L’Anthropocène a vu des changements profonds du cycle de l’eau, augmentant la pression sur les ressources en eau, tant sur leur quantité que sur leur qualité. La recharge maîtrisée des aquifères permet d’atténuer l’impact humain sur l’eau souterraine.
31 mars 2021
Bassin d'infiltration "Tumulur" sur le bassin de Maeshwaram en Inde

Bassin d'infiltration "Tumulur" sur le bassin de Maeshwaram (Andhra Pradesh, Inde).

© BRGM - Wolfram Kloppmann

Extrait de l’article publié dans la revue Géosciences n°25 du BRGM : « L’anthropocène, quand l’Homme imprime sa marque ».

Nous savons que les eaux souterraines françaises sont de plus en plus sollicitées pour l’alimentation en eau potable, mais aussi pour l’agriculture, l’industrie et les loisirs, au point que la situation est critique dans certains départements en été et que de nombreux préfets recourent à des restrictions d’usage de l’eau. Allons-nous manquer d’eau demain ?

Des expériences douloureuses dans le monde montrent à quelle vitesse des régions rurales ou de grandes capitales peuvent frôler l’épuisement de leurs ressources en eau. Des solutions existent pour maintenir l’équilibre fragile entre nos besoins croissants et l’aléa de l’offre naturelle. On parle de "gestion intégrée de la ressource en eau", qui vise à préserver le niveau des nappes d’eau souterraine, les débits des cours d’eau, mais aussi à lutter contre les inondations et la salinisation des eaux en milieu côtier.

Gestion de la ressource en eau : des solutions existent

Les solutions, dans leur grande majorité, existent déjà, dans le monde et en France. Il s’agit de les intégrer dans des stratégies cohérentes de gestion des nappes :

  • caractériser, suivre et prévoir sur la base de modèles fiables l’évolution des ressources et besoins en eau ;
  • pratiquer la sobriété en optant pour des activités moins consommatrices d’eau ;
  • diminuer la pression sur la qualité de l’eau en diminuant la quantité de produits chimiques persistants et mobiles dans l’environnement ;
  • améliorer davantage le traitement des eaux usées avant leur rejet dans le milieu naturel ou leur réutilisation ;
  • utiliser et réutiliser des eaux non conventionnelles (eaux usées, eaux salines, pluies urbaines…) après traitement adapté ;
  • retenir l’eau sur les territoires en ralentissant les écoulements et en stockant l’eau dans les milieux naturels.
Système de recharge de l'aquifère côtier du Gapeau par des eaux de rivière "Aquarenova", développé par Suez à Hyères

Système de recharge de l'aquifère côtier du Gapeau par des eaux de rivière "Aquarenova", développé par Suez à Hyères (83).

© Géraldine Picot-Colbeaux

La recharge maîtrisée des aquifères pour améliorer la qualité des eaux souterraines

Les aquifères ont des capacités considérables de stockage. Le concept de la recharge maîtrisée des aquifères, développé depuis des décennies notamment dans les pays arides, consiste à stocker provisoirement en aquifère de l’eau en excès, de provenances diverses, pour une utilisation différée.

Les systèmes de recharge des aquifères peuvent aussi et surtout apporter une amélioration de la qualité des eaux souterraines. Ces techniques permettent de freiner ou de repousser une intrusion d’eau salée ou d’utiliser la capacité épuratrice du sol, des berges des cours d’eau et de l’aquifère lui-même pour une épuration naturelle de l’eau.

La recharge maîtrisée des aquifères constitue en cela un des outils innovants et précieux pour rendre nos territoires plus résilients aux changements climatiques.

Couverture du numéro 25 de la revue Géosciences

Couverture du numéro 25 de la revue Géosciences.

© BRGM

Revue Géosciences n°25 : l’anthropocène, quand l’Homme imprime sa marque

Le terme anthropocène a été inventé par le climatologue Paul Crutzen au début des années 2000. Il signifie que pour la première fois depuis l’apparition de l’humanité, l’homme exerce un tel impact sur la planète qu’il est devenu une force géologique à part entière, déterminant potentiellement une nouvelle ère géologique.

Ce numéro de la revue Géosciences du BRGM commence par la controverse géologique autour de la notion d’anthropocène en tant que nouvel âge géologique, par Colin Waters, membre du comité de stratigraphie. Il détaille ensuite certains des impacts majeurs de l’homme sur la planète et comment y remédier.

Le numéro comprend également deux interviews de François Gemenne, auteur de l’atlas de l’anthropocène, puis de Jean Daniel Rinaudo, socio-économiste de l’eau. Un portfolio sur les travaux de la chambre à sable d’Orléans, et un carnet de terrain sur les travaux de dépollution de sols grâce au pilote d’expérimentation Prime complètent ce numéro.