Quel risque de sécheresse menace les nappes d’eau souterraine – on parle à ce propos de sécheresse hydrogéologique – en France métropolitaine ? Pour 2022, les prévisions sur les nappes se révèlent assez pessimistes.
10 août 2022
Risque sécheresse sur les nappes à enjeux en 2022.

Risque sécheresse sur les nappes à enjeux en 2022.

© BRGM

Quel risque de sécheresse en 2022 en France métropolitaine ?

Le risque de sécheresse se définit par la possibilité d’atteindre, d’ici août-septembre 2022 :

  • des niveaux bas à très bas, une situation plutôt rare ;
  • des niveaux sous les seuils d’alerte définis par arrêtés préfectoraux sur des piézomètres représentatifs.

Les prévisions sur les nappes se révèlent assez pessimistes.

Afin de protéger nos ressources en eau, il est indispensable de suivre les mesures d’économie de cette ressource vitale. Ces mesures permettent de garantir des niveaux d’eau dans les nappes suffisants pour alimenter en eau potable la population et pour réguler le débit des cours d’eau.

Les zones en risque « très fort »

En rouge foncé sur la carte

Le risque « très fort » de sécheresse est en effet avéré sur le Sud-Est et concerne les nappes des calcaires karstifiés de la Provence, les nappes alluviales et des formations tertiaires de la Côte d’Azur. Ce risque affecte également le Centre-Ouest, dont les nappes des calcaires jurassiques de Charentes, de la Brenne et du Poitou ; la nappe des sables cénomaniens du Perche et du Maine et la nappe de la craie séno-turonienne de Touraine.

Sur ces secteurs, des restrictions d’eau souterraine ont déjà été mises en place et il est peu probable que la situation s’améliore durant les prochaines semaines.

Les zones en risque « fort »

En rouge clair sur la carte

Les secteurs à risque « fort » abritent des nappes dont les niveaux sont déjà sous les normales. Leur situation pourrait se dégrader rapidement, en conséquence soit de l’absence de pluies suffisantes, soit d’une forte sollicitation par pompages.

Les zones en risque « très faible » à « faible »

En vert foncé ou vert clair sur la carte

Enfin, les niveaux des nappes identifiées comme à risque « très faible » à « faible » devraient rester satisfaisants durant tout l’été. Il s’agit de nappes inertielles peu sensibles à la sécheresse de l’année en cours, ou de nappes réactives ayant bénéficié d’une recharge satisfaisante.

Des tensions pourraient cependant apparaître localement, en cas de forte sollicitation des eaux souterraines par les prélèvements.

Détail de la méthodologie utilisée pour élaborer la carte du risque sécheresse.

Détail de la méthodologie utilisée pour élaborer la carte du risque sécheresse.

© BRGM

Comment la carte de la sécheresse est-elle élaborée ?

L’élaboration de la carte du risque sécheresse repose sur l’état initial des nappes après la période de recharge hivernale 2021-2022, sur des prévisions saisonnières de Météo-France, sur les prévisions saisonnières issues de modèles hydrogéologiques ainsi que sur l’expertise des hydrogéologues régionaux du BRGM.

À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne. L’évolution de la situation des nappes dans les prochains mois de 2022 dépendra donc de pluies efficaces qui parviendront à s’infiltrer en profondeur, des prélèvements en eau et de la résistance des nappes à la sécheresse.

Concernant les nappes inertielles, les précipitations ne devraient pas engendrer une recharge notable, sauf événements pluviométriques très exceptionnels. La situation des nappes inertielles devrait se dégrader lentement durant les prochains mois, ou plus rapidement sur les secteurs fortement sollicités.

Sur les nappes réactives, en cas de précipitations insuffisantes, la vidange devrait se poursuivre et la situation devrait alors continuer à se dégrader. Les épisodes pluviométriques importants pourront néanmoins provoquer des recharges momentanées, permettant alors de soutenir les niveaux (pause temporaire de leur baisse) voire, très ponctuellement, d’entraîner une hausse des niveaux.

Les prévisions saisonnières de Météo-France privilégient un scénario plus chaud que la normale sur l’ensemble du territoire et plus sec que la normale sur la moitié Sud.

En conséquence, la carte du risque sécheresse a été construite sur une hypothèse pessimiste, en considérant que la situation des nappes devrait continuer à se dégrader durant les prochains mois. Il n’est cependant pas exclu que des perturbations océaniques traversent la France et engendrent des épisodes de recharge importante. Les campagnes d’irrigation pourraient également influencer la situation des nappes.