La Guyane est la région française la plus prometteuse et attractive du point de vue du potentiel aurifère et de plus en plus de projets d’exploration de l’or y sont conduits. Les gisements d’or guyanais sont classés selon 5 types : alluvionnaire, colluvial, résiduel, oxydé et primaire. Si, historiquement, la production d’or en Guyane est essentiellement issue de l’exploitation des concentrations alluvionnaires en placers, de grands projets d’implantation pour l’exploitation minière sont actuellement soumis à l’aval du gouvernement français et au débat public avec les collectivités locales et autres parties prenantes du territoire, comme le projet de la Compagnie minière Montagne d’Or.
14 octobre 2019
Localisation des trois projets aurifères étudiés

Localisation des trois projets aurifères étudiés : Aurora au Guyana, Rosebel au Suriname et Montagne d’Or en Guyane française (source du fond de carte : Google). 

© BRGM 

Le besoin 

Le BRGM a élaboré, à la demande de l’Etat et afin de faciliter les futures décisions de ses services, une série de notes de synthèse et d’expertise apportant des éléments d’éclairage sur les bonnes pratiques et standards internationaux actuels dans d’autres pays producteurs d’or. Ces éléments, portés en regard du contexte guyanais, ont notamment permis de positionner le projet Montagne d’Or vis-à-vis des caractéristiques d’autres mines d’or en exploitation dans le monde. En plus d’une comparaison de divers critères de positionnement économique du projet, une note (BRGM/RP-68620-FR) a été publiée sur les bonnes pratiques internationales en terme de gestion des impacts et de responsabilité sociale et environnementale des opérateurs miniers, et notamment sur les technologies de substitution du cyanure pour le traitement des minerais d'or en Guyane. Les gisements de type primaire ne font en effet pas l’objet d’exploitation à ce jour. Le potentiel en or primaire, qui nécessite la mise en œuvre de procédés d’extraction utilisant des réactifs de complexation comme le cyanure, est donc quasiment intact. 

Les résultats 

En termes économiques, le projet Montagne d’Or (MDO) apparait très similaire à des projets en contexte équatorial. Il se classe raisonnablement, tant du point de vue de la capacité de production que du point de vue des coûts opératoires ou des ressources et réserves : 

  • Production ou capacité de production : MDO se classe 190ème sur 281 (production annuelle prévue de 6,7 t d’or), 
  • Ressources en or annoncées : MDO se classe 150ème sur 276, 
  • Réserves en or : MDO se classe 114ème sur 230, 
  • Cash cost (coût comptant) : MDO se classe 120ème sur 202. 

La principale différence entre les projets étudiés provient du cadre réglementaire et fiscal. Si les impôts sur les revenus restent élevés dans le contexte de la Guyane, en revanche, en termes de redevances minières, le taux actuel est particulièrement bas : 1,8 % en Guyane contre 8 % au Guyana par exemple. 

En termes de rentabilité, la durée de vie de la mine fixée dans l’étude de faisabilité peut varier au cours du temps. Le projet MDO a été comparé à deux projets miniers aux caractéristiques similaires : la mine Rosebel (société IAMGOLD) et la mine Aurora (société Guyana Goldfields), qui constituent deux bons exemples pour illustrer le fait que les revenus bruts générés lors des premières années d’exploitation permettent généralement d’optimiser la durée de vie de la mine. Dans le cas de la mine Rosebel (IAMGOLD), la durée de vie initiale de l’étude de faisabilité est déjà dépassée avec 14 ans d’activité (contre 12 initialement prévus) tandis que dans le cas de la mine Aurora, les investissements couvrent une optimisation de la durée de vie ainsi que le développement d’une mine souterraine. A titre indicatif, le temps de retour sur investissement de la mine Aurora est de 3 ans et 4 mois. En conclusion, il est rappelé que les mesures prises par l’opérateur minier du point de vue de la gestion environnementale et de réhabilitation en fin de vie de la mine, dépendent essentiellement des obligations et contraintes exercées sur ce même opérateur par les autorités locales. 

Concernant l’état des lieux des techniques disponibles pour l’exploitation des gisements d’or et, en particulier, des procédés alternatifs à la mise en œuvre du procédé de dissolution de l’or par complexation aux cyanures, l’étude conclut à l’existence d’alternatives à l’utilisation du cyanure pour l’exploitation des minerais d’or sous réserve de la mise en œuvre de certains développements nécessaires pour les rendre opérationnelles. En effet, à ce jour, ces alternatives sont soit mises en œuvre à l’échelle industrielle soit en phase de développement. De plus, aucun procédé n’a atteint le niveau de maturité ni la robustesse des procédés au cyanure. L’impact potentiel sur l’environnement des réactifs utilisés dans ces procédés alternatifs est le plus souvent moindre que celui du cyanure. Pour autant, il serait nécessaire d’évaluer les différents procédés dans leur ensemble (chaînes d’approvisionnement en réactifs et en énergie, consommations énergétiques, consommations en eau et en réactifs, gestions des effluents liquides et des résidus solides, etc.) afin d’être en mesure de produire une comparaison des impacts environnementaux globaux de chaque option. Par ailleurs, les procédés alternatifs sont souvent plus coûteux et leur applicabilité n’a pas été validée sur une large gamme de minerais d’or. En outre, pour certaines de ces solutions, les étapes d’hydrométallurgie aval qui visent à récupérer l’or après sa mise en solution, restent encore à optimiser voire, pour certaines, à développer. À ce jour, seul le procédé basé sur l’utilisation du thiosulfate atteint un niveau de maturité qui s’approche de la cyanuration. Cependant, sa complexité de mise en œuvre et ses coûts opératoires plus élevés que ceux de la cyanuration en font une application de niche pour des minerais d’or réfractaires à la cyanuration, notamment les minerais carbonatés. Il faut également préciser que ce dernier procédé nécessite l’utilisation d’ammoniac, composé toxique pour l’homme et les espèces aquatiques et dont l’utilisation, à l’échelle industrielle, nécessite des précautions particulières. 

L’utilisation 

Les notes produites ont permis d’apporter une vision synthétique des techniques d’exploitation des minerais d’or en fonction de la gîtologie tout en présentant l’état d’avancement des travaux de recherche et développement pour l’optimisation du procédé de cyanuration ou la mise au point, la validation expérimentale et l’évaluation technico-économique de techniques alternatives. 

Les partenaires 

  • Bureau de la Politique des Ressources Minérales non énergétiques de la Direction de l’Eau et de la Biodiversité du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire 
Forêt amazonienne de Guyane

Forêt amazonienne depuis l’Inselberg Mamilihpan (Guyane française). 

© BRGM - Geoffrey Aertgeerts