L’état des nappes phréatiques a continué de se dégrader courant juin. La vidange se poursuit et l’ensemble des nappes observent des niveaux en baisse.
12 juillet 2022
Carte de France de la situation des nappes au 1er juillet 2022.

Carte de France de la situation des nappes au 1er juillet 2022.

© BRGM

Situation hydrogéologique au 1er juillet 2022

En juin, la vidange se poursuit et l’ensemble des nappes observent des niveaux en baisse. Ce constat est habituel en été. Les pluies importantes de juin ont principalement permis d’humidifier les sols et bénéficié à la végétation mais elles ne se sont que peu infiltrées en profondeur vers les nappes sauf très localement.

L’état des nappes continue de se dégrader courant juin, sauf sur les nappes calcaires jurassiques de Charente et du sud Vendée. Les niveaux des nappes se situent généralement autour ou en-dessous des niveaux moyens mensuels. Un nombre marqué de réservoirs affiche des niveaux modérément bas à bas. La situation est particulièrement préoccupante, avec des niveaux localement très bas sur plusieurs secteurs notamment au centre-ouest (Charente, Poitou, Brenne, Touraine) et au sud-est (Bas-Dauphiné, Provence et Côte d’Azur).

En juillet, les tendances des nappes inertielles devraient rester orientées vers la baisse. Leur situation ne devrait que peu se modifier durant les prochaines semaines, sauf sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements. Concernant les nappes réactives, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales, de l’évapotranspiration et des demandes en eau. La situation devra être surveillée sur l’ensemble du territoire et plus particulièrement sur les nappes réactives, sur les nappes inertielles affichant des niveaux bas en juin et sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements.

L’ensemble des nappes du territoire a bénéficié d’une recharge hivernale 2021-2022 nettement inférieure à la moyenne. Cette période de recharge s’est terminée avec deux à trois mois d’avance, entre janvier et mars, du fait de l’absence de précipitations notables. Les nappes ont alors débuté leur vidange et les niveaux sont généralement restés orientés à la baisse durant tout le printemps.

En juin, la vidange des nappes se poursuit et les niveaux demeurent en baisse. Ce constat est habituel pour la période. Les eaux infiltrées dans les sols permettent d’humidifier les sols et profitent à la végétation. Elles ne sont que peu efficaces pour assurer une recharge des nappes.

Suite aux précipitations importantes de juin, quelques pics de crue s’observent cependant localement. Mais ces hausses restent momentanées et les niveaux repartent à la baisse dès que les apports pluviométriques ne sont plus suffisants pour compenser la vidange. Les pluies efficaces, conjuguées à une diminution de la demande en eau (irrigation essentiellement), ont eu un effet positif sur quelques secteurs abritant des nappes réactives. Ainsi, l’intensité de la vidange a été ralentie sur les nappes du socle du Massif armoricain en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère ainsi que sur les nappes des calcaires jurassiques de Vendée et du Berry sud.

En juin 2022, les niveaux sont peu favorables, de proches à très en-dessous des normales mensuelles. Cet état s’explique d’une part par la recharge très déficitaire de l’automne et de l’hiver 2021-2022 et d’autre part par un printemps particulièrement sec. A partir de février, la vidange des nappes a été régulière. L’état des nappes s’est alors dégradée progressivement, à l’exception de rares secteurs ayant bénéficié de pluies efficaces suffisantes durant le printemps.

Concernant les nappes inertielles du nord de la France et du couloir Rhône-Saône, la détérioration graduelle observée depuis mars-avril s’accentue courant juin. Ces baisses de niveaux peuvent notamment être accentuées par les fortes demandes en eaux souterraines. Les niveaux sont globalement modérément bas au droit des nappes du Bassin parisien et bas sur les nappes du couloir Rhône-Saône.

Concernant les nappes réactives, les niveaux sont globalement sous les normales mensuelles. La situation continue généralement de se dégrader, notamment sur les secteurs n’ayant pas bénéficié d’apports pluviométriques suffisants pour engendrer une recharge et sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements d’eaux souterraines. La situation s’améliore uniquement sur les nappes calcaires jurassiques de Charente et du sud Vendée, du fait d’apports pluviométriques et d’un ralentissement des prélèvements pour l’irrigation.

Plusieurs nappes présentent des situations favorables, avec des niveaux autour des normales par rapport aux mois de juin des années antérieures :

  • Les niveaux des nappes des formations tertiaires de la Brie au Tardenois, peu sensibles à l’absence de pluies efficaces, restent proches des normales ;
  • Les nappes alluviales de la Garonne, de la Dordogne et de leurs principaux affluents ont profité de plusieurs épisodes de recharge durant le printemps et conservent des niveaux proches des normales mensuelles ;
  • Les nappes alluviales et pliocènes du littoral languedocien et du Roussillon ont bénéficié des pluies efficaces en mars-avril et leurs niveaux sont comparables aux normales.

De nombreuses nappes montrent des situations moins favorables avec des niveaux bas, voire localement très bas, par rapport à tous les mois de juin :

  • Les nappes des calcaires jurassiques de Charente, du Poitou et de la Brenne observent des niveaux bas, conséquences des déficits pluviométriques durant l’hiver et le printemps, même si la situation peut s’être localement améliorée en juin ;
  • Les niveaux de la nappe de la craie de Touraine sont bas, la période de recharge ayant été tardive et écourtée ;
  • Les niveaux des nappes inertielles des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté sont bas, héritage de plusieurs recharges successives déficitaires ;
  • La nappe alluviale de la plaine d’Alsace dont les niveaux sont modérément bas à très bas ;
  • Les nappes inertielles des corridors fluvio-glaciaires du Rhône moyen enregistrent une dégradation progressive de la situation et les niveaux sont hétérogènes, de proches des normales à très bas ;
  • La nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné reste en situation critique avec des niveaux globalement bas, conséquences d’une baisse progressive sur plusieurs années. Des niveaux très bas s’observent toujours dans la Plaine de Valence et dans les collines nord-Drôme ;

Les niveaux des nappes des alluvions et des formations complexes de Provence et de la Côte d’Azur sont toujours préoccupants, de bas à très bas, du fait de faibles recharges en 2020-2021 puis en 2021-2022 et d’un étiage estival 2021 assez sévère.

Les prévisions saisonnières de Météo-France annoncent des conditions plus sèches que la normale sur les deux-tiers sud de la France pour le prochain trimestre. Aucun scénario n’est privilégié sur le nord de la France. Les températures devraient être plus élevées que la normale sur l’ensemble du territoire. Des épisodes de pluviométrie importante pourraient cependant survenir ponctuellement.

En juillet, la vidange devrait se poursuivre sur l’ensemble des nappes du territoire. L’absence de précipitations prévue par MétéoFrance pourrait accentuer les tendances à la baisse. En cas d’absence de pluies suffisantes engendrant une sécheresse des sols et une demande en eau accrue, la situation pourrait continuer à se dégrader. Les apports pluviométriques survenus fin juin devraient toutefois de limiter les besoins pour l’irrigation et d’alléger ainsi la pression exercée sur la ressource en eau au droit des secteurs les plus arrosés.

Concernant les nappes inertielles, aucun épisode de recharge ne devrait s’observer, sauf événements pluviométriques très exceptionnels. Aucune amélioration n’est attendue avant l’automne. La situation devrait continuer à se dégrader plus ou moins lentement selon les volumes prélevés en eaux souterraines. La situation pourrait devenir préoccupante sur les nappes inertielles du couloir Rhône-Saône.

Concernant les nappes réactives, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales et des demandes en eau. En cas de pluies insuffisantes, les niveaux devraient rester en baisse et la situation devrait continuer à se dégrader rapidement. Les niveaux des nappes réactives pourraient alors atteindre des seuils bas à très bas sur une grande partie du territoire. Cependant, des épisodes pluviométriques importants pourront provoquer des recharges momentanées. Ces recharges permettront de soutenir les niveaux voire très ponctuellement d’observer une hausse des niveaux. La situation pourrait alors s’améliorer localement, sans toutefois remonter au-dessus des normales sur les nappes très basses.

La situation devra être particulièrement surveillée sur l’ensemble des nappes du territoire et notamment sur les nappes réactives, sur les nappes inertielles affichant des niveaux bas en juin et sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements.

Bulletin de situation hydrologique

Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.

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