La géologue Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy, filiale de SLB (anciennement Schlumberger), a développé une solution innovante de géothermie de surface : le forage en étoile.
2 octobre 2023
Portrait de Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy.

Portrait de Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy.

© Celsius Energy

Créée en 2019, Celsius Energy est une filiale de SLB qui a vu le jour grâce à Cindy Demichel, Sylvain Thierry et Mathieu Simon pour développer une innovation : la géothermie de surface par forage en étoile. Dans le neuf ou la rénovation, ce système s’adapte à la plupart des bâtiments avec une emprise au sol limitée.

Dans un contexte de transition énergétique, la géothermie est une plus-value non négligeable pour le mix énergétique français. Voici un extrait de l’interview de Cindy Demichel, à retrouver dans la revue Géosciences n°27.

Vous avez développé un système inédit de géothermie en étoile, pouvez-vous nous l’expliquer ?

Cindy Demichel : Le système Celsius Energy, notre innovation, est un échangeur thermique fermé en forme d’étoile équipé de sondes en double U, dans lesquelles circule un fluide caloporteur, à 200 mètres de profondeur, où la roche est naturellement à une température comprise entre 12 et 15°C. L’ensemble est connecté à une pompe à chaleur. La particularité du système en étoile est de ramener tous les puits, répartis sous le bâtiment, en un point, dans un container de 14 m². Cet échangeur thermique en forme d’étoile est donc une réponse technique aux contraintes foncières car son emprise est moindre. En milieu urbain, les bâtiments bénéficient rarement d’une surface suffisante pour implanter un système traditionnel.

Notre solution s'adresse à tous les bâtiments équipés d'un réseau au gaz : résidentiel collectif, campus, jusqu'aux ZAC.

Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy
Le système Celsius Energy, un échangeur thermique fermé en forme d'étoile, adapté aux zones urbaines denses.

Le système Celsius Energy, un échangeur thermique fermé en forme d'étoile, adapté aux zones urbaines denses.

© Celsius Energy

Quels sont les freins au développement de la géothermie de surface ?

C. D. : La méconnaissance des utilisateurs de la chaîne de valeur : citoyens, chefs d’entreprise, collectivités... En fonction de la géographie des bâtiments, l’installation peut être compliquée, c’est pourquoi, pour notre solution innovante, nous sommes l’unique interlocuteur, et prenons à notre charge tout l’aspect technique de la faisabilité. Enfin, le coût de l’installation peut également freiner l’élan. Aujourd’hui, le coût de l’énergie est tel que les retours sur investissement sont plus favorables, de 6 à 16 ans. Mais ce qui est de plus en plus pris en compte, c’est le retour sur carbone. Sur ce type d’installation, il est de 10 mois par rapport à une chaudière au gaz, en considérant les travaux de forage, les matériaux utilisés… N’oublions pas qu’il s’agit d’une installation pérenne. Bien sûr, la pompe à chaleur aura sa durée de vie de 20-25 ans, mais l’échangeur thermique durera aussi longtemps que le bâtiment car, sous terre, il n’est pas soumis aux aléas climatiques et ne s’endommagera pas.

Vous dites qu’en France, le potentiel géothermique représente 95% du territoire. À qui s’adresse votre solution ?

C. D. : À tous les bâtiments équipés d’un réseau au gaz, ce qui représente une grande majorité des immeubles : le résidentiel collectif, les campus, jusqu’aux ZAC, avec un minimum de 2000 m2, pour que l’opération reste rentable. Parfaitement cartographiées par le BRGM, certaines zones seront plus compliquées que d’autres, seulement 5% du territoire ne seront pas éligibles. Une étude a été menée par le BRGM, avec le soutien de l’ADEME, à l’initiative de la métropole du Grand Paris. Elle montre que sur la métropole du Grand Paris, 58 % de la chaleur et du froid pourraient provenir de ces 200 premiers mètres et cela prend en compte les contraintes foncières, élevées, dans la métropole du Grand Paris. À l’échelle nationale, c’est un minimum pour toutes les métropoles, c’est colossal !

Couverture et extrait du numéro 27 de la revue Géosciences.

Couverture et extrait du numéro 27 de la revue Géosciences.

© BRGM

Géosciences n°27 : Transition énergétique, les solutions du sous-sol

Géothermie, stockage de CO2 ou de chaleur, accès aux ressources minérales… le numéro 27 de la revue Géosciences se penche sur le potentiel du sous-sol pour la transition énergétique.

Associer le sous-sol à la transition énergétique peut sembler incongru. On pensera plus spontanément aux éoliennes, aux panneaux photovoltaïques ou éventuellement aux barrages hydroélectriques et aux centrales nucléaires. Et pourtant, la transition énergétique et écologique qui va nous amener progressivement à développer les énergies décarbonées va requérir de faire appel de manière croissante aux ressources et potentiels du sous-sol.

Le numéro 27 de la revue Géosciences du BRGM explore les solutions issues du sous-sol : géothermie, stockage de CO2, stockage de chaleur, hybridation de ces différentes solutions et des autres énergies renouvelables. Il aborde également l’accès aux ressources minérales, indispensables à la réussite de la transition énergétique.