La collaboration entre le World Materials Forum et le BRGM est établie depuis 2015 afin de prioriser les actions sur l’approvisionnement, la substitution ou le recyclage des matériaux les plus critiques.
19 septembre 2021
Victoire de Margerie, Fondatrice et vice-présidente, World Materials Forum (2021).

Victoire de Margerie, Fondatrice et vice-présidente, World Materials Forum (2021).

© World Materials Forum

Interview de Victoire de Margerie, Fondatrice et vice-présidente, World Materials Forum.

En quelques mots, qu’est-ce que le World Materials Forum ?

Victoire de Margerie : Nos participants surnomment le World Materials Forum le « Davos des matériaux ». Nous l’avons créé en 2015 avec Philippe Varin et André Rossinot pour réconcilier l’industrie et l’environnement, démontrer qu’il est possible de « faire » de la croissance frugale en ressources naturelles tout en créant de la valeur pour l’industrie et en répondant aux besoins de nos concitoyens en matière d’alimentation, d’habitat, de mobilité et de connectivité. Ce que nous appelons le découplage. CEO de grands groupes industriels et de start-up, scientifiques et experts, politiques et médias du monde entier… Nous nous réunissons pour échanger des idées et surtout pour imaginer et mettre en œuvre des solutions

Comment les technologies de l’information et la transition écologique changent-elles les besoins en matériaux ?

V. M. : Ces domaines augmentent sensiblement la criticité de certains matériaux : cuivre et nickel sont au cœur des batteries de voitures électriques, smartphones ou systèmes de stockage d’énergie ou de données. En plus de notre observatoire de la Criticité nous avons développé des outils, parmi lesquels des KPIs (key performance indicators) pour mesurer les progrès réalisés dans l’utilisation plus intelligente et économe des matériaux tout au long de la chaîne de valeur de la mine jusqu’au recyclage des produits finis. Et nous avons aussi créé un Start-Up Challenge qui connecte grands groupes et start-up pour produire une innovation agile. Enfin, nous avons établi la liste des dix technologies où nous pensons qu’il faut concentrer collectivement au niveau mondial les efforts de R&D et les investissements industriels pour avoir un impact sur le découplage dont je parlais plus haut.

En quoi se traduit la collaboration avec le BRGM ?

V. M. : Depuis 2015, nous étudions avec le BRGM, CRU et McKinsey les éléments du Tableau de Mendeleïev pour prioriser les actions sur l’approvisionnement, la substitution ou le recyclage des matériaux les plus critiques. C’est l’Observatoire de la criticité des matières premières. Il s’agit d’évaluer la criticité, et de proposer des solutions pour la réduire, comme la substitution d’éléments ou le développement de projets miniers nouveaux « verts » (consommant infiniment moins d’eau et d’énergie).

La criticité de chaque élément est évaluée sur la base de 7 grands critères incluant les perspectives de marché, les considérations géopolitiques et les performances environnementales.

Un groupe de travail se réunit chaque mois, avec la mise en commun d’informations. La restitution du travail commun se fait au WMF avec, chaque fois, des perspectives d’évolution pour l’année suivante.