Les services écosystémiques sont les services rendus par les écosystèmes dont bénéficie l’Homme. Les services dépendant des sols reposent sur le bon état des fonctions écologiques qui tendent à être pris en compte dans la gestion des sols dégradés. Le BRGM est présent sur ce sujet de façon transverse et associe des disciplines et des compétences venant de plusieurs horizons, aussi bien des sites et sols pollués que de la microbiologie. Les chercheurs travaillent ainsi sur des concepts scientifiques émergents : de nouvelles méthodes de mesures et de réhabilitation écologique de sols, mais aussi l’intégration de ces mesures dans les choix de gestion des sites dégradés. Le but : réhabiliter et promouvoir des sols fonctionnels.
Les sols : une ressource fragile
Ressource fragile non renouvelable, les sols peuvent rendre de nombreux services écosystémiques. Pourtant, à cause de l’imperméabilisation, de contaminations d’origines urbaines ou industrielles, ils ne sont plus toujours en mesure de constituer un écosystème propice à la biodiversité et à l’humain.
Ces dernières années ont donc marqué un tournant dans la gestion des surfaces dégradées et des matériaux assimilés à des déchets (boues de carrière, terres excavées, sédiments…), ainsi que dans la prise en compte du fonctionnement écologique des sols, la biodiversité devenant centrale. Cette volonté s’incarne dans des textes réglementaires (Zéro artificialisation nette, loi sur la biodiversité…), mais la thématique est large et la prise en compte est globale et pas spécialitaire.
Prélèvements pour la quantification de biomasse produite sur les sols construits.
© BRGM – P. Bataillard
De nombreux projets
Dans ce cadre, le génie pédologique développé au BRGM prend toute sa place : des bio-indicateurs jusqu’à la reconstruction de sols, à l’analyse de cycle de vie et aux outils d’aide à la décision. Des outils qui répondent aux enjeux de retour au sol vivant, et à l’économie circulaire dans l’aménagement des territoires.
Nouvelles mesures et « reconstruction » de sols : AGREGE
Le projet AGREGE, qui implique le BRGM, se présente comme une nouvelle filière de construction de sol à partir de matériaux innovants pour l’aménagement urbain.
Trois sites démonstrateurs sont en cours. Sur le plan des méthodes et des technologies, l’idée du BRGM est d’intégrer des terres de texture fine (sans intérêt géotechnique) dans un processus de fabrication de sols composés de terres végétales (pour la repousse de plantes) et de sous-couches plus minérales, techniques et aptes à retenir ou au contraire évacuer l’eau par exemple. Sur l’un des démonstrateurs, les sols des 10 essais d’apport de compost et/ou d’argile ont été analysés pour leurs capacités fonctionnelles. Les résultats ont montré que l’apport de matière organique (MOAA) tend à augmenter l’activité microbienne des sols (observable par la mesure du dégagement de CO2), mais que l’apport d’argile (MMA) réduisait cette activité en piégeant la matière organique.
Intégration de mesures dans les choix de gestion : RECORD
Par ailleurs, depuis la désindustrialisation, les friches en zone urbaine ou périurbaine sont nombreuses. La tendance est à favoriser la construction de « la ville sur la ville », permettant ainsi de lutter contre l’artificialisation des sols. Mais il existe très peu d’outils opérationnels, de méthodes ou d’indicateurs permettant d’orienter la conception de tels projets de réaménagement.
L’étude RECORD associant trois partenaires, Soltis environnement, le BRGM et VertigoLab, propose une démarche conceptuelle et méthodologique pour orienter un projet de réaménagement de manière à favoriser la réhabilitation écologique par la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature.
Un outil Excel et une notice d’utilisation permettent à un gestionnaire ou un industriel d’avoir accès à une liste des solutions fondées sur la nature pouvant se substituer à des solutions conventionnelles fortement impactantes : indicateurs de suivi des fonctions, services écosystémiques, etc. Le projet offre aussi une revue des principaux indicateurs connus pour mesurer les fonctions clés des écosystèmes. Au global, ces travaux ouvrent des perspectives intéressantes en matière d’évaluation de la restauration de sites dégradés.