La DEAL Martinique gère l’entretien des rivières et doit assurer le dragage et la gestion à terre des sédiments lorsque nécessaire. Or la présence de cuivre et la contamination de certains sols par la chlordécone pose la question de la dangerosité des sédiments dans certaines rivières et de leur devenir après dragage.
21 octobre 2019
Prélèvement de sédiments à la pelle mécanique dans la Rivière Salée

Prélèvement de sédiments à la pelle mécanique dans la Rivière Salée (Martinique). 

© BRGM - Philippe Bataillard 

Le besoin 

Le classement en dangerosité des déchets intervient après avoir renseigné 15 propriétés. Un déchet sera ainsi jugé dangereux s’il présente au moins une des quinze propriétés de danger du Règlement 1357/2014/UE. C’est cette méthodologie qui a été déployée en Martinique par la DEAL et le BRGM afin d’évaluer le caractère dangereux ou non des sédiments de la Rivière Salée. 

Les résultats 

La détermination des propriétés HP1, HP2, HP3 et HP15, non pertinentes pour les sédiments de dragage, n’a pas été réalisée. La caractérisation en dangerosité des échantillons a montré que les matériaux n’étaient pas dangereux au titre des propriétés HP 4 à 8, HP 10, HP 11, HP 13 et HP 14. Après avoir justifié qu’il n’était pas pertinent de mesurer la propriété HP12, il restait à renseigner la propriété HP 9, relative au danger « infectieux » et pour laquelle il n’existe pas de protocole de mesure ou de référentiel disponible. A cette fin, un parallèle a été fait entre la gestion à terre des sédiments dragués et l’épandage des boues de station d’épuration ainsi qu’avec la norme NF U44-551, relative aux supports de culture (AFNOR, 2009). 

Les sédiments ont montré des dépassements systématiques de l’ordre de 1,5 à 2 fois la valeur de 100 mg/kg du seuil S1 pour le cuivre. La chlordécone, deux de ses métabolites, l’AMPA (acide aminométhylphosphonique), le glyphosate, l’anthracène, le benzo (ghi) pérylène, le pyrène et des hydrocarbures linéaires (C10-C40) ont également été quantifiés, de manière non systématique (sauf la chlordécone) et à des teneurs faibles, voire très faibles. Seules des références sur les organismes infectieux Clostridium Perfringens et œufs d’helminthes viables, choisies pour juger de la propriété HP9, ont été dépassées de manière systématique pour le premier et sur deux échantillons pour le second. Ces références n’étant pas des valeurs d’interdiction dans leur contexte d’emploi, et compte-tenu de l’absence de retour d’expérience concernant ce danger infectieux, les sédiments de la Rivière Salée ne peuvent donc pas être considérés comme dangereux vis-à-vis d’HP9 et ne sont donc pas à considérer comme des déchets dangereux. 

L’utilisation 

Etant donnés les résultats, la qualité biologique des sédiments devra faire l’objet d’une attention particulière dès lors qu’une voie de valorisation sera envisagée. Un suivi des paramètres les plus élevés pourrait s’avérer nécessaire avant d’autoriser certains usages, en particulier ceux liés à la production de biomasse alimentaire sur les matériaux dragués. 

Ces sédiments sont souvent moins contaminés que les sols susceptibles de les recevoir dans le cas d’un régalage sur berge, ou présentent des teneurs similaires. Par conséquent, cette voie de valorisation paraît envisageable lorsqu’un rehaussement des parcelles jouxtant la rivière est nécessaire, sous réserve du respect des autres dispositions de la loi sur l’eau. 

Les caractéristiques physico-chimiques des sédiments indiquent en outre que la voie de valorisation à privilégier devrait être l’aménagement paysager plutôt que le génie civil, en raison d’une fraction fine très majoritaire et des taux élevés de matière organique (entre 2,5 et 4,5%). A ce stade, les modalités pour concrétiser une telle voie de valorisation n’ont pas été identifiées et le processus de hiérarchisation des voies prometteuses de valorisation à terre des déblais de dragage en Martinique se poursuit. 

Les partenaires 

  • DEAL Martinique 
  • Office de l’Eau Martinique 
Propriétés de danger présentées dans le Règlement 1357/2014/UE

Propriétés de danger présentées dans le Règlement 1357/2014/UE. 

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