Depuis 2011, les Antilles connaissent des échouages massifs de sargasses sur leurs côtes, qui peuvent entraîner de graves conséquences d’un point de vue environnemental, économique ou encore sanitaire. Etant donné l’accumulation d’arsenic et de chlordécone par les sargasses, il est nécessaire d’évaluer l’impact éventuel du stockage de ces sargasses sur la qualité des milieux (eaux, sols, sédiments…).
21 septembre 2020
Sargasses sur le site de stockage du Diamant

Sargasses sur le site de stockage du Diamant (2019).

© BRGM - Laureen Nacimento

Le besoin

L’échouage massif des sargasses entrainant de graves conséquences d’un point de vue environnemental (asphyxie de la faune et de la flore marine), économique ou encore sanitaire (émanations toxiques), elles ne peuvent être laissées en place et sont stockées dans des conditions qui doivent être sécurisées. C’est pourquoi la DEAL et le BRGM ont mené une étude afin de caractériser les enjeux environnementaux associés aux huit sites de stockages de sargasses présents en Martinique, proposer une hiérarchisation de ces sites au regard des enjeux puis émettre des recommandations quant aux modalités de stockage et/ou de surveillance de ces sites, voire une réhabilitation en cas de pollution avérée.

Mesures in situ des teneurs en arsenic au spectromètre de fluorescence X

Mesures in situ des teneurs en arsenic au spectromètre de fluorescence X (Sainte-Marie, 2019).

© BRGM - Laureen Nacimento

Les résultats

Le BRGM a ainsi réalisé une étude historique et documentaire puis des investigations, centrées sur les sols, sur les huit sites de stockage (mesures par fluorescence X et analyses en laboratoire). Des échantillons sur les milieux environnants (sédiments) ont également été prélevés sur certains sites et des sargasses et des « lixiviats » de sargasses ont fait l’objet de prélèvements à titre exploratoire.

Schéma conceptuel du site de stockage du Marigot

Schéma conceptuel du site de stockage du Marigot et impacts potentiels sur les milieux de l’environnement.

© BRGM

L’interprétation des données obtenues sur les sols, réalisée selon les principes de la méthodologie de gestion des sites et sols pollués de 2017, a montré que les teneurs en arsenic dans les échantillons de sols prélevés en surface (0 – 20 cm) au droit des dépôts de sargasses ne dépassent pas 15 à 20 mg/kg. Si les teneurs restent faibles, une influence du stockage de sargasses est toutefois possible sur les sols, en effet les teneurs en arsenic au droit des sites de stockage de sargasses sont supérieures à celles des échantillons témoin (entre 1 et 5 mg/kg). Des teneurs en chlordécone (sols et/ou sargasses) ont également été quantifiées pour 5 des 8 sites martiniquais. Ces résultats montrent la nécessité d’améliorer les conditions de stockage des sites afin d’éviter toute dégradation de la qualité des milieux.

Pour chacun des sites de stockage, une analyse des enjeux sanitaires et environnementaux a été réalisée à l’aide d’un schéma conceptuel. Elle a permis de recenser la source et les substances potentiellement polluantes, les vecteurs de transfert possible des polluants (migration des lixiviats dans les sols, ruissellement vers les eaux superficielles, etc), ainsi que les cibles (enfants, riverains) et les modes d’exposition possibles (ingestion de sols, etc). Une hiérarchisation des huit sites de stockage a ensuite été proposée sur cette base, qui cible en priorité les sites du Diamant et du Robert pour la mise en œuvre de mesures d’amélioration.

Plusieurs recommandations ont été émises par le BRGM, comme la mise en place d’une traçabilité du transport et du stockage des sargasses, la clôture des sites, la réalisation de fossés ou de merlons ou encore la récupération des lixiviats de sargasses afin de les traiter. Par ailleurs, les données relatives aux eaux souterraines étant lacunaires sur l’ensemble des sites de stockage, la mise en place d’un réseau de surveillance piézométrique et d’un suivi des eaux souterraines est recommandé en cas de pérennisation des sites.

L'utilisation

Les recommandations émises par le BRGM dans le cadre de cette étude seront utilisées par la DEAL et la Préfecture de Martinique afin d’améliorer les conditions de stockage des sargasses, et ainsi de limiter les impacts potentiels sur les milieux de l’environnement.

Les partenaires

  • DEAL Martinique