lorsqu'ils se produisent en plein centre-ville. Retrouver et inspecter ces cavités pour prévenir les effondrements fait partie des missions du BRGM. Il a recours pour ceci aux nouvelles technologies, qui lui permettent de détecter des cavités depuis la surface du sol, ou comme ici, de les scanner en 3D pour déterminer leur taille et la position de zones instables par rapport à des bâtiments qui pourraient

À Orléans, comme dans beaucoup de villes entre le 10ème et le début 20ème siècle, de nombreuses galeries ont été creusées afin d’extraire la pierre pour la construction des bâtiments.

Après avoir été exploitées pour la pierre, beaucoup d’entre elles ont été mises à profit pour d’autres usages. Par exemple, du 19ème jusqu’au milieu du 20ème siècle, les carrières orléanaises ont permis de cultiver des salades de cave en raison des conditions de culture idéales (obscurité, température et humidité constante).

Les carrières souterraines d’Orléans ont également joué un rôle durant la 2nde guerre mondiale. Pour protéger les habitants des bombardements, les caves et carrières de la ville avaient été aménagées sommairement pour accueillir jusqu’à plusieurs centaines de personnes.

Au fil du temps, beaucoup des anciennes carrières de la ville ont été laissées à l’abandon et la présence de racines et les infiltrations d’eau accentuent leur risque d’effondrement. Ces situations représentent un sérieux danger pour la sécurité publique, surtout lorsqu'elles se produisent en centre-ville.

Le rôle du BRGM

Retrouver et inspecter ces cavités pour prévenir les effondrements fait partie des missions du BRGM. En utilisant de nouvelles technologies, nos spécialistes peuvent détecter les cavités depuis la surface du sol ou les scanner en 3D pour déterminer leur taille et la position de zones instables par rapport à des bâtiments se trouvant en surface.