Quatre scientifiques du BRGM ont été promus, l’une en tant que chevalier de la Légion d’honneur, les trois autres au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite.
21 février 2024

Quatre scientifiques du BRGM ont été récemment distingués pour leur implication et leurs parcours exemplaires dans le domaine de la recherche et de l’innovation, sur des questions environnementales majeures.

Dominique Darmendrail est promue Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur. Philippe Gombert, Laurence Chery et Violaine Bault reçoivent la médaille de Chevalier dans l’ordre national du Mérite. Découvrez leurs parcours.

Portrait de Dominique Darmendrail.

Portrait de Dominique Darmendrail.

© BRGM - Didier Depoorter

Dominique Darmendrail promue Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur

Dominique Darmendrail est une spécialiste renommée en France et en Europe des questions de gestion de l’eau et des environnements pollués.

Elle a occupé plusieurs postes à la fois d’experte scientifique pour le compte du ministère de l’Écologie et de la Commission européenne, mais aussi de manager de la recherche notamment au BRGM et l’Agence nationale de la recherche (ANR). Son action a notamment eu un impact remarquable en matière d’élaboration de la politique européenne et française de gestion des sites et sols pollués.

Dominique Darmendrail est membre de plusieurs comités, et notamment le comité de direction du pôle France Water Teams. Elle est experte auprès de la Commission Européenne pour plusieurs programmes dans le domaine de l’environnement. Elle a publié près d’une centaine d’articles et de communications scientifiques. Elle est actuellement l’une des principales expertes en France en matière de politique de l’eau et des environnements pollués avec une importante réputation internationale. Au terme d’une carrière de scientifique à l’interface entre les mondes de la recherche et des politiques environnementales, elle a su transférer au plus haut niveau les résultats de la science vers l’appui aux politiques publiques.

Dominique Darmendrail a débuté sa carrière professionnelle en 1988 après la soutenance d’une thèse à l’université de Bordeaux en hydrogéologie sur le transfert des métaux dans les nappes alluviales de zones fortement industrialisées. Elle effectue ensuite un post-doc à l’INRA de Versailles sur les problèmes de transfert de pesticides dans des sols volcaniques en conditions climatiques tropicales (Antilles).

Elle rejoint ensuite le BRGM en 1989 au centre de Lille, comme ingénieure et cheffe de projets. Elle s’y spécialise progressivement sur les problématiques de gestion des sites et sols pollués, à une période où la question des friches industrielles constitue un problème environnemental d’envergure en France et en Europe. Elle développe une expertise de premier plan sur les méthodologies d’analyse des risques associés aux sites et sols pollués. Elle prend en 1993 la responsabilité du centre thématique "Déchets - Friches industrielles - Sites pollués" du BRGM à Lille qui constitue le premier pôle d’expertise du BRGM sur la thématique. Elle joue un rôle important dans l’élaboration de la politique nationale de gestion des sites et sols pollués pour le compte du ministère de l’environnement, notamment dans l’élaboration des guides méthodologiques d’analyse des risques qui vont constituer la norme nationale pour l’ensemble des acteurs concernés (propriétaires de sites, ingénierie, sociétés de dépollution, etc.).

Chose rare, elle a su allier à la fois une carrière de scientifique et d’ingénieur-expert, se nourrissant à la fois de problématiques de terrain et des recherches internationales pour faire avancer les méthodologies nationales.

Lors de la réorientation du BRGM vers les problématiques environnementales en 1998 visant à transformer l’établissement en un centre national de recherche et d’expertise, elle est chargée de préfigurer, puis de diriger le département "Environnement et Procédés Innovants" composé de 80 ingénieurs, chercheurs et techniciens. Son action permet au BRGM de prendre une place déterminante au niveau national et européen en matière de gestion des environnements pollués. Elle a permis de repositionner le savoir-faire historique en traitement de minerais du BRGM pour en faire le premier centre de recherche français sur les technologies de recyclage des matières minérales.

À partir de 2007, elle prend un poste de conseillère auprès de la direction générale du BRGM en charge des affaires européennes et assure le secrétariat scientifique du Common Forum, instance européenne rassemblant les ministères et agences de l’environnement en charge de préfigurer les politiques européennes de gestion des pollutions industrielles.

À partir de 2014, elle intègre l’Agence nationale de la recherche (ANR), comme responsable scientifique en charge du programme sur les technologies de l’environnement et coordinatrice de l’action de programmation conjointe sur l’eau (Water JPI).  Elle va notamment construire, puis coordonner le lancement du partenariat européen Water4All du programme cadre Horizon Europe à partir de 2017 rassemblant plus de 70 partenaires de 31 pays.

Enfin, elle réintègre le BRGM en 2020, pour prendre la direction du programme scientifique "Gestion de l’eau et changement global" et bâtit avec succès en 2021 le programme prioritaire de recherche (PEPR OneWater) en partenariat avec le CNRS et INRAE dans le cadre de France 2030.

La Légion d’honneur : la plus haute distinction nationale française 

La Légion d’honneur est la plus haute distinction française et l’une des plus connues au monde. Depuis deux siècles, elle est remise au nom du Chef de l’Etat pour récompenser les citoyens les plus méritants dans tous les domaines d’activité. Elle compte aujourd’hui 79 000 membres. 

La promotion civile 2024 distingue à parité homme-femme 352 personnes de tout secteur, de tout niveau de responsabilité professionnelle, connues ou inconnues du public. Elles sont réparties en 287 chevaliers, 45 officiers, 14 commandeurs, 4 grands officiers et 2 grand’croix. Cette élite du mérite est réunie dans sa grande diversité par l’engagement de chacun au service de l’intérêt général, critère premier d’attribution de la plus haute distinction nationale française.

Trois scientifiques du BRGM médaillés dans l'ordre du Mérite

Portrait de Philippe Gombert.

Portrait de Philippe Gombert.

© BRGM - Cyril Bruneau

Philippe Gombert

Philippe Gombert, après une carrière en tant qu'expert dans le domaine de l'eau dans le monde académique, dans le monde de l'entreprise et au BRGM, a assuré de nombreuses responsabilités opérationnelles au sein du BRGM jusqu'à diriger durant 6 ans la direction Internationale du BRGM, et durant 4 ans la direction de l'Eau, des Procédés et des Analyses. Il a siégé 11 ans au Comité de Direction du BRGM et il a contribué activement à son pilotage et son évolution durant cette période.

Tout au long de sa carrière, Philippe Gombert a fait la preuve de sa capacité à développer des projets ambitieux à l'international qui permettent de valoriser le savoir-faire français des entreprises et établissements français notamment dans le domaine de la gestion de l'eau, ainsi que l’accompagnement de pays du sud dans leur développement et l'accession à leur autonomie. C'est ainsi qu'il a été administrateur à partir de 2008 et durant 14 ans du Partenariat Français pour l'Eau (PFE), association française rassemblant plus de 200 partenaires (acteurs publics et privés de l'eau). Il a également été nommé depuis 2019 comme Conseiller du Commerce Extérieur (CCEF) eu égard à sa longue expérience à l'international. Par son action efficace et continue tout au long de ses années, Philippe Gombert a ainsi contribué à la renommée et à la valorisation des compétences françaises dans le domaine de l'eau, sujet dont l'actualité nous rappelle l'importance croissance face au changement climatique.

Titulaire d'un diplôme de doctorat en hydrologie, Philippe Gombert a commencé sa carrière en tant que chercheur à l'université de Bordeaux avant de basculer dans le monde de l'expertise au sein du bureau d'études G. Lefort puis au BRGM. C'est à cette occasion qu'il découvre et s'implique sur des projets à l'international qui vont devenir un axe structurant de sa carrière. Il coordonne ainsi un projet sur la gestion de la ressource en eau dans la plaine du Tadla au Maroc avant de partir durant 2 ans en Bolivie pour diriger pour le compte du BRGM le projet d'évaluation et de gestion des ressources en eau de la ville de Cochabamba. Cette expérience le conduit à être recruté ensuite par Antea pour diriger au sein de la direction Technique le service d'Evaluation, de Gestion et d'Exploitation de la ressource en eau. Dans ce cadre, il pilote une équipe de 25 personnes en charge de mener des projets de gestion de la ressource en eau en France comme à l'étranger (Amérique du Sud, Maghreb). 

Fort de cette expérience à l'international, Philippe Gombert rejoint en 1997 la direction internationale d'Antea, d'abord comme directeur de projets notamment en Amérique Latine et en Afrique du Nord, puis comme directeur adjoint avant de devenir en 2003 directeur International d'Antea. En 2007, Philippe Gombert devient directeur international adjoint avant de prendre en 2012 la direction Internationale du BRGM. Il met sa connaissance de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, et des montages de projets européens au service du BRGM pour aider au montage de grands projets de cartographie et de prospection minière tout en contribuant activement à l'élargissement vers les enjeux de l'eau. Il contribue activement à renforcer la visibilité et la réputation du BRGM sur le continent africain.

En 2019, Philippe Gombert prend la responsabilité de la toute nouvelle direction de l'Eau, des Procédés et des Analyses créée par la fusion de deux précédentes directions. Il dirige ainsi la plus grosse direction de l'établissement qui représente près de 20% des effectifs globaux, et abrite outre les laboratoires d'analyses du BRGM, les pôles de compétences du BRGM dans le domaine de la gestion de l'eau, des procédés de traitement de minerais, et de la gestion des sites et sols pollués. Durant les 4 années qu'il passe à la direction de l'Eau, des Procédés et des Analyses , Philippe Gombert s'investit fortement dans la structuration et le fonctionnement de cette direction. Il porte notamment le projet de reconstruction des laboratoires d'analyses du BRGM qui sera officiellement lancé en 2021. Plus récemment, il assure la mobilisation de ses équipes pour anticiper et répondre avec efficacité aux sollicitations des pouvoirs publics dans le cadre de la crise sécheresse.

Portrait de Laurence Chery.

Portrait de Laurence Chery.

© BRGM - Dominique Cohas

Laurence Chery

Tout au long de son parcours professionnel, Laurence Chery s’est distinguée par un investissement et une énergie remarquables au service du collectif et de l’intérêt général.

Elle compte à son actif, comme auteure ou co-auteure, 33 publications scientifiques, 37 communications lors de congrès et a contribué à quelques ouvrages et guides de référence sur les eaux souterraines.  Son investissement lui a valu deux distinctions, le prix Gosselet 2007 décerné par la Société Géologique de France et le Prix Castany Junior 1999 décerné par le Comité Français d’Hydrogéologie.

Laurence Chery a débuté sa carrière professionnelle en 1988, après la soutenance d’une thèse au Laboratoire d'hydrologie et de géochimie isotopique de l’Université d'Orsay (Paris XI), sur l’étude hydrochimique et isotopique des circulations souterraines en milieu granitique, dans le cadre de recherches sur l'implantation de déchets radioactifs dans ce type de milieu. 

Elle a ensuite travaillé 2 ans en bureaux d’études (sociétés AQUASCOP et HYDRATEC) sur des sujets eau et environnement, avant de rejoindre le BRGM en 1990. 

Jusqu’en 2004, elle a occupé différents postes d’ingénieure-chercheure, principalement tournés sur la qualité des eaux souterraines à travers notamment la géochimie isotopique. Ensuite et durant 13 années, elle a pris des responsabilités managériales, comme responsable d’unité au sein de la direction chargée de la connaissance et de la gestion des eaux souterraines, tout en maintenant une forte implication opérationnelle. Elle a ainsi supervisé les activités sur la gestion de la ressource et les impacts environnementaux associés, sur l’acquisition, la valorisation et la diffusion des données sur l’eau et enfin sur l’évaluation et la valorisation des connaissances sur l’eau.

Au cours de cette période, Laurence Chery a eu une activité de recherche et surtout d’expertise très intense, avec notamment plusieurs contributions significatives à des réalisations structurantes pour la mise en œuvre des politiques publiques nationales concernant les eaux souterraines. Il s’agit notamment du développement et de la mise en œuvre des systèmes d’information sur l’eau, ADES (Accès aux Données sur les Eaux Souterraines) et BNPE (Banque Nationale sur les Prélèvements en Eau). Elle a aussi participé à de nombreux groupes de travail nationaux sur des sujets variés tels la collecte et la structuration des données sur l’eau, la gestion qualitative et quantitative des eaux souterraines ou encore l’élaboration des réseaux de surveillance de la qualité des eaux souterraines en France, dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau. Elle s’est également fortement impliquée au niveau national et international sur les dictionnaires et formats d’échanges des données sur les eaux souterraines.

Depuis 2017, Laurence Chery devient directrice adjointe à la direction des Actions Territoriales du BRGM. Elle prend en charge la supervision des directions régionales du Centre et du Nord-Est et depuis 2020, celles du secteur Grand-Ouest avec les directions régionales Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine. Elle apporte son expertise sur les eaux souterraines à l’ensemble des directions régionales.  Elle contribue dans le même temps aux actions de pilotage de l’établissement en étant membre des comités de pilotage des programme scientifiques "Eaux souterraines et changement global" et "Données, services et infrastructures numériques". Elle s’implique d’autre part dans de nombreuses instances internes. Elle a ainsi par exemple participé à la cellule de crise Covid du BRGM. 

Outre ses activités au BRGM, Laurence Chery est très active dans des associations professionnelles dans le domaine des eaux souterraines. Elle est membre de la Société Géologique de France (SGF) et du Comité français d’hydrogéologie (CFH) au sein de l’Association internationale des hydrogéologues (AIH). Secrétaire générale du CFH de 2001 à 2018, puis vice-présidente jusqu'à juin 2019, elle demeure actuellement membre du conseil d'administration. Elle a co-fondé le sous-comité H2i : Hydrogéologie, hydrologie, Isotopes du CFH. Elle également été membre de l’AGBP (Association des géologues du Bassin de Paris) et de l’AGSO (Association des Géologues du Sud-Ouest). Enfin, depuis 2022, elle est membre du conseil scientifique de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne.

Portrait de Violaine Bault.

Portrait de Violaine Bault.

© BRGM - Didier Depoorter

Violaine Bault

Violaine Bault est la coordinatrice nationale du bulletin de situation des nappes (BSN). Cette récompense souligne son rôle majeur dans l’appui à la gestion de crise des sécheresses 2022 et 2023, tant en interne au BRGM qu’au niveau des instances ministérielles et du public.

Durant la crise sécheresse 2023, elle était membre de la cellule de crise sécheresse mise en place au BRGM. Elle a ainsi joué un rôle majeur dans le relais auprès des équipes du BRGM, aussi bien au centre scientifique d’Orléans qu’en région et dans le pilotage pour apporter l’appui nécessaire auprès des instances de l’État. Ces actions ont nécessité une grande adaptabilité, disponibilité et réactivité.

Pendant cette période, Violaine Bault a notamment mis en place la procédure permettant de publier le bulletin de situation des nappes à haute fréquence. Ce bulletin a constitué le support de communication de l’état des niveaux de nappes auprès des instances nationales décisionnelles (Cellule Interministérielle de Crise, Cellule Sécheresse Agricole, Comité d’Anticipation et de Suivi Hydrologique, animés respectivement par le cabinet du Premier ministre, le ministre de l’Agriculture, et le ministre en charge de l’Environnement). 

Violaine Bault a également assuré les conférences de presse mises en place à la parution de chaque bulletin et a réalisé plusieurs dizaines d’interviews et actions de médiation scientifique. De par l’ensemble de ces actions de communication, le BRGM a très significativement gagné en notoriété par rapport à son expertise sur les eaux souterraines au niveau de l’État et du grand public. 

En 2017, au moment de la réforme territoriale, elle intègre l’Unité "Évaluation et valorisation des connaissances sur l'eau" de la direction de l’Eau, de l’Environnement, des Procédés et Analyses du BRGM. Elle reprend alors la coordination du bulletin de situation des nappes (BSN). 

Violaine Bault travaille principalement sur des projets de gestion quantitative des eaux souterraines. Elle apporte notamment son expertise sur le suivi et l’anticipation des niveaux des nappes, dans le cadre de projets d’appui aux politiques publiques au niveau national et à l’international.

Ses principaux travaux remarquables concernent la mise en place d’une méthodologie pour la réalisation de cartes piézométriques, de la campagne de terrain à l’interpolation des résultats ainsi que le développement de bases de données et de méthodologies dans le cadre de réseaux de surveillance. Elle réalise également des travaux de modélisation globale pour la prévision des niveaux d’eau souterraine (MétéEAU Nappes). 

L’ordre national du Mérite

Institution républicaine née au cœur du 20ème siècle, l’ordre national du Mérite est le second ordre national après la Légion d’honneur. Il a pour vocation de récompenser les "mérites distingués" et d’encourager les forces vives du pays. Comme la Légion d’honneur, l’ordre national du Mérite est un ordre universel, qui distingue des personnes issues de tous les domaines d’activité. Il compte aujourd'hui 177 000 membres.

La promotion civile de novembre 2023 de l’ordre national du Mérite distingue 1004 personnes issues de différents domaines d’activité. Elle est composée de 846 chevaliers, 130 officiers, 24 commandeurs et 4 grands officiers.