Le niveau de la majorité des nappes phréatiques est en baisse - un constat habituel à cette période de l’année, les pluies qui arrivent à s’infiltrer dans les sols étant utilisées par la végétation.
12 juillet 2021
Carte de France de la situation des nappes au 1er juillet 2021

Carte de France de la situation des nappes au 1er juillet 2021.

© BRGM

Situation hydrogéologique au 1er juillet 2021

En juin 2021, les tendances d'évolution sont à la baisse sur la majorité des nappes. Ce constat est habituel à cette période de l’année. En effet, les pluies arrivant à s’infiltrer dans les sols sont utilisées par la végétation et n’atteignent que rarement les nappes.

La situation au mois de juin est globalement satisfaisante, avec des niveaux proches des moyennes mensuelles. La situation est moins favorable, avec des niveaux bas, sur les nappes inertielles de Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et sur le pourtour méditerranéen.

L’automne et l’hiver 2020-2021 ont été caractérisés par une forte recharge des nappes sur une grande partie du territoire et par une recharge très faible sur le littoral méditerranéen. La période de vidange s’est terminée un peu précocement, entre février et avril. Un début de printemps sec s’est traduit par des baisses importantes et inhabituelles des niveaux.

En mai et juin 2021, les précipitations ont permis d’humidifier les sols et ont essentiellement profité à la végétation. Les pluies ne se sont que peu infiltrées en profondeur. En juin, la vidange des nappes se poursuit donc et les niveaux restent majoritairement en baisse. Les apports pluviométriques sont insuffisants pour compenser la vidange des nappes vers leurs exutoires naturels (zones humides, cours d’eau, océan…) et permettre aux niveaux de remonter. Ils sont cependant suffisants pour ralentir l’intensité de la vidange sur la plupart des nappes. Quelques nappes observent localement une stabilisation ou une hausse de leurs niveaux, comme la nappe des calcaires jurassiques du Bessin et la nappe alluviale de la plaine d’Alsace au sud de Colmar.

Sur le couloir Rhône-Saône, les précipitations exceptionnelles de début mai se sont traduites par des hausses de niveaux soudaines mais brèves des niveaux des nappes réactives des alluvions du Rhône et de ses affluents. Ces nappes se retrouvent en baisse en juin. Les pluies importantes de début mai se sont infiltrées lentement en profondeur et ont atteint courant juin les nappes inertielles des formations plio-quaternaires et des couloirs fluvioglaciaires. Les niveaux de ces nappes sont en hausse ou stables en juin, tendances inhabituelles pour cette période.

Sur le pourtour méditerranéen et en Corse, l’absence d’apports pluviométriques se fait ressentir avec des tendances à la baisse.

En juin 2021, les niveaux sont hétérogènes selon les bassins, de bas à hauts. La situation des nappes a généralement peu évolué depuis le mois précédent. Les nappes inertielles sont peu sensibles aux phénomènes météorologiques du printemps et de l’été et les apports pluviométriques de mai puis juin ont permis de maintenir l’état des nappes réactives.

Dans le tiers nord de la France, la situation des nappes de Bretagne, du Bassin parisien, de l’Artois et de Rhin-Meuse se maintient avec des niveaux proches des moyennes mensuelles à modérément bas. Les nappes inertielles de la craie et des formations tertiaires du centre du Bassin parisien et de l’Artois sont peu sensibles aux sécheresses ou aux pluies estivales. Les nappes réactives du socle du Massif armoricain, des calcaires jurassiques du pourtour du Bassin parisien (Bessin, Berry, Côtes de Bars, Lorraine) et des alluvions de l’Alsace profitent des apports pluviométriques de ces dernières semaines. Sur ces nappes, les situations peuvent être localement contrastées.

Sur les nappes du Bassin aquitain, les apports pluviométriques localement conséquents en mai et juin se sont traduits par une amélioration de la situation. Cette situation est particulièrement satisfaisante pour les nappes alluviales de la Garonne avale et de la Dordogne et des formations plio-quaternaires. Seuls les niveaux des nappes alluviales de l’Adour et du Gave du Pau sont sous les normales. Sur le pourtour méditerranéen et en Corse, les niveaux sont hétérogènes : ils sont de proches des normales à bas. La recharge hivernale 2020-2021 a été très insuffisante et les pluies de mai n’ont pas permis de rattraper ce déficit. En juin, en absence d’apports pluviométriques, l’état des nappes s’est dégradé. Les nappes très sensibles des calcaires karstiques ont été particulièrement impactées.

Sur le couloir Rhône-Saône, la situation est contrastée et dépend de l’inertie de la nappe. Les nappes réactives des alluvions du Rhône et de ses affluents ont bénéficié d’une recharge exceptionnelle en mai. Les nappes inertielles plus profondes ont été peu impactées par les pluies de fin de printemps. Les niveaux sont donc favorables sur les nappes alluviales mais restent modérément bas à bas sur les nappes inertielles.

Plusieurs nappes présentent des situations favorables, avec des niveaux proches à au-dessus des moyennes par rapport aux mois de juin des années antérieures :

  • Le bénéfice des recharges abondantes des deux hivers précédents se fait toujours ressentir sur les nappes alluviales de la Garonne et de ses affluents et sur la nappe du Plio-quaternaire, et leurs niveaux sont modérément hauts à hauts ;
  • Les nappes inertielles de la craie et des formations du Tertiaire du Bassin parisien et d’Artois-Picardie, dont la recharge hivernale a été satisfaisante, affichent des niveaux proches des moyennes mensuelles ;
  • Les niveaux des nappes des alluvions de la Saône amont et de ses affluents sont modérément hauts, du fait des fortes précipitations de mai.

Certaines nappes montrent des situations moins favorables, avec des niveaux sous les moyennes de tous les mois de juin, nécessitant une surveillance renforcée :

  • Les niveaux des nappes alluviales de l’Adour et du Gave du Pau sont modérément bas, du fait d’une sécheresse printanière ;
  • Les nappes des cailloutis pliocènes de Bourgogne-Franche-Comté et des corridors fluvio-glaciaires du Rhône amont et moyen enregistrent des niveaux modérément bas à bas ;
  • La situation reste fragile sur les nappes karstiques des régions montpelliéraine et nîmoise ainsi que sur les nappes alluviales et des formations complexes du littoral languedocien et de la Provence où les niveaux sont bas.

Les prévisions de Météo-France annoncent que les mois de juillet, août et septembre seront plus chauds et plus secs que la normale sur une grande partie de la France. Aucun scénario n’est privilégié sur l’extrême nord du territoire.

En été, les précipitations n’engendrent habituellement pas de recharge des nappes. D’une part, les eaux s’infiltrant sont habituellement reprises par la végétation et, d’autre part, les orages estivaux favorisent le ruissellement et ne permettent pas une infiltration efficace des eaux. La vidange devrait donc se poursuivre sur l’ensemble des nappes du territoire jusqu’à la mise en dormance de la végétation et la survenue d’épisodes pluviométriques abondants.

Les nappes réactives, notamment celles des alluvions, du socle et des calcaires jurassiques, sont sensibles à l’absence de pluie. Les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales et des demandes en eau.

Sur une grande partie nord et ouest du territoire, l’apport de précipitations en mai et juin a permis de maintenir des niveaux proches des normales. Le bénéfice de ces épisodes de recharge devrait perdurer en juillet. Cependant, la situation risque de se dégrader rapidement durant l’été en cas de sécheresse météorologique prolongée.

La situation devrait rester satisfaisante durant l’été sur les nappes alluviales de la Garonne et de ses affluents et sur la nappe des formations plio-quaternaires du littoral atlantique. Ces secteurs ont profité d’une recharge très abondante durant l’hiver 2020-2021 puis d’apports supplémentaires en mai et juin.

Sur le littoral méditerranéen, l’état des nappes va très probablement se dégrader durant les prochaines semaines et la situation pourrait devenir tendue sur certains secteurs.

Les nappes inertielles du Bassin parisien et du couloir rhodanien sont peu sensibles à une sécheresse estivale, du fait d’un comportement très inertiel. Les tendances devraient rester orientées à la baisse jusqu’à l’automne. Les situations ne devraient pas se modifier, sauf sur les secteurs où les nappes sont fortement sollicitées.

Les niveaux devraient rester proches des normales mensuelles sur les nappes de la craie et des formations tertiaires du Bassin parisien. Ces nappes ont bénéficié d’une recharge hivernale 2020-2021 excédentaire.

Les nappes des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté et des corridors fluvioglaciaires du Rhône ont connu plusieurs hivers successifs avec des recharges déficitaires. Les apports pluviométriques de l’hiver 2020-2021 puis de mai n’ont pas été suffisants pour combler ce retard. Ces nappes pourraient alors ne plus assurer leur rôle de soutien d’étiage sur le Rhône et ses affluents.

Bulletin de situation hydrologique

Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.