Les métaux stratégiques pour la transition énergétique
Transcription
Merci pour votre invitation et votre sollicitation à plancher devant vous. Ce sujet, si vous suivez l'actualité, est revenu sur le devant de la scène depuis quelques mois. Je vais vous donner quelques grandes lignes de compréhension et en aucun cas un panorama exhaustif car ça serait trop fastidieux et nécessiterait beaucoup plus de temps. Avant de commencer cette conférence, j'aimerais dire deux mots, et ce seront les seuls, sur qui nous sommes au BRGM. Nous sommes un EPIC, un établissement public à intérêt commercial, comme le CEA, sous la tutelle du Ministère de la recherche qui représente à peu près un millier de salariés et qui est aujourd'hui l'établissement de référence en France pour tout ce qui est connaissance du sol et du sous-sol et l'application des géosciences dans différents domaines et qui joue le rôle de service géologique national. À ce titre-là, on a à la fois une activité de recherche et d'appui aux politiques publiques qui est importante. Les deux représentent à peu près 35% de notre activité. Et puis deux activités plus particulières : la gestion des anciens sites miniers sur le territoire et un certain nombre de contrats qu'on mène avec des entreprises, notamment à l'étranger. Nous sommes localisés principalement à Orléans avec des directions régionales dans l'ensemble des régions. Isabelle, ici présente, représente le BRGM en région et sera ravie d'échanger avec vous sur les compétences du BRGM. Dans les enjeux sur lesquels on travaille, dans le cartouche en haut à droite, on en a six principaux : l'eau, les risques, la connaissance du sous-sol, l'utilisation du sous-sol pour la transition énergétique et les ressources minérales. C'est à ce titre-là que je suis devant vous puisque c'est un thème structurant de notre activité. Dans le cette présentation, je vais donc les structurer autour de quatre parties principales. Dans un premier temps, je vais vous montrer de quelle manière la transition énergétique qu'on déploie nous fera passer d'une dépendance aux énergies fossiles, qu'on connaît bien, ayant vécu dedans jusqu'à maintenant, à une dépendance aux métaux extrêmement forte. L'approvisionnement de ces métaux est loin d'être simple. Les filières d'approvisionnement sont complexes et difficiles à maîtriser. Et tout ça, sachant qu'on dépend essentiellement des importations, nous interpelle sur comment on peut renforcer notre résilience en se réappropriant ces chaînes de valeur. Donc, premier point... Donc... quel va être l'impact de la transition énergétique sur nos besoins en ressources minérales au sens large du terme ? La transition énergétique, je pense que tout le monde ici la connaît bien. L'enjeu principal est rappelé sur cette figure présentant les émissions de gaz à effet de serre depuis les années 80, donc le trait plein jusqu'à aujourd'hui. Le pointillé, c'est la tendance actuelle. Ça nous montre que notre modèle économique, notre modèle sociétal actuel, n'est pas durable : il induit des émissions de GES extrêmement importantes et si on fait rien, ça perturbera le climat de manière durable et importante. Si on veut limiter cet impact, vous le savez tous, il faut réduire considérablement nos émissions de GES et une partie de ces émissions sont liées aux questions d'énergie. Quand on regarde notre mix énergétique mondial, ou les différentes sources d'énergie qu'on consomme, sur la figure en haut à droite, la taille de la bulle représente la contribution de chacune. Vous voyez le charbon en rond noir à 29%, vous voyez le pétrole à 31%, le gaz à 21%... Je l'ai positionné en fonction de 2 critères importants : combien de CO2 ça émet sur l'axe vertical, plus c'est haut, plus ça en émet, et le facteur de capacité à produire de l'énergie au moment où on en a besoin. Plus on est à droite, plus on est capable de répondre à la demande, et à gauche on est sur des énergies intermittentes. Vous comprenez bien que si on veut réduire les émissions de GES, il faut réduire ce qui est en haut, ce qui émet le plus, donc les énergies carbonées qui aujourd'hui représentent à peu près 80% de notre consommation mondiale. Et il va falloir développer de manière significative, et c'est le chemin qu'on a commencé à prendre, les énergies bas carbone, qui sont de deux types : le nucléaire, que vous connaissez bien pour la plupart d'entre vous, et les énergies renouvelables qui ont, sur cette figure, une particularité : elles se décrochent notablement sur la gauche. Donc leur capacité de production est intermittente, ce qui va évidemment complexifier considérablement la transition énergétique. Cette transition énergétique, et on verra ce que ça veut dire en terme de matière, vise principalement à améliorer notre efficacité énergétique et donc viser une meilleure utilisation de l'énergie disponible, augmenter les énergies bas carbone, nucléaire et renouvelable, et comme dans ce nouveau mix énergétique on a des énergies intermittentes, il va falloir, pour gérer cette intermittence, qu'on ait un réseau suffisamment développé et intelligent, si je peux me permettre, pour gérer les pics de production, les pics de demandes, etc, et des capacités de stockage pour gérer l'intermittence. Et tout ça a un coût matière qui n'est pas un anecdotique. Si on zoome maintenant un peu sur ces énergies de demain au sens de la transition énergétique, donc nucléaire et renouvelable, vous avez ici une figure qui vous présente la manière dont on anticipe leur croissance d'ici 2040. Cette figure, comme beaucoup de celles que je vais vous présenter, provient d'un travail fait par l'AIE et publié l'an dernier sur les prévisions de d'évolution des mix énergétiques à l'échelle mondiale et des besoins en ressources minérales : en vert le photovoltaïque, en bleu l'éolien, le réseau électrique, qui doit évoluer pour pouvoir gérer ces nouvelles sources d'énergie, en bleu foncé. Puis il faut utiliser cette énergie. On va le voir sur la mobilité avec les véhicules électriques, ici en rouge. Et ce que vous avez, c'est que la première donnée, donc la première barre, c'est l'année 2020 ou 2019. La 2e, c'est un scénario qui correspond aux politiques qui ont été décidées dans différents pays. Et la 3e barre correspond à un scénario de développement durable pour tenir l'objectif d'1,5 degrés d'augmentation de température maximale définie par l'accord de Paris. La figure se passe de commentaires. Les moyens de production, que ce soit du photovoltaïque ou de l'éolien, vont être amenés à grandir considérablement. Les taux de croissance annuelle vont multiplier au moins d'un facteur 3. Le réseau électrique devra aussi s'accommoder et tout ça, c'est des matières derrière. Et c'est pire sur l'usage de l'énergie car sur la mobilité, on parle d'un facteur de croissance de 25 sur les véhicules électriques. Tout ça, évidemment, entraîne des besoins en matière conséquents. Voici une illustration. Par exemple, vous avez un schéma d'éolienne. Vous voyez qu'une éolienne aujourd'hui de 3 GW va nécessiter des quantités de béton et d'acier tout à fait conséquents, pour ce qui est des matières classiques, mais également des matières moins classiques. On parle de terres rares, qui représentent plusieurs tonnes, potentiellement, ou de cuivre. Certains métaux dont on avait pas forcément l'usage, comme les terres rares, sont un peu nouveau dans le paysage et ne sont pas forcément facilement accessibles et disponibles. Il faut se rendre compte que le besoin en matière derrière chacune des sources d'énergie est loin d'être le même. Si on regarde des choses simples comme l'acier, et les technologies de production d'énergie depuis l'hydraulique à gauche jusqu'au solaire à droite, la quantité d'acier qu'il faut pour avoir une puissance installée identique est radicalement différente et plus on va vers les énergies à faible densité, donc éolien ou solaire, les énergies renouvelables, plus il faudra des matières, de l'acier, du béton, et un certain nombre d'autres éléments exotiques pour construire votre infrastructure. Je ne parle même pas de la production électrique, puisqu'il faut encore rajouter l'intermittence. Qu'est-ce que ça donne, concrètement, si on fait un petit zoom rapide ? Enfin, un panorama ? Ici, vous avez, par exemple, sur la figure du bas, les moyens de production électrique, l'éolien, le solaire, le nucléaire, le charbon, le gaz, et vous avez la quantité de matières qu'il faut à chaque fois en kilos pour 1 mégawatt installé. Vous voyez qu'entre une centrale à charbon et la même puissance installée en éolienne offshore, les plus efficaces, il va vous falloir six fois plus de matières pour avoir la même puissance installée, sachant qu'avec l'intermittence ça produira pas la même chose. Et les couleurs ne sont pas les mêmes car on n'aura pas besoin des mêmes métaux. Il y a des choses similaires, comme l'acier qui est partout, mais vous voyez qu'on va voir apparaître des terres rares, on va voir apparaître du zinc, etc... Des éléments qui pour le moment n'était pas encore autant mobilisés. Voilà les moyens de production. La figure du haut compare un véhicule classique, en bas, "conventionnel car", et un véhicule électrique au-dessus. C'est un facteur 6. C'est à dire qu'une voiture électrique effectivement émet moins de CO2, mais entre la batterie et tout le reste, vous avez besoin de 6 fois plus de ressources minérales pour être capable de construire le véhicule et donc pour pouvoir voir l'usage d'une facilité de transport. Donc, quand on met tout ça bout à bout, ça mène à des choses qui sont assez conséquentes. Donc vous avez ici sur la figure de gauche, l'augmentation dans l'ensemble, tout cumulé, des besoins en ressources minérales pour, encore une fois, les deux scénarios que je vous ai présenté pour 2040 : le scénario des politiques déjà décidées et le scénario ambitieux du 1,5 degrés. Il faudra 4 à 6 fois plus de ressources minérales que ce qu'on utilise aujourd'hui. Et si on zoome un peu plus, élément par élément, sur la droite, pour certains éléments, ça fait peur. Il faudra 42 fois plus de lithium ! Les taux de croissance sont extrêmement importants et nous interrogent sur est-ce que ces matières existent dans le sous-sol et aurons-nous la chance d'y accéder ? Vous voyez que les terres rares ont un facteur 7 et des éléments plus classiques comme le nickel ou le graphite, ce qu'on utilise déjà, ont des facteurs aux alentours d'une vingtaine, donc extrêmement importants. On retrouvera des métaux majeurs, historiques, habituels et des nouveaux-venus dans le paysage qui vont évidemment jouer un rôle important. Voilà pour les données et chiffres à l'échelle mondiale. Maintenant la question qu'on se pose, c'est : qu'en est-il pour la France ? On a déjà une énergie plus décarbonée, donc est-ce qu'on a ce même challenge à relever ? Quand on regarde nos émissions de GES, ici à gauche, vous voyez qu'elles sont déjà en baisse. On n'a pas ici la comparaison mais elles sont basses par rapport à beaucoup de pays, gardez ça en tête, grâce à notre nucléaire, notamment. Deuxièmement, vous voyez que quand on regarde ce qui contribue majoritairement, c'est le transport, le résidentiel et l'agriculture. Tout ça, bout à bout, approche les 2/3 de nos émissions de CO2. Donc le CO2 émis par la production d'énergie, par l'industrie de l'énergie, est très faible, ce qui nous différencie du reste du monde. Ça ne représente qu'à peine 10% de nos émissions. Néanmoins, aujourd'hui, le gouvernement a décidé d'une stratégie nationale bas carbone, qui vise une neutralité carbone en 2050 : on émettra autant de CO2 qu'on en fera disparaître à cette date-là. Quand on regarde en détail cette stratégie, dans cette figure-ci, certaines couleurs vont totalement disparaître, Pour ceux-là, on va supprimer les émissions de CO2. Je vais revenir dessus. D'autres, on cherchera à les réduire, mais on ne pourra pas les annuler. Dans celles qui vont disparaître, si je les prends dans l'ordre d'apparition, vous avez en haut en bleu les transports. À la fin, il n'y en a quasiment plus. Effectivement, on a l'ambition en France, c'est la politique actuelle, de réduire totalement les émissions de GES liées au transport. D'où la question de l'électrification du transport, du problème des batteries, etc. On en parlera beaucoup car c'est très structurant sur notre avenir industriel. Vous voyez également la couleur verte, le résidentiel, pour lequel on a aussi l'ambition d'éliminer nos émissions. Et pour le 3e point, vous voyez que c'est également... L'industrie de l'énergie, c'est le bleu foncé en bas. Je n'ai pas de pointeur, mais il est au-dessus du noir. Il était déjà petit mais on a l'ambition de le mener à 0. Il restera des émissions résiduelles sur l'industrie et l'agriculture, compensées par des puits de carbone, notamment du captage du CO2. Il faut qu'on se pose la question des besoins matières non seulement sur la production d'énergie, d'électricité, mais aussi sur l'usage de cette électricité et en particulier la question majeure sur les transports qui est le premier poste aujourd'hui d'émissions de GES. Quand on met tout ça bout à bout, voilà à quoi on arrive. Pour ceux qui ont oublié leurs cours de chimie, qui remontent peut-être à un peu loin, voici un tableau de Mendeleïev avec les éléments chimiques. Ceux qui sont coloriés sont des éléments dont on va avoir besoin pour la transition énergétique. Si j'avais fait cette conférence il y a un siècle, j'aurais peut-être colorié 4 cases. 5 ou 6, maximum. Aujourd'hui, on en colorie plutôt 30 ou 40. Donc vous voyez qu'on va avoir besoin de beaucoup de minéraux, de matières différentes, et ça, c'est totalement nouveau. Les différentes couleurs que vous voyez sont en fonction des différents secteurs. Par exemple le bleu, c'est le stockage de l'énergie donc le jaune foncé, c'est sur le nucléaire, vous reconnaissez le bore, le zirconium, le hafnium, etc. Donc voilà, je ne vais pas le détailler. Vous aurez accès au transparent pour entrer dans le détail, mais voyez qu'on a besoin de beaucoup de ressources minérales différentes. On a besoin de beaucoup plus en quantité, je vous l'ai dit. Grosso modo, il va falloir sortir du sous-sol et utiliser plus de ressources minérales entre maintenant et 2050, donc les 30 ans qui viennent, que ce que l'humanité a sorti du sous-sol et utilisé depuis qu'elle a commencé à faire ça il y a 2 500 ans. C'est une rupture de pente qui est plus que conséquente, donc ça peut poser des questions sur des conflits d'usage parce que, évidemment, les ressources sont limitées. Dans les conflits d'usage, il n'y a pas que la transition énergétique qui a besoin de minéraux. On a effectivement un deuxième moteur important qui est simultané et requiert aussi beaucoup d'éléments minéraux : la transition numérique, la digitalisation, qui est extrêmement rapide. Voici une carte avec les taux d'usage d'Internet. On se dit qu'on est au bout du développement, mais il y a un continent vide, l'Afrique. On n'a pas fini de développer Internet. Cette figure est la quantité de données échangées par jour... non par mois, pardon. Là aussi, elle se passe de commentaires. Les courbes sont plutôt exponentielles qu'autre chose. On est dans un monde où le numérique est partout et il faudra du numérique pour la transition énergétique. Et en plus, ce numérique consomme plus d'énergie, comme vous voyez sur la figure à droite. La courbe, c'est la consommation énergétique liée juste au numérique. Aujourd'hui, c'est à peu près 4 à 5% de l'énergie mondiale. Les modèles à l'heure actuelle disent que sans doute, là aussi, ce ne sont que des modèles, d'ici une dizaine d'années, ça pourrait représenter jusqu'à 20% de l'énergie mondiale. Qui dit énergie dit infrastructure, dit besoins matières, etc, qui vient se rajouter aux besoins précédents. Donc on a deux effets "Kiss Cool", si vous me permettez l'expression, qui vont dans le même sens et qui poussent à cette accélération sur les ressources minérales. Quant au digital, on pense toujours à nos objets numériques dont on ne sait plus vivre sans qui tiennent dans nos poches, mais il y a beaucoup de matières et d'infrastructures derrière. On a tendance à l'oublier. D'abord, il y a l'infrastructure de réseau Internet. Vous avez ici une carte des réseaux des grands câbles sous-marins qui structurent le réseau Internet. Aujourd'hui, ça représente plus de 1,3 millions km. C'est en 2021. Ce sont des câbles optiques avec des ressources classiques, style acier, cuivre, etc, mais aussi des matières plus exotiques comme du germanium. Au final, les quantités de matières ne sont pas anecdotiques. Et aussi, on a de plus en plus de données. La courbe à droite montre l'explosion des données qu'on accumule de partout : nos photos, documents, etc. Il faut des data centers pour gérer tout ça qui ont aussi de la microélectronique et ça appelle des quantités d'énergie et de matières importantes. Tout ça vient se rajouter... Voici, par exemple, un objet qu'on manipule tous les jours. Vous avez ici le cas d'un smartphone. Vous voyez que chacune des couleurs que vous avez autour de l'appareil, c'est un élément chimique différent. On va retrouver des terres rares, du tungstène, du gallium, etc. Tout un tas d'éléments qu'il faut approvisionner et qu'on retrouve en quantité significative. Si on regarde la quantité qu'il y a dans chacun de ces objets, pour certains, c'est plus important que ce qu'on trouve dans un minerai du sous-sol. Par exemple, la teneur en or que j'ai dans cet objet, c'est à peu près, en moyenne... plusieurs centaines de fois plus concentré que le minerai d'or exploité dans le sous-sol. Ces quantités de matières, mises bout à bout, sont conséquentes. Et on a besoin de ces mêmes éléments pour la transition énergétique. Donc quand on regarde quels sont les éléments chimiques dont on a besoin pour le numérique sur le tableau de Mendeleïev, on voit qu'un certain nombre d'éléments se recoupent avec le tableau précédent sur l'énergie. Pour simplifier les choses, j'ai fait le croisement des 2 tableaux. Tous ceux qui sont en bleu ne servent que pour l'énergie, ceux en vert ne servent que pour le numérique et ceux qui sont bicolores servent pour les deux. Tout ça pour vous montrer qu'on ne peut pas réfléchir transition énergétique sans parler de transition numérique ni réfléchir transition numérique sans parler de transition énergétique car l'un a besoin de l'autre et ça fait appel aux mêmes ressources en matière. Ce qu'il faut retenir de cette première partie, c'est cette figure, à droite. On est passé d'un monde assez simple où on cherchait quelques éléments chimiques dans le sous-sol qui étaient relativement concentrés et facilement accessibles, aujourd'hui à une palette d'éléments extrêmement variés. Et je n'ai pas de doute que si je fais l'exposé dans 10 ou 20 ans, on finira par avoir tout le tableau de Mendeleïev. Et surtout avec des quantités nettement plus importantes. Maintenant qu'on a présenté ce "défi", puisque c'est bien un défi auquel on a à faire face, ce contexte global... Le 2e point que je voulais aborder et essayer d'apporter un certain éclairage, c'est de vous faire prendre conscience de la difficulté que va représenter la réponse à l'ensemble de ces besoins et de la complexité des chaînes d'approvisionnement. Je ne vais pas vous décrire ce qui se passe pour le cuivre, le lithium, le cobalt ou le nickel. Je vais mettre en exergue les éléments qui me paraissent structurants et qu'on retrouve de manière générale pour pas mal d'éléments chimiques. Alors le premier point, on l'a déjà mentionné : un élément sert rarement pour qu'une seule chose. On a potentiellement des conflits d'usage. On aura des arbitrages à faire entre est-ce qu'il vaut mieux accélérer la transition énergétique ou la transition numérique ? Est-ce qu'il vaut mieux privilégier l'aéronautique ? Il est probable que dans un monde en tension, dans un monde fini, auquel on a à faire face demain, on puisse pas forcément répondre, à des tarifs accessibles, à l'intégralité des demandes Un très bon exemple sur ce sujet-là, c'est le cuivre. Vous voyez que le cuivre sert pour à peu près 40% sur tout ce qui est, on va dire... transmission et génération d'électricité. Mais ce n'est pas son seul usage et ça peut servir aussi évidemment dans la construction, les transports et tout un tas d'autres industries. Si on doit multiplier de manière conséquente le cuivre dont on a besoin pour la transition énergétique, on parle de 9 M de tonnes supplémentaires par an d'ici 2040. Saura-t-on répondre aux autres besoins ou est-ce qu'on risque de les mettre en défaut ? C'est une question importante. Est-ce que même on va savoir répondre à cette demande ? C'est ce que vous voyez ici. Premièrement, ce que vous avez ici, c'est l'évolution de la production de cuivre sur la figure de gauche, - c'est la courbe, la partie basse de la figure, en couleur foncée - grâce aux mines et aux installations en service aujourd'hui. On voit que d'ici quelques années ça va baisser car il faut lancer de nouveaux projets pour pallier l'épuisement d'un certain nombre de mines qui sont assez anciennes. Si vous rajoutez les projets en cours, ça vous donne la couleur bleu clair. Ça permet de prolonger un peu plus, mais on a toujours un trou derrière. Donc on ne va pas s'en sortir juste avec les mines actuelles. Il faut faire de l'exploration et ouvrir des nouvelles mines, sinon, ce sera impossible de répondre à la demande. Pour la demande, je vous ai remis les 2 scénarios qu'on connaît : le scénario STEPS, qui sont les politiques actuelles, et le scénario SDS, le scénario ambitieux 1,5 degrés d'augmentation de température. Mais est-ce qu'on a de quoi ouvrir les mines ? Je passe à la figure de droite. Vous avez la production annuelle depuis une dizaine d'années comparée aux réserves, sachant que les réserves se lisent sur l'axe de gauche et la production sur l'axe de droite. Il y a un facteur 10 entre les 2, un écart important entre ce qu'on produit et les réserves. En fait, les réserves sont là, en tout cas sur le cuivre. Il y en a encore beaucoup dans le sous-sol. Par contre, comment est-ce qu'on va pouvoir y accéder ? Car les ressources sont de moins en moins concentrées et c'est donc de plus en plus énergivore pour y avoir accès. L'acceptation sociétale sur ce type d'activité industrielle n'est pas forcément facile et l'impact environnemental peut être important. Il y a tout un tas de sujets à prendre en compte. Et ça veut dire que le prix du cuivre augmente, comme vous voyez ici. Voici les évolutions du prix du cuivre depuis une vingtaine d'années et certes, il y a des hauts et des bas, des cycles, les économistes nous décrivent ça très bien, mais indépendamment de ces cycles, on est sur une tendance à l'augmentation et les gens sensés sur le sujet disent que ça ne baissera pas. Donc il faut se dire qu'on va être dans un monde où le cours du cuivre va effectivement monter même s'il continuera à jouer au yoyo à certains moments, Ça, c'est le premier point. On a des réserves importantes, pas pour répondre à toutes les demandes, mais pour le cuivre, c'est le cas. Par contre, ça va être extrêmement compliqué, coûteux et long de pouvoir y accéder. 2e point, on parle toujours de la mine. Souvent, on voit juste la mine puis l'objet fini. Mais entre la mine et l'objet fini... Par exemple, la ligne électrique qui se promène pas loin de chez vous. Il y a un nombre important d'industries et d'étapes de transformation qui peuvent être autant de goulets d'étranglement ou tant de points de difficulté pour pouvoir, in fine, construire votre véhicule électrique ou votre ligne électrique. Alors je prends un exemple ici. J'ai changé d'éléments pour présenter un peu d'autres minéraux. Donc ici, le cas du lithium, c'est un élément fondamental pour les batteries. Le lithium peut provenir de deux types de ressources : soit on le tire de ce qu'on appelle des saumures, des eaux salines qu'on concentre et au milieu du sel, on a du lithium. C'est ce qu'on fait dans le triangle du lithium : Chili, Argentine et Bolivie. Ou ça peut provenir de roches dures comme on fait en Australie et peut-être un jour en France. Et vous voyez sur le schéma à gauche avec les différentes étapes de transformation, qu'entre la colonne de gauche où on est sur les saumures et les roches dures à droite, il ne se passe pas la même chose. On n'a pas tout à fait les mêmes étapes. Et encore, c'est très simplifié. Et ce que vous ne voyez pas complètement, c'est que chacune des étapes n'est pas forcément dans le même pays. Dans le cas des roches dures sur la colonne de droite, si je prends le cas des ressources en Australie, je vais prélever la roche du sous-sol et faire les étapes de traitement physique, de broyage, de dissolution, etc, sur place, évidemment. Mais la partie de séparation pour extirper le lithium de tout ça est principalement faite en Chine. Et le produit obtenu, comme le carbonate de lithium, n'est pas utile pour la batterie. Il faudra le retransformer encore pour faire une batterie avec. Donc on a des étapes les unes derrière les autres et maîtriser nos approvisionnements, c'est maîtriser ces étapes. Si on loupe une partie du schéma, ce qu'on appelle la chaîne de valeur, on peut raconter n'importe quoi. Ça peut conduire à des choses assez complexes. Je suis toujours sur le cas de mon lithium et le schéma compliqué en haut à gauche, ce sont les étapes de transformation. Je pars à gauche en prélevant une partie du lithium dans le sous-sol ou dans les saumures et vous voyez que je vais... Donc ça, c'est la partie en vert. On a ensuite des industries de transformation dans différents pays, en orange. J'ai des flux qui sortent parce que j'ai des pertes, la matière n'est pas récupérée à 100%, et puis j'ai besoin de la matière pour d'autres usages que mes batteries. Mais du coup, le flux, représenté par la taille des flèches, est de plus en plus petit. Et le flux de mes batteries, le dernier en haut à droite, est petit par rapport à ce que j'ai sorti. J'ai eu plein de pertes en cours de route et d'utilisations potentielles différentes et chacun de ces nœuds, de ces bifurcations, est une étape dans la chaîne de transformation de la matière qu'on doit maîtriser pour avoir le lithium pour faire des batteries. Ce faisant, ça m'amène à un point important, on parlera d'empreinte environnementale... Ce n'est pas vrai pour 100% des batteries, mais pour certaines aujourd'hui en France, le lithium dans certaines batteries de véhicules électriques a été extrait de mines au Chili, transformé en hydroxyde aux USA, au Japon, on fabrique des précurseurs pour les électrodes des batteries, les cellules de batterie en Corée du Sud, on refabrique la batterie aux USA, et enfin le véhicule arrive en France. Le lithium dans votre batterie a fait 3 fois le tour du monde et plus de 50 000 km déjà. On parlera d'empreinte CO2 et de maîtrise des chaînes d'approvisionnement... Le jour où une épidémie interrompt ces approvisionnements, ça devient compliqué de construire une résilience pour nos industries et d'assurer la pérennité de nos activités industrielles. 3e point important... c'est qu'une partie de ces métaux ne sont pas extraits pour eux-mêmes. On ne les trouve pas tout seuls dans le sous-sol et on les extrait plutôt en tant que produit secondaire d'un autre métal qu'on a été chercher. C'est ce que vous voyez sur cette figure, donc... plus la couleur est rouge, plus le métal est obtenu comme produit secondaire d'une industrie de transformation et plus c'est bleu, plus on a été le chercher lui-même dans le sous-sol. Par exemple, pour le fer en bleu au milieu, on a des mines de fer où on va le chercher. Par contre, on n'a pas de mines de cobalt. On va le chercher dans le minerai de fer ou de cuivre ou dans d'autres ressources. C'est important, car ça veut dire que derrière c'est encore plus complexe que ce que j'ai dit. On peut identifier où sont les mines de fer et ses industries de transformation, etc. Mais s'il n'y a pas de mines pour un élément, ça dépendra d'autres éléments et de la logique d'autres éléments. C'est un point que les géologues et minéralogistes connaissent bien. C'est à dire qu'on a des éléments porteurs, que vous voyez au centre du cercle en bleu, qui forment des minéraux de manière autonome dans les roches, donc on peut les identifier, les trouver directement. Et puis tous les autres sont des éléments d'accompagnement, soit dans des minéraux secondaires, soit qui sont en impureté, ou en substitution dans les minéraux primaires. Donc tous ceux qui n'apparaissent pas dans le premier cercle, il faut aller chercher comme produits secondaires du traitement d'un métal plus important. Et donc le jour où vous voulez maîtriser un marché d'un produit qui n'est pas extrait pour lui-même du sous-sol, ce n'est pas simple. La logique du marché n'est pas liée à l'élément que vous cherchez, mais à l'élément primaire. Vous pouvez avoir des effets de variation de production et la logique de l'adéquation entre l'offre et la demande est extrêmement compliquée. Comme une illustration vaut mieux qu'un grand discours... En plus sur un cas où la France joue un rôle important. C'est le hafnium. Ça sert beaucoup en électronique, dans le nucléaire, et dans d'autres endroits. Je ne vais pas vous détailler ça, mais il n'y a pas de mine de hafnium, donc ce n'est pas comme ça qu'on le récupère. Il est souvent mélangé dans les minéraux de zirconium, ce qui donne la zircon dans les gaines de combustible et le nucléaire. On a une seule manière pour produire le hafnium : quand on purifie le zirconium pour faire des gaines de combustible, on enlève le hafnium et il vaut mieux, car ce n'est pas sympathique pour les réacteurs, Donc on doit le faire et du coup on récupère du hafnium. Le hafnium, un élément dont on a besoin pour un certain nombre d'objets de la vie moderne et de production énergétique est finalement lié au nucléaire. Si on arrête de produire des combustibles nucléaires, on n'aura plus de hafnium. Sauf qu'on en a besoin dans nos iPhones et dans un tas de choses en dehors du nucléaire. Ce couplage d'ensemble rend extrêmement complexe ces questions d'approvisionnement parce que les choses sont étroitement intercorrélées. Je ne peux pas parler de tout ça sans parler des batteries électriques. On a vu que ces batteries sont à "fois 25" en termes de quantité de matière dont on a besoin. Donc c'est un des enjeux majeurs, parce que le transport est le plus gros poste d'émissions de GES, donc il faut qu'on le résolve, et deuxièmement, c'est où on a la plus grande augmentation de quantités de matières nécessaires. C'est ce que vous voyez à nouveau ici, vous voyez l'augmentation tout à fait considérable qui est attendue, je dirais, sur les... d'ici 2040. Alors... Ces batteries dans les véhicules électriques, en quoi elles consistent ? En fait, sans trop entrer dans les détails, il faut s'imaginer qu'on a, d'un côté, une cathode, qui va être essentiellement fabriquée avec du nickel, du manganèse, du cobalt et éventuellement du lithium. On peut y rajouter un tas d'éléments en traces, pour améliorer les propriétés de matériaux, mais on va rester sur les majeurs. Vous avez une anode, le pôle négatif, essentiellement du graphite qu'on fonctionnalise en rajoutant des éléments trace et du lithium entre les deux, l'électrolyte, qui permet les échanges de charge. Et... C'est assez simple dans le principe, sauf que quand on regarde ses constituants, un certain nombre d'éléments, en rouge ici, sont "critiques", car on a un problème de sécurisation de leur approvisionnement. Je pense notamment au cuivre, au lithium, au nickel, au cobalt, au graphite... Vous vous dites : "Mais vous les avez tous dit !" Oui, on n'est pas loin d'une situation où l'intégralité des matières dont on a besoin pour faire des batteries ne vient pas du sol européen et on n'a pas de... Enfin, il y a un vrai enjeu pour sécuriser ces approvisionnements. Je passe cette figure. Pour autant, l'Europe se mobilise fortement sur ce sujet-là. Vous avez tous entendu parler du plan batterie et des gigafactories qui se construisent un peu partout en Europe. On a la chance d'accueillir 3 projets significatifs en France. Il y en a 22 aujourd'hui en Europe. Ce sont des usines à plusieurs milliards d'investissements qui produiront des batteries pour nos futurs véhicules électriques pour basculer le transport en électrique sur la scène européenne. Sauf que quand vous regardez... La figure ici à droite, c'est les trois étapes de fabrication d'une batterie. Je récupère la matière, je la transforme, je fabrique les précurseurs et je fais ma batterie. Et ce que vous avez... Alors, ça ne se voit pas très bien parce que ce n'est pas très net... Quelles sont les sources d'approvisionnement pour chaque étape ? Alors déjà, c'est où l'Europe ? Si vous ne la voyez pas, c'est normal, c'est la première ligne. Donc sur la première étape, on a 1 % d'autonomie sur les matières premières. On a 9 % ou 8 % d'autonomie sur la transformation, 9 % sur la fabrication des matériaux d'électrodes, donc vous voyez qu'on est dépendants à plus de 90 % de nos importations pour être capables de réaliser cette transformation. Et voici la liste des pays. Celui qu'on voit bien, la grande barre rouge, je ne vous surprendrai pas, ce sont les Chinois. On est très dépendants en approvisionnement de la Chine pour l'ensemble de cette industrie qui est pourtant la clé de la réussite de la transition énergétique sur le sol européen. Alors... Ça, c'était pour les batteries. Je pourrais raconter la même histoire pour d'autres sujets. Il y en a un autre, c'est le cas des aimants permanents. On en a besoin dans les éoliennes pour produire de l'électricité et dans les moteurs pour retransformer l'électricité en force motrice. Et aujourd'hui, on fait ça avec des terres rares. Ça introduit des besoins en terres rares extrêmement importants. Et quand vous regardez la chaîne d'approvisionnement des terres rares, la partie tout en bas, elle est, là aussi, complètement dominée par la Chine. c'est à dire que 70 % des activités de mines sur les terres rares sont en Chine. Sur la partie transformation, donc fabriquer des métaux séparés, c'est à 90 % en Chine et à 100 % pour les terres rares lourdes. La fabrication des alliages, on est à 90 %, la fabrication des aimants permanents, on est à 90 %. Il n'y a pas d'éoliennes offshore sans aimants permanents ou de voitures électriques sans aimants permanents. Donc 90 % des éoliennes, 90 % des voitures électriques, ont une part importante de leur valeur ajoutée, de ce qui fait leur fonctionnalité qui est en Chine et sur laquelle on a aujourd'hui une maîtrise assez faible. Alors là, ce n'est pas une histoire, je dirais... Cette histoire mérite qu'on s'arrête 2 secondes, parce qu'il y a 30 ans, 60 % de la transformation des terres rares à l'échelle mondiale se faisait à La Rochelle. Et malheureusement, on a laissé cette industrie partir pour plein de bonnes raisons qui rejoignent, globalement, la désindustrialisation qu'on a connu évidemment dans notre pays et le fait que la réglementation environnementale en Chine soit, sur ce sujet-là, beaucoup plus permissive. La Chine a rapatrié l'ensemble de ce savoir-faire avec notre aide car on était contents de voir ça partir en Chine. Et puis ils ont remonté la chaîne de valeur, commençant par de la mine, puis de la transformation, puis la séparation des terres, donc ils sont les seuls à savoir le faire, puis la fabrication des aimants. Ils ont intégré l'ensemble de la chaîne de valeur et 90 % des aimants mondiaux proviennent de Chine. Cette stratégie a été pensée sur le long terme et n'est pas du tout un fruit du hasard. Alors, quid du nucléaire dans tout ça ? Et j'en finirai là-dessus sur cette 2e partie. Je reprends une figure de tout à l'heure mais que j'ai transformé non plus en capacité installée mais en électricité produite. Combien de métal faut-il dans un réacteur nucléaire pour produire une quantité d'électricité par rapport aux autres technologies ? Et bien, la figure parle d'elle-même. Le nucléaire est une énergie extrêmement intensive qui mobilise peu de ressources par rapport à la quantité d'électricité produite. Donc on a 16 fois moins de ressources minérales dans un térawattheures électrique produite par du nucléaire que dans un TWh produit ici par des éoliennes offshore. Du coup, les besoins en ressources minérales pour le nucléaire tel qu'on anticipe son développement... Alors, on pourrait discuter ces scénarios de l'AIE, mais ça ne changerait pas grand-chose, C'est inférieur à 0,2 % de l'ensemble de nos besoins pour la transition énergétique. Donc le nucléaire a cette force d'avoir des besoins faibles en ressources minérales. Il a des inconvénients, mais c'est un de ses atouts qui mériteraient d'être creusés et sans doute plus valorisés. Donc, dernier point... Tout ça m'amène à notre situation en Europe et à comment est-ce qu'on peut chercher à rectifier tout ça. On est fortement dépendants de l'étranger sur une grande partie de nos approvisionnements minéraux. Cette figure a un certain nombre d'éléments chimiques. Je vais pas vous les détailler, mais quand on est à 100 % tout en haut, c'est qu'on dépend à 100 % des importations. On a 0 production sur le territoire européen. Je ne parle même pas à l'échelle de la France. Puis à droite, on a des situations plus contrastées où on a un certain niveau d'autonomie. Mais pour beaucoup de matières, on est totalement dépendants de l'étranger, Le rouge étant, là encore, la situation de nos amis chinois. Et cette dépendance couvre beaucoup de pays. Cette carte, c'est les approvisionnements européens sur un certain nombre de ressources minérales. On y retrouve les grands pays miniers que sont l'URSS, la République démocratique du Congo, les pays d'Amérique latine, les États-Unis, le Canada, l'Australie... et j'en passe. L'Afrique du Sud pour les platinoïdes. Et les taux de dépendance peuvent aller jusqu'à quasiment 100 % sur certaines ressources. Et pour certains de ces pays, ça représente l'essentiel de leur activité. Donc ils sont eux-mêmes extrêmement dépendants de nous là-dessus. Un joueur qui est particulièrement présent, c'est la Chine. Voici, pour un certain nombre d'éléments métalliques, la place de la Chine à l'échelle mondiale. Le trait rouge à 20 %, c'est la part de la population chinoise dans la population mondiale. Si les choses étaient équitablement réparties, ça devrait autour de 20 %, mais pour beaucoup d'éléments, ils sont plus présents que ça. Et si on regarde aujourd'hui la manière dont la croissance de la production de minéraux à l'échelle mondiale se fait, sur cette figure à droite, l'Europe, c'est le petit trait bleu constant qui ne bouge pas beaucoup et les autres pays se développent énormément, notamment l'Asie en jaune qui est portée par la Chine qui investit considérablement sur ses ressources minérales. Est-ce qu'on est condamnés à faire le constat de cette dépendance éternellement ou y a-t-il moyen de se réapproprier ces chaînes de valeur et de rectifier la situation ? C'est mon dernier point avant de vous laisser la parole. Le premier point, c'est le recyclage. Il faut qu'on le développe, car la ressource est chez nous. C'est une opportunité en termes de création de valeur et d'industrialisation. On a des quantités de déchets, sur la figure en bas, qui augmentent. Aujourd'hui, en gros, à l'échelle européenne, on produit 7 kilos de déchets électronique-électrique par habitant, ce n'est pas anecdotique, pleins de cuivre et d'autres éléments métalliques. Donc développer le recyclage est une option intéressante. On est loin d'être très avancés dans ce domaine. Voici le taux de recyclage, sur un tableau de Mendeleïev, des différents éléments. Quand on est dans les couleurs rouges... Je n'arrive pas bien à voir... ...on a un recyclage extrêmement faible qui est quasiment nul. Et quand on est sur la gamme verte, on est entre 25 % et 50 %. Sur la gamme bleue, on est au-dessus de 50 %. Il n'y a que 3 éléments chimiques qu'on recycle à plus de 50 % et le reste est à moins de 50 %, donc il y a un effort à faire. Est-ce que ça va résoudre notre problème ? C'est un point important. Je vous donne la réponse : non. Pourquoi ? C'est un schéma théorique, mais intéressant. Imaginez qu'on a produit une quantité de matières, d'objets qui contiennent une ressource d'intérêt, donc en bleu. Quand on va vouloir les recycler, on va récupérer des objets, en bleu clair, mais on en perd, car on n'a jamais 100 % de récupération, en jaune. Une flèche est perdue. Puis aux étapes de traitements physiques, chimiques, etc, là aussi, on ne va jamais récupérer 100 %, selon la thermodynamique. La flèche verte sera récupérée mais la violette sera définitivement perdue. On n'aura jamais 100 %. Il y a toujours une perte. C'est un point important : on ne pourrait vivre que sur du recyclage que si on avait des besoins décroissants et une décroissance égale à la perte à chaque étape de recyclage. Sauf que nos besoins sont croissants. Nos besoins, on l'a vu depuis tout à l'heure... Par exemple, la courbe rouge, nos besoins en cuivre, augmente de manière considérable Si je me place en 2100 par exemple, parce que c'est plus simple, donc le point 9 en haut à droite, j'ai un besoin à cette date-là qui correspond au point 9, sauf que la quantité de matières dans les objets en fin de vie, c'est le point 8. Les objets durent un certain temps, je ne les recycle pas tout de suite. Ce décalage temporel entraine un décalage dans la quantité disponible dans laquelle je ne récupère qu'une fraction. Donc le recyclage ne pourra pas répondre aux problèmes. Et les spécialistes disent que le recyclage, dans le meilleur des cas, pourrait couvrir la moitié de certaines ressources, pas plus. Donc de toute façon, le recours à des activités minières nouvelles est assez important en quantité, clairement, et incontournable si on veut développer ou déployer la transition énergétique et numérique. Y a-t-il encore des ressources dans le sous-sol ? On a dit que oui. On a l'impression que le sujet est un peu nouveau en France, car on l'a un peu évacué, mais ce n'est pas le cas dans d'autres pays. Si je regarde la carte à droite, chacun des points, c'est des projets miniers. Cette carte date de 2020 ou 2021. Vous voyez qu'il y en a un paquet. Des quantités d'argent colossales sont dépensées. La Chine, c'est plus de 200 milliards. Les États-Unis, plus de 200 milliards, presque 300. Dans tout l'Europe, c'est aux alentours de 70 milliards. C'est peu. Et si je zoome sur la France, il n'y a aucun point rouge. C'est évidemment un effet du hasard, mais voilà, on a une vraie question. Si on veut déployer tout ça, il nous faut des ressources minérales. On ne peut pas forcément s'appuyer sur des ressources étrangères. Est-ce facile d'accéder aux ressources ? Entre le moment où on a besoin de lithium ou de cuivre et où on ouvre une mine, si on fait tout le plus vite possible, on en a pour en moyenne au moins 15 ou 16 ans, C'est qu'on voit sur la figure ici. Et encore, c'est sans aller dans des pays avec des réglementations assez longues en termes de traitement, etc, ce qui mène à des durées longues. Donc il y a une inertie, mais on est habitués dans le nucléaire. L'inertie est énorme sur le système. Entre le moment où on a besoin de cuivre et où on l'a, il va s'écouler 10 ou 15 ans, minimum. Tout à l'heure j'ai dit qu'on va avoir un déficit de cuivre entre 2020 et 2030 donc c'est une bonne question. Deuxièmement... il va falloir intégrer, c'est important dans la stratégie française, l'impact environnemental. C'est déraisonnable de développer des mines comme dans certains pays ou dans le passé. Aujourd'hui, les mines doivent respecter l'environnement en termes de CO2, de prélèvement d'eau, de pollution, d'utilisation des sols, etc. Et c'est compliqué, parce que l'impact change d'un élément à un autre, d'un procédé à un autre, d'un pays à un autre... On veut maîtriser nos chaînes de valeur et nos approvisionnements et on veut s'approvisionner sur des ressources bas carbone, respectueuses des populations, etc. C'est très difficiles à tracer, car ça va être site-dépendant. Ça va dépendre du site systématiquement. Et il faut prendre en compte l'intérêt des populations locales. C'est un point structurant du développement durable dans lequel la France s'inscrit parfaitement. Sur ces ressources, on imagine qu'on a plus rien en France, qu'on a épuisé le sous-sol. C'est rigoureusement faux. L'inventaire minier français qu'on connaît aujourd'hui et qui identifie des ressources d'intérêt mondial date des années 70 en termes d'acquisition de données. On n'a rien refait depuis, on n'a pas de connaissance au-delà de 200 ou 300 m de profondeur. Aujourd'hui, quand on interroge nos spécialistes sur le sujet, et au BRGM, on a évidemment un certain nombre, on est capables de faire de la cartographie prédictive. Même si on n'est pas sûrs de trouver, la probabilité d'avoir des ressources d'intérêt est importante. Je n'en ai mis qu'une, mais je pourrais en mettre des dizaines. Voici la cartographie prédictive sur le lithium sur le continent européen. La France n'est pas mal lotie du tout. On a des ressources de lithium d'intérêt économique potentiel, certaines qui seraient assez faciles à exploiter, que ce soit en termes de roches dures, donc mines souterraines, etc, ou dans des saumures profondes qu'on peut pomper et dont on peut récupérer le lithium. Un démonstrateur vient de démarrer récemment. Eramet a communiqué largement sur le sujet. Donc c'est faux de penser qu'on n'a pas de ressources. C'est un sujet qu'on a évacué. On préfère que ça se fasse à l'autre bout du monde. Mais c'est une vraie question et notre ministre de la transition écologique a des propos clairs sur le sujet. Il faut qu'on assume les choix politiques qu'on a faits, notamment la transition énergétique, et les besoins en ressources minières que ça impose. Je passe ce sujet. Et puis évidemment, on n'aura pas toutes les ressources dont on a besoin en France, donc il faut aussi sécuriser des ressources à l'étranger avec des contrats à long terme et uniquement sur des approvisionnements responsables. C'est la thématique de la diplomatie des ressources minérales. On a la chance d'avoir encore quelques acteurs miniers, même s'ils ne sont pas parmi les plus grands, et d'avoir une connaissance d'un nombre de territoires de jeu, notamment l'Afrique, sur laquelle le BRGM travaille depuis des décennies et les spécialistes aiment dire que la moitié de la géologie de l'Afrique est dans les armoires du BRGM à Orléans. On a une bonne connaissance du sujet, donc on doit l'utiliser pour essayer de développer et sécuriser certains de nos approvisionnements. Un petit mot pour conclure. Je ne peux pas terminer cet exposé sans vous parler de l'actualité récente, à savoir le travail commandité à Philippe Varin par le gouvernement et le rapport qui a été remis le 10 janvier 2021 qui vise à faire des propositions sur la sécurisation de nos approvisionnements en métaux stratégiques. C'est un travail conséquent qui a été mené en 3 mois, sur lequel le BRGM a été évidemment largement sollicité. Il a conduit à des décisions prises par le gouvernement correspondant aux recommandations du rapport, que je ne vais pas vous détailler de manière très approfondie mais juste vous donner les grandes lignes. La première, on doit réinvestir sur ces chaînes de valeur pour sécuriser ces approvisionnements. Donc la création d'un fonds d'investissement pour les métaux stratégiques pour la transition énergétique est en train de se mettre en place. On doit, je vous l'ai dit, œuvrer de manière beaucoup plus concertée entre l'ensemble des acteurs privés et publics à l'international pour sécuriser des approvisionnements responsables et durables, préservant l'environnement et les populations locales. Il y a le lancement d'une diplomatie des ressources minérales sur ce sujet. Également, la nomination d'un délégué interministériel, chargé de coordonner tout ça, est en cours. La création d'un observatoire des métaux critiques auprès du BRGM pour connaître l'ensemble de ces filières d'approvisionnement, en faire des simulations, des tests de résilience, d'anticiper des crises, etc. Et développer une labellisation, une certification, sur ces mines responsables. Il n'est pas question de réouvrir des mines "à la Zola". L'enjeu aujourd'hui, c'est de faire des mines propres, à faible impact, respectueuses des populations mais il faut le garantir. Il est question de créer un label, une certification, avec un rôle majeur mené par la France au niveau européen pour mettre en place cette normalisation à l'échelle européenne. J'en arrive à la conclusion pour vous dire que... Vous l'avez compris, on a vécu un siècle shooté au pétrole et au gaz, enfin au pétrole puis au gaz, voire au charbon, puis au pétrole, puis au gaz pour être précis. Pour lutter contre le changement climatique, il faut sortir de cette dépendance tout en ayant conscience qu'on aura une nouvelle dépendance, les ressources minérales, avec des nouvelles dépendances géopolitiques. Vous les voyez clairement apparaître sous-jacentes à ma présentation. Je pense que l'ampleur des demandes et des besoins doit nous interpeller et que ça sera sans doute - c'est mon point de vue - un frein possible au déploiement de la transition énergétique quand on voit l'ampleur des besoins qu'il va falloir couvrir. Qu'il y a un fort enjeu de sécuriser nos approvisionnements. C'est un prérequis pour retrouver notre souveraineté industrielle. et toutes ces nouvelles activités minières n'ont de sens que si elles sont durables, responsables. Ce credo extrêmement fort nécessite encore du développement, du R & D, mais aussi une certification, une traçabilité, sur les approvisionnements et des contrôles aux frontières, sinon du dumping se mettra en place. Donc voilà les axes forts de ce qu'il faut retenir de tout ça avec un travail du BRGM pour construire une vision synthétique sur ces sujets qui se poursuit et qui est un challenge et un défi extrêmement importants. Merci. J'ai été un peu long, je m'en excuse. Je vous laisse de ce pas la parole. Je ne doute pas que des questions vont émerger. Merci. Bonjour. J'ai une question toute simple, Au transparent numéro 30, vous faites un rapport entre nucléaire et moulinets à vent un rapport de 16, et qui a été exprimé en TWh. Or si un moulinet... S'il n'y a pas de vent, il n'y a pas de TWh, donc le rapport devient infini... Transparent 30. Effectivement, la dernière figure était en TWh Elle intégrait le fait qu'une éolienne ne fonctionne à terre que 21 % du temps en moyenne en France. Donc le l'intermittence est bien pris en compte. Ou 40 % en offshore. La durée de vie n'est peut-être pas prise en compte. C'est sûr qu'entre un réacteur qui va durer peut être 80 ans et une éolienne, 20 ou 30 ans, ce n'est pas pareil. Je ne suis pas sûr que ça soit pris en compte. Bonne remarque. Oui, Montville. Je suis assez marqué par le fait qu'on passe, en production éolien, forcément par des terres rares pour faire des aimants permanents. Ça fait un bon petit bout de temps qu'on sait faire des productions d'électricité sans aimant permanent. C'est quand même très curieux de revenir sur un système antique alors que depuis au moins 60, 70 ans, les flux sont des flux commentés avec des circuits électriques. Je ne vois pas pourquoi on passe par les terres rares et les aimants permanents pour faire des éoliennes. On pourrait très bien avoir des excitations classiques comme on en fait pour des petites machines hydrauliques, sans problème. Je ne suis pas spécialiste du sujet, donc je n'ai pas la réponse à votre question. J'imagine qu'il y a de bonnes raisons. Je peux vous dire que du fait de la dépendance aux terres rares, des travaux sont menés pour essayer de s'en départir. Sur les éoliennes à terre, on sait faire sans terres rares. Par contre, sur les éoliennes en mer, on continue à faire avec. Il y a une question de densité de puissance, mais je ne saurais pas vous donner plus de détails. Je pense que c'est le fait que ce ne sont pas les électriciens majeurs, les constructeurs électriciens majeurs mondiaux, qui ont été au début des éoliennes. Si ça avait été des gros groupes bien structurés, il auraient pris autre chose, mais c'est un raisonnement. Peut-être, mais ils sont tous à la manœuvre sur ce sujet-là. Il n'en manque pas un à l'appel. S'il y a une solution, j'ai du mal à croire qu'ils ne l'ait pas déployée. Si oui, ils ne tarderont pas à le faire. Merci de votre exposé. En tant que pharmacien, j'ai une certaine culture chimique et le tableau de Mendeleïev me parle à partir de l'hydrogène. Qu'en est-il de l'énergie de l'hydrogène ? Où en est le problème par rapport à tout ce que vous nous avez exposé ? Je n'ai pas présenté l'hydrogène parce que j'ai déjà été trop long, mais l'hydrogène n'est qu'un vecteur intermédiaire. Il y a beaucoup de développement sur l'hydrogène. Mais dire, "j'ai une surproduction électrique, "comment la stocker sous forme d'hydrogène?" et ensuite réutiliser cet hydrogène... Alors, il y a différentes solutions, mais on peut, dans des piles à combustible, le réutiliser directement pour produire de l'électricité. Donc ça ne change pas grand-chose au paysage global, si ce n'est qu'on a des besoins spécifiques pour la production d'hydrogène et pour les piles à combustible, notamment sur les platinoïdes. C'est bien étudié et intégré dans les chiffres globaux quand je disais : voici l'ensemble des technologies décarbonées et les besoins qu'on a. Ça intègre l'hydrogène. Mais l'hydrogène n'est qu'un vecteur intermédiaire de stockage. D'abord, merci pour cet exposé. Alors, je précise que je ne suis pas scientifique et que vous avez eu le talent... J'ai vraiment suivi votre présentation extrêmement claire, donc très pédagogique. Merci. La question que je me pose, c'est très intéressant... Je venais ici notamment pour entendre d'un scientifique ce que j'ai lu dans les bouquins de Guillaume Pitron. Et on retrouve tout à fait ça. Donc ça veut dire qu'il a raison et que vous avez raison. Je ne suis pas sûr qu'on puisse en conclure qu'on a raison ! Mais on retrouve tout ce qu'il raconte sur le digital et sur les métaux... Vous avez lu ses deux livres ! J'ai lu ses deux bouquins, qui sont très intéressants. Ma question est la suivante : étant gosse, j'ai baigné dans le nucléaire puisque mon père a fait sa carrière au CEA, mais pour quelle raison s'acharne-t-on sur l'éolien et les panneaux solaires alors que vous avez montré... Le graphe est frappant ! ...que grâce au nucléaire notamment, on s'affranchit de la plus grosse partie du tableau de Mendeleïev, Donc pourquoi est-ce qu'on s'acharne ? Et ça pose une question sous-jacente que j'aimerais que vous évoquiez sur la dépendance à l'uranium pour les centrales nucléaires. - J'ai le droit à un joker ? - Pardon ? - J'ai le droit à un joker ou pas ? - Oui, merci en tout cas ! Non, non, je vais vous répondre plus sérieusement, mais... c'est un choix quelque part politique d'un certain nombre de partis où d'élus que de considérer que les risques inhérents à la filière nucléaire sont supérieurs à ses intérêts. Ce n'est pas mon analyse, mais en tant que citoyen et en tant qu'élu, pour certains, ils ont le droit de porter ce point de vue. Après, quand on creuse les tenants et les aboutissants, on s'aperçoit que ça nous mène dans des chemins compliqués et que... comme le résumé bien Jean-Marc Jancovici, le plus court chemin pour décarboner notre industrie et lutter contre le changement climatique ce n'est pas de quitter le nucléaire. On est d'accord là-dessus. Après, voilà... Le jeu de la démocratie suppose que tous les points de vue puissent s'exprimer suivi de votes et d'élections et que le point de vue majoritaire l'emporte. Mais ce n'est pas le point de vue le plus rationnel. Ce n'est pas joué définitivement. Je suis assez d'accord sur ce fait. Beaucoup de pays font marche arrière là-dessus. Soyons clairs, la transition énergétique a été pensée dans une logique nationale au départ, sauf que tout le monde est arrivé à la conclusion qu'en déployant la même transition sur tous les pays, on a un problème de ressources. C'est ce que montrent les chiffres que je vous ai donnés. Si on veut tous faire de la voiture électrique, à commencer par les 1,4 milliards de Chinois, on aura un problème. Même s'il y a beaucoup de lithium sur Terre. Donc à un moment, il faut qu'on sorte d'une période où tout le monde imaginait faire la même chose pour réfléchir à des solutions qui doivent être beaucoup plus dépendantes des spécificités de chaque pays, que ce soit d'un point de vue géographique, technologique, politique, etc. Bonsoir. Je ne vois pas sur vos tableaux les productions de minéraux provenant de la Nouvelle-Calédonie. Est-ce qu'on considère que la Calédonie, c'est la production nationale ? Le nickel, par exemple, est une ressource importante en Nouvelle-Calédonie. Sauf erreur de ma part, mais je laisserai le soin à... à Isabelle de me corriger si je me trompe, la Nouvelle-Calédonie est indépendante d'un point de vue minier même si elle reste un territoire français. Pour autant, on a des contrats avec la Nouvelle-Calédonie et on est fortement impliqués sur les activités minières. Mais c'est un fournisseur parmi d'autres. Merci. Et la production de nickel de Nouvelle-Calédonie par rapport à celle de l'Australie n'est pas dans les mêmes ordres de grandeur. Donc ça en fait partie. Et il y a du cobalt associé aux minerais de Nouvelle-Calédonie qui n'est pas extrait par tous les opérateurs. Oui Christophe, Loïc Martin Didier, retraité du CEA. Une question à plus long terme : est-ce qu'on a une idée comment se placera la fusion dans ce problème de matières, de métaux stratégiques, que ce soit sur les problèmes du lithium ou sur les bobinages, etc ? Non, je n'ai jamais vu d'études sur le sujet. Le peu que j'en connais me ferait dire que l'intensité quand même... La quantité d'énergie qu'on produit par rapport à la quantité de matières de l'installation est telle que les besoins seront facilement "absorbables" par les ressources qu'on connaît aujourd'hui. Donc je n'anticipe pas de grosses difficultés mais je n'ai pas mené d'études sur le sujet. C'est plutôt une intuition qu'une démonstration. Gérard Cognet. Merci, Christophe, pour cette présentation. Il y a quelques années, on a vu une grande agitation sur des ressources en terres rares qui seraient au Groenland, à tel point que Trump avait envisagé d'acheter le Groenland. Qu'en est-il de la réalité ? Le Groenland est un territoire très riche d'un point de vue minier, En terres rares, mais en plein d'autres éléments aussi. Néanmoins, les terres rares au Groenland contiennent, comme dans pas mal d'endroits, également de l'uranium et du thorium. Ça veut dire que les matières qu'on laisse de côté sont radioactives et le gouvernement groenlandais s'est fortement opposé son exploitation et a voté une loi interdisant à ce jour l'exploitation de ce type de minerai pour des raisons de radioactivité. Après, une loi, ça peut se modifier, mais aujourd'hui, les populations et le gouvernement sont farouchement opposés à cette exploitation. Mais le Groenland est un pays très riche. Merci. Bonsoir. J'avais deux petites questions, une directement liée à vos slides. au slide 37, vous disiez que la manière la plus rapide pour ouvrir une mine, il y a un temps incompressible de 17 ans. Je voulais savoir ce qui faisait ce délai-là, en grande partie. Ma 2e question est plus d'ordre général : est-ce que vous attendez, dans les années à venir, à une évolution structurelle du positionnement de votre établissement au regard de la nécessité de ce que vous appelez la diplomatie, notamment avec les pays africains dans lesquels il y a une grande partie des réserves ? Alors petit un, le temps incompressible, c'est qu'entre le moment où vous dites, "tiens dans telle région, "il y a un potentiel de ressources économiquement intéressantes" et où vous ouvrez une mine, il y a plein d'étapes. Vous allez faire de la caractérisation aéroportée, des prélèvements sur le terrain, des forages et des sondages. Si vous confirmez que c'est intéressant, encore faut-il le "cuber", c'est à dire, c'est quoi la quantité réelle que vous allez sortir du sous-sol ? Pas dans l'absolu, mais à un coût économiquement intéressant, car c'est pas pour boire le bouillon. L'ensemble de tout ça, auquel on rajoute les étapes indispensables pour avoir un permis d'exploration, d'exploitation, les enquêtes publiques, etc, vous êtes entre 15 et 20 ans en général. Sauf pour le cas des saumures, par exemple, d'Amérique du Sud. Comme la ressource est directement accessible, c'est beaucoup plus rapide. Et c'est sans prendre en compte, je n'ai pas encore vu d'évaluations concrètes, le nouveau code minier sorti récemment qui rajoute des étapes de consultations des populations locales avant l'ouverture de tout site. Qui dit consultation, rajoute inévitablement un certain nombre de mois ou d'années à ces chiffres. Sur la partie rôle du BRGM, le BRGM, c'est Bureau de recherches géologiques et minières, donc l'aspect ressources naturelles et mines fait partie de notre ADN depuis notre création en '59. Jusqu'à la fin des années 70, on était opérateur minier. On était un établissement d'expertise et de recherche et on exploitait un certain nombre d'installations. On a perdu ce côté industriel mais on a un vrai savoir-faire. Et aujourd'hui, on est mobilisés en soutien technique à l'État, à la fois sur cette partie vision stratégique, veille technologique, veille économique et également sur la partie diplomatie des ressources sur laquelle on est mobilisés aux côtés du ministère des Affaires étrangères et de l'industrie. André Lacroix. Pardon, une question et puis une demande. Une question : vous n'avez parlé que de ressources terrestres. Pourtant, au fond des mers, il y a beaucoup de choses. Ça, c'est ma question. Et est-ce que vous pouvez nous brosser très, très rapidement, les ressources actuelles en uranium ? Avant, la France était sur le Niger, etc. Maintenant c'est beaucoup plus vaste. Est-ce que vous pouvez nous faire un petit exposé rapide sur les ressources uranifères, actuellement ? Merci. Alors, sur les ressources des grands fonds marins. J'étais interrogé il y a 15 jours par le Sénat sur le sujet. Effectivement, il existe des ressources qu'on connaît pas bien car on n'a récupéré que quelques échantillons, c'est extrêmement limité, qui sont soit des nodules polymétalliques soit des concrétions sur des eaux thermales qui ressortent en profondeur. Ce sont les deux grandes typologies avec des concentrations sur un certain nombre de métal d'intérêt qui sont a priori intéressantes. Je mets tout de suite 2 bémols là-dessus. Le "a priori intéressantes", ça veut dire que dans un échantillon, il y a effectivement pas mal de ressources. Néanmoins, la grande question de toute l'industrie minière, c'est de savoir si c'est économiquement intéressant. Est-ce que le coût pour retirer cette matière est compatible avec le prix auquel je peux le vendre ? Qui est capable de répondre pour les grands fonds marins ? On a 0 réponse sur cette aspect-là. Et le 2e point, qui est encore beaucoup plus important, c'est qu'il sera pertinent d'exploiter les ressources minières des fonds marins quand on aura démontré que leur impact environnemental est inférieur à celui d'ouvrir une mine dans le pays X, Y ou Z. Et ça, on en est très loin. On sait pas comment fonctionnent les écosystèmes à 2 ou 3 000 m de profondeur. On sait pas comment ils vont se restaurer. Donc le premier enjeu, c'est la décision qu'a pris le président de la République, c'est d'investir dans l'exploration. Donc oui, il faut qu'on comprenne mieux ces environnements. On a beaucoup à en apprendre. Avant d'aller faire de l'exploitation, il va s'écouler un peu de temps et il faut démontrer qu'on soit capable de le faire dans des conditions viables. Pour avoir pas mal traîné mes guêtres autour des sujets de l'environnement. je doute que l'impact au fond des mers soit inférieur à l'impact d'une mine en Bretagne, dans le Massif central ou je ne sais pas où en Europe. C'est juste une réminiscence du syndrome NIMBY bien connu qui est que quand c'est loin des yeux, on croit que l'impact est plus faible. Et sur les ressources en uranium... J'oubliais la 2e question. ...aujourd'hui on a des ressources importantes disponibles qui nous garantissent, avec le rythme actuel de développement du nucléaire tel qu'il est anticipé, grosso modo un demi-siècle ou un siècle d'autonomie. Mais il faut tout de suite préciser en disant cela que... Une notion sur laquelle je n'ai pas insisté, c'est la différence entre réserve et ressource. Quand on dit qu'on a des réserves, on dit : "Je suis capable de chercher tant de matières à tel prix." Si le prix est 2 fois plus cher, je peux chercher beaucoup de matières, donc j'augmente mes réserves. Les réserves dépendent fortement du coût de la matière. Comme pour le coût de l'uranium. Son coût joue peu sur le coût de l'électricité produite par le nucléaire. Donc on a une élasticité sur les réserves en uranium. Si on se prenait un facteur 5, 6 ou 7 sur le prix de l'uranium, on augmenterait les réserves économiquement accessibles sans impact significatif sur le coût de l'électricité. C'est évidemment un premier potentiel de croissance qui est important. Après on est loin d'avoir exploré toutes les régions du monde et il y a un tas d'endroits avec des réserves qui ne sont pas encore identifiées et mises en exploitation, que ce soit en Afrique ou en Chine, par exemple. Donc il y a du potentiel, sans parler de la 4e génération et de l'utilisation plus extensive de l'isotope 238. Bonsoir. Tout d'abord, merci pour votre présentation très instructive et pédagogique. Vous avez montré de belles courbes exponentielles sur la consommation attendue des métaux. Vous avez expliqué que beaucoup de métaux vont être critiques dans leur approvisionnement. Est-ce que, comme on l'a fait avec le pétrole pour estimer des moments où on atteindra un pic de production à partir duquel l'extraction devient très difficile, est-ce qu'on a une idée d'un pic équivalent pour les métaux que vous avez présentés ? Est-ce qu'on peut se dire que d'ici 2100, le fait que le recyclage ne marche pas et que la consommation explose, il y en aura plus assez pour tous ? La question se pose différemment car ces ressources n'ont pas la même origine. Le pétrole, c'est de la matière organique qui, il y a 200 millions d'années, a été piégée à un endroit bien précis et s'est transformée sous l'effet de la pression et de la température. Donc on a une ressource finie et en dehors de ces endroits où elle s'est déposée, il n'y en a pas. Les ressources minérales, ce n'est pas ça. On a eu la nucléosynthèse après le Big Bang, on a créé un certain nombre d'atomes et il y en a partout. N'importe quel élément aura quelques atomes d'uranium. Mais c'est insignifiant. Les ressources, il y en a partout et on cherche les endroits où elles sont suffisamment concentrées. Du coup, vous avez pas de vrai épuisement des ressources. La vraie question, c'est qu'à un moment vous allez dépenser plus d'énergie pour chercher tels matériaux que l'énergie que vous allez récupérer en fabriquant une centrale, un panneau solaire ou une éolienne. Auquel cas, vous êtes au bout de ce qui est accessible. Et il ne vous reste que l'espoir d'améliorer l'efficacité énergétique des technologies. Donc le débat ne se positionne pas de la même manière. Et je pense pas qu'on puisse parler du... du peak copper ou du peak je ne sais pas quoi... Ce n'est pas la même approche. Merci. Je suis frappé par le nombre d'idées fausses qui sont transmises dans la société par les médias concernant les éoliennes, etc, à travers le manque d'informations concernant la rareté des métaux que vous venez d'exposer. Est-ce que le BRGM envisage de faire des articles ou d'avoir un plan média pour rétablir la situation et la connaissance dans la société française ? Le BRGM fait beaucoup de médiation scientifique, en termes de communication, que ce soit au titre du BRGM ou pour le compte des pouvoirs publics. Je peux vous renvoyer sur un site que j'aurais pu préciser qui s'appelle Mineral Info, le site d'information sur toutes les ressources minérales et qui est géré par le BRGM pour le compte des ministères. Et d'autre part, on est déjà relativement présents dans les médias. Il ne se passe quasiment pas une journée sans qu'on ait une sollicitation. Néanmoins, je vous rejoins sur le fait qu'on a été assez timorés ou timides dans la prise de position sur un nombre de débats, C'est quelque chose qu'on souhaite rectifier, au niveau de la direction générale, avec la présidente, dans les années qui viennent. Ça ne se change pas d'un claquement de doigts. Il faut qu'on porte des messages un peu plus clairs. Pour alimenter le débat public, chacun est libre, évidemment, d'utiliser cette information comme il le souhaite. Joël Allard, retraité de l'aéronautique. Vous avez parlé du recyclage de matériaux et du fait qu'une petite partie des matériaux peut être recyclée. Je me pose la question du bilan carbone du recyclage de matériaux. Considérant que quand il faudra recycler des matériaux dans les décennies à venir, l'énergie sera peut-être encore fossile en grande partie, donc je me pose la question : en termes de bilan carbone, est-ce que ce sera positif par rapport à l'extraction dans des mines ? C'est une bonne question et c'est un critère important pour les équipes qui développent des procédés de recyclage. Le recyclage n'a de sens que s'il a moins d'impact que chercher une ressource primaire dans le sous-sol. Sinon on a un problème. Et ce n'est pas uniquement le bilan carbone, mais aussi la consommation en eau, en produits chimiques et la consommation énergétique. Un vrai critère important derrière tout ça, c'est le retour sur investissement énergétique. Ce sont des choses qu'on regarde. Néanmoins, aujourd'hui on peut vous rassurer. C'est à dire que pour les matériaux et éléments qui ont été étudiés, on sait concevoir des procédés intéressants d'un point de vue environnemental et énergétique. Si je peux me permettre d'intervenir, les procédés utilisés pour le recyclage sont les mêmes procédés qu'on utilise pour extraire des métaux ou d'autres minéraux des ressources minérales. On utilise exactement les mêmes techniques, que ce soit de l'hydrométallurgie ou de la pyrométallurgie. Voilà, donc on extrait aussi de la même manière. Ce qui compte aussi dans le bilan carbone, ça va être la récupération, pour pouvoir recycler, des choses qui sont disséminées dans la technosphère, qui sont utilisées par tout le monde. C'est donc cette récupération des métaux qui va aussi avoir un coût en CO2 dans le transport de la matière pour les récupérer auprès des gens et les ramener dans des usines de recyclage. Et ça, effectivement, ça a aussi un bilan en CO2. Je vais rajouter un point. Ce point-là est extrêmement important et ça nous amène à une réflexion... Quand je dis "nous", ce sont les scientifiques qui travaillent sur ce sujet, au BRGM ou ailleurs. C'est qu'il va sans doute falloir qu'on construise des chaînes d'usage. Je m'explique. Si on purifie de manière parfaite un élément chimique, il ne reste aucune impureté, il sera plus facile à recycler que si on en a fait un alliage avec plein d'autres éléments chimiques en traces. Dans le cas où on met des éléments en traces, je ne suis pas sûr qu'il sera rentable de chercher un pouillème mélangé à plein de choses d'un point de vue énergétique. Il faut qu'on réfléchisse à l'ordre dans lequel on utilise une matière. D'abord, je vais l'utiliser dans quelque chose de concentré pour facilement la recycler et à l'étape où je l'utilise dans quelque chose de dispersé et que ça coûte trop cher de la récupérer, ce sera une dernière étape après plusieurs usages différents. Il faut organiser l'usage de la matière, sinon on va se prendre le mur. Bonsoir, merci beaucoup pour votre présentation. J'aimerais rebondir sur votre commentaire sur l'organisation de la répartition de la matière. Je suppose que ces choses devront passer par des institutions et une discussion politique. Est-ce que vous identifiez aujourd'hui des institutions qui pourraient avoir ce rôle ? Ou est-ce que ce sont des institutions à créer et quelles formes elles pourraient prendre ? Merci. Je me garderai bien de répondre à la dernière partie, savoir la forme qu'elle doit prendre. Par contre, ce qui est clair, c'est qu'on a besoin d'organiser nos filières industrielles et on a déjà des outils pour ça, même s'il ne sont pas parfaits. Je pense aux Comités Stratégiques de Filière sur un nombre de grandes filières qui sont là pour coordonner les différents acteurs industriels sur un objectif, par exemple, l'aéronautique ou l'automobile, et qui fonctionnent assez bien. L'analyse qu'on a fait dans le rapport Varin remis au gouvernement sur la fragilité des filières industrielles s'est appuyée sur ces comités stratégiques qui permettent d'organiser et de structurer une activité. Est-ce qu'ils pourront structurer les chaînes de valeur ? Je ne sais pas. Je pense que c'est sans doute le marché qui va gouverner ça parce que le prix de la matière dépendra de son niveau de pureté ou de dispersion et que de ce fait, ça peut organiser spontanément les usages dans un sens puis dans un autre. Donc ce sera un mélange entre du normatif via des institutions et des coûts de matières qui seront pas les mêmes. Bonjour, Salomé Queffeulou du RVE du CEA de Marcoule. Je travaille dans le recyclage de batteries Lithium-Ion depuis 4 ans et déjà, je vous remercie pour cette présentation. Ça montre à tout le monde l'importance du recyclage bien qu'il soit une part faible de la solution. Mais ça donne aussi un sens au métier que je peux faire, et mes collègues aussi. Mais c'est vrai que ça nous... Pour une réaction un peu plus émotionnelle, ça nous... Il faut donner un petit peu d'espoir, disons, parce que... en voyant tout ça, on est un peu... Ça déprime. Si je peux me permettre de rebondir sur ce propos, si le message que vous retirez... Enfin, je souhaite corriger le message que j'ai donné. Non, il était dans le bon sens, mais si on prend du recul et on voit la big picture, on... Désolée, je suis quelqu'un de très émotionnel. Je vais me calmer mais... je suis passionnée par mon métier et à voir tout ça, on se dit : "Mon Dieu, mais on va où ?" Mais je vais continuer à travailler, pas de problème ! Et essayer de trouver des solutions, bien entendu. Mais voilà, c'est vrai que ça fait un peu peur. Peut-être... Il y a plusieurs éléments par rapport à ça. Je comprends que ça fasse peur dans la complexité des problèmes. C'est à dire qu'il faut tuer une bonne fois pour toutes les solutions simples et ceux qui essaient d'en vendre. Il y en a pas. On est face à un monde complexe et on est surtout face à une situation où toutes les solutions sont bonnes à prendre. Et on n'a vraiment aucun droit d'en laisser de côté si elles répondent à l'enjeu du changement climatique et de la lutte contre l'effet de serre. Évidemment, le recyclage est extrêmement important. C'est une partie de la solution, mais pas l'intégralité de la réponse. Ça, c'est un point important. Le 2e point, c'est qu'il faut avancer et qu'on s'améliore sur l'efficacité énergétique. Il y a sans doute une certaine sobriété énergétique qui fait qu'on va peut-être aplatir les courbes plus que ce que je vous ai montré. Il y a un point que je n'ai pas suffisamment détaillé, qui ressortait dans une décision prise à l'issue du rapport Varin : la technologie évolue très vite. On le voit sur les batteries, j'imagine que vous suivez ça, mais aussi sur les moteurs et tout un tas de sujets. Donc ce bilan est fait avec les technologies d'aujourd'hui. Si on fait l'exposé dans 5 ou 10 ans, on aura un point de vue différent car on améliore les technologies à grande vitesse. Je ne dis pas que la technologie va tout résoudre et que ce n'est pas la peine de se bouger et faire des efforts. Néanmoins, c'est une partie de la solution. C'est à dire que... Par exemple, jusqu'à il y a pas longtemps, on faisait des batteries avec des cathodes NMC, nickel, manganèse, cobalt. Aujourd'hui, des grands pays comme la Chine basculent et se disent que pour certains usages, on ferait mieux d'avoir des cathodes lithium, fer, phosphate. Donc, ils ont moins besoin de cobalt, de nickel, etc. Ça change toutes mes images. Parce qu'on apprend en marchant, sur tout ça. On est face à des problèmes nouveaux, donc on se rend compte que... Il faut sortir des solutions simples et uniques. On essaie d'appliquer les mêmes technologies et solutions pour un tas de problèmes différents mais il faut faire des choses sur mesure. On n'aura pas la même batterie pour un véhicule de ville avec quelques km par jour qu'un véhicule de longue distance, un camion ou un bus. On commence juste à intégrer ça et donc ça va permettre d'élargir la palette des possibles et aussi de réduire, je dirais, l'ampleur des montagnes qu'on a à monter collectivement. Merci, je vous prie de m'excuser.
Résumé de la conférence
Depuis l'accord de Paris (2015), la lutte contre le changement climatique est devenue une priorité pour nos sociétés : réduction drastique et rapide des énergies fossiles fortement émettrices de gaz à effet de serre au profit des énergies décarbonées, énergies renouvelables et nucléaire, électrification rapide des usages, notamment pour la mobilité.
Or, ces nouvelles technologies se révèlent être fortement consommatrices de ressources minérales, d'autant plus qu'elles restent peu performantes énergétiquement. La question de la capacité de l'industrie minière à répondre à l'explosion de la demande pour des métaux comme le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre ou les terres rares est ainsi devenue en quelques années un enjeu majeur pour nos sociétés, surtout pour des pays comme la France dont les approvisionnements reposent intégralement sur les importations.
Alors que nos pays ont été échaudés par les ruptures d'approvisionnement occasionnées par la crise sanitaire du COVID, sécuriser des approvisionnements sur le long-terme est aujourd'hui devenu un objectif politique et industriel majeur comme vient de le rappeler le rapport remis le 11 janvier 2022 au gouvernement par Philippe Varin. Pour ce faire, développer une intelligence minérale prospective, construire une diplomatie des ressources ou relocaliser une partie des chaînes de valeur industrielle en France devront faire partie des solutions que la France doit rapidement déployer afin de préserver sa souveraineté industrielle et stratégique.
Cette conférence s'attache à expliciter la nature et l'ampleur des besoins en métaux stratégiques face aux ressources et perspectives de production, en éclairant les enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux qui en découlent.