La situation des nappes phréatiques est globalement satisfaisante, mais les tendances d'évolution sont à la baisse. Les précipitations de mai 2021 ont eu un faible impact sur les niveaux des nappes.
11 juin 2021
Carte de France de la situation des nappes au 1er juin 2021

Carte de France de la situation des nappes au 1er juin 2021.

© BRGM

Situation hydrogéologique au 1er juin 2021

En mai 2021, les tendances d'évolution sont à la baisse sur la majorité des nappes. Ce constat est habituel à cette période de l’année. En effet, les pluies arrivant à s’infiltrer dans les sols sont absorbées par la végétation et n’atteignent que rarement les nappes. Les pluies de mai ont eu un impact significatif uniquement sur les nappes de l’est du territoire, de l’Alsace au littoral méditerranéen.

La situation au mois de mai est globalement satisfaisante, avec des niveaux proches des moyennes mensuelles à modérément bas. La situation est moins favorable, avec des niveaux modérément bas, sur le sud de la Vendée et le sud de la Nouvelle-Aquitaine. Les épisodes de recharge récents ont permis d’améliorer l’état des nappes réactives en Alsace, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et sur le pourtour méditerranéen.

L’automne et l’hiver 2020-2021 ont été caractérisés par une forte recharge des nappes sur une grande partie du territoire. Cette recharge a été particulièrement exceptionnelle notamment en Adour-Garonne mais est restée faible sur le littoral méditerranéen et même inexistante en Provence et Côte d’Azur. La période de vidange s’est terminée un peu précocement, entre février et avril, et a été suivi par un début de printemps sec.

En mai 2021, les précipitations ont eu un faible impact sur les niveaux des nappes : les pluies qui se sont infiltrées ont surtout permis d’humidifier les sols et ont profité à la végétation. Elles ne se sont que peu infiltrées en profondeur. Sur une grande partie ouest du territoire, les nappes poursuivent leur vidange et les niveaux restent majoritairement en baisse. L’intensité de la vidange des nappes s’est ralentie sur certains secteurs les plus arrosés et abritant des nappes réactives aux précipitations (alluvions, calcaires jurassiques et crétacés et socle du Massif armoricain et du Massif Central).

Seules les nappes du tiers est de la France observent des hausses de niveaux, du fait d’une pluviométrie très excédentaire. Cependant, ces hausses sont soudaines et ponctuelles et les niveaux sont repartis à la baisse dès fin mai. En détail, ces secteurs concernent l’Alsace, le sud de la Lorraine, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-D’azur, les régions montpelliéraines et nîmoises et la Corse. A noter que les tendances restent contrastées sur les nappes du Sundgau et du couloir Rhône-Saône. Les précipitations ont eu un impact significatif sur les nappes superficielles mais plus modéré voire inexistant sur les nappes profondes et inertielles. Sur le pourtour méditerranéen, les tendances sont variables, selon les pluviométries locales : certains secteurs ont profité de plusieurs épisodes de recharges durant la première quinzaine du mois, tandis que d’autres secteurs n’ont pas observé de hausses de niveaux.

En mai 2021, les niveaux sont généralement proches de la moyenne mensuelle à modérément bas. La situation des nappes a généralement peu évolué depuis le mois précédent, les nappes inertielles étant peu sensibles aux phénomènes météorologiques du printemps et de l’été et les apports pluviométriques de mai ayant permis de ralentir la dégradation de l’état des nappes réactives.

Les nappes inertielles de la craie et des formations tertiaires du centre du Bassin parisien et d’Artois-Picardie sont peu sensibles à la sécheresse ou aux pluies estivales. La situation se maintient sur ces nappes avec des niveaux proches des moyennes mensuelles. La situation des nappes des calcaires jurassiques du pourtour du Bassin parisien (Bessin, Berry, Côtes de Bars, Lorraine) se dégrade légèrement, malgré un ralentissement de l’intensité de la vidange, et les niveaux sont modérément bas.

Sur les nappes réactives du socle du Massif armoricain, les niveaux sont globalement modérément bas. Les situations locales sont contrastées car elles dépendent des apports pluviométriques du mois de mai.

Sur le Bassin aquitain, la situation est hétérogène. La sécheresse printanière ayant suivi une recharge hivernale très excédentaire, les situations se sont dégradées plus ou moins rapidement selon la réactivité des nappes. Le bénéfice de la recharge abondante de l’hiver dernier se fait toujours ressentir sur les nappes alluviales de la Garonne et de ses affluents et sur la nappe du Plio-quaternaire. A l’inverse, les niveaux sont bas à modérément bas sur les nappes des calcaires jurassiques et crétacés et sur les nappes des alluvions de l’Adour et du Gave de Pau.

De l’Alsace au pourtour méditerranéen, les pluies excédentaires ont eu un impact bénéfique sur les nappes. Les situations se sont améliorées mais n’ont pas permis de rattraper les déficits de recharge de ces derniers mois : les niveaux sont globalement proches des moyennes mensuelles à modérément bas. Les situations locales peuvent cependant être très variables. Ainsi, sur le couloir Rhône-Saône, les niveaux sont modérément hauts à hauts pour les nappes superficielles mais restent bas à très bas pour les nappes profondes. Sur le pourtour méditerranéen, l’état des nappes dépend des apports pluviométriques enregistrés localement.

Plusieurs nappes présentent des situations favorables, avec des niveaux proches à au-dessus des moyennes par rapport aux mois de mai des années antérieures :

  • Les nappes alluviales de la Garonne et ses affluents et du Plio-quaternaire aquitain ont profité de deux recharges hivernales consécutives excédentaires et leurs niveaux sont proches des moyennes mensuelles à hauts ;
  • Les nappes inertielles de la craie et des formations du Tertiaire du Bassin parisien et d’Artois-Picardie, dont la recharge hivernale a été satisfaisante, affichent des niveaux proches des moyennes mensuelles ;
  • La nappe alluviale de la plaine d’Alsace a profité d’un épisode de recharge courant mai et les niveaux sont proches des moyennes mensuelles.

Certaines nappes montrent des situations moins favorables, avec des niveaux sous les moyennes de tous les mois de mai, nécessitant une surveillance renforcée :

  • Les niveaux des nappes alluviales de l’Adour et du Gave du Pau sont modérément bas, du fait d’une sécheresse printanière qui s’est prolongée en mai ;
  • La nappe des cailloutis pliocènes et des alluvions de Bourgogne-Franche-Comté, des alluvions et corridors fluvio-glaciaires du Rhône amont et moyen enregistrent des niveaux proches des normales à modérément bas. Cependant, les nappes profondes et inertielles observent toujours des niveaux bas à très bas ;
  • La situation reste fragile sur les nappes karstiques des régions montpelliéraine et nîmoise ainsi que sur les nappes alluviales et des formations complexes du littoral languedocien et de la Provence où les situations sont contrastées, selon les recharges enregistrées en mai.

Les prévisions de MétéoFrance annoncent que les mois de juin, juillet et août seront plus chauds et plus secs que la normale. Les tendances devraient alors être à la baisse sur l’ensemble des nappes.

Les niveaux devraient rester proches des normales mensuelles sur les nappes ayant bénéficié d’une recharge excédentaire. Ainsi, sur le Bassin parisien, les nappes de la craie et des formations tertiaires devraient conserver des niveaux proches des normales durant les prochaines semaines. Ces nappes sont peu sensibles à une sécheresse estivale, du fait d’un comportement très inertiel. Sur le bassin aquitain, le bénéfice de la recharge abondante de l’hiver 2020-2021 devrait perdurer durant l’été sur les nappes alluviales de la Garonne et de ses affluents et sur la nappe des formations plio-quaternaires du littoral atlantique.

Les déficits pluviométriques de la fin d’hiver et du début du printemps ont fortement impacté les nappes sensibles à l’absence de pluies. Sur certains secteurs, l’apport de précipitations courant mai a engendré un épisode de recharge complémentaire, permettant d’améliorer localement l’état des eaux souterraines. Cependant, cet impact est momentané et la situation risque de se dégrader rapidement durant l’été en cas de sécheresse météorologique prolongée.

Les nappes de Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes ont connu plusieurs hivers successifs avec des recharges déficitaires. Les apports pluviométriques de mai n’ont pas été suffisants pour combler le retard. Ces nappes pourraient alors ne plus assurer leur rôle de soutien d’étiage sur la Loire amont, le Rhône et ses affluents.

Sur le littoral méditerranéen, les nappes des alluvions, des formations tertiaires et des calcaires karstiques du Roussillon, du Languedoc, de la Provence et de la Côte d’Azur ont bénéficié d’une recharge hivernale faible à inexistante. Les pluies de mai ont engendré des crues soudaines et locales sur les nappes. Mais ces épisodes cévenols n’ont pas permis une recharge efficace des nappes, du fait de la violence des pluies et du ruissellement induit, et d’améliorer suffisamment la situation. L’état de ces nappes réactives va très probablement se dégrader durant les prochaines semaines et la situation pourrait devenir tendue sur certains secteurs.

Bulletin de situation hydrologique

Le bulletin national de situation hydrologique est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.