Sommaire
    Le BRGM, service géologique national, assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France hexagonale.

    Afin de surveiller le niveau des nappes d’eau souterraine, le BRGM assure le suivi du réseau national piézométrique qui comporte 1650 points de forage. Ces derniers permettent de connaître en temps réel l’état quantitatif des grandes nappes phréatiques exploitées. À partir de ces données, le BRGM édite notamment un bulletin de situation des nappes afin de décrire l’état des nappes d’eau souterraine.

    Quand paraîtra le prochain bulletin de situation des nappes du BRGM ?

    Notre bulletin sur la situation des nappes d'eau souterraine paraît désormais tous les mois, en milieu de mois.

    Les résurgences du cirque de Choranche, Isère

    Les eaux souterraines : la ressource cachée de la France

    L’eau souterraine est une ressource très utilisée : en France hexagonale, elle représente près des deux tiers de la consommation d’eau potable et plus du tiers de celle du monde agricole. Elle est aussi largement exploitée dans le secteur industriel. Les nappes d’eau souterraine dépendent de recharges cycliques.
    Schéma sur le cycle de l'eau terrestre.

    Schéma sur le cycle de l'eau terrestre.

    © BRGM

    On estime aujourd'hui à 100 milliards de m3 en moyenne les ressources en eau dans le sous-sol hexagonal. Environ 30 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour répondre aux différents besoins.

    Les nappes d’eau souterraine sont alimentées par la pluie. Elles se rechargent essentiellement en automne et en hiver.

    Le cycle de l'eau et la recharge des nappes

    Alors qu'une partie des précipitations s'évacue par ruissellement, le proche sous-sol s'humidifie progressivement. Une partie de ces eaux, plus de 60% en France, est ensuite redistribuée vers l'atmosphère via l'évaporation au niveau des sols et la transpiration des plantes. Le reste s'infiltre plus profondément dans le sous-sol, contribuant à l'alimentation des réservoirs d'eau souterraine et à la "recharge des nappes".

    L’eau souterraine : de l’eau contenue dans les roches

    Après infiltration de la pluie sous nos pieds, elle circule dans les pores et les fissures des roches, à une vitesse variable : on parle alors d’aquifère (ou de nappe phréatique). Les nappes souterraines ne ressemblent pas à des lacs souterrains.

    Un aquifère est à la fois un réservoir capable d’emmagasiner des volumes plus ou moins importants d’eau provenant des pluies infiltrées, et un conducteur permettant les écoulements souterrains et la vidange progressive du réservoir vers des exutoires naturels (les rivières ou la mer).

    Une animation pédagogique sur le cycle de l'eau souterraine. 

    L'eau s'évapore au-dessus de l'océan et forme des nuages. L'eau rejoint alors le sol sous forme de pluie, mais, aussi, parfois, de grêle ou de neige. Une partie de cette eau ruisselle sur le sol. Une autre s'infiltre. 

    © BRGM / Agence de l'eau Adour-Garonne 

    L'eau s'évapore au-dessus de l'océan et forme des nuages. L'eau rejoint alors le sol sous forme de pluie, mais, aussi, parfois, de grêle ou de neige. Une partie de cette eau ruisselle sur le sol. Une autre s'infiltre. 

    L'eau va traverser la terre végétale. En quelques heures, elle va continuer sa descente en suivant les espaces entre les grains de la roche. Il y a de l'air et de l'eau dans ces vides. La zone est dite non saturée. 

    Lorsque l'eau rencontre une couche imperméable, elle ne peut plus descendre. Elle va s'accumuler et former une nappe où les espaces vides entre les grains sont entièrement remplis d'eau. C'est la zone saturée. L'eau va s'écouler horizontalement sur cette couche imperméable en se déplaçant de quelques mètres par jour vers le point le plus bas. 

    Tant qu'il pleut, la nappe se remplit plus vite qu'elle ne se vide et son niveau monte. Quand il ne pleut plus, le niveau baisse. On parle de vidange de la nappe. 

    A partir du printemps et jusqu'à l'automne, même s'il pleut, l'évaporation par la chaleur et par les plantes va utiliser toute l'eau qui pénètre dans la terre végétale. Cette eau ne descend plus vers la nappe. Au point le plus bas, elle continue à s'écouler dans la rivière. Le niveau de la nappe baisse progressivement durant tout l'été et le débit de la rivière diminue. 

    L'eau, qui descend à travers une couche poreuse, s'accumule sur la couche imperméable et forme une nappe qui s'écoule horizontalement. Lorsque l'eau passe sous une formation argileuse imperméable, la nappe devient captive. Elle va s'écouler beaucoup plus lentement, mais, surtout, son niveau ne peut plus monter. Il est bloqué vers le haut par la couche imperméable. Dans cette nappe captive, l'eau va donc se trouver sous pression. Si on fait un forage à travers la couche imperméable, l'eau va monter dans le tube. S'il y a assez de pression, elle va même jaillir spontanément à la surface. On dit que le forage est artésien. 

    Dans la nature, il y a souvent une superposition de plusieurs couches poreuses et imperméables. Elles forment une sorte de millefeuille, comme c'est le cas pour le Bassin aquitain.

    Schéma sur les gisements d'eau souterraine.

    Schéma sur les gisements d'eau souterraine.

    © BRGM

    Quelques définitions

    Aquifères et nappes

    Les formations géologiques qui contiennent des eaux souterraines exploitables de façon significative sont appelées aquifères. L’aquifère est un contenant, la nappe est son contenu. Les nappes ne sont pas des lacs souterrains comme certains l’imaginent parfois : l’eau qui circule n’occupe que les vides de la roche (pores, fissures, fractures).

    Le critère essentiel permettant de distinguer ce qui est aquifère ou non est la perméabilité, paramètre qui quantifie la capacité de la formation géologique à laisser l’eau circuler. Les sables récents (dunes) mais aussi les sables déposés par les mers anciennes du Mésozoïque et du Cénozoïque, sont très poreux et très perméables. Les formations constituées de calcaires et de grès sont aussi très perméables. De telles formations peuvent être exploitées par des forages pouvant débiter plus de 100 m3/h. Dans certaines zones (Causses, Quercy, Jura...), une dissolution importante des calcaires a donné naissance à des karsts, dont certains contiennent de véritables rivières souterraines. De nombreuses sources, exutoires des massifs karstiques, sont exploitées pour l’alimentation en eau potable.

    Les roches des domaines de socle (granite, gneiss notamment) sont quant à elles caractérisées par des fissures et des fractures plus ou moins interconnectées. Les débits d’exploitation sont en général de l’ordre de quelques m3/h et dépassent rarement 20 m3/h. Ce niveau de perméabilité est moindre que celui des roches sédimentaires.

    Nappes libres ou captives

    Parmi les aquifères, on distingue ceux dans lesquels les nappes sont libres de ceux dans lesquels elles sont captives. Dans le premier cas, la surface libre de la nappe n’atteint pas le niveau supérieur de l’aquifère que l’on appelle le toit. Ce toit peut être la surface du sol, auquel cas on parle parfois de nappe phréatique. Dans le second cas, la nappe se trouve prisonnière - captive - sous un toit imperméable. Elle est alors sous pression.

    L’aquifère captif des sables verts du Bassin de Paris est dans ce dernier cas. Très connu pour avoir été découvert, exploité et étudié dès le 19ème siècle, il couvre 75 000 km2 et contiendrait 400 milliards de m3 d’eau selon les estimations géologiques. Le précieux liquide s’écoule à la vitesse de 2 mètres par an. Les nappes dites libres sont néanmoins beaucoup plus nombreuses : elles représentent 85% des nappes régionales exploitables.

    Deux aquifères, voire plus, peuvent être superposés, séparés par des niveaux peu perméables. On parle alors d’aquifère multicouche. Il peut y avoir des échanges lents mais non négligeables entre les nappes de différents niveaux.

    Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

    Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

    © BRGM

    La période de recharge hivernale : six mois décisifs

    Le niveau des nappes varie au cours de l’année, entre des niveaux hauts l’hiver (quand la végétation n’absorbe pas l’eau des pluies) et des niveaux bas l’été (période classique de vidange des nappes).

    Le devenir d'une pluie est très différent selon la période de l'année et l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Traditionnellement, la période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), semestre durant lequel la végétation est en sommeil (avec une évapotranspiration faible) et les précipitations sont en principe plus abondantes. Si l'hiver est sec, la recharge des nappes est très faible.

    À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.

    Schéma représentant les différents types d’aquifères.

    Schéma représentant les différents types d’aquifères.

    © BRGM - Marylène Imbault

    Cyclicité de la recharge des nappes : nappes inertielles et réactives

    Les nappes s'écoulent plus ou moins rapidement selon la porosité (pourcentage de vides dans la roche) et la perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau – connexion entre ces vides) des aquifères. Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite.

    Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :

    • en quelques années en milieu poreux : l’eau s’écoule dans les interstices de la roche meuble (sables, graviers) ou consolidée (grès, craie).
    • en quelques mois en milieu fissuré : l’eau est contenue et circule dans les failles ou les fissures de la roche (roches cristallines - granites, schistes - roches volcaniques, calcaires non karstifiés).
    • et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique : les eaux ont dissout les fissures et créé des boyaux (karsts des calcaires du Crétacé et du Jurassique).

    L'impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.

    Les nappes inertielles (craie, formations tertiaires et formations volcaniques) ont une cyclicité pluriannuelle. Leur inertie, caractérisée par des écoulements lents, leur permet de conserver des niveaux peu dégradés à la sortie d'un hiver caractérisé par une recharge déficitaire.

    Au contraire, les nappes réactives à cyclicité annuelle (alluvions, calcaires jurassiques et crétacés, grès triasiques et socle) sont très sensibles au déficit de pluie efficace.

    Récupération de données piézométriques

    Comment la France surveille ses eaux souterraines

    Au fil des décennies, les chercheurs ont développé une connaissance intime du sous-sol français. Aujourd’hui, le pays dispose d’un ensemble d’instruments de mesures qui lui donne une vision très étoffée de l’état quantitatif et chimique des eaux souterraines. Le BRGM est en charge de la coordination et de la mise en valeur de ces énormes masses de données.

    Les sciences de la Terre, essentielles à la gestion quantitative et qualitative de l’eau

    Le BRGM s’est penché très tôt sur la question de l’eau. Il développe depuis sa création une expertise aujourd’hui internationalement reconnue en matière de gestion quantitative et qualitative des eaux souterraines. Le BRGM s’appuie sur des compétences solides en matière de connaissance de la structure du sous-sol et de caractérisation des hydrosystèmes (évaluation des ressources, compréhension des transferts des pollutions dans les eaux souterraines).

    Connaître pour gérer : l’apport des géosciences

    Le caractère « caché » des eaux souterraines et la grande inertie d’une partie de ces réservoirs due à la lenteur des écoulements sont les deux plus grands atouts de cette ressource, garantissant l’accès à une eau de qualité préservée des pollutions de surface. Mais ces avantages ont un revers, la caractérisation des gisements, la compréhension de leur dynamique et leur exploitation sont rendus plus complexes que pour les eaux de surface.

    L’apport des géosciences s’avère indispensable dans l’acquisition, l’harmonisation et l’actualisation des données sur les formations géologiques aquifères et les enveloppes protectrices des eaux souterraines. Expert des ressources du sous-sol, le BRGM contribue ainsi à l’évaluation précise des ressources en eau souterraine et au développement d’outils de gestion pour les différents acteurs de l’eau français, comme les agences de l’eau.

    La France dispose de 6500 aquifères, dont 200 aquifères d’importance régionale (superficie entre 1000 et 100 000 km2), abrités par des roches variées.

    La France dispose de 6500 aquifères, dont 200 aquifères d’importance régionale (superficie entre 1000 et 100 000 km2), abrités par des roches variées.

    © BRGM

    Connaître les réserves du sous-sol

    Malgré la diversité de son sous-sol et les inconnues encore nombreuses, la France possède des bases de données très riches pour la connaissance des réservoirs aquifères du sous-sol. Elles sont aujourd’hui gérées et développées par le BRGM en coopération avec ses partenaires. Environ 6500 nappes de toutes tailles ont été référencées sur le territoire national, dont 200 aquifères d’envergure régionale (de 1000 à 100 000 km2).

    Afin de surveiller le niveau des nappes comme il est attendu dans la directive-cadre sur l’eau, le BRGM assure le suivi du réseau national piézométrique qui comporte 1650 points de forage. Ces derniers plongent dans le sous-sol et permettent de connaitre en temps réel l’état quantitatif des grandes nappes phréatiques exploitées, les piézomètres (tubes d'observation du niveau de la nappe) étant pour la plupart équipés d’une technologie particulière (le GRPS) qui transmet les informations à distance. Une à deux fois par an, des techniciens se rendent sur le terrain afin de vérifier manuellement que les données envoyées par le GRPS sont conformes aux niveaux observés sur place.

    Surveiller la qualité des eaux souterraines

    En outre, le BRGM a fourni un effort considérable ces 15 dernières années afin de coupler l’analyse quantitative des eaux à une analyse qualitative. Le service géologique national intègre ainsi à son réseau de mesures :

    • Des outils permettant de relever la température des eaux souterraines et leur conductivité électrique. Le but est ici de mieux cerner le lien entre les eaux étudiées et l’augmentation du niveau marin (avec les intrusions salines), ainsi que les échanges avec les eaux de surface.
    • Des outils d'analyse qualitative pour les risques de pollution. En France, entreprises, collectivités ou agences liées à l’eau ont installé au fil du temps pas moins de 75 000 qualitomètres (distincts des piézomètres qui mesurent le niveau des nappes) sur le territoire national. Cette énorme masse d’informations est collectée par le portail ADES, développé et géré par le BRGM. Ses scientifiques s’en servent pour améliorer la compréhension du transport et de la transformation des contaminants dans le sol puis dans les nappes (nitrates, pesticides ou polluants émergents comme les résidus cosmétiques ou les produits phytosanitaires). Ces travaux nécessitent de développer de nouveaux outils permettant par exemple d’effectuer un "balayage" de tous les polluants présents dans l’eau, et donc de mobiliser des moyens à la fois en microbiologie, en hydrophysique, en métrologie, mais aussi dans l’analytique et pour l’expérimentation. Ils permettront notamment d’affiner les cartes de vulnérabilité des eaux souterraines et de prédire l’impact des changements d’occupation du sol ou des mesures de protection sur la qualité des eaux souterraines.
    Echantillonnage sur la Loue à Vuillafans, Doubs

    FAQ - Questions fréquentes sur la sécheresse et les eaux souterraines

    Qu’est-ce qu’une nappe d’eau souterraine ? Comment sont mesurés les niveaux des nappes ? Qu’entend-on par sécheresse et à quoi est-elle due ? Quelles sont les mesures de restriction mises en place pour préserver les nappes ? Face au manque d’eau, quelles pistes de solutions doivent être privilégiées ? Découvrez les réponses à toutes ces questions et bien plus, pour tout comprendre sur l'eau souterraine.

    Les nappes d’eau souterraine et leur suivi

    Un aquifère est une roche réservoir contenant de l’eau. Il s’agit de formations géologiques suffisamment perméables et poreuses ou fissurées pour stocker de l’eau et la laisser circuler librement.

    Un aquifère est constitué :

    • d’une zone non saturée, dont les vides contiennent à la fois de l’air et de l’eau. L’eau s’y écoule verticalement ;
    • d’une zone saturée, dans laquelle l’eau occupe tous les vides. L’eau s’y écoule horizontalement.

    La nappe est l’eau contenue dans la zone saturée d’un aquifère. Une nappe d’eau souterraine est l’eau contenue dans les pores ou les fractures ou fissures d’une roche saturée.

    Schéma des zones non saturée et saturée d’un aquifère.

    Schéma des zones non saturée et saturée d’un aquifère.

    © BRGM

    Schéma des zones non saturée et saturée d’un aquifère. © BRGM

    Nappes libres et nappes captives

    On peut d’une part différencier les nappes libres et les nappes captives :

    • Une nappe libre communique avec la surface. L’eau monte et descend selon les précipitations. Elle est généralement peu profonde (quelques cm à 80 m).
    • Une nappe captive est confinée entre deux couches géologiques peu perméables. L’eau se retrouve sous pression et peut jaillir dans des forages dits artésiens. Les nappes captives sont souvent profondes. Elles sont alimentées au droit de leur zone affleurante ou par infiltration très lente à travers les couches peu perméables.

    Plusieurs nappes peuvent être superposées et séparées par des terrains imperméables (argiles et marnes). Exemple : Bassin parisien et Bassin aquitain.

    Empilement de nappes libres et captives.

    Empilement de nappes libres et captives.

    © Eaufrance

    Empilement de nappes libres et captives. © Eaufrance

    Nappes inertielles et nappes réactives

    Selon les types d’aquifères, la réactivité de la nappe n’est pas la même. Elle varie selon leur porosité (pourcentage de vides dans la roche) et leur perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau, liée à la connexion plus ou moins importante entre ces vides).

    • Lorsqu’un aquifère est poreux et perméable, l’eau s’écoule dans les interstices de la roche meuble (sables, graviers) ou consolidée (grès, craie) ;
    • Lorsqu’un aquifère est fissuré, l’eau est contenue et circule dans les failles ou les fissures de la roche (roches cristallines telles que les granites et les schistes, roches volcaniques, calcaires non karstifiés).
    • Lorsqu’un aquifère est karstique, les eaux ont dissous les fissures, et créé et organisé des boyaux (karsts des calcaires du Crétacé et du Jurassique).

    Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite.

    Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :

    • en quelques années en milieu poreux,
    • en quelques mois en milieu fissuré,
    • et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique.
    Principaux types d’aquifères et débits associés.

    Principaux types d’aquifères et débits associés.

    © BRGM

    Principaux types d’aquifères et débits associés. © BRGM

    On parle alors de nappes :

    • réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
    • inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.
    Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

    Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

    © BRGM

    Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale. © BRGM

    Recharge de la nappe

    Avant d’atteindre la nappe, l’eau doit traverser plusieurs barrières :

    • Au niveau de la surface du sol : évaporation (d’autant plus forte que les températures sont élevées), ruissellement.
    • Dans le sol : rétention des sols (humidité des sols), besoin en eau des végétaux / évapotranspiration (plus forte au printemps et en été lorsque les végétaux sont actifs).
    • Dans le sous-sol : infiltration en profondeur plus ou moins rapide selon le type de roche (plus ou moins poreuse, fissurée ou fracturée) et la profondeur de la nappe.

    Vidange de la nappe

    Les eaux souterraines s’écoulent vers leurs exutoires toute l’année :

    • sources : 71 657 sources connues,
    • cours d’eau : 80 à 100% de leur débit peuvent provenir des nappes durant l’été,
    • zones humides : marais, étangs, tourbières, prairies humides,
    • mers et océans.

    Cyclicité des nappes

    Le niveau des nappes varie au cours de l’année. La recharge des nappes s’effectue principalement du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), lorsque les températures sont basses (limitant l’évaporation) et l’activité des plantes ralentit (limitant leurs prélèvements et leur transpiration).

    À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.

    La situation varie selon la réactivité des nappes, avec des nappes réactives, dont l’état de remplissage va varier très rapidement au cours d’une même saison et des nappes inertielles dont les cycles peuvent être pluriannuels.

    Les eaux souterraines sont une part essentielle du grand cycle de l’eau et représentent 30% des eaux douces disponibles sur Terre. Elles constituent aujourd’hui les deux tiers de l’alimentation en eau potable en France, avec de fortes variations territoriales (jusqu’à plus de 90% dans certains départements).

    Quelques chiffres

    • 6 500 aquifères en France hexagonale (superficie de plus de 10 km2).
    • 200 aquifères d’envergure régionale (superficie entre 1 000 et 100 000 km2), dont 175 aquifères libres et 25 aquifères captifs.
    • 120 milliards de m3/an d’eau renouvelable (pluie infiltrée).
    • 2 000 milliards de m3 d‘eau dans les nappes.
    • 6 à 10 milliards de m3/an prélevés dans les nappes (soit 5 à 8% des pluies infiltrées).

    Toutes les ressources en eau souterraine ne sont pas encore bien connues. Il reste beaucoup de connaissances à acquérir notamment :

    • Sur les aquifères cristallins, à ressource hétérogène.
    • Sur de nombreux aquifères karstiques.
    • Sur les aquifères profonds ou même moins profond sous couverture (ressources stratégiques à protéger).

    Malgré la diversité de son sous-sol et les inconnues qui sont encore nombreuses, la France possède des bases de données très riches pour la connaissance des aquifères du sous-sol. Elles sont aujourd’hui gérées et développées par le BRGM en coopération avec ses partenaires.

    Pour faciliter l’accès à la connaissance des nappes, et permettre une meilleure gestion de la ressource par les services de l’État et les collectivités, le BRGM a conduit 10 ans durant un vaste chantier d’unification des données dans un référentiel évolutif : la Base de données des limites des systèmes aquifères (BDLISA). C’est un des référentiels cartographiques du Système d'information sur l'eau (SIE). Il donne une vision spatiale des grands réservoirs d’eau souterraine présents sur le territoire national (France hexagonale et DROM). Interrogeable et téléchargeable sur le site bdlisa.eaufrance.fr, cet outil est principalement destiné à un public averti/expert. Le BRGM dispense une formation à son siège d’Orléans pour aider à son utilisation.

    Le niveau d’eau dans les nappes est mesuré avec des piézomètres. Il s’agit de forages à travers lesquels l’eau de la nappe va pouvoir circuler. Certains sont équipés d’un capteur de pression et d’un modem de transmission à distance. Ils sont autonomes et envoient les données de niveau d’eau (appelé niveau piézométrique) tous les jours. D’autres ne sont pas équipés et doivent être relevés avec une sonde manuelle.

    Il existe en France plus de 5.200 piézomètres (pour le suivi des niveaux d’eau dans les nappes), ainsi que plus de 77.000 qualitomètres (pour le suivi de la qualité de l’eau), regroupés dans plus de 300 réseaux (chiffre août 2023), dont de nombreux réseaux locaux. Ces réseaux répondent à différents objectifs :

    • Connaissance : connaître l’état quantitatif et/ou qualitatif des eaux souterraines et disposer d’une vision générale de tout ou d’une partie d’un système aquifère.
    • Surveillance générale : protéger la ressource en vérifiant que les eaux souterraines ne sont globalement pas altérées par des activités humaines et qu’elles sont conformes aux exigences propres à ses différents usages.
    • Prévention et alerte : alerter sur la survenance d’un risque (inondation par remontée de nappe, détérioration de la qualité…), au droit et en amont immédiat d’une ressource (captages d’eau potable), d’un aménagement (tunnel de métro, parking souterrain) ou d’un secteur à protéger.
    • Investigation : rechercher ou caractériser une anomalie sur la qualité ou les niveaux des eaux souterraines. Ce type de réseau est par exemple mis en œuvre au droit ou à proximité d'un site pollué, afin de rechercher un éventuel impact sur les eaux souterraines et de remonter à sa source.
    • Surveillance spécifique : suivre l'évolution (extension, concentration ou niveaux…) d'un panache de pollution, d’une anomalie thermique ou d’une surexploitation de la nappe. Il est implanté au droit du secteur impacté et, si besoin, à proximité immédiate sur les zones susceptibles d'être affectées.

    Le BRGM assure le suivi du réseau national piézométrique. A ce titre, il gère 1710 points d'eau dont 39 sources (parmi lesquels 1650 sont équipés de télétransmission des données). Les piézomètres gérés par le BRGM incluent notamment 1506 des 1839 points du réseau dit « DCE », qui assure le suivi du bon état quantitatif des eaux souterraines en application de la Directive Cadre européenne sur l’Eau.

    Les nappes sous couche peu perméable, appelées nappes captives ou nappes profondes, ont un cycle hydrologique particulier. L’eau des nappes captives est maintenue en pression, et la surface de l’eau dans le réservoir diffère de la surface piézométrique. L’eau est libérée par décompression lors d’un pompage.

    Schéma d’un forage dans une nappe captive (à gauche). En forant à travers la couche peu perméable, l’eau monte et peut même jaillir spontanément à la surface.

    Schéma d’un forage dans une nappe captive (à gauche). En forant à travers la couche peu perméable, l’eau monte et peut même jaillir spontanément à la surface.

    © BRGM

    Schéma d’un forage dans une nappe captive (à gauche). En forant à travers la couche peu perméable, l’eau monte et peut même jaillir spontanément à la surface. © BRGM

    Les nappes captives sont généralement alimentées par les eaux d’infiltration mais uniquement sur les zones d’affleurement (zones au-dessus desquelles il n’y a pas de couche imperméable). Elles peuvent de même être alimentées par drainance des aquifères qui les encadrent.

    Les eaux de ces nappes se renouvellent très lentement : les eaux de pluie peuvent mettre plusieurs mois à plusieurs milliers d’années pour atteindre les nappes captives. Le niveau piézométrique de ces nappes est souvent stable mais peut se retrouver fortement influencé par les prélèvements.

    Elles font donc l’objet d’une gestion particulière, car il faut veiller à respecter les volumes prélevés de sorte qu’ils n’impactent pas leur intégrité face à leur faible taux de renouvellement. Le dénoyage d’une nappe captive par excès de prélèvements entraine un abaissement du niveau piézométrique sous la couche imperméable (toit du réservoir). Cette opération met en péril la ressource en termes quantitatifs et qualitatifs.

    Cette gestion s’appuie sur des outils d’observation et de modélisation développés par les experts afin d’avoir une connaissance fine de la dynamique des aquifères captifs ou profonds, comme base de l’éclairage pour la décision publique.

    Le bulletin de situation des nappes

    À partir des données qu’il recueille sur les nappes d’eau souterraine, le BRGM édite son bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN), chaque mois (en milieu de mois), afin de décrire l’état des nappes.

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    © BRGM

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN). © BRGM

    L’organisation de la production du bulletin national de situation des nappes permet d’assurer une concordance entre les productions des bulletins de situation des nappes aux échelles locales et les productions nationales à l’échelle de l'hexagone et de garantir une expertise pointue.

    Les données relatives aux niveaux des piézomètres et aux niveaux et débits des sources sont remontées chaque début de mois par les producteurs de données. Pour le bulletin national, outre le BRGM, ces différents producteurs sont l’APRONA, le Conseil Départemental de la Vendée, le Conseil Départemental des Landes, le Conseil Départemental du Lot, l’EPTB Vistre Vistrenque, le Parc Naturel Régional des Grandes Causses, le Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA) et le Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des nappes souterraines de la plaine du Roussillon (SMNPR).

    Les données sont ensuite consolidées par le BRGM ou la DREAL au niveau des 7 bassins hexagonaux : Adour-Garonne, Artois-Picardie, Corse, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Rhône Méditerranée, Seine-Normandie. Une analyse est réalisée sur chaque nappe, afin de déterminer sa tendance et sa situation globale, accompagnée par un texte explicatif.

    Les bulletins de bassins sont ensuite adressés au BRGM qui réalise le bulletin de situation des nappes à l’échelle de l'hexagone sur la base des informations reçues.

    Les secteurs représentent des nappes libres à enjeux, c'est-à-dire des nappes en lien avec la surface et les cours d’eau et exploitées notamment pour l’eau potable.

    La délimitation des secteurs est basée sur les masses d’eau souterraine, territoires élémentaires du référentiel national destiné à l'évaluation du bon état qualitatif et quantitatif des nappes. Une masse d’eau souterraine correspond à une zone d’extension régionale représentant un aquifère ou regroupant plusieurs aquifères en communication hydraulique. Leur délimitation se base principalement sur des critères géologiques et hydrogéologiques.

    Les masses d’eau ont été fusionnées selon leur lithostratigraphie (type et âge de la roche aquifère) puis redécoupées selon la cyclicité dominante des masses d’eau et des piézomètres de suivi. Les secteurs ainsi délimités sont représentatifs d’une nappe à comportement hydrogéologique homogène et sont visibles à l’échelle nationale.

    Une même nappe est mesurée en plusieurs points et son niveau peut légèrement varier d’un point à l’autre. La carte du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) présente des indicateurs globalisés à l’échelle de secteurs et traduisant des tendances et des situations moyennes. Les indicateurs globaux sont établis à partir d’indicateurs ponctuels relevés au niveau des points de surveillance du niveau des nappes (piézomètres).

    Des piézomètres ont été choisis sur chaque secteur selon les critères suivants :

    • Ils doivent être représentatifs du fonctionnement hydrogéologique du secteur. On exclut notamment les piézomètres dits « influencés », c’est-à-dire subissant l’influence d’un cours d’eau ou d’un pompage voisin, donc non représentatifs du niveau réel de la nappe.
    • Ils doivent disposer d’une chronique de 15 ans au minimum, critère indispensable pour le calcul des indicateurs.
    • Ils doivent être pérennes et équipés de matériel télétransmis.

    Il a également été vérifié que la densité de piézomètres était suffisante, selon le contexte hydrogéologique, et que leur répartition était homogène à l’échelle de chaque secteur.

    Pour chaque secteur, les indicateurs de situation et de tendance d’évolution sont calculés sur les piézomètres pour le mois considéré. Puis ces indicateurs sont moyennés à l’échelle du secteur pour calculer des indicateurs globaux de situation et de tendance.

    Ces indicateurs globaux rendent compte d’un état moyen qui peut masquer des situations locales parfois contrastées. Cependant, le BRGM a fait le choix de rendre la carte plus lisible à l’échelle nationale et de ne représenter que l’état général de chaque nappe. L’ensemble des piézomètres qui servent au calcul des secteurs n’est donc pas affiché.

    L’indicateur « Niveau des nappes » compare le niveau moyen du mois considéré par rapport aux niveaux moyens des mêmes mois des années antérieures (au minimum 15 ans, et jusqu'à plus de 100 ans). Autrement dit, il permet de positionner le niveau piézométrique moyen mensuel par rapport à ceux de l’ensemble de la série et donc de qualifier l’écart à la moyenne. Il est réparti en 7 classes, du niveau le plus bas (en rouge) au niveau le plus haut (en bleu foncé).

    Légende de l’indicateur « Niveau des nappes » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    Légende de l’indicateur « Niveau des nappes » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    © BRGM

    Légende de l’indicateur « Niveau des nappes » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN). © BRGM

    Avant 2017, la méthode de calcul pour l’évaluation de la situation des nappes était basée sur un calcul de période de retour. Or cette méthode de calcul a montré certaines faiblesses, notamment sur les nappes à cycles pluriannuels et sur les nappes affichant une tendance à la hausse ou à la baisse sur plusieurs années.

    Depuis janvier 2017, l’évolution des nappes est déterminée grâce à l’Indicateur Piézométrique Standardisé appelé IPS. Cet indicateur est cohérent avec les indicateurs utilisés par Météo-France tels que : l’index standardisé des précipitations (SPI) et l’index standardisé d’humidité du sol (SSWI).

    Pour en savoir plus sur l’Indicateur Piézométrique Standardisé (IPS) :

    Les niveaux "hauts" ou "bas" correspondent à une comparaison avec les normales mensuelles, et non à un rapprochement entre le niveau de la nappe et les besoins en prélèvements.

    Les zones grisées dans le bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) sont des zones sans nappes libres étendues et/ou sans points de suivi. Elles correspondent à trois cas de figure :

    • des secteurs sans nappes libres, c'est-à-dire avec une couche peu perméable ou semi-perméable au-dessus de la nappe (nappe captive) ;
    • des secteurs comportant beaucoup de nappes peu étendues et peu connectées entre elles, ce qui serait illisible sur la carte (exemple : Sud-Ouest - amont de la Garonne, zone pour laquelle beaucoup de prélèvements sont en outre effectués dans les eaux de surface) ;
    • dans les zones montagneuses, des massifs dont les nappes sont trop hétérogènes : elles réagissent très différemment les unes des autres en fonction de la géologie et de la pluviométrie locale. Il n’y a alors pas de points de suivi des nappes (piézomètres), mais les sources sont suivies par les services locaux de l'État (DREAL).

    Il n’est pas possible de distinguer ces différents cas de figure sur la carte car les secteurs gris sont souvent concernés par plus d’un cas.

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) avec les zones grisées mise en évidence.

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) avec les zones grisées mise en évidence.

    © BRGM

    Carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) avec les zones grisées mise en évidence. © BRGM

    L’indicateur « Évolution des niveaux » traduit la variation du niveau du mois considéré par rapport aux deux mois précédents (stable, à la hausse ou à la baisse). Il permet de savoir si la nappe est en phase de recharge (à la hausse) ou de vidange (à la baisse).

    Légende de l’indicateur « Évolution des niveaux » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    Légende de l’indicateur « Évolution des niveaux » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    © BRGM

    Légende de l’indicateur « Évolution des niveaux » de la carte issue du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN). © BRGM

    Les nappes se déchargent en continu vers des exutoires naturels : cours d’eau, zones humides, sources, mer et océans. Les prélèvements en nappes constituent également des sorties d’eau. Si les pluies infiltrées en profondeur sont suffisantes pour compenser ces sorties, alors les niveaux montent et la nappe se recharge. Au contraire, si les pluies infiltrées en profondeur sont inférieures aux volumes d’eau de sortie (exutoires naturels et prélèvements), les niveaux baissent et la nappe se vidange. Des niveaux stables indiquent que le bilan est à l’équilibre entre entrées et sorties d’eau.

    Extrait de la carte de situation des nappes d’eau souterraine au 1er juin 2023.

    Extrait de la carte de situation des nappes d’eau souterraine au 1er juin 2023.

    © BRGM

    Extrait de la carte de situation des nappes d’eau souterraine au 1er juin 2023. © BRGM

    Sur la carte de situation des nappes d’eau souterraine du BRGM, les couleurs (indicateur « Niveau des nappes ») et les symboles (indicateur « Evolution des niveaux ») ne sont pas sur la même échelle de temps et ne représentent pas la même chose :

    • Les couleurs représentent le niveau des nappes par rapport aux moyennes du même mois depuis au moins 15 années et jusqu’à plus de 100 ans pour certaines chroniques. Il faut regarder la couleur pour savoir si le niveau de la nappe est supérieur ou inférieur aux normales pour la période de l’année.
    • Les symboles représentent l’évolution des niveaux de la nappe. Il faut regarder le symbole pour savoir si la nappe s’est rechargée ou vidangée au cours des deux derniers mois.

    Il est donc tout à fait possible d’avoir une nappe qui voit son indicateur « niveau » augmenter d’un mois à l’autre tout en ayant son indicateur « évolution des niveaux » en baisse.

    Prenons un exemple : entre avril et mai, habituellement les nappes se vidangent. En mai, le niveau des nappes est donc normalement inférieur à celui d’avril.

    • Si en mai, la nappe porte une flèche vers le bas, cela veut dire qu’elle était bien en vidange.
    • Si le rythme de la vidange est le même que d’habitude, la couleur sur la carte devrait rester la même. Si la nappe passe, par exemple, du jaune au vert, cela signifie qu’elle s’est vidée moins vite qu’à l’habitude.

    Chaque mois, Météo-France produit un bulletin des grandes tendances météorologiques pour les trois mois à venir. Il ne s’agit pas de prévisions destinées à fournir des informations sur le temps attendu en France tel ou tel jour, mais de dégager des tendances probabilistes à l’échelle de l’Europe. Ces prévisions sont utilisées par le BRGM pour réaliser une projection de l’état des nappes, intégrée dans le bulletin mensuel sur l’état des nappes d’eau souterraine.

    Le BRGM réalise en outre, depuis 2021, une carte des prévisions saisonnières estivales sur la situation des nappes d’eau souterraine. Cette carte est diffusée au printemps au sein du bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN).

    L’élaboration de la carte du risque sécheresse repose sur l’état initial des nappes après la période de recharge hivernale, sur des prévisions saisonnières de Météo-France, sur les prévisions saisonnières issues de modèles hydrogéologiques ainsi que sur l’expertise des hydrogéologues régionaux du BRGM.

    Exemple de carte du risque de sécheresse estivale.

    Exemple de carte du risque de sécheresse estivale.

    © BRGM

    Exemple de carte du risque de sécheresse estivale. © BRGM

    Il existe deux types de nappes :

    • les nappes inertielles, à cyclicité pluriannuelle, qui se caractérisent par des écoulements lents,
    • et les nappes réactives, à cyclicité annuelle, qui se rechargent et se vidangent plus vite.

    Les nappes réactives sont très sensibles à la présence ou au déficit de pluie efficace. Lorsqu’une période de faibles précipitations est anticipée, il est donc normal d’avoir une nappe réactive en vert (niveau de la nappe « autour de la moyenne » dans le bulletin de situation des nappes d’eau souterraine) et en risque de sécheresse fort (selon les prévisions saisonnières établies par le BRGM pour la période estivale).

    Les autres données sur l’eau souterraine

    Les données du réseau piézométrique sont disponibles sur le site ADES (Accès aux Données sur les Eaux Souterraines).

    ADES est une banque de données sur les eaux souterraines qui est en accès libre et gratuit. Le site ne recense pas tous les points d'eau existants mais uniquement certains ouvrages qui appartiennent à des réseaux et qui bénéficient par ce biais d’un suivi de la qualité (analyses sur les eaux brutes) ou de la quantité (niveaux d’eau).

    En août 2023, la banque ADES mettait à disposition plus de 300 réseaux déclarés contenant plus de 80.000 points d’eau comportant plus de 5.200 piézomètres (avec suivi des niveaux) et plus de 77.000 qualitomètres (avec suivi de la qualité).

    Il n’y a pas « d’écart » proprement dit entre le bulletin de situation des nappes d’eau souterraine (BSN) du BRGM et le bulletin de situation hydrologique (BSH) en ce qui concerne les indicateurs du niveau des nappes.

    Le BSN se concentre uniquement sur l’état du niveau des nappes d’eau souterraine au niveau national (France hexagonale).

    Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.

    Le BRGM contribue au bulletin national de situation hydrologique pour le volet eaux souterraines.

    Les bulletins de situations hydrologiques depuis 1998 sont disponibles en ligne.

    Dans les différentes régions de France hexagonale, des bulletins de situation hydrologique au niveau régional sont édités par différents services déconcentrés de l’État à partir des données de suivi des nappes fournies par le BRGM :

    Les bulletins des bassins hydrographiques sont édités par les DREAL :

    Les bassins hydrographiques de France hexagonale.

    Les bassins hydrographiques de France hexagonale.

    © OFB

    Les bassins hydrographiques de France hexagonale. © OFB

    Des bulletins locaux sont également édités par les producteurs de données associés au bulletin de situation des nappes national et de bassin :

    Le cycle hydrologique et le contexte géologique sont très différents pour chaque DROM et avec la France hexagonale. Il serait compliqué de les traiter dans un seul et même bulletin.

    Il existe des bulletins de suivi des nappes à l’échelle des outre-mer, dont certains sont disponibles sur les sites des DEAL ou des observatoires de l’eau :

    La sécheresse

    Il existe 3 types de sécheresse, qui se cumulent généralement :

    • La sécheresse météorologique qui correspond à un déficit prolongé de précipitations.
    • La sécheresse des sols qui résulte d’un manque d’eau disponible dans le sol pour les plantes, ce qui impacte toute la production végétale, et indirectement la production animale.
    • La sécheresse hydrologique qui correspond à un déficit des ressources en eau disponibles, tant sur les eaux de surface (rivières, lacs, retenues d’eau) que dans les eaux souterraines (nappes phréatiques).

    Le déficit de ressources en eau peut être dû à plusieurs facteurs :

    • Manque de précipitations qui ne permet de reconstituer des réserves en eau. D’autant plus important si cela arrive plusieurs années successives et si les épisodes se répètent.
    • Températures élevées qui favorisent l'évaporation de l'eau, ce qui peut aggraver la sécheresse en augmentant la demande d'eau des plantes, des sols et des réservoirs.
    • Utilisation excessive de l'eau : lorsque la demande en eau dépasse la disponibilité, cela peut entraîner une diminution des réserves d'eau.

    Chaque sécheresse prise individuellement n’est pas nécessairement due au changement climatique. Mais la récurrence des évènements extrêmes (dont des sécheresses, mais également des pluies très intenses, des fortes chaleurs, etc.) est un marqueur fort du changement climatique.

    Le changement climatique rend les épisodes de sécheresse plus fréquents, plus intenses et plus longs :

    • D’une part l’augmentation des températures accentue l'évaporation de l'eau dans les sols, les rivières, les lacs et les réservoirs, ainsi que les besoins en eau des végétaux (ce qui augmente la demande en eau pour l’irrigation). On observe également ces dernières années un raccourcissement de la période de recharge des nappes d’eau souterraine, du fait de l’augmentation des températures, avec une végétation active plus tardivement en automne et plus précocement au printemps qui rend les précipitations indisponibles pour la recharge. Tout cela aggrave la sécheresse et se répercute notamment sur les niveaux des nappes.
    • D’autre part les précipitations se modifient : certaines régions peuvent connaître une diminution des précipitations, ce qui réduit la recharge et la disponibilité de l'eau, et aggrave la sécheresse. D'autres régions peuvent connaître des précipitations plus intenses et concentrées sur de courtes périodes, entraînant des inondations suivies de périodes de sécheresse.

    Le projet Explore 2070, mené de 2010 à 2012 et auquel était associé le BRGM, a permis de réaliser une évaluation de l'impact possible du changement climatique sur la piézométrie et la recharge des nappes à l’horizon 2050-2070 en France hexagonale et sur les départements d’outre-mer, par rapport à un état de référence (1961-1990). Cette évaluation fait ressortir :

    • une diminution de la recharge entre 10 et 25%,
    • une baisse du niveau moyen mensuel des nappes liée à la baisse de la recharge, très limitée au droit des plaines alluviales (grâce à l’alimentation des cours d’eau), mais forte sur les plateaux ou contreforts des bassins sédimentaires.

    A noter que l’actualisation de cette démarche est en cours avec le projet Explore 2, démarré en 2021 et qui doit prendre fin en 2024.

    Les tendances à la baisse des niveaux des eaux souterraines sur le long terme sont multifactorielles. Outre l’influence du changement climatique, elles peuvent aussi être dues à l’impact de l’action humaine sur la recharge des nappes (imperméabilisation des sols…) et à une plus forte sollicitation des eaux souterraines (prélèvements en nappe).

    Il faut d’abord faire la différence entre la sécheresse des sols (qui peut s’arrêter de manière quasi-instantanée) et la sécheresse des nappes d’eau souterraine.

    Une des plus grandes idées reçues sur la sécheresse est que la pluie suffit à mettre fin à une sécheresse. C’est faux.

    Plusieurs phénomènes contribuent à maintenir le risque de sécheresse malgré des précipitations récentes :

    • Les réserves d’eau souterraine se rechargent principalement en hiver, lorsque la végétation est en sommeil. En dehors de cette période les pluies ne sont généralement pas efficaces pour recharger les nappes. Dès le printemps, les arbres et les plantes utilisent les pluies pour leur croissance : la très grande majorité de l’eau est captée avant qu’elle puisse descendre vers les nappes.
    • Lorsqu'il pleut abondamment, une quantité significative peut s'évaporer ou s'écouler rapidement en surface, sans pénétrer dans les réserves d'eau souterraines. Si le sol est très sec, l'eau ruisselle et cela peut aussi causer des crues et des inondations, mais permet peu d’infiltration vers les nappes.
    • Les déficits hydriques accumulés au fil du temps nécessitent souvent des précipitations prolongées et régulières pour être comblés. Une série de saisons pluvieuses peut être nécessaire pour reconstituer les réserves d'eau épuisées pendant les périodes de sécheresse.
    Devenir moyen des eaux de pluie au cours d’un cycle annuel.

    Devenir moyen des eaux de pluie au cours d’un cycle annuel.

    © Jean-Jacques Collin, Les eaux souterraines, 2004

    Devenir moyen des eaux de pluie au cours d’un cycle annuel. © Jean-Jacques Collin, Les eaux souterraines, 2004

    Les événements pluvieux estivaux peuvent cependant avoir certains impacts positifs :

    • Si les pluies ne bénéficient pas directement à la recharge, elles soulagent la nappe par la baisse du besoin en prélèvements pour l’irrigation, puisqu’elles bénéficient à la végétation.
    • Les pluies peuvent avoir un impact ponctuel sur les nappes réactives (nappes à cyclicité annuelle, très sensibles à la présence ou au contraire au déficit de pluie efficace), sans toutefois en modifier la tendance globale. Les modifications de tendance des nappes se font soit lors de la période de recharge, soit lors d’épisodes durables de pluie (et non d’orages ponctuels).

    Les impacts de niveaux bas des nappes sont de plusieurs ordres.

    Impact sur les eaux superficielles et les milieux

    En temps normal, les nappes se vidangent naturellement vers les cours d’eau, permettant ainsi un soutien de leurs débits d’étiage. 80 à 100% du débit des cours d’eau peuvent provenir des nappes durant l’été. Si les nappes sont très basses, elles ne peuvent jouer ce rôle. Cela entraîne :

    • Une baisse des débits d’étiage des cours d’eau et une augmentation de la durée des assecs (période pendant laquelle un cours d’eau se trouve sans eau).
    • Un assèchement possible de sources et un risque de dégradation des zones humides.
    • Des impacts sur la faune et flore associées à ces milieux ainsi que sur le paysage.

    Impact quantitatif sur les prélèvements

    La baisse des niveaux d’eau dans les nappes peut avoir un impact sur les prélèvements en eau : risque de rupture d’alimentation, conflits d’usage entre consommation d’eau potable, énergie, irrigation, industrie, loisirs, mais aussi sécurité civile (lutte contre les incendies).

    Dégradation de la qualité de l’eau

    Plus les débits sont faibles, plus les contaminants sont concentrés. Par ailleurs, le dénoyage, ou abaissement de la surface de la nappe, peut entraîner une modification des conditions géochimiques préjudiciable à la qualité de l’eau.

    En zone littorale : risque d’intrusion saline

    Ce phénomène désigne l’entrée d’eaux salées dans des aquifères côtiers du fait du changement d’équilibre hydraulique entre l’eau salée de la mer, plus dense et l’eau douce qui « flotte » sur l’eau salée. La limite entre les deux milieux (interface) prend un profil en biseau : le biseau salé. L’eau salée pénètre dans les eaux souterraines sur une distance variable d’un secteur à l’autre et peut dépasser le kilomètre, avec des impacts sur la qualité des eaux dans les estuaires, les zones de marais et les aquifères côtiers. C’est la crainte existante aujourd’hui pour l’aquifère du Roussillon, sur la bordure littorale du département des Pyrénées-Orientales.

    En 2022, l’ensemble des nappes d’eau souterraine de la France a été touché par la sécheresse. L’ensemble des ressources en eau ont également été impactées, avec une sécheresse à la fois météorologique (déficit de précipitations), une sécheresse des sols et une sécheresse hydrologique touchant à la fois les eaux superficielles, les barrages et les retenues, ainsi que les eaux souterraines.

    En 2023, la situation est beaucoup plus contrastée. 2023 fait suite à une année de sécheresse 2022 importante qui a touché l’ensemble du territoire hexagonal et qui a été suivie d’un hiver 2022-2023 avec des recharges peu efficaces et hétérogènes sur l’ensemble du territoire. Cet enchaînement peut engendrer localement des situations exceptionnelles.

    Les prélèvements d’eau dans les nappes

    Quasiment toutes les nappes d’eau souterraine sont exploitées. Il existe cependant des exceptions :

    • Les nappes profondes (Bassin parisien et Bassin aquitain) ne font pas toutes l’objet de prélèvements : leur eau salée (sels provenant des formations géologiques) et chaude pose des problèmes de potabilisation et de corrosion. Le coût de leur exploitation serait trop important.
    • Les Zones de répartition des eaux (ZRE) sont des secteurs caractérisés par une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux besoins des usagers. Ces secteurs sont donc protégés : les prélèvements (en eau superficielle et/ou eau souterraine) y sont limités.
    Carte des Zones de répartition des eaux (ZRE) en 2018.

    Carte des Zones de répartition des eaux (ZRE) en 2018.

    © DREAL, DRIEE - Sandre

    Carte des Zones de répartition des eaux (ZRE) en 2018. © DREAL, DRIEE - Sandre

    En France, la ressource en eau est inégalement répartie. Pour certains territoires, l’eau disponible est inférieure aux besoins de la population, qu’il s’agisse d’une période de sécheresse ou non. Cette insuffisance chronique des ressources en eau peut être due à deux facteurs qui se cumulent dans certains cas :

    • peu de ressource en eau disponible naturellement,
    • territoires particulièrement peuplés.

    Les Zones de Répartition des Eaux (ZRE) sont des espaces géographiques sur lesquels ce constat est fait. L’inscription d’une ressource (bassin hydrographique ou système aquifère) en ZRE constitue le moyen pour l’État d’assurer une gestion plus fine des demandes de prélèvements dans cette ressource, grâce à un abaissement des seuils de déclaration et d’autorisation de prélèvements. Elle constitue un signal fort de reconnaissance d’un déséquilibre durablement instauré entre la ressource et les besoins en eau. L’abaissement des seuils d’autorisation et de déclaration des prélèvements d’eau permet une connaissance et un contrôle approfondis des prélèvements, et contribue ainsi à concilier la valorisation économique de la ressource et la protection des écosystèmes aquatiques.

    Il y a peu de nappes pour le moment où on peut objectiver une dégradation du niveau de remplissage sur une longue période. On peut en citer quelques-unes (liste non exhaustive) :

    • Région Nouvelle Aquitaine, pour le Bassin Adour Garonne (nappes de l’Eocène, de l’Oligocène et du Crétacé et leurs zones d’alimentation, bassins de l’Adour Amont, de la Dordogne (entre confluence avec le Tournefeuille jusqu’à celle de l’Isle), de la Vézère depuis sa confluence avec le Cert, de l’Isle, de la Dronne, de la Charente, de la Seudre et les cours d’eau côtiers de l’estuaire de la Gironde) et pour le bassin Loire Bretagne (Nappes du Cénomanien et du bassin de la Vienne entre confluences de la Blourde et de la Creuse, bassins du Clain, du Thouet, de la Sèvre Niortaise, de l’Envigne, de l’Ozon et des canaux du Curé).
    • Région Centre-Val de Loire (nappe des calcaires de Beauce, du Cénomanien et de l’Albien).
    • Région Occitanie (Nappes du Roussillon).
    • Région Hauts de France (nappe du Carbonifère dans le secteur nord de Lille).
    • Bassin Rhône-Méditerranée.

    Dans d’autres secteurs, le BRGM est amené à fournir des éléments pour de futures décisions de classement en ZRE.

    Il faut tout d’abord distinguer les prélèvements d’eau et sa consommation :

    • La Banque Nationale des Prélèvements quantitatifs en Eau (BNPE), outil national dédié aux prélèvements sur la ressource en eau, permet de connaître les chiffres des prélèvements par usages et par type de ressources (eau de surface, eau souterraine, eau de mer).
    • Une partie de l’eau prélevée n’est pas restituée aux milieux aquatiques après usage. Elle est alors considérée comme consommée (on peut aussi parler de prélèvements nets des restitutions). Cette part, qui fait l’objet d’estimations, est très variable selon les utilisations.

    À l’échelle nationale, les sources de prélèvements d’eau (tous types de ressources en eau confondus) se répartissent comme suit (chiffres BNPE 2020, par ordre décroissant) :

    • Eau turbinée (barrages) : 666 milliards de m³ de prélèvements, exclusivement à partir des eaux de surface. Cette activité ne consomme pas l’eau mais la retient uniquement.
    • Energie : 18 milliards de m³ de prélèvements, issus en très grande majorité des eaux de surface (pour 74,2%) ou littorales (pour 25,5%), seuls 0,3% étant issus des eaux souterraines. Une partie seulement de l’eau prélevée est consommée, pour le refroidissement des centrales nucléaires équipées de tours de refroidissement (pour ces centrales, l’eau ne retourne pas au cycle sous forme liquide mais vapeur).
    • Eau potable : 5,6 milliards de m3, dont 65% en provenance des eaux souterraines, 34,7% en provenance des eaux de surface et 0,3% issus de la désalinisation de l’eau de mer.
    • Alimentation des canaux : 5,3 milliards de m³, issus à 99,7% d’eau de surface et pour 0,3% d’eau souterraine.
    • Irrigation : 3,4 milliards de m³, dont 58% issus des eaux de surface et 42% des eaux souterraines. À noter que l’eau d’irrigation ne retourne pas à la nappe, sauf cas particulier de l’irrigation de prairie comme pour le bassin de la Crau où c’est justement grâce à cela que les niveaux de nappes sont soutenus.
    • Industrie et autres activités économiques (hors irrigation et énergie) : 2,7 milliards de m3, dont 64% issus des eaux de surface, 29% des eaux souterraines et 6% de l’eau de mer.

    Pour l’eau souterraine, les prélèvements se répartissent comme suit (chiffres BNPE 2020, par ordre décroissant) :

    • Eau potable : 3,68 milliards de m³, soit 61,2% du total.
    • Irrigation : 1,45 milliards de m3, soit 24,2% du total.
    • Industrie et autres activités économiques (hors irrigation et énergie) : 820 millions de m³, soit 13,6% du total.
    • Energie : 47,9 millions de m3, soit 0,8% du total.
    • Alimentation des canaux : 13,8 millions de m3, soit 0,2% du total.

    Ces chiffres sont également disponibles à l’échelle régionale, départementale, ou communale. Les usages sont inégalement répartis sur les territoires ainsi que la ressource en eau utilisée. Il faut donc veiller à bien contextualiser l’usage de ces chiffres et se renseigner sur le site de la BNPE pour les adapter au territoire considéré.

    L’évaluation de l’impact des prélèvements sur la ressource en eau souterraine peut être calculée à partir de modèles hydrodynamiques intégrant comme paramètres les propriétés hydrogéologiques des hydrosystèmes, les conditions climatiques et les prélèvements.

    La qualité de la prévision de ces modèles dépend de la mise à disposition de données robustes, vérifiées et existantes sur des chroniques suffisamment longues pour pouvoir reproduire le fonctionnement de la dynamique de l’hydrosystème. La connaissance en particulier des données de prélèvements est primordiale afin de pouvoir comprendre leur impact sur le niveau des nappes, et ce, quel que soit l’usage.

    Actuellement, les volumes prélevés, pourtant soumis à déclaration, ne sont pas suffisamment bien connus en fonction des territoires et ne sont reportés qu’à l’échelle de temps annuelle dans la Base de données Nationale des Prélèvements en Eau (BNPE), ce qui ne permet pas d’avoir une prévision fine des impacts des prélèvements à l’échelle du mois.

    La loi sur l'eau et les milieux aquatiques de 2006 a prévu une réforme des volumes prélevables par l'activité humaine. Elle vise à adapter les prélèvements à la ressource disponible à l'échelle de chaque bassin.

    L’objectif est de parvenir à l'équilibre entre la ressource en eau et la pression qu'elle subit, notamment dans les bassins versants situés en zone de répartition des eaux (ZRE), caractérisés par une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux besoins des usagers.

    Cette gestion quantitative de la ressource en eau est une approche globale par bassin versant (ressource disponible et différents usages) et s’articule de la manière suivante :

    • Pour chaque bassin versant, détermination du volume prélevable par usage et par période, c'est-à-dire le volume global que le milieu est capable de fournir tout en garantissant le bon fonctionnement des milieux aquatiques.
    • Révision des autorisations de prélèvements pour que le volume total des autorisations délivrées ne dépasse pas le volume prélevable.
    • Dans les bassins où le déficit structurel en eau est particulièrement lié à l’irrigation agricole, une gestion collective des prélèvements agricoles se met en place sous l’égide des préfets. La répartition des volumes d’eau à usage agricole est progressivement confiée à un organisme unique de gestion collective (OUGC). L’OUGC répartit chaque année le volume global défini à l’ensemble des irrigants de son périmètre.

    Le BRGM, en tant qu’organisme scientifique expert dans les sciences du sol et du sous-sol, développe les outils d’observation, d’analyse et de modélisation nécessaires à l’étude des systèmes aquifères. Ces études, généralement basées sur l’analyse de chroniques de données géologiques, hydrogéologiques, climatiques et géochimiques, permettent de comprendre le fonctionnement des hydrosystèmes et de fournir des évolutions prévisionnelles afin de gérer au mieux la ressource en eau souterraine concernée.

    Les restrictions des usages de l'eau et les solutions face au manque d'eau

    Des arrêtés de restriction des usages de l’eau décidés par les préfets

    Pour faire face aux périodes d'insuffisance de la ressource en eau, les préfets peuvent prendre des mesures exceptionnelles, graduelles et temporaires de limitation ou de suspension des usages de l’eau non prioritaires pour les particuliers et les professionnels, selon 4 niveaux de gravité : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise.

    • Vigilance : inciter les particuliers et les professionnels à économiser l’eau (niveau de sensibilisation, pas de restriction) ;
    • Alerte : réduction de tous les prélèvements en eau et interdiction des activités impactant les milieux aquatiques, restrictions en matière d’arrosage, de remplissage et de vidange des piscines, de lavage de véhicules et d’irrigation de cultures ;
    • Alerte renforcée : réduction de tous les prélèvements en eau et interdiction des activités impactant les milieux aquatiques, restrictions renforcées en matière d’arrosage, de remplissage et de vidange des piscines, de lavage de véhicules et d’irrigation de cultures ;
    • Crise : ce niveau est déclenché pour préserver les usages prioritaires, interdiction des prélèvements en eau pour l’agriculture (totalement ou partiellement), pour de nombreux usages domestiques et pour les espaces publics.

    Les arrêtés de restriction sont publiés sur le site internet des services de l'État dans les départements concernés pendant toute la période de restriction. Ils sont également adressés au maire de chaque commune concernée pour affichage à titre informatif.

    Cette démarche a fait ses preuves sur les précédentes années et intègre un processus d’amélioration continue. Ainsi, le guide sécheresse à l’attention des préfets et services de l’État a été récemment actualisé.

    Des données et modèles pour aider à la décision

    La mise en œuvre des mesures de restriction repose sur la connaissance des ressources et le développement de modèles de prédiction.

    Le BRGM éclaire la décision publique en fournissant des données sur le niveau des nappes d’eau souterraine à travers le réseau national de suivi piézométrique. Il fournit également des projections sur l’évolution du niveau des nappes à différentes échelles de temps et d’espace grâce aux outils de modélisation en fonction de la pression exercée sur la nappe et aide ainsi à définir des niveaux de nappe acceptables pour la préservation des milieux aquatiques associés au regard des besoins en eau des sociétés.

    Parmi ces outils, on peut citer MétéEAU Nappes, pour répondre à des demandes sur de courtes périodes et actualisable rapidement, ou des modèles régionaux maillés pour des prédictions à plus long terme. Pour aller plus loin et prendre en compte les scénarios de changement climatique, le projet AQUI-FR, coopération entre le BRGM, le CNRS, le CERFACS, l’ENS, Géosciences-Rennes et Météo-France, intègre des modèles couvrant des échelles régionales pour un tiers du territoire hexagonal.

    La réduction des prélèvements a un impact positif sur le niveau des nappes et les milieux aquatiques associés (rivières, zones humides…).

    Pour visiblement suivre l’impact des restrictions d’usage sur une masse d’eau, il est nécessaire de maîtriser tous les autres paramètres qui permettent sa recharge ou sa vidange.

    L’exemple du mois de juillet 2022 est parlant à cet égard. D’après le bulletin de situation des nappes d’eau souterraine du 1er août 2022, en période d’étiage estival des nappes, la vidange s’était poursuivie en juillet 2022 et l’ensemble des nappes observait des niveaux en baisse. Un constat naturel compte tenu de l’absence de précipitations (pas de pluie du tout sur l’ensemble du territoire pendant le mois de juillet 2022). Mais à cette période, il avait été observé un ralentissement de la vidange sur de nombreuses nappes, conséquence probable de la diminution des prélèvements, suite à l’application des restrictions d’usage.

    Le guide sécheresse édité par le ministère en charge de l'Écologie préconise de ne pas anticiper les situations et d’être progressif dans les restrictions. Les arrêtés de restrictions doivent rendre compte d’une situation hydrologique réelle et ceci au cas par cas, territoire par territoire. La situation est rapportée à l’État lors des CASH (Comité d’anticipation et de suivi hydrologique) et des CIC (Cellule Interministérielle de Crise) par les acteurs du Bulletin de situation hydrologique (BSH), dont le BRGM pour le suivi des nappes d’eau souterraine.

    Sur 503 milliards de m3 de pluie arrivant sur la France chaque année (auxquels il faut aussi ajouter 11 milliards de m3 via les cours d’eau entrant sur le territoire) :

    • on estime que 314 milliards de m3 sont évaporés ou évapotranspirés via les plantes,
    • 200 milliards de m3 d’eau de pluie s’infiltrent vers les nappes (pour 120 milliards de m3) et s’écoulent dans les cours d’eau (pour 80 milliards de m3). C’est la part d’eau de pluie qui ne s’est pas évaporée, c’est ce qu’on appelle la ressource en eau renouvelable d’un territoire.
    Schéma du grand cycle de l’eau.

    Schéma du grand cycle de l’eau.

    © BRGM

    Schéma sur le cycle de l'eau terrestre. © BRGM

    Une grande partie des précipitations n’est pas disponible pour les usages humains car elle doit maintenir le bon fonctionnement des milieux aquatiques, la recharge des nappes, et la vie de la faune et de la flore qui en dépend.

    Il est difficile d’estimer la part d’eau infiltrée vers les nappes, mais ce volume ne dépasse pas 20 à 23% des précipitations annuelles. De plus les réserves en eau souterraine ne se constituent qu’en période de recharge automnale et hivernale, lorsque les températures sont basses et la végétation en dormance. Les périodes estivales favorisent l’évaporation rapide et l’inefficacité des précipitations vis-à-vis de la recharge des nappes.

    Dans cette dynamique spatiale et temporelle, les précipitations peuvent être inégalement réparties, d’abondance relative d’un territoire à un autre et plus ou moins efficaces pour constituer la recharge des nappes dont le niveau baisse alors naturellement en été (vidange).

    En été, les eaux souterraines soutiennent les débits d’étiage des cours d’eau (plus bas niveau d’eau dans l’année). En période de forte tension hydrique (températures élevées, forte demande en eau), la vidange des nappes et l’étiage des rivières conduisent à une raréfaction de la ressource, ce qui menace la préservation des milieux aquatiques et des écosystèmes associés ainsi que l’alimentation en eau potable. C’est pourquoi des mesures de restrictions sont alors mises en place.

    Les indicateurs utilisés pour le bulletin de situation des nappes d’eau souterraine et pour la mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau suivent des objectifs différents : le suivi du niveau des nappes pour l’un et la gestion des ressources en eau pour l’autre.

    Le bulletin de situation des nappes (BSN) édité par le BRGM constitue un outil de veille qui permet de suivre l’évolution mensuelle des réserves en eaux souterraines. Il décrit la situation quantitative des nappes. L’indicateur de situation des nappes se base sur une analyse statistique, qui permet de comparer un niveau piézométrique moyen mensuel par rapport à ceux de l’ensemble de la série. Un niveau moyen mensuel peut être statistiquement bas, sans qu’il soit jugé mettre en péril les usages prioritaires (eau potable, santé et sécurité) et menacer les échanges entre la nappe et les eaux de surface.

    Les seuils sécheresse ou seuils de gestion des ressources en eau souterraine sont des niveaux piézométriques (niveau de la nappe) particuliers permettant de déclencher une vigilance puis des mesures de restriction d’usage en cas d’amorce d’une situation critique pouvant générer des conflits d’usage ou bien menacer l’équilibre de l’hydrosystème considéré.

    Ces seuils de gestion sont déterminés pour un piézomètre (ou plusieurs) jugé(s) représentatif(s) du bassin considéré et de l’objectif de gestion. Le plus souvent, les niveaux liés aux seuils sécheresse sont déterminés en analysant la chronique piézométrique d’un point de vue statistique tenant compte de la notion de « rareté » (exemple : période de retour de 10 ans). Parfois, des informations assez détaillées sur les impacts néfastes de sécheresses passées permettent de compléter ces données et de déterminer un seuil basé sur les « conséquences » avérées (assecs de cours d’eau, rupture de l’alimentation en eau potable, intrusion d’un biseau salé…).

    Les seuils entraînant des mesures de restriction d’eau sont définis au niveau local par les préfets. Ce système facilite la réaction en situation de crise et permet la transparence et la concertation entre les différents usagers d’un même bassin. Lorsqu’un seuil est dépassé sur un piézomètre, un arrêté préfectoral de restriction d’usage de l’eau souterraine peut être pris. Cette décision est prise par la Préfecture, après concertation des services de l’Etat, des experts, des professionnels et acteurs de l’eau. Il est possible qu’aucune restriction d’usage ne soit mise en place, malgré le dépassement d’un seuil, par exemple s’il n’y a pas d’usage de l’eau souterraine sur le bassin et à la période considérée.

    Le BRGM a contribué à la conception de méthodologies de détermination de ces seuils, en explorant les démarches nécessaires à la mise en place d’indicateurs piézométriques en lien avec les volumes prélevés.

    Lutter contre le manque d’eau suppose d’agir d’abord sur deux plans :

    • La limitation de l’augmentation de la température pour limiter aussi l’évaporation, ce qui rejoint les mesures visant l’atténuation du changement climatique.
    • La recherche d’une plus grande sobriété de tous les usagers des ressources en eau, pour rééquilibrer la balance entre demande et ressources renouvelables.

    S’ajoutent à cela des solutions techniques pouvant prendre différentes formes :

    • Désimperméabilisation des sols (en zone rurale et en zone urbaine) pour une meilleure infiltration des eaux pluviales.
    • Recharge maîtrisée des nappes d’eau souterraine par les eaux de surface (si disponibles) ou des eaux non conventionnelles (eaux de pluie et eaux usées traitées).
    • Solutions fondées sur la nature.
    Huit types de SFN (Solutions Fondées sur la Nature) pouvant être mobilisés dans un objectif de gestion durable des eaux souterraines.

    Huit types de SFN (Solutions Fondées sur la Nature) pouvant être mobilisés dans un objectif de gestion durable des eaux souterraines.

    © BRGM

    Huit types de SFN (Solutions Fondées sur la Nature) pouvant être mobilisés dans un objectif de gestion durable des eaux souterraines. © BRGM

    Ces adaptations doivent être pensées :

    • en fonction des spécificités de chaque territoire,
    • et dans un objectif de rapport bénéfices/risques.

    Non, il n'est pas possible d'envoyer de l'eau d'une nappe à une autre : les volumes d'eau qu'il faudrait pomper et réinjecter sont trop importants.

    Nappe de la Craie, région Centre

    Ressources et bases de données sur l'eau souterraine en France

    La France possède des bases de données très riches pour la connaissance de ses eaux souterraines. Elles sont développées et gérées par le BRGM en coopération avec ses partenaires.
    Carte de France de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er avril 2023.

    Le bulletin de situation des nappes du BRGM : une vision statistique sur la durée

    Le BRGM, service géologique national, publie 10 fois par an (une fois par mois à l'exception des mois de février et décembre) son bulletin de situation des nappes (ou BSN) qui fait le point sur l’état quantitatif des nappes d'eau souterraine. Ce point de situation compare le mois en cours par rapport aux mêmes mois de l’ensemble de la chronique, soit au minimum 15 ans de données.

    En se basant sur les niveaux fournis par les piézomètres du réseau de surveillance national, le BRGM établit des indicateurs de niveau afin de faciliter l’interprétation des données. Quand un forage piézométrique dispose d’un minimum de 15 ans de données, il est jugé apte à établir des moyennes mensuelles et un écart à la moyenne. Telle nappe sera ainsi considérée comme haute ou basse par rapport à la moyenne du même mois sur au moins 15 années. Ladite moyenne évolue elle-même au fil du temps car elle ajoute les niveaux de l’année précédente. Les chroniques les plus anciennes du réseau piézométrique national remontent à plus de 100 ans.

    Depuis 2017, le calcul utilisé se base sur l'indicateur piézométrique standardisé (IPS). Il est en cohérence avec l’indicateur standardisé des précipitations développé par Météo-France, ce qui facilite la comparaison de l’état des nappes avec les épisodes climatiques.

    Risque sécheresse sur les nappes à enjeux en 2023 - avril 2023.

    Risque sécheresse sur les nappes à enjeux en 2023 - avril 2023.

    © BRGM

    Prévisions saisonnières et carte du risque sécheresse

    Chaque mois, Météo-France produit un bulletin des grandes tendances pour les trois mois à venir. Il ne s’agit pas de prévisions météorologiques destinées à fournir des informations sur le temps attendu en France tel ou tel jour, mais de dégager des tendances probabilistes à l’échelle de l’Europe. Ces prévisions sont utilisées par le BRGM pour réaliser une projection de l’état des nappes, intégrée dans le bulletin mensuel sur l’état des nappes d’eau souterraine.

    Le BRGM réalise en outre, depuis 2021, une carte des prévisions saisonnières estivales sur la situation des nappes. L’élaboration de la carte du risque sécheresse repose sur l’état initial des nappes après la période de recharge hivernale, sur des prévisions saisonnières de Météo-France, sur les prévisions saisonnières issues de modèles hydrogéologiques ainsi que sur l’expertise des hydrogéologues régionaux du BRGM.

    Le bulletin de situation hydrologique

    Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.

    Le BRGM contribue au bulletin national de situation hydrologique pour le volet eaux souterraines.

    ADES : le portail national d’accès aux données sur les eaux souterraines en France

    Le BRGM a mis en place une base de données et un site internet associé, accessible à l’ensemble des acteurs de l’eau mais aussi au grand public : ADES. Il rassemble les données quantitatives et qualitatives relatives aux eaux souterraines en France hexagonale et dans les départements d’outre-mer, obtenues grâce aux milliers de forages piézométriques français et aux dizaines de milliers d'ouvrages dédiés au suivi de la qualité des eaux souterraines. ADES constitue un outil majeur de communication et d’aide à la gestion pour la surveillance des eaux souterraines en mettant à disposition des données facilement accessibles. 

    Carte des entités hydrogéologiques affleurantes du Référentiel hydrogéologique BDLISA version 3, classées selon leur nature. 

    Carte des entités hydrogéologiques affleurantes du Référentiel hydrogéologique BDLISA version 3, classées selon leur nature. 

    © BRGM 

    BDLISA : le référentiel hydrogéologique français

    Pour faciliter l’accès à la connaissance de l’état des nappes, et permettre une meilleure gestion de la ressource par les services de l’État et les collectivités, le BRGM a conduit 10 ans durant un vaste chantier d’unification des données dans un référentiel évolutif : la Base de Données des Limites des Systèmes Aquifères (BDLISA). Il s’agit du référentiel cartographique du système d’information sur l’eau. Il donne une vision spatiale des grandes masses d’eau souterraine présentes sur le territoire. Son utilisation nécessite une formation, que le BRGM dispense à son siège d’Orléans.

    Le référentiel BDLISA peut être utilisé pour définir les nappes à réserver à l’alimentation en eau potable en cas de déficit hydrique, pour identifier les causes d’une inondation en mettant au jour le rôle éventuel des nappes souterraines (débordement de nappes), pour déterminer le risque d’intrusion marine dans les eaux souterraines en zone côtière, ou encore pour étudier la faisabilité technique et économique d’une solution de recharge artificielle.

    Page d’accueil du site web MétéEAU Nappes.

    Page d’accueil du site web MétéEAU Nappes.

    © BRGM

    MétéEAU Nappes, un outil de suivi en temps réel et de prévision du niveau des nappes

    Le BRGM a développé le site internet MétéEAU Nappes qui permet, pour des points de surveillance associés à un modèle hydrologique global, la visualisation en temps réel des données issues des mesures effectuées sur le réseau piézométrique national.

    Ces données sont mises à disposition sous forme de cartes et de courbes dynamiques basées sur des travaux de modélisation et de prévision des niveaux des nappes en basses et hautes eaux. Des données météorologiques, hydrologiques et piézométriques sont mises en ligne en temps réel sur plusieurs sites représentatifs de France hexagonale. Associées aux modèles globaux utilisés (Gardénia et Tempo ©BRGM), ces données permettent de prévoir le niveau des nappes. Ces prévisions, lancées sur 6 mois, sont comparées à des seuils piézométriques (exemple : seuils sécheresse issus des arrêtés préfectoraux de restriction d’usage en cours).

    MétéEAU Nappes offre un ensemble de services permettant le suivi du comportement actuel et futur des aquifères en France. C’est un véritable outil d’aide à la décision pour la gestion de la ressource en eau dans les territoires à forts enjeux (gestion des étiages, risques d’inondation par remontée de nappe...).

    Autres sites et applications d'information publique sur les eaux souterraines en France