Situé au centre des Petites Antilles, l’archipel de la Guadeloupe est particulièrement exposé aux risques côtiers dont l’intensité tend à s’accroitre avec l’élévation du niveau de la mer et le changement climatique. En parallèle, la concentration de sa population et de ses activités le long du littoral rend l’économie de l’île particulièrement vulnérable face aux aléas littoraux.
29 octobre 2019
Submersion marine sur la zone d’étude de Pointe à Pitre

Submersion marine sur la zone d’étude de Pointe à Pitre pour le scénario actuel (à gauche) et pour le scénario 2050 (à droite) avec 26 cm d’élévation du niveau de la mer (RCP 8.5). 

© BRGM 

Le besoin 

L’évaluation du coût de l’inaction face à l’augmentation des risques côtiers sur le littoral de la Guadeloupe à l’horizon 2050 constitue un enjeu important. Il s’agit en particulier d’évaluer l’impact économique que pourraient générer la submersion marine et le recul du trait de côte si aucune action d’adaptation n’est mise en place pour en réduire les effets. À terme, ces résultats permettront d’éclairer les décideurs locaux quant aux stratégies d’adaptation les plus pertinentes à mettre en œuvre pour réduire les impacts des risques côtiers et améliorer la résilience de la Guadeloupe face au changement climatique. 

Les résultats 

Planifié sur quatre ans, ce projet est toujours en cours, mais il a d’ores et déjà permis de caractériser les aléas côtiers et les enjeux. Trois études de cas représentatives des problématiques rencontrées sur le littoral ont été sélectionnées, et sur deux de ces trois sites d’études, les impacts physiques du recul du trait de côte, de la submersion marine et de l’élévation du niveau marin à l’horizon 2050 ont été évalués. 

Le principal intérêt de l’approche développée repose sur la possibilité d’exploiter conjointement des fonctions d’endommagement faisant référence au sein de la communauté scientifique et un ensemble de données socio-économiques désagrégées par secteur d’activité et spécifiques à la Guadeloupe. Une attention particulière a ainsi été portée à l’utilisation de données locales, qu’elles soient mises à disposition par des organismes publics puis adaptées aux besoins de l’étude, ou collectées directement sur le terrain. 

Bien que préliminaires, ces résultats tendent à montrer sur les deux premiers sites étudiés qu’à horizon 2050, la surélévation du niveau marin (+26 cm) provoquée par le changement climatique génèrerait un surcoût compris entre 16 et 21% pour les seuls dommages physiques occasionnés par la submersion marine. Cet ordre de grandeur est relativement modéré mais montre la vulnérabilité déjà importante de ces deux premiers sites d’étude aux risques côtiers dans le scénario actuel. 

Les estimations réalisées fournissent un éclairage sur (1) la façon dont les coûts sont répartis géographiquement et par nature d’enjeux sur le territoire et (2) les secteurs d’activités les plus enclins à être impactés par les risques côtiers, compte tenu de la localisation géographique des établissements et de la valeur de leurs actifs.

Localisation géographique des trois études de cas en Guadeloupe

Localisation géographique des trois études de cas en Guadeloupe. 

© BRGM 

L’utilisation 

Les prochaines étapes de cette étude consisteront à (i) estimer les coûts directs des dommages physiques sur la troisième étude de cas (Sainte-Anne), en intégrant notamment à la méthode un volet relatif à l’évaluation des dommages causés par le recul du trait de côte, (ii) estimer le coût des dommages indirects sur la population et les activités économiques (pertes d’exploitation pour les entreprises, surcoûts d’approvisionnement pour les ménages, etc.) pour les trois études de cas, et enfin (iii) extrapoler ces résultats à l’ensemble du littoral guadeloupéen en vue de fournir un ordre de grandeur du coût de l’inaction à l’horizon 2050. 

Les partenaires 

  • ADEME Guadeloupe 
  • Chambre de Commerce et d’Industrie des Iles de Guadeloupe
Le littoral de la pointe des Châteaux en Guadeloupe

L’Observatoire Régional de l’Energie et du Climat (OREC), qui regroupe la Région Guadeloupe, l’ADEME, la DEAL, Météo-France, EDF, Synergile et le Sy.MEG, reprend cette étude dans son rapport annuel 2018 traitant du profil territorial de vulnérabilité de la Guadeloupe au changement climatique, pour faire une synthèse de 6 pages sur l’exposition de la Guadeloupe face au changement climatique.

Observatoire Régional de l’Energie et du Climat, 2018