Le BRGM a développé une méthode de suivi de l’atténuation naturelle (AN) sur les sites et sols pollués, qui permet également de discriminer les sources d’une pollution.
14 décembre 2014
Système d’extraction en ligne et analyse des phytosanitaires dans l’eau

Système d’extraction en ligne et analyse des phytosanitaires dans l’eau.

© BRGM - D. Depoorter 

Dans la gestion des sites et des eaux souterraines pollués, il est indispensable de pouvoir mesurer et suivre précisément les phénomènes d’atténuation des polluants organiques, liés aux capacités naturelles de dépollution du milieu. Un tel suivi peut en effet conditionner la mise en œuvre et le dimensionnement de divers moyens de dépollution en fonction des performances de l’atténuation naturelle. 

Le couplage de la chromatographie gazeuse et de la spectrométrie de masse permet de séparer les molécules et de les identifier isotopiquement. On peut ainsi suivre la modification de la signature isotopique des polluants visés au fur et à mesure de leur dégradation. En s’appuyant sur toutes les données connues sur la dégradation notamment des hydrocarbures et des composés chlorés, le BRGM a développé une approche très performante avec laquelle il est possible de descendre jusqu’à des concentrations aussi faibles que celles que l’on peut retrouver en bordure d’un panache de pollution. 

Un projet de démonstration Attena a déjà permis de valider la méthode sur les sites d’une ancienne cokerie et d’une station-service. Combinée avec la modélisation, cette méthode de suivi isotopique nous permet de réaliser des projections futures quant à la vitesse de dégradation des polluants d’un site contaminé. Au vu des résultats, obtenus, concrets et rapides, cette méthode constitue un outil prometteur pour les gestionnaires de sites.

La forensie environnementale 

Les techniques isotopiques trouvent également des applications en "forensie" environnementale, pour la recherche des sources - et des responsabilités - en matière de pollution. 

Pour des développements futurs, la méthode pourrait être transposable à d’autres familles de polluants, comme les pesticides, pour lesquels on manque encore de recul et de références analytiques. Un chantier qui s’ouvre tout juste.

Pollution des sols par des résidus de colorants de synthèse des années 50 / décharge chimique suisse

Sur un site où une ancienne usine à gaz et une station-service seraient toutes deux susceptibles d’avoir pollué les sols et les nappes phréatiques, on pourra différencier l’origine des polluants, après avoir identifié les sources potentielles et leurs signatures respectives, et évalué le niveau de dégradation des polluants dans les milieux.

Michaela Blessing, géochimiste au BRGM