Dans le cadre d’un partenariat avec l’OEC, le BRGM a démarré, fin 2017, une étude visant à reconnaitre les zones naturelles amiantifères et potentiellement amiantifères présentes sur vingt-six communes de Haute-Corse, dans les secteurs de Ponte-Leccia et du centre du Cap Corse. Ce projet fait suite à de premières études similaires réalisées sur les communes de Murato et Bustanico puis la région du Grand Bastia et celle du Nebbio. En adéquation avec les objectifs du Plan National Santé Environnement 3 (PNSE 3), ces études incluent la prise en compte des expositions environnementales liées aux affleurements naturels amiantifères.
22 septembre 2020
Veine de Chrysotile

Veine de Chrysotile, Rutali (Corse,2020).

© BRGM - Anne Eléonore Paquier 

Carte de susceptibilité de présence d'amiante de Barbaggio et Patrimonio en Corse

Carte de susceptibilité de présence d'amiante à 1/5 000e des communes de Barbaggio et Patrimonio en Corse.

© BRGM

Le besoin

Le département de la Haute-Corse présente la particularité de compter sur son territoire de nombreux affleurements de roches contenant ou susceptibles de contenir de l'amiante. Soumises à l'érosion naturelle ainsi qu’aux activités humaines, ces roches peuvent se désagréger et libérer dans l’air les fibres d'amiante qu’elles renferment, induisant alors un risque sanitaire pour la population exposée. 

Afin de prévenir ce risque, il est nécessaire de localiser les secteurs les plus susceptibles d’émettre, en l’état, des fibres d’amiante et de proposer des solutions techniques pour réduire leur capacité d’émission. 

Les résultats

Les travaux se sont concentrés sur des zones d’investigations prioritaires dont les limites ont été définies, pour chaque commune, en fonction des risques d’occurrence et des enjeux humains présents sur le territoire.

Afin de réaliser les cartographies à cette échelle de précision (1/5 000e), les géologues ont inventorié les différentes formations géologiques selon le risque qu’elles présentent. Ce sont ainsi 200 échantillons, prélevés sur le terrain, qui ont été analysés, dans les laboratoires du BRGM à Orléans, afin de lever les incertitudes liées à la nature et à la morphologie des minéraux fibreux présents dans certaines formations à risque.

Toutes ces informations afférentes à la géologie ont ensuite été intégrées dans un SIG afin de cartographier la susceptibilité de présence d’amiante dans le milieu naturel, selon trois classes distinctes :

  • Classe 1 (grise) : Probabilité nulle à infinitésimale de présence de minéraux amiantifères dans le milieu naturel,
  • Classe 2 (jaune) : Probabilité faible à moyenne de présence de minéraux amiantifères dans le milieu naturel,
  • Classe 3 (rouge) : Probabilité forte à très forte de présence de minéraux amiantifères dans le milieu naturel.

Enfin, chaque secteur fait l’objet, en fin d’étude, de préconisations générales qui concernent la mise en œuvre de solutions techniques permettant de réduire la capacité d’émission des affleurements naturels et donc de limiter l’exposition des populations aux fibres d’amiante.

L'utilisation

A terme, la mise à disposition des données permet aux acteurs locaux de prendre des dispositions destinées à réduire l’exposition passive et/ou active de la population.

Les partenaires

  • Office de l’Environnement Corse

Lavu del'Oriente, Haute-Corse

« En termes de cartographie de l’amiante environnemental, la Corse a joué un rôle pionnier au niveau national. La méthodologie de travail y a en effet été testée de façon à pouvoir dresser un inventaire cartographique précis au 1/5 000e en termes d’aléa. Avec l’appui du Feder, cela nous permet de fournir les informations techniques nécessaires aux décideurs publics pour une application en termes de prescription au niveau de l’urbanisme et des différents travaux en zone amiantifère.»

Patrick Bezert, Conseiller de la Direction de l’Office de l’environnement de la Corse