Les eaux souterraines représentent un enjeu majeur pour notre avenir. Essentielles pour l'eau potable, l'irrigation agricole, les activités industrielles ou le thermalisme, ces eaux souterraines sont disponibles en grande quantité en France. Elles sont pourtant inégalement réparties. Les multiples acteurs se mobilisent pour préserver la qualité et la quantité de la ressource. Le BRGM, pour sa part, apporte son appui scientifique et méthodologique.
2 mai 2006
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© BRGM 

La France est-elle guettée par des sécheresses estivales répétitives ? Cette question se pose chaque printemps, dès lors que l'hiver a été déficitaire en pluies (les seules qui, à cette époque de l'année, sont capables de recharger les nappes souterraines). Il est sans doute impossible de répondre globalement à cette interrogation car déficit hydrique et canicule sont deux problématiques bien différentes et sécheresse du sol ne rime pas toujours avec nappes basses. 

Le propre des climats tempérés est leur variabilité : la situation des nappes peut être très différente d'une année à l'autre et d'une région à une autre. Par ailleurs, toutes les nappes n'ont pas la même sensibilité à la sécheresse, certaines baissent rapidement alors que d'autres mettent plusieurs années de suite avant que le déficit ne devienne critique. Dans certaines régions, le manque d'eau peut être catastrophique alors que dans d'autres, les nappes à forte inertie et forte capacité garantissent une bonne disponibilité de l'eau.

La France, un pays bien doté en eau souterraine 

Globalement, la France est riche en eaux souterraines avec 6500 aquifères dont 200 d'importance régionale : nappes alluviales proches des cours d'eau, nappes sédimentaires dans les grands bassins (bassins parisien, aquitain, alsacien, rhodanien,...) ou même petites nappes peu profondes contenues dans les roches cristallines. On estime la ressource disponible à 2 000 milliards de m3, avec un renouvellement chiffré à 100 milliards de m3/an, alors que l'on exploite en net seulement 8 milliards par an, soit 0,4% du stock. L'irrigation des cultures souvent décriée prélève 30 à 40 milliards de m3/an, mais la plus grande partie retourne en fin de cycle dans les nappes.

À l'inverse d'autres pays, la France ne manque pas d'eau. Si les nappes ne représentent que 22% des ressources en eau potables de la planète, elles constituent en France un stock infiniment supérieur à celui des lacs et des glaciers. Les rivières n'ont pas à proprement parler de stock mais un flux, et d'ailleurs 60 % de leur eau provient des nappes et serait compté deux fois.

Près des 2/3 de l'eau potable consommée en France proviennent des nappes. Mais cette ressource est relativement déséquilibrée : si elle est peu abondante et superficielle dans les socles granitiques de Bretagne, du Massif Central et dans les unités aquifères des Alpes et des Pyrénées, elle est en revanche très abondante dans les bassins sédimentaires où elle est facilement accessible par des forages peu profonds, souvent à moins de 100 mètres de profondeur.

Ces nappes ne sont pas des rivières ni des lacs souterrains mais au contraire des couches superposées de terrains formés de roches poreuses gorgées de l'eau qui s'infiltre depuis la surface du sol. Un flux régulier anime les eaux souterraines avec un renouvellement permanent qui peut varier de quelques semaines dans les karsts et les plus petites nappes à des milliers d'années pour les nappes profondes captives.

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