Les pluies insuffisantes durant l’hiver ont fortement impacté l’état des nappes phréatiques. En mai 2022, la vidange des nappes s'est poursuivie et l’ensemble des nappes observent des niveaux en baisse.
14 juin 2022
Carte de France de la situation des nappes au 1er juin 2022.

Carte de France de la situation des nappes au 1er juin 2022. 

© BRGM

Situation hydrogéologique au 1er juin 2022

Après une recharge particulièrement déficitaire, la période de vidange a débuté dès janvier-février avec deux à trois mois d’avance. En mai, la vidange se poursuit et l’ensemble des nappes observent des niveaux en baisse.

Les pluies insuffisantes durant l’hiver ont fortement impacté l’état des nappes et la situation s’est rapidement dégradée à partir de février 2022. Les niveaux des nappes se situent généralement autour ou en-dessous des niveaux moyens des mois de mai. La situation est particulièrement préoccupante, avec des niveaux bas à très bas sur les nappes entre Périgord, Vendée, Maine et Touraine ainsi que sur les nappes de la Côte d’Azur, de Provence et du Bas-Dauphiné.

En juin, les tendances des nappes inertielles devraient rester orientées vers la baisse. Leur situation ne devrait que peu se modifier durant les prochaines semaines, sauf sur les secteurs fortement sollicités. Concernant les nappes réactives, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales, de l’évapotranspiration et des demandes en eau. Les éventuels épisodes pluviométriques pourraient avoir un effet bénéfique localement sur les nappes les plus réactives. En cas de précipitations insuffisantes, l’état des nappes réactives devrait continuer à se dégrader. La situation devra être particulièrement surveillée sur l’ensemble des nappes réactives et sur les nappes inertielles affichant des niveaux actuels bas ainsi que sur les secteurs fortement sollicitées par des prélèvements.

Niveaux des nappes d'eau souterraine au 1er juin 2022.

Niveaux des nappes d'eau souterraine au 1er juin 2022.

© BRGM

L’ensemble des nappes du territoire ont bénéficié d’une recharge hivernale 2021-2022 nettement inférieure à la moyenne. Cette période de recharge s’est terminée avec deux à trois mois d’avance, entre janvier et mars, du fait de l’absence de précipitation notable. Les nappes ont alors débuté leur vidange et les niveaux se sont orientés à la baisse.

Durant le mois de mai, la quasi-totalité des nappes sont en baisse. Ce constat s’explique à la fois par l’absence de précipitations notables, par l’activité de la végétation et par l’augmentation de l’évapotranspiration. Les pluies s’infiltrant dans le sol ont donc été entièrement reprises par la végétation et ont été peu efficaces pour assurer une recharge des nappes.

Seules les nappes du sud-est ont enregistrées des hausses de niveaux. Les pluies et la fonte des neiges ont engendré de petites crues sur les nappes alluviales des Alpes et sur les nappes des calcaires karstiques. Les nappes alluviales de la moyenne et basse Durance ont été rechargées par l’infiltration de l’eau excédentaire issue de l’irrigation gravitaire.

La recharge très déficitaire de l’automne et hiver 2021-2022 se fait fortement ressentir sur les niveaux des nappes. A partir de février, l’état des nappes s’est ainsi dégradée, à l’exception de rares secteurs ayant bénéficié de pluies efficaces suffisantes durant le printemps. En mai, les conséquences des déficits pluviométriques, conjugués à des températures élevées, se font ressentir sur les niveaux des eaux souterraines. La situation se dégrade rapidement notamment sur les nappes les plus réactives et sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements d’eaux souterraines. Les niveaux sont proches à très en-dessous des normales mensuelles.

Concernant les nappes inertielles du nord de la France, la situation se détériore très lentement depuis février. En mai, la situation se dégrade du nord vers le sud. Ainsi, les niveaux restent autour de la moyenne au nord et au centre du Bassin parisien. Au sud et à l’est, les niveaux sont moins satisfaisants, de modérément bas à bas au droit de la nappe de la craie et des tuffeaux de Touraine.

La situation des nappes inertielles du couloir Rhône-Saône se détériore progressivement. Les baisses de niveaux peuvent être accentuées par les prélèvements en eaux souterraines. Les niveaux sont peu favorables, de modérément bas sur les nappes des corridors fluvio-glaciaires du Rhône moyen et amont à bas sur les nappes des cailloutis plio-quaternaires du Dijonnais à la Dombes et sur la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné.

Les nappes réactives souffrent particulièrement de l’absence de précipitations et leur situation se dégrade rapidement. Les niveaux sont généralement sous les normales mensuelles. Des niveaux très bas sont observés sur plusieurs secteurs peu arrosés depuis plusieurs mois : Périgord, Vendée et Maine ainsi que Côte d’Azur, Provence et Bas-Dauphiné.

Plusieurs nappes présentent des situations favorables, avec des niveaux modérément hauts à autour des normales par rapport aux mois de mai des années antérieures :

  • Les niveaux des nappes de la craie d’Artois-Picardie et de Normandie-Picardie et nappes des formations tertiaires du centre du Bassin parisien, peu sensibles à l’absence de pluie efficace, restent proches des normales ;
  • Les nappes alluviales de la Garonne, de la Dordogne et de leurs principaux affluents ont profité de plusieurs épisodes de recharge en mars et avril et conservent des niveaux autour des normales à modérément hauts ;
  • Les nappes alluviales et pliocènes du littoral languedocien et du Roussillon ont bénéficié des pluies efficaces en mars-avril et leurs niveaux sont comparables aux normales.

Certaines nappes montrent des situations moins favorables, avec des niveaux bas, voire localement très bas, par rapport à tous les mois de mai :

  • Les nappes des calcaires jurassiques du sud de la Vendée observent des niveaux bas à très bas, conséquence du manque de pluies efficaces depuis plusieurs mois ;
  • La nappe de la craie de Touraine observent des niveaux bas, la période de recharge ayant été tardive et écourtée ;
  • Les niveaux de la nappe inertielle des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté sont bas, héritage de plusieurs recharges successives déficitaires ;
  • Les niveaux des nappes des alluvions et des formations complexes de Provence et de la Côte d’Azur sont bas, du fait de faibles recharges en 2020-2021 puis en 2021-2022 et d’un étiage estival 2021 assez sévère.
  • La nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné enregistrent des niveaux globalement bas, conséquences d’une baisse progressive sur plusieurs années. Des niveaux très bas s’observent dans la Plaine de Valence et dans les collines nord-Drôme.

Les prévisions saisonnières de Météo-France annoncent des "conditions plus sèches que la normale" sur les deux-tiers sud de la France pour le prochain trimestre. Aucun scénario n’est privilégié sur le nord de la France. Les températures devraient être plus élevées que la normale sur l’ensemble du territoire. Les températures élevées, la végétation active et donc l’évapotranspiration importante limitent habituellement l’infiltration des pluies vers les nappes durant le printemps et l’été. La vidange devrait théoriquement se poursuivre et les niveaux rester orientés à la baisse durant les prochaines semaines. De plus, les pluies insuffisantes et les températures élevées engendrent une sécheresse des sols et une demande en eau accrue.

Concernant les nappes inertielles, aucun épisode de recharge ne devrait s’observer, sauf événements pluviométriques très exceptionnels. Aucune amélioration n’est attendue avant l’automne. La situation devrait se dégrader plus ou moins lentement selon les volumes prélevés en eaux souterraines.

Concernant les nappes réactives, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales et des demandes en eau. En cas de pluies insuffisantes, les niveaux devraient rester en baisse et la situation devrait continuer à se dégrader rapidement. Cependant, des épisodes pluviométriques importants pourront provoquer des recharges momentanées. Ces recharges permettront de soutenir les niveaux voire très ponctuellement d’observer une hausse des niveaux. La situation pourrait alors s’améliorer localement, sans toutefois remonter au-dessus des normales sur les nappes très basses.

La situation devra être particulièrement surveillée sur l’ensemble des nappes réactives et notamment sur les nappes affichant des niveaux sous les normales mensuelles en mai. Les nappes inertielles de la nappe de la craie de Touraine, des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté et de nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné devront également faire l’objet d’une attention particulière.

Bulletin de situation hydrologique

Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.

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