Le projet européen CHEERS (Cultural HEritagE Risks and Securing activities) a vu le jour grâce au programme Interreg Région alpine avec pour objectif de traiter de la protection du patrimoine culturel alpin, exposé à divers risques naturels, susceptibles d'être exacerbés par le changement climatique.
11 octobre 2022
Exemple de patrimoine culturel sur le site pilote français du projet CHEERS (Vallée de l’Ubaye) : le Fort Tournoux, vue des rampes d’accès entre la partie supérieure et la partie médiane.

Exemple de patrimoine culturel sur le site pilote français du projet CHEERS (Vallée de l’Ubaye) : le Fort Tournoux, vue des rampes d’accès entre la partie supérieure et la partie médiane.

© BRGM - C. Iasio.

Le besoin

Que ce soit au niveau européen ou des Alpes, la sauvegarde du patrimoine culturel vis-à-vis des risques naturels constitue, de par sa situation au cœur de l’identité et de l’économie du territoire, un élément clé de la résilience des communautés de montagne aux catastrophes et aux crises naturelles. Toutefois, les communautés locales, notamment alpines, manquent souvent de cadres réglementaires, de savoir-faire et de ressources opérationnelles appropriées pour gérer la mise en sécurité de leur patrimoine culturel. Pour pallier ce manque, le projet CHEERS, piloté par la Fondazione Lombardia per l'Ambiente (FLA), a rassemblé 12 partenaires de l’Arc Alpin (Italie, Allemagne, Autriche, Slovénie, Suisse, France), ainsi que 30 observateurs, afin de tester des outils et méthodologies sur des sites pilotes ciblés dans chaque pays, hébergeant différents types de patrimoine culturel et sujets à plusieurs risques naturels en particulier.

Exemple de patrimoine culturel sur le site pilote français du projet CHEERS (Vallée de l’Ubaye) : four à chaux.

Exemple de patrimoine culturel sur le site pilote français du projet CHEERS (Vallée de l’Ubaye) : four à chaux.

© BRGM - C. Iasio.

Les résultats

Les outils proposés dans le cadre du projet ont abordé aussi bien l’évaluation de la valeur et de la vulnérabilité du patrimoine culturel alpin et des aléas naturels que la protection des biens patrimoniaux. On peut citer notamment, dans les domaines de l’analyse de risque, « ATTACH » (Slovénie) et « FRATCH » (Autriche/Allemagne) ou de la planification d’urgence et la sauvegarde du patrimoine, « FRAGILITY » (France- BRGM) et « 360 Virtuel » (France – Entente Valabre). Le projet a en particulier permis de concevoir de nouveaux modèles de Plans Communaux (ou Intercommunaux) de Sauvegarde (PCS) intégrant la protection du patrimoine culturel. En France, sous la coordination du BRGM, ce sont la vallée de l’Ubaye et la ville de Barcelonnette, sujettes aux risques glissements de terrain/chutes de blocs, aux séismes et aux inondations, qui ont été choisies. Diverses actions ont ainsi été organisées en lien avec ce territoire :

  • Un atelier participatif (Barcelonnette décembre 2019, animation BRGM) avec des spécialistes de la gestion du risque et du patrimoine du site pilote afin de tester l’outil ATTACH (hiérarchisation des enjeux patrimoniaux par une méthode multicritères) avec des résultats très appréciés.
  • Un atelier de travail sur la sauvegarde du patrimoine de la vallée de l’Ubaye en cas de crise (Gardanne juin 2021, animation BRGM - ENTENTE) afin d’échanger autour des diverses phases de la gestion de crise et d’évaluer les outils. Cet atelier a permis de montrer que les outils FRATCH et FRAGILITY nécessitaient un travail de maturation pour être plus aboutis et opérationnels. L’outil 360 virtuel s’est en revanche révélé être très opérationnel et utile à la Sécurité Civile, autant dans un contexte de prévention et de formation, qu’en cas de crise.

D’autres actions ont été menées avec les acteurs locaux et sur des sites ciblés de la vallée de l’Ubaye : une rencontre d’experts (Gardanne septembre 2020, animation BRGM - ENTENTE), une campagne de terrain pour développer une méthode d’évaluation de la vulnérabilité des sites patrimoniaux vis-à-vis des chutes de blocs (France – INRAE) ou encore l’instrumentation des sites du Fort Tournoux et du musée de Barcelonnette pour tester des méthodes innovantes (France – BRGM).

Le BRGM a été plus particulièrement en charge de l’activité du projet dédiée aux approches et techniques de protection des biens patrimoniaux, qui a eu pour but de réaliser une revue des dommages potentiels sur les biens patrimoniaux, compiler les documents (guides et outils) existant sur la protection des biens patrimoniaux vis-à-vis des phénomènes naturels, réaliser un état des lieux de la gouvernance en terme de gestion du patrimoine alpin et de sa protection et enfin proposer et réaliser des formations sur la prise en compte des risques naturels dans la gestion du patrimoine culturel.

Fort Tournoux : pente érodée après l’effondrement d’une rampe d’accès (Vallée de l’Ubaye).

Fort Tournoux : pente érodée après l’effondrement d’une rampe d’accès (Vallée de l’Ubaye).

© BRGM - C. Iasio

L’utilisation

Le projet CHEERS a ainsi permis de soutenir les organisations transnationales alpines et locales compétentes dans la valorisation du patrimoine, de contribuer à la protection de ce patrimoine en cas de crise ou de catastrophe naturelle, en proposant des méthodes et des outils, et de mettre en évidence les lacunes existantes dans la gestion des risques.

Les méthodes et développements réalisés dans le cadre de CHEERS vont pouvoir être utilisés de façon opérationnelle, comme par exemple l’outil 360 virtuel. Certains vont être appliqués dans d’autres projets (ATTACH) ou sont en cours d’application (PCS intégrant la protection du patrimoine), tandis que d’autres nécessitent d’être plus aboutis (FRATCH, FRAGILITY).

Château de Campo Tures

Le projet CHEERS, comme d’autres projet européens, a permis de sensibiliser une grande partie des acteurs à la problématique de la sauvegarde du patrimoine. Même si des actions sont encore à poursuivre, il a apporté des réponses et des pistes d’amélioration concernant l’ensemble des circuits institutionnels et opérationnels impliqués dans cette problématique.

Antonio Ballarin Denti (président du comité scientifique de FLA), Roberto de Marco (SUERA italienne) et Magdalena Holzer (CIPRA), représentants de la coordination et actions des projets européens dans les Alpes
Logo du projet Cheers

Logo du projet Cheers. 

© Cheers 

Les partenaires

  • Italie : FLA - Lombardy Foudation for the Environment (Chef de file), UCSC - Catholic University of the Sacred Heart, TCI - Touring Club of Italy 
  • France : BRGM, IRSTEA, EPLFM - Valabre Consortium 
  • Slovénie : SFI - Slovenian Forestry Institute, CUDHg Idrija - Idrija Mercury Heritage Management Centre 
  • Autriche : BFW - Austrian Research Center for Forests, AIT - Austrian Institute of Technology 
  • Allemagne : RCC - Rachel Carson Center for Environment and Society 
  • Suisse : SUPSI - University of Applied Sciences and Arts of Southern Switzerland 

Chaque partenaire du projet CHEERS associe des observateurs, acteurs directement concernés par les résultats du projet, et qui sont directement impliqués dans les échanges afin d’adapter au mieux les livrables du projet aux besoins des acteurs de terrain. 

Pour le BRGM, les observateurs associés sont les suivants : 

  • DRAC PACA - Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes Côte d’Azur 
  • CICRP - Centre Interdisciplinaire de Conservation et Restauration du Patrimoine 
  • CFBB - Comité français du Bouclier Bleu 
  • MTES / DGPR - Ministère de la Transition écologique et solidaire / Direction générale de la Prévention des Risques