Afin de disposer d’un modèle géologique précis de la Plaine des Fougères pour les études de conception du projet MEREN (Mobilisation des Ressources en Eau des micro-régions Est et Nord), le BRGM, service géologique national, va sonder le sous-sol du Nord-Est de l’île avec une instrumentation embarquée sur hélicoptère.
7 juin 2021
Campagne de mesures par géophysique héliportée à la Réunion

Campagne de mesures par géophysique héliportée à la Réunion. 

© BRGM - René Carayol 

Le projet MEREN, piloté par le département de la Réunion, vise à mettre en œuvre un aménagement hydraulique structurant permettant de satisfaire sur le plan quantitatif les différents besoins en eau exprimés au niveau des micro-régions Nord et Est, en particulier pour le développement des productions agricoles (irrigation) mais également pour sécuriser l’alimentation en eau potable.

Cette campagne scientifique vise à fournir une imagerie profonde du sous-sol en vue de sécuriser le positionnement du système principal d’adduction d’eau souterraine.

Une imagerie du sous-sol jusqu'à 1000 mètres de profondeur, une première sur le territoire français

Entre le 14 et le 25 juin, un hélicoptère affrété par le prestataire danois SkyTEM survolera la Plaine des Fougères selon un plan de vol défini par le BRGM. Il transportera une antenne de 20 mètres de diamètre, à environ 50 mètres de hauteur, pour sonder indirectement le sous-sol par l’analyse des ondes électromagnétiques. Un survol plus limité sera également effectué sur la Plaine des Palmistes en marge de l’acquisition sur la Plaine des Fougères, toujours pour les besoins de MEREN.

Afin d’obtenir la meilleure image géologique possible, le BRGM a décidé de coupler deux méthodes d’analyse. L’électromagnétisme choisi dans le cadre de cette campagne vise à imager les contrastes de résistivité électrique du sous-sol jusqu’à 1000 mètres de profondeur. Il s’agit ici d’une première sur le territoire français où les autres investigations électromagnétiques aéroportées se sont limitées à 400 m de profondeur environ. Ces contrastes renseigneront sur la nature et le niveau d’altération du sous-sol. La méthode magnétique passive permettra quant à elle de cartographier les perturbations locales du champ magnétique terrestre, fournissant ainsi des informations sur la nature et la structuration des roches jusqu’à 1000 mètres de profondeur également.

Des prélèvements complémentaires sur le terrain

En parallèle de ce relevé géophysique, les géologues de l’Université de La Réunion procéderont à des prélèvements d’échantillons sur le terrain, afin de mesurer l’aimantation des roches constituant le "mille-feuille géologique" du Piton des Neiges. En couplant ces données aux indications obtenues par l’instrumentation héliportée, les chercheurs détermineront plus précisément la géologie souterraine de la Plaine des Fougères.

Un modèle géologique et hydrogéologique précis

Le traitement et l’analyse des données nécessiteront plusieurs mois. Ils déboucheront sur un modèle géologique et hydrogéologique précis, qui sera mis à disposition du concepteur du futur dispositif d’adduction d’eau du projet MEREN, qui permettra d’alimenter les micro-régions Nord et Est, par la mise en oeuvre d’un aménagement hydraulique de grande envergure.

L’opération est financée par le Conseil départemental de La Réunion, l’Office de l’eau de La Réunion et le BRGM, dans le cadre du projet MEREN.

Un approfondissement de la campagne scientifique de 2014

Durant l’hiver austral 2014, le BRGM avait déjà mené une vaste campagne de géophysique héliportée sur l’ensemble de La Réunion afin de scanner le sous-sol de l’île. Une couverture quasi complète a ainsi pu être réalisée, en dehors des zones urbaines où les mesures géophysiques sont perturbées par les émissions radioélectriques. La Plaine des Fougères et la Plaine des Palmistes avaient été survolées : les données obtenues fournissent aujourd’hui des renseignements utiles pour mener ce nouveau levé géophysique, beaucoup plus localisé et ainsi beaucoup plus précis tant sur le plan spatial que sur celui de la profondeur investiguée.