Le BRGM a piloté le forage Cinergy, de juillet à septembre 2010 à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). 
16 janvier 2012

Cinergy : un forage d’exception

Le BRGM a piloté le forage Cinergy, de juillet à septembre 2010 à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). 

Ce forage de 675 mètres visait deux objectifs : améliorer la connaissance géologique du bassin rennais, le plus profond du Massif armoricain, et estimer le potentiel du bassin en matière de ressources en eau et de production d'énergie par géothermie. Le BRGM a réalisé le suivi technique et scientifique de ce projet. 

© BRGM 

- Nous avons monté un projet de forage au sud de Rennes, car ce secteur est une zone géologique particulière dans le Massif armoricain. C'est un bassin sédimentaire où sont accumulés plusieurs centaines de sédiments, et dont, jusqu'à maintenant, on n'avait aucune idée de la nature. La 1re grande étape du forage, c'est la préparation de la plate-forme de forage. Puis une 1re phase de forage très rapide sur les 60 premiers mètres, qu'on isole en tubant et en cimentant pour éviter toute pollution de la nappe souterraine superficielle. Ensuite, le carottage, à proprement parler, débute. Une fois cette phase terminée, on a une phase de diagraphie. Puis une phase nouvelle de tubage et de cimentation. Et, à la fin, l'essai de pompage, qui clôt l'opération. L'implantation sur la commune de Chartres-de-Bretagne répond à 3 critères principaux. Un critère scientifique. On avait certaines connaissances dans ce secteur-là de la géologie. Un critère d'accessibilité. Il fallait que ce soit facilement accessible pour les outils. Et un critère foncier. La commune de Chartres-de-Bretagne, maître d'ouvrage, devait être propriétaire du terrain. 

- Le 1er objectif de ce chantier, c'est un objectif scientifique fondamental qui a trait à la connaissance géologique du bassin tertiaire de Rennes, dans lequel est implanté ce forage. Viennent se greffer 2 autres objectifs plus appliqués : l'hydrogéologie, on va chercher à connaître la nature des terrains et, surtout, leur potentiel en matière de teneur en eau souterraine. 3e objectif, c'est un objectif lié à la géothermie. On va essayer d'évaluer le potentiel en termes de chaleur de ce bassin tertiaire, qui a une profondeur de 600 à 700 mètres. 

- J'y vois la démonstration, pour ma part, du rôle que le BRGM peut faire en accompagnement des initiatives des différents territoires à travers ses implantations régionales. Je suis très heureux que ceci profite en 1er lieu à la Bretagne. 

- Ce projet est exemplaire à plus d'un titre. Après 2 années d'échanges et de négociations, on a réuni autour de la table un partenariat assez exceptionnel, puisque nous retrouvons l'Etat, les collectivités territoriales avec le Conseil régional de Bretagne, le département d'Ille-et-Vilaine, l'agglomération Rennes Métropole, mais également des agences d'objectifs, avec l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, l'ADEME, des syndicats d'eau, et je pense au Syndicat mixte de gestion des eaux d'Ille-et-Vilaine. Je pense à l'Institut d'aménagement de la Vilaine, sans oublier le partenariat scientifique très fort de l'université de Rennes 1. Et tout cela avec une maîtrise d'ouvrage partagée entre la commune de Chartres-de-Bretagne et le BRGM. 

- On a choisi de descendre à une profondeur de 700 mètres, ce qui ne s'était jamais vu en Bretagne auparavant, puisque l'on voulait être certain de recouper l'ensemble de la pile sédimentaire contenue dans ce bassin. Le carottage consiste à placer un carottier au bout d'un ensemble de tiges qu'on descend au fur et à mesure. Au bout de ce carottier, on a une couronne diamantée qui vient abraser les terrains. On a un cylindre de roche qui vient dans l'ensemble des tiges creuses. Et, tous les 3 mètres, on remonte le carottier qui contient la carotte. Une fois que les carottes sont arrivées à la tente du BRGM, on commence par la nettoyer. On va la mesurer. Puis on va la décrire. On va observer à la loupe ou à l'oeil nu. Cette carotte, qui mesure 3 m de long, il faut la stocker dans une caisse. Cette caisse va être photographiée sur un banc photo spécialement conçu. Une fois cette photo prise, elle part sur un banc pour scanner la carotte. Elle va être disposée sur 2 rouleaux qui tournent en continu. Une caméra vient dessus et scanne à 360 degrés l'ensemble de la roche. On a un logiciel spécifique qui analyse cette image pour nous donner des informations sur les structures, si on a des failles, par exemple, l'orientation de ces failles, etc. Maintenant, on peut passer à une phase plus destructive, l'échantillonnage de la carotte. C'est la dernière étape qu'on a faite sur le chantier. On va échantillonner les parties qu'on avait repérées. Ces échantillons sont placés dans des sacs plastiques sous atmosphère azotée pour éviter toute oxydation et sont stockés pour être analysés au BRGM. Les diagraphies consistent à mesurer les paramètres des roches à l'aide de sondes qui sont descendues dans le forage le long d'un câble. On mesure ces paramètres : la température, la radioactivité naturelle des roches, la porosité, la densité. L'essai de pompage consiste à descendre une pompe dans le trou de forage. La vitesse à laquelle le niveau de l'eau va remonter dans le forage va nous donner des informations sur la capacité des roches à fournir de l'eau pour, éventuellement, une utilisation ultérieure, comme l'alimentation en eau potable. 

- Les perspectives de développement sont nombreuses. Nous avons déjà acquis des connaissances importantes sur la géologie du bassin rennais. Le développement scientifique se fera à travers des thèses que l'on va mettre en place avec nos partenaires universitaires sur la géologie, sur l'hydrogéologie, sur la géothermie et aussi sur une science qui est très peu connue, qui est le développement de la biomasse en grande profondeur. En cela, le chantier Cinergy, le forage exceptionnel Cinergy, est un terrain d'expérimentation unique.