Le BRGM est un acteur majeur pour orienter la sécurisation de l’approvisionnement en matières minérales stratégiques en maîtrisant des compétences multidisciplinaires.
7 avril 2022
Philippe Varin, Ex. Vice-Président du conseil national de l’Industrie et président de France Industrie, président du conseil d'administration de Suez. Auteur du rapport Varin sur les ressources minérales.

Philippe Varin, Ex. Vice-Président du conseil national de l’Industrie et président de France Industrie, président du conseil d'administration de Suez. Auteur du rapport Varin sur les ressources minérales.

© CNI

Interview de Philippe Varin, ex-vice-président du conseil national de l’Industrie et président de France Industrie, président du conseil d'administration de Suez. Auteur du rapport Varin sur les ressources minérales.

Dans votre rapport sur les ressources minérales, vous mettez en lumière la rupture qui se profile…

Philippe Varin : Ce monde qui change, ce « monde d’après » que je décrirai comme pauvre en carbone et très riche en métaux, où les matières premières minérales seront un enjeu pour la transition énergétique, se caractérisera par de nouvelles tensions géopolitiques liées à l’approvisionnement en métaux critiques. Nous passerons d’un monde régi par les acteurs du pétrole à une géopolitique marquée par la confrontation USA-Chine sur l’accès aux métaux.

Nous connaîtrons également une croissance exponentielle des besoins, multipliés, à l’horizon 2030 par deux pour le cuivre, trois pour le nickel, quatre pour le lithium, métaux critiques pour les batteries ! Le risque de pénurie est important.

Il est nécessaire de sécuriser l’accès à ces matières premières, d’aider à localiser leur transformation sur le sol français, mais également d’élaborer de nouvelles réglementations.

Quel est l’apport du BRGM dans ce contexte ?

P.V. : Le BRGM revêt une importance particulière. Il est même essentiel, doté d’un potentiel important et je suis convaincu que son rôle sera clé.

Compte tenu de la situation de l'Europe sur l’extraction de matières premières, il faut aller à l’international, augmenter les capacités de nos sociétés minières. Le BRGM sera donc un acteur majeur pour orienter la sécurisation de l’approvisionnement en matières minérales stratégiques, en s’appuyant tout naturellement sur nos compétences minières renforcées.

L’Europe doit aussi se doter de fonds d’investissements et d’une véritable diplomatie des métaux. Piloté par le BRGM en liaison avec les opérateurs miniers français, l’Observatoire des métaux critiques, qui vient d’être décidé par l’État, sera un outil indispensable. C’est une occasion unique de mettre au travail toutes les données issues du BRGM.

Et concernant la localisation et la réglementation ?

P.V. : La transformation est une activité à très forte valeur ajoutée. Concernant les batteries, un écosystème proche des gigafactories est proposé à Dunkerque. Pour les aimants, le recyclage, qui remplirait 20 % des besoins, pourrait se faire à Lacq. 

Mais en plus des plateformes industrielles il faut des feuilles de route pour la R&D et les compétences : le BRGM sera associé à leur élaboration et leur suivi et contribuera ainsi à notre montée en compétences sur la chimie des batteries et la métallurgie des aimants. 

Enfin, la réglementation est un gros enjeu. L’Union européenne met en place un règlement batteries, un passeport empreinte CO2 et travaille sur la mine responsable. Pour cette dernière, il faut définir un référentiel : le BRGM, spécialiste de la mine responsable, sera précieux en conseil et en évaluation.

Je fais totalement confiance à l’équipe de management du BRGM pour assumer ces rôles essentiels.