L’évaluation du coût de l’inaction face à l’augmentation des risques côtiers sur le littoral de la Guadeloupe à l’horizon 2050 constitue un enjeu important. Il s’agit en particulier d’évaluer l’impact économique que pourraient générer la submersion marine et le recul du trait de côte si aucune action d’adaptation n’est mise en place pour en réduire les effets. 
 
19 juin 2019

Évaluation économique des risques côtiers en Guadeloupe

Le BRGM, l'Ademe et la CCI de Guadeloupe mènent une étude auprès des entreprises de Guadeloupe pour évaluer les impacts économiques des risques côtiers. 

© BRGM 

La Guadeloupe est soumise aux risques cycloniques, ce n'est pas nouveau. Ce risque va augmenter. Le territoire guadeloupéen s'est adapté, mais quelle est sa vulnérabilité aujourd'hui, et dans 30 ans, si rien de plus n'est fait ? Quels seraient les coûts des dommages et des pertes économiques causés par la submersion marine pour un cyclone donné ? Une équipe de BRGM cherche à répondre à ces questions dans le cadre d'une étude publique financée par l'Ademe, la Chambre de Commerce et d'Industrie des îles de Guadeloupe et le BRGM. L'objectif est de formuler des recommandations spécifiques au territoire et au tissu économique guadeloupéen pour aider les décideurs locaux à construire une stratégie d'adaptation pertinente et efficace. Les ingénieurs du BRGM ont reproduit numériquement le cyclone de 1928. Un cyclone de catégorie 3 qui était passé en plein milieu de l'île et avait fait des dégâts énormes et près de 1 400 morts. Pour les deux premiers cites d'étude que sont Jarry et Pointe-à-Pitre, nous avons identifié les logements, les entreprises et les infrastructures exposés à la submersion marine pour ce scénario. Puis, les coûts des dommages directs ont été chiffrés. Avec un tel événement aujourd'hui, ce serait 21 millions d'euros de dommages sur Jarry et la même chose sur Pointe-à-Pitre. Et si on rajoute la hausse du niveau de la mer attendue dans 30 ans, c'est-à-dire 26 cm, les coûts augmentent de 16 % sur Jarry et de 21 % sur Pointe-à-Pitre. En plus de ces dommages matériels, il faut aussi prendre en compte les perturbations de l'activité économique. Pour faire cette estimation, nous mettons en œuvre une démarche d'évaluation participative faisant appel à tous les acteurs locaux concernés par le risque. Un scénario post-catastrophe a été construit en concertation avec les principales institutions territoriales et les gestionnaires de réseau. Ensuite, ce scénario a été discuté avec les représentants de différents secteurs d'activité pour en estimer les potentielles conséquences économiques. Mais selon vous, quelles seraient les conséquences de ce scénario pour votre entreprise ? Quelle que soit la taille de votre établissement et votre activité, une boulangerie, une banque, un coiffeur, une usine, réalisez votre auto-diagnostic de vulnérabilité. Nous avons conçu un questionnaire qui vous permet de faire facilement et gratuitement votre auto-diagnostic. Si vous êtes à la direction d'une entreprise située à Jarry ou à Pointe-à-Pitre, regardez attentivement le scénario post-catastrophe qui va suivre et imaginez les conséquences pour votre entreprise. Après, répondez au questionnaire pour non seulement faire un 1er pas vers la réduction de votre vulnérabilité, mais aussi pour participer à cette étude qui influencera les prochaines politiques guadeloupéennes d'adaptation aux risques côtiers. Voici le scénario possible pour les 2 zones d'étude que sont Jarry et Pointe-à-Pitre. Sachez que vous pourrez revoir la vidéo du scénario pendant que vous répondrez au questionnaire. En bleu apparaissent les zones submergées lors du passage du cyclone. En orange, les bâtiments touchés. En rose, les routes touchées. Il faut un peu moins de 48 heures pour que l'eau s'évacue. Jusqu'à la fin du 2e jour, la circulation est presque impossible sur toutes les routes submergées à cause de l'eau, puis des déchets. La priorité est à la mise en sécurité des personnes et des biens. C'est une coupure électrique générale. Les sites sensibles fonctionnent sur leur groupe électrogène. Les réseaux téléphoniques et Internet, qu'ils soient fixes ou mobiles, sont en panne. L'alimentation en eau potable est interrompue entre 1 à 2 jours. Ces 2 premiers jours, le territoire est comme paralysé. Entre le 2e et le 4e jour, la plupart des routes ont été dégagées, mais certaines nécessitent des réparations plus lourdes, ce qui perturbe la circulation. La traversée du pont de la Gabarre est très problématique et les accès à Jarry sont particulièrement compliqués. L'électricité est rétablie, mais pas dans les zones en bleu. Dans ces zones, il n'y a pas non plus de téléphonie mobile. Partout ailleurs, le réseau mobile est dégradé et saturé. Il n'y a pas de données mobiles, mais la voix seulement. Le réseau téléphonique et Internet fixe est lourdement touché. Ce qui rend notamment compliqué de retirer de l'argent et de payer par carte bancaire. Entre le 4e et le 7e jour, la circulation reste très perturbée pour les accès nord de Jarry et pour la traversée du pont. Dans les zones en bleu, le retour de l'électricité est très lent. Pendant la seconde semaine, l'accès nord-est de Jarry reste le dernier point noir de circulation. On observe un rétablissement massif de l'électricité. Pour la téléphonie mobile, il y a une extension progressive de la couverture et de la puissance du réseau. C'est enfin le retour de l'Internet mobile. À la fin de la seconde semaine, il n'y a plus de perturbations de circulation et les rares bâtiments privés d'électricité restent des cas exceptionnels. Le téléphone et l'Internet fixe ne sera rétabli qu'au bout de 3 mois pour Jarry et 6 mois pour Pointe-à-Pitre. Le réseau mobile est donc très sollicité. Dans ce scénario, que votre entreprise soit directement touchée ou non par la submersion, quelles sont les conséquences pour votre établissement ? Vous participerez ainsi à cette étude unique en France et surtout à la construction d'une politique d'adaptation aux risques qui soit pertinente vis-à-vis des réalités de votre territoire et de votre tissu économique.