Nicolas Juillet, Vice-Président de France Eau Publique, président du SDDEA (Syndicat Départemental des eaux de l'Aube).
© France Eau Publique
Interview de Nicolas Juillet, vice-président de France Eau Publique, président du SDDEA (Syndicat Départemental des eaux de l'Aube).
Comment résumer les enjeux actuels de l’eau pour un syndicat comme le vôtre ?
Nicolas Juillet : Le SDDEA a 80 ans et a pris son essor en 2015 où il est passé de simple appui (support, conseil…) à opérateur à l’échelle du département. En effet, depuis la Loi NOTRe sur l’eau potable, l’assainissement, les eaux pluviales et GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), tous les syndicats communaux ont été dissous, rassemblés, et dans l’Aube les compétences ont été transférées au syndicat qui se trouve maître d’ouvrage à l’échelle du territoire.
Les enjeux sont forts. Par exemple, le département de l’Aube compte 300 000 habitants… et pour les fournir en eau il n’y a pas moins de 200 points de captage. Impossible de réaliser des études sur 200 bassins de captage : il faut rationaliser.
De plus, le changement climatique se fait ressentir dans notre région, preuve en est par exemple les tensions sur la ressource lors des pics de consommation d’eau pendant les vendanges. Son impact commence à peser pour l’ensemble de nos compétences, et nous devons le modéliser. Il s’agit de gros investissements dans la durée, avec une « Stratégie 2100 » afin que les infrastructures en eau soient pérennes. Et des problèmes techniques concrets d’interconnexion, de développement des infrastructures dans un cadre de durabilité, de rationalisation…
Pourquoi avoir choisi le BRGM ?
N.J. : L’anticipation devient donc un maître-mot : Quel peut être le niveau de captation prévisionnel ? Quels investissements dans ce contexte ? Comment améliorer la qualité de l’eau avec le problème du transport des polluants émergents ?
Dans ce cadre les contacts sont déjà anciens entre le BRGM et nous. Avec un tournant, il y a trois ans, dans le cadre du changement climatique, où il est devenu un partenaire clé. En quelque sorte, le syndicat est devenu un « laboratoire de terrain » du BRGM. Et les compétences eaux souterraines du BRGM nous sont essentielles, pour travailler sur l’eau dans toutes ses dimensions, à toutes les échelles.
Concrètement, quels travaux et quel bilan ?
N.J. : Dix schémas d’alimentation en eau potable sont en cours d’établissement sur le département selon la géologie des sols. Le BRGM travaille sur des modèles de prévision de niveau des nappes dans le temps avec des hypothèses sur les différents scénarios d’évolution climatique. Pour ce faire, il procède à une adaptation locale des modèles globaux dont il dispose. Et il tente de répondre à des questions clés : quels aménagements de surface ? Dans quel département agricole ? Comment ne pas se débarrasser de l’eau mais la stocker ou l’orienter ?
Le BRGM doit proposer des solutions concrètes et pérennes. À ce stade, nous sommes pleinement satisfaits des premiers éléments de ce partenariat, avec un point d’étape à venir et des schémas d’ici à 2026. Les éléments de nos travaux seront partagés avec nos partenaires et notamment la Chambre d’agriculture.