A l’occasion de la Fête de la science 2018, le BRGM participait au "Cabaret de la science" installé pendant 3 jours à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.
19 octobre 2018

Organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et 13 établissements de recherche associés à l’Esprit sorcier et avec le concours de la CASDEN, le Cabaret de la Science avait lieu du vendredi 5 au dimanche 7 octobre 2018. 

Cabaret de la science : stand-up sur la dépollution des sols par les bactéries

Un stand-up portant sur la dépollution des sols grâce à l'action des bactéries vous est présenté par Hubert Leprond et Jennifer Hellal (BRGM) (Paris, 7 octobre 2018). 

© L'Esprit Sorcier 

Bonjour. 

Bonjour. 

Hubert, tu vois cette jolie photo, as-tu une idée de ce que c'est ? 

Ça ne m'évoque pas grand-chose. Le trafic automobile à l'heure de pointe ? 

Le trafic automobile ? Non. Ce sont des bactéries. Tu sais ce qu'est une bactérie ? 

Ça me cause pas trop. Ça n'a pas très bonne réputation. Je les assimile à des choses responsables de maladies graves. 

Oui. On associe souvent les bactéries aux maladies. Mais les bactéries jouent beaucoup d'autres rôles. Pour l'homme, elles ont des rôles très positifs dans tout ce qui est système digestif. On peut avoir une bonne quantité de bactéries sur nous. Mais les bactéries n'interviennent pas que sur le corps humain. Elles interviennent dans tout l'environnement. Je vois ton sol. Est-ce que tu savais qu'une cuillère de ton sol peut contenir plus d'un milliard de bactéries ? 

Dans mon petit pot de confiture, j'ai toute la population de la planète ? Mais en fait, elles font quoi dans mon sol ? 

Dans un sol, tes bactéries vont être impliquées dans le recyclage de la matière organique. Par exemple, quand des feuilles tombent, elles vont être dégradées, déchiquetées par des insectes. Des champignons et des bactéries vont prendre le relais et dégrader cette matière organique. Ça va faire ce cycle de matière organique. 

Comme le compost de mon jardin, plein de bactéries. 

Oui. Les bactéries jouent un rôle énorme dans l'environnement. Au-delà de ton sol, elles font énormément de choses. Les bactéries sont même capables de dégrader des polluants. 

Ça, ça m'intéresse. Si tu me dis qu'elles sont nombreuses, rapides et pas chères, je pense pouvoir les embaucher. 

Parce que tu fais quoi ? 

J'étudie des sites pollués. Et j'aide à les nettoyer. 

Oui, mais pourquoi ? C'est quoi, un site pollué ?  

Alors, il faut que je te raconte une histoire. Je vais essayer de la résumer. Il était une fois les sites pollués. En France, ça a commencé il y a environ 150 ans. Ça remonte à la révolution industrielle, au moment où on a commencé à construire des usines, à produire en masse. Beaucoup d'usines étaient situées près des centres-villes. Des grosses entités, mais aussi des petites activités de commerce : des stations-service, des garages, des pressings. Au fur et à mesure... On a une image de station-service avec une belle plaque d'hydrocarbures. Ces sites se sont retrouvés à l'intérieur de la ville. Car les villes n'arrêtent pas de s'étendre. Donc, elles se sont déplacées. Soit elles se sont redirigées vers la périphérie des villes. Soit elles ont été dans d'autres pays. Quand on a 150 ans d'histoire, on laisse des traces dans les sols, des produits dans la terre. On est amenés maintenant à surveiller ces sites. C'est comme quand tu as une cuve de fioul qui peut fuir. Tu vas retrouver des hydrocarbures dans les sols. Il y a quelques années, on n'avait pas les mêmes pratiques de gestion des déchets qu'aujourd'hui. Il ne faut pas considérer que tous ces sites sont des sites pollués. Il y a 25 ans, on a commencé à les recenser, à les identifier. Et on essaie aussi de les surveiller. Toute cette attention et toute cette préoccupation sont liées à notre rôle de plus en plus sensible sur la protection de l'environnement. Il y a quelques années, la gestion des déchets n'était pas la même. Maintenant, on les trie. On a aussi des déchetteries. Et on imagine les réutiliser. C'est l'économie circulaire. C'est un milieu dynamique sur lequel on apprend encore plein de choses.  

Quand tu parles de pollution, de quel type de polluants est-ce que tu veux parler ? Quels sont les dominants sur ces sites-là ? 

Le public peut nous aider. Vous connaissez peut-être déjà des pollutions ou des polluants. Est-ce que quelqu'un veut se lancer ? Pas forcément.  

Peut-être des métaux ou des déchets pétroliers, des hydrocarbures ?  

C'est pas mal. Il y a différentes catégories de polluants, de grandes familles. Les polluants qu'on est le plus amenés à traiter sont les métaux : arsenic, chrome, cadmium, plomb. Il y en a plein. Pour ceux qui connaissent la table de Mendeleïev, ils en font partie. Il y a aussi tous les produits liés à la chimie du pétrole : les essences, les huiles, le fioul, qui sont aussi des grandes familles de polluants. Si on regroupe ça avec ceux du chlore, on a 80 % des polluants présents dans les sols. 

Beaucoup de sites sont concernés par ces polluants ? 

C'est une question sensible. Mais oui. La France est à l'image de tous les pays du monde. On a des sites pollués en France. On en a quelques milliers. Si on veut démocratiser ou se rendre compte de ce que ça représente, il faudrait prendre un carré de 10 km de côté. En moyenne, on aurait un site pollué dans ce carré. Une fois qu'on les a identifiés, dites-vous que ce n'est pas des sites sur lesquels on n'a aucune action. On va davantage les contrôler, 

voire faire des travaux de dépollution. 

Une fois que vous avez localisé un site, que faites-vous ? 

Il y a toute une stratégie. Avant d'agir, le plus important, c'est de comprendre. Pour comprendre, on a besoin de mener des études. D'abord, on reconstitue l'histoire. Savoir comment un produit a pu se retrouver dans les sols ou dans les eaux souterraines. Après, de savoir si ce produit va se déplacer ou pas. Quelle est la masse de polluants qui a pu être perdue. Et savoir si c'est grave, si on va menacer certaines habitations ou des captages sur lesquels on va boire l'eau. 

C'est un peu comme aller chez le médecin. On fait un diagnostic, on évalue la situation. Et une fois que vous avez ces diagnostics... ? 

Tu as raison. C'est ce qu'on appelle une phase de diagnostic. Et pour bien comprendre, cette phase va prendre du temps. En France, c'est comme Les Experts. Il y a des détectives de l'environnement. Je mets ma casquette et une loupe, et je recherche des sites pollués. Concernant les techniques, il existe trois grandes familles de dépollution, qu'on déploie si jamais c'est nécessaire. La première, c'est quelque chose de basique. Dans 50 % des cas, on prend les terres polluées, on les envoie dans des centres de traitement ou de stockage. C'est efficace, mais ce n'est pas vertueux. On prend la pollution d'un point A et on l'emmène à un point B. Mais on n'a rien réglé. Ensuite, une autre famille consiste à retirer les sols pollués, les traiter sur place et à les remettre en place. La dernière manière, qui demande plus de technicité, mais sur laquelle on progresse, c'est de pouvoir traiter directement la pollution dans les sols. Il existe plusieurs procédés. On peut augmenter la température, chauffer le sol pour dégrader des polluants. Mais ça consomme de l'énergie et ça peut coûter cher. On peut aussi rajouter des produits dans les sols. Pas des produits dangereux. Inutile d'ajouter un produit dangereux à un autre produit dangereux. C'est des produits type eau oxygénée, des solutions à base de fer. Et on peut utiliser les plantes pour fixer ou transférer une pollution des sols dans les plantes. Mais ça demande du temps, des décennies, voire des siècles. Et je crois qu'on peut utiliser des bactéries. 

Oui, tu as tout à fait raison. Certaines bactéries vont être capables... Ça va passer. Certaines bactéries vont dégrader les polluants.  

Concrètement, comment ça marche ? 

C'est un peu comme toi dans ton diagnostic chimique. On va établir un diagnostic microbiologique de notre site. On va aller chercher dans nos sols et nos eaux polluées s'il y a des bactéries capables de dégrader les polluants. Pour ça, on peut utiliser différentes techniques. On peut même aller chercher l'ADN des bactéries pour voir qui est là, si elles ont un potentiel, quelles activités elles peuvent réaliser. On peut aller au laboratoire et regarder si on peut les retrouver et si elles sont activement capables de dégrader les polluants que nous ciblons. 

C'est génial. Du coup, tu es une éleveuse de bactéries ? De sportives du dimanche, tu en fais des athlètes de haut niveau. 

C'est effectivement ça. Malheureusement, quand elles sont dans ce sol, elles n'ont pas toujours toutes les conditions requises pour effectuer cette dégradation jusqu'au bout. Ça peut être des processus très longs. On va aller les étudier 

pour mieux comprendre et pour leur apporter les nutriments, tout ce dont elles ont besoin pour activement dégrader ces polluants. Je vais te donner un exemple avec un site qui était contaminé avec des hydrocarbures. Les bactéries étaient présentes et pouvaient faire cette dégradation. Mais elles manquaient d'oxygène. Elles avaient besoin d'oxygène pour dégrader ces polluants. Les ingénieurs Sites et Sol Pollués sont allés injecter de l'oxygène dans le sol pour activer ces bactéries. Ça peut quand même être long. Mais avec le progrès, avec toutes les données qu'on commence à acquérir sur ces mécanismes et sur comment ça marche, petit à petit, on a de plus en plus de méthodes à notre disposition pour dépolluer ces sols avec ces méthodes-là. 

C'est très intéressant. Même si on parle de pollution, il y a plein de choses positives et on peut être optimiste sur les solutions. Avec les super bactéries, on peut utiliser la nature, même si elle est dégradée, pour pouvoir réutiliser un certain nombre de sites en France ? 

Oui. 

Donc, les sites pollués ne sont plus une fatalité. Dans bien des cas, des territoires pollués peuvent même redevenir 

une opportunité ? 

Tout à fait. Il y a plein de choses à faire. 

Merci. Il y a plein de choses à faire. Avec les super bactéries, on a plein de Superman. Au Cabaret de la Science, on a des super trucs partout. Il y a même des super bactéries.  

Mais on ne les voit pas.  

Elles sont quand même là. Merci pour cette super présentation. Rejoignez Fred au Bar de la science. Vous embêtez pas. On récupère tout. 

Jennifer Hellal, Hubert Leprond, tous les deux du BRGM, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Venez vous installer auprès de nous. Jennifer, vous êtes microbiologiste. Attention, votre petit camion s'en va. Hubert, vous êtes responsable de l'unité Sites, Sols et Sédiments Pollués au BRGM. Je veux pas être trop alarmiste, mais j'ai cru comprendre qu'il y avait beaucoup de sites pollués en France. 6 000, vous dites ? 

Un peu plus de 6 000. 

Mais alors, pollués par quoi ? 

Pollués par des métaux, des hydrocarbures, des solvants. 

C'est des anciennes entreprises, industries, des stations-service ? 

Oui. Pas forcément des grosses entreprises. On peut pas faire de corrélation entre les grosses entreprises et les petites activités qu'on avait dans nos quartiers. Il y a un certain nombre de sites, comme dans d'autres pays. 

Ce qui est génial, c'est qu'on utilise la nature pour réparer l'erreur humaine, quand même. Les bactéries qui sont dans le sol. C'est une technique qui est déjà opérationnelle, qui se développe beaucoup, ou c'est encore au stade de laboratoire ? 

Il y a les deux. Il y a des cas, comme l'exemple que je donnais, où c'est opérationnel. Après, nous continuons ces recherches-là au laboratoire pour retrouver de nouvelles bactéries capables de dégrader d'autres polluants. 

Est-ce que ça pourrait s'adapter à tout type de sol pollué ou il y a vraiment des cas où... ? 

Les bactéries sont gentilles, mais des molécules très compliquées leur donneront plus de difficultés. Mais on peut avoir une première action et terminer avec les bactéries ou avec des actions de dépollution biologique. 

Si je vous ai bien suivis dans votre stand-up, ce sont les bactéries déjà présentes dans le sol qui vont dépolluer, mais il faut leur donner un peu de peps pour en faire des sportives de haut niveau. 

C'est ça. 

On leur apporte de l'oxygène. On utilise uniquement celles-ci ou faut-il faire un autre apport de bactéries dans le sol ? 

Globalement, c'est plutôt une stimulation ou un encouragement des bactéries déjà présentes sur le site. On va faire en sorte qu'elles aient tous les moyens, tous les apports nutritifs nécessaires pour pouvoir réaliser ces dégradations sur site. Ça arrive qu'il y ait des utilisations d'autres bactéries, mais c'est moins courant.  

Où on pourrait ramener des bactéries spécifiques sur un sol ?On vient avec un sac de bactéries et on les répand. 

En théorie, oui. Mais apporter des bactéries là où elles ne sont pas, ça ne marche pas si bien que ça. Leur absence a une raison. C'est plus facile de regarder les populations en place et de les stimuler, je dirais presque les doper, plutôt que de considérer qu'on va en apporter de nouvelles et qu'elles vont vite s'acclimater. 

Il faut beaucoup de temps pour dépolluer un sol ? Ça dépend de sa taille. Mais a-t-on une notion ? Les bactéries travaillent à la vitesse de la nature. 

Elles peuvent travailler très vite. Elles peuvent travailler à l'échelle de quelques mois ou de quelques années. Mais c'est relativement rapide. En ville, on n'a pas beaucoup de temps. Souvent, on veut réaménager une ancienne friche rapidement et l'intégrer très vite, d'où le fait d'anticiper toutes ces études et tous ces travaux, pour respecter le calendrier prévu.  

Il y a des travaux derrière. Il y a toujours un promoteur qui veut construire vite. 

Par exemple. 

C'est ce qui se passe. Mais le promoteur n'a pas tendance à vouloir dégager tous les sols et mettre autre chose, plutôt que de laisser travailler les bactéries ? 

C'est toute une réflexion qu'on doit avoir pour promouvoir ces techniques-là, parce qu'elles coûtent moins cher, mais demandent plus de temps. 

C'est l'argument à donner. 

Ça marche. 

Souvent, ça marche. 

J'imagine. Ça coûte beaucoup moins cher que les autres techniques ? 

Plus on a de pollution, plus on a de camions qui partent. C'est proportionnel. Quand on fait travailler des bactéries, il suffit d'agrandir des tas de terre à traiter. Du coup, ça peut coûter beaucoup moins cher. Il peut y avoir une différence significative. 

Mais le facteur temps est très important aussi. Si on laisse travailler les bactéries librement, ça peut prendre plus de temps... 

Que de prendre un camion. 

Et excaver. 

Christian, tu parlais tout à l'heure de préserver la nature. On fait de nouveau appel à la nature, aux bactéries, pour réparer nos bêtises.  

En expédition, je prendrai un sachet de bactéries et je les répandrai pour qu'elles nettoient le sol que je pollue. 

Tu croises des sols pollués, parfois ? Pas dans ton univers. 

Il n'y a pas de miracle. Il faut savoir que quand on va dans un territoire, même si on fait attention, on pollue légèrement. On modifie un territoire dès le moment où on y va. J'ai une question à vous poser. 

Oui. 

Cette technique est-elle étudiée dans d'autres régions du monde ? Pourriez-vous l'exporter ? En France, on a pas mal de soucis. Mais il y a des endroits où il y en a au moins autant, sinon plus. Comment peut-on travailler avec les autres pays ? 

Il y a des coopérations. Des entreprises françaises vont à l'étranger. Ces techniques-là, biologiques ou chimiques, sont aussi connues dans beaucoup de pays industrialisés. L'enjeu, c'est aussi de pouvoir exporter ce savoir-faire et de former des personnes sur place pour qu'elles puissent elles-mêmes dépolluer leurs sites. 

Les pays industrialisés. Je pense aux pays émergents, qui ont une pollution des sols exponentielle, pour beaucoup. Si la technique est moins chère et que le seul coût est le temps... Le temps, c'est de l'argent, mais certains pays en ont plus. Est-ce qu'on va dans des pays émergents pour être pro-actifs sur ce qui va se passer ? 

Oui. Des actions ont déjà lieu dans des pays émergents, dans les pays de l'Est ou en Afrique. Ces techniques marchent bien. On parlait de la température. Plus il fait chaud, plus les bactéries sont actives. C'est déclinable dans ces pays-là. 

D'accord. Une voie de développement intéressante et avantageuse économiquement. 

Cabaret de la science : Vrai ou faux - Réseaux sociaux et séismes

Un vrai ou faux en lien avec les réseaux sociaux et les séismes vous est proposé par Samuel Auclair (BRGM) (Paris, 7 octobre 2018). 

© L'Esprit Sorcier 

Nous allons jouer au jeu de vrai ou faux avec Samuel Auclair, ingénieur sismologue au BRGM, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Vous êtes prêt à jouer ? 

À peu près, oui. Ça devrait le faire. 

C'est un jeu de vrai ou faux. On pose la question, le public joue avec nous. Vrai ou faux. Après, on vous donnera les réponses. Fred est avec nous pour jouer. Si tu sais, tu dis pas. 

Je peux donner des petits indices ? 

Des petits indices ? On verra. Mais triche pas. 

Je vais vous tendre le micro. 

On commence. Première question. En cas de séisme, la première alerte est donnée par les services de secours. Vrai ou faux ? 

Vrai ou faux ? 

Faux. 

Vrai. 

Faux. 

Faux. 

Faux. 

Je dirais faux aussi. 

Attendez... Je me pose une question. La question est... Je dirais oui. Pourquoi vous dites faux ? 

Je dirais peut-être plus tout ce qui est télé. Parce que c'est plus large. 

C'est une idée. Madame ? 

Ceux qui surveillent ces mouvements. 

Vous parlez des experts, qui peuvent avoir les outils pour capter. Monsieur, qu'en pensez-vous ? 

Je pense que c'est faux. 

Pour quelle raison ? 

Il y a des organismes spéciaux qui regardent ça et qui vérifient s'il va y avoir des séismes. 

On donne la réponse ? 

Écoute... 

Oui ? Les gens ont l'air un peu calés. 

Alors ? 

Samuel, quelle est la réponse ? Vrai ou faux ? 

C'est faux.  

Pour les séismes, les services de secours, pas plus que les scientifiques, ne peuvent prévoir. Les premiers à pouvoir donner une alerte, c'est ceux qui la ressentent. C'est vous, si vous êtes à côté. Ça peut être les pompiers, si, par chance, ils sont dans la zone. C'est le citoyen qui est le premier capteur en mesure d'alerter. 

D'accord. On n'en dit pas plus. C'est la question suivante. En cas de catastrophe naturelle, le premier réflexe de beaucoup d'entre nous, c'est d'aller sur Twitter. Vrai ou faux ? 

On continue le jeu. 

Faux. 

Faux. 

Vrai. 

Faux. 

Faux. 

Faux. 

Ce ne serait pas mon premier réflexe. 

Vrai. 

Je ne connais pas Twitter. 

Je ne veux pas être à côté de vous s'il y a un séisme. 

J'ai dit faux. 

Alors, madame ? 

Faux. Ce qu'on a vu, c'est que les gens prennent leur téléphone et appellent leurs amis, leur famille. 

J'ai le temps d'aller devant ? On a des experts spécialistes du programme. 

Pour certains, ce sera oui. Mais il ne vaut mieux pas. 

Là, c'est un avis. 

Je dirais faux. 

Vous diriez faux. 

C'est faux. C'est faux. 

C'est faux ! 

C'est faux 

C'est complètement faux. 

Tu penses quoi, Fred ? 

Je n'ai pas mon avis à donner. Je reste neutre. 

D'accord. Ça veut dire que tu sais pas.  

Si, je sais. 

Alors, Samuel ? 

Je sais parce que j'ai triché. Je connais déjà un peu les réponses. 

Quelle est la réponse ? Vrai ou faux ? 

Vrai. Beaucoup d'entre nous, pas forcément présents aujourd'hui... mais en cas de séisme, le premier réflexe de beaucoup, c'est de sauter sur le téléphone et de le dire. 

C'est très générationnel, du coup. 

Sûrement. C'est lié aux utilisateurs de Twitter. Mais on se rend compte qu'il y a vraiment une rapidité. On se rend compte... 

Vous avez des images. 

Si j'y arrive... On se rend compte que les personnes... C'est un exemple d'un séisme qui a eu lieu en France, il y a quelques années, dans l'Ubaye. On voit ici le nombre de tweets par minute qui parlent de séisme. Avant le séisme, c'est calme plat. À la minute du séisme, le nombre de tweets explose. Les premiers tweets arrivent moins d'une minute avant. Environ 50 secondes. 50 secondes, c'est : je ressens, je prends le téléphone, même si je suis rapide, le temps d'écrire quelque chose, d'envoyer. On n'a même pas pris le temps de se mettre en sécurité. On ne dit pas que c'est un comportement vertueux. C'est ce qu'on observe. Les gens peuvent se mettre en danger. Plutôt que de se mettre en sécurité, ils vont échanger dessus. 

Des gens font des selfies devant le mur qui s'écroule ? 

Pas avec l'image, mais en disant : « Ça bouge. » 

D'accord. 

On peut avoir une précision ? Vous nous montriez une courbe sismique ? 

C'était la courbe des tweets. 

Ça ressemble. 

Ça y ressemble. Le réflexe... Aller sur son téléphone portable, OK. Mais c'est de tweeter, c'est ça ? 

Oui. 

Ça passe par Twitter ? 

Oui. C'est le temps d'envoyer un message. 

C'est étonnant. C'était juste une précision que je voulais avoir. 

Tous les gens qui ont répondu faux, vous feriez quoi ? 

Quel serait votre premier réflexe ? 

Madame ? 

Le téléphone. Comme ce qui se passe dans les avions. Les gens prennent leur téléphone et informent leurs amis. 

Pour signaler qu'il y a eu un tremblement ou pour savoir si tout le monde va bien ? 

Un tremblement. Le tweet, ça fait depuis combien de temps ? Combien d'années ? 

Bonne question. Twitter existe depuis 2006. En France, on a pris quelques années. 2010-2011 pour une utilisation importante. Il y a quelques mois, en France, il y a eu des pluies importantes en région parisienne, un glissement de terrain au niveau du RER. Le RER est arrêté, pas d'information, si ce n'est via les réseaux sociaux. Les premières informations sur ces mouvements de terrain, c'est ces images postées sur le vif.  

Là, on parle de séisme, mais c'est valable pour tout type de catastrophe, cet afflux vers Twitter ? 

C'est vrai, même hors catastrophe. Dès qu'on vit quelque chose de notable, on le sait via Twitter. Dès qu'il y a quelque chose qui affecte en même temps de nombreuses personnes, on le voit de manière précise. Ça peut être un tsunami, ça peut être un feu, etc. 

Question suivante. Les messages envoyés depuis Twitter sont vides de sens. Vrai ou faux ? 

Les messages envoyés sur Twitter sont vides de sens. 

Ça dépend. 

Oui, ça dépend. Pourquoi vrai ou faux ? Ça dépend du message. 

Il y a une réponse. 

Ça dépend. 

Alors... 

Je sais pas. 

Ça dépend. Mais je dirais plus faux. Mais je trouve que ça dépend. 

Pareil. Plus faux.  

Ça dépend. 

Il y en a un qui a lancé « ça dépend ». Allez, ça dépend ! 

Je suis d'accord. Ça dépend. 

Oui. Ça dépend. 

Ça dépend de qui l'envoie. 

Réponse. 

Je reprends. C'est un effet de mode. Alors, ça dépend. Ça dépend, mais c'est souvent... 

Dans le contexte des catastrophes. 

C'est plutôt faux. 

Il y a du signifiant dans ces messages. Ce que vous avez à l'écran, c'est un tweet qui avait... Un petit souci. Excusez-moi. C'est pas tout à fait ce qui était prévu. Parfois, il y a des messages qui portent beaucoup d'informations. À Haïti, quelques dizaines de minutes après un gros séisme qui a ravagé Haïti, à distance, on ne savait pas ce qui se passait. Des tweets nous ont dit, nous ont décrit la scène, ce qui se passait sur place. Des installations détruites, de nombreuses victimes. Il y a des informations. 

Mais alors, ces tweets... Après, on passera à la question suivante. Ce sont des tweets de citoyens ou des tweets de journalistes, de sismologues, de spécialistes qui sont là et qui décrivent ce qui se passe ? 

De la même manière qu'on disait au début, c'est les gens qui sont sur place. Parfois, il y a des témoins avertis, on va dire, qui qualifieront mieux l'information. Souvent, c'est le citoyen lambda. Des fois, comme c'était encore le cas ici sur un séisme en France, l'information est plus diffuse. Si on lit, c'est pas très riche en information. « J'aime pas les tremblements de terre fouuuu »... Mais chacun de ces tweets dit quelque chose. « Ici, maintenant, le séisme a été ressenti. » 

Dernière question, sur cette importance du citoyen. En France, des capteurs mesurent tout partout. Si la terre tremble, si une avalanche se déclenche, si un fleuve entre en crue, on le sait instantanément. Vrai ou faux ? 

Vrai ou faux ? En France, on a des capteurs qui mesurent tout partout. Les séismes, les tremblements de terre, les avalanches. Qu'en pensez-vous ? 

Je sais pas. 

Aucune idée. 

Aucune idée. 

J'ai quelques indices. 

Il y en a, mais peut-être pas partout. 

Je pense que c'est vrai. 

Plutôt faux. 

Alors, Samuel Auclair. Plutôt faux ? Qui gagne ? 

C'est plutôt faux. On aimerait bien... 

D'accord. On n'en a pas. 

On aimerait bien être en mesure de tout capter via des capteurs tout le temps. De plus en plus, on en a. Mais lors de vos balades dominicales, vous ne tombez pas souvent nez à nez avec un capteur visible qui mesure une hauteur d'eau, un séisme... La plupart du temps, c'est nous, les capteurs, qui sommes partout sur le territoire. La valeur de ce qui transite sur les réseaux sociaux, c'est ça. En complément des capteurs, 'est d'avoir le pouls du terrain, ce que vous sentez. 

Là où on n'a pas le capteur électronique placé par les spécialistes, on a nous. Ce que j'ai dit au début, c'est faux. Je pourrais alerter en premier ? 

Vous pourriez. 

Et donc, toutes ces informations, vous avez un moyen de les récupérer ? 

Oui. Twitter autorise à ce qu'on l'écoute. C'est la règle du jeu. À la fois, vos amis peuvent vous écouter. Nous, scientifiques, depuis quelques années, on essaie d'écouter avec une oreille bienveillante. Il ne s'agit pas d'être Big Brother, mais de capter et de qualifier ces informations. Par exemple, voici une photo qui a transité sur les réseaux sociaux, captée via Twitter, pendant les inondations de la Seine en janvier et février. Pour quelqu'un qui cherche de l'information sur l'impact de l'événement, c'est signifiant. Si on connaît le terrain, on peut qualifier la hauteur d'eau. Souvent, il y a du texte qui contextualise. Il y a une vraie valeur. 

D'accord. Si je ne m'abuse, cette valeur ajoutée du citoyen, signal d'alerte et capteur de catastrophe, vous la transformez en quelque chose dans vos recherches ?  

Au BRGM, on a commencé à créer une plateforme, qui s'appelle SURICATE-Nat, où on veut capter cette donnée 

et l'analyser de manière automatique pour qualifier l'événement. 

D'accord. 

Il y a encore du travail. 

Ça vous permet de tirer une courbe, une tendance, des informations partagées sur les réseaux sociaux sur les catastrophes naturelles. 

Exactement. L'idée est même de pouvoir donner ça aux autorités.  

J'ai le temps de poser une question ? 

Axel nous attend. 

J'espère qu'il va la poser. 

Sinon, tu viendras la poser à la fin. On fait ça. 

Samuel, vous pouvez rejoindre Axel pour continuer cette conversation. 

Venez. On est avec Léa Bello, Sébastien Carassou, Thaïs Hautbergue et Nihel Bekhti. Samuel Auclair, vous êtes 

ingénieur sismologue au BRGM. On a quelques minutes ensemble pour comprendre la plateforme dont vous parliez, SURICATE-Nat. Si on résume en quelques mots-clés, comme ça se fait sur Twitter, qu'est-ce que c'est ? 

C'est une plateforme pour l'analyse automatique des informations qui transitent sur Twitter par rapport aux catastrophes naturelles. 

Le but est de faire de la prévention, et ensuite, de l'analyse d'événements ? C'est dans les deux sens ? 

C'est d'abord le second. Nous, c'est de l'analyse d'événements. Les gens qui amènent l'information font face à un événement. À cet instant précis, ils sont intéressés par la thématique. Ni avant, ni après. On essaie de tirer profit de ce moment d'intérêt pour donner des messages en termes de prévention.  

Comment marche la plateforme ? Que vous permet-elle de voir et au grand public de faire ? 

Alors, elle permet, pour nous, de canaliser cette information et de l'analyser. Derrière, ça permet à n'importe quel internaute d'essayer de comprendre ce qui se passe sur le terrain à partir de ce qu'on envoie et de ce qu'on en dit. Si un séisme se déclenche à Paris maintenant, ça va apparaître instantanément ? 

Oui. Dans la minute. Le pic d'activité nous permet de détecter le séisme. Puis on peut voir ce que les gens en disent, et les minutes d'après, on va faire parler l'algorithmie. 

Quand avez-vous lancé la plateforme ? 

La première mise en ligne, c'est décembre 2017. C'est très jeune. L'idée, c'est de continuer à travailler pour améliorer les analyses et pour diversifier les types d'aléas concernés. On travaille sur séismes, inondations, mouvements de terrain. Les Antilles ont connu des cyclones, les Alpes des avalanches. Il y a beaucoup d'autres choses. 

Quel est l'événement, depuis le lancement, qui a donné le plus de tweets ? 

Alors, depuis le lancement, c'est les inondations de janvier-février 2018 en région parisienne. Les crues de la Seine et de la Marne. 

On le voit là. 

Et là, de tweets qui ont de l'information, c'est 70 000 tweets en quelques semaines. 

Que faites-vous des données, une fois qu'elle sont là ? On voit tous ces tweets. Vous en faites quoi ? 

Chaque tweet sera traité par des algorithmes pour essayer de savoir où ça se place sur le territoire et de qualifier l'information qu'il contient. Est-ce que ça parle de dommages, est-ce que des gens ont besoin d'aide, est-ce que ça parle de l'eau qui monte, qui descend ? Ce genre de choses. Ça, c'est de manière automatique. C'est ce qu'on essaie de faire. 

Sébastien Carassou, suivre les phénomènes naturels via les réseaux sociaux, ça vous parle ? 

Ça me semble nécessaire en termes de sécurité des populations. J'ai une petite question. Comment fait-on la différence entre un tweet qui dit : « Je suis pris au piège dans une catastrophe naturelle », et « C'est une catastrophe, 

j'ai raté mon RER D » ? 

Déjà, on écoute avec des mots-clés particuliers. On essaie de réduire, de ne pas écouter tout et n'importe quoi, mais des choses qui sont dans le scope. Et la signature du tweet, la manière dont on écrit, souvent, ça a une incidence sur ce qu'on lit. Par exemple, les gens qui viennent de ressentir un séisme ont tendance à faire des messages plus courts, avec plus de majuscules, de ponctuation. L'algorithmique peut retrouver cette signature-là. C'est de l'apprentissage automatique. 

Si je tweete quelque chose sur un événement réel ou non, ça sera analysé directement ou je dois être inscrit sur la plateforme ? Ça scrute tout ce qui se passe sur Twitter ? 

L'idée, c'est ça. Ce n'est pas de dépendre d'une communauté. C'est pas une communauté d'usage, les catastrophes naturelles. Personne n'est intéressé... 

On ne va pas s'inscrire pour ça. 

Mais le jour où vous y faites face, notre challenge sera de trouver votre tweet et de l'analyser. Si une communauté veut faire un faux séisme, vous avez une alerte ? 

Si l'algorithme n'est pas en mesure de trouver que ce sont des faux, oui, c'est possible. Mais vous avez intérêt à réfléchir à la manière dont vous rédigez vos tweets. Sinon, on va le voir. 

Il ne faut pas le faire. C'est une mauvaise idée.