Le BRGM était partenaire du projet POCRISC, coordonné par l’Institut Cartographique et Géologique de Catalogne (ICGC), qui s'est intéressé à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées.
28 mars 2022

Résultats du projet POCRISC

Le BRGM était partenaire du projet POCRISC, coordonné de 2018 à 2021 par l’Institut Cartographique et Géologique de Catalogne (ICGC), et dont l'objectif était de promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées. Ce film présente les outils développés dans le cadre de ce projet.

© POCRISC

Contrairement aux autres risques, le risque sismique n'est pas prévisible. On est sur un massif qui a connu et connaît encore régulièrement des épisodes sismiques.

Comme on n'a pas beaucoup de séismes actuellement, on n'est pas tellement préparés si demain il y a un séisme. Il faut s'y préparer au mieux, et surtout qu'on collabore dans les zones où ils peuvent arriver et avoir des effets des deux côtés de la frontière.

Le projet POCRISC : pour une culture commune du risque sismique est financé à hauteur de 65 % par le Fonds européen pour le développement régional. Les objectifs sont : promouvoir une culture commune sur le risque sismique dans la région des Pyrénées, améliorer et capitaliser sur la connaissance du risque sismique des éléments qui y sont exposés, l'évaluer et contribuer aux stratégies de sa gestion. En plus, fournir au public et aux gestionnaires du risque les informations, les études et les résultats du projet.

Il nous a semblé intéressant de soutenir ce projet POCRISC pour avoir une vue bien plus globale à l'échelle du massif, et aussi envisager des systèmes de gouvernance et d'action à l'échelle transfrontalière. L'idée est que le programme, dans sa phase opérationnelle, vive, percole et se développe sur les territoires avec des applications concrètes.

À l'hôpital de Bagnères, on essaie de mesurer les vibrations ambiantes du bâtiment. On va savoir comment il se déforme dans un état non endommagé et sans excitation sismique.

L'hôpital est une des structures qui, en cas de survenue d'un risque majeur, doit être à même de pouvoir continuer sa mission. Et c'est intéressant d'avoir un retour, une appréciation de sa résistance potentielle à un éventuel séisme.

Ces mesures nous permettent de caler le modèle numérique. On peut mettre des séismes de grande amplitude et qu'on a enregistrés dans la région et voir à quel niveau le bâtiment s'endommage. On peut prévoir des séismes qui peuvent arriver dans la région.

On a équipé un bâtiment essentiel dans chacune des zones du projet POCRISC, en Espagne, en France et en Andorre. En parallèle, on élabore une série de matériaux, de conseils et de recommandations pour équiper les bâtiments, et puis aussi des guides pour connaître un peu la vulnérabilité sismique de ces installations, de ces bâtiments, et aussi donner des recommandations sur comment la réduire.

On réalise dans le cadre du projet avec les partenaires espagnols ce qu'on appelle des "shakemaps", une estimation rapide de l'intensité des secousses grâce aux mesures qu'on a en temps réel via le réseau de sismomètres, d'accéléromètres qui couvre le massif pyrénéen.

Au bout de 5 minutes, du déclenchement du séisme jusqu'à 5 minutes après, on a la localisation du séisme, on sait où il a eu lieu, quelle est sa magnitude, et on a les principaux paramètres qui nous permettent d'estimer comment le séisme a pu être perçu sur tout le territoire, avec quelle intensité il a été ressenti.

On a également conduit une action un peu prospective de voir comment les données captées via Twitter, en temps réel, parlant de séisme, peuvent nous aider à contraindre le calcul de ces "shakemaps".

Les citadins sont de petites stations sismiques, le système se rétro-alimente, nous permettant d'ajuster en temps réel les cartographies perceptives. Et donc, à partir de ces cartographies d'intensité, on peut envisager les scénarios de dommages.

La question de la bonne info au bon moment est que l'information nous soit donnée au bon moment à la bonne personne mais aussi au bon format. Que ce soit compatible avec les modes de travail de ces personnes, qui agissent dans un temps court, sous contraintes. Une idée de premier outil est de donner une première vision globale pour que la sécurité civile sache comment attribuer les ressources à leur disposition en termes de secours. À mesure que la situation va être maîtrisée, connue, les problématiques vont changer.

Une fois l'épicentre localisé, le point à partir duquel le séisme principal s'est produit, on entoure de séisme principal de stations, autant de stations que possible. Et cela dessine la forme de la faille qui a provoqué le séisme principal. Ce qui est nouveau, c'est que le protocole a été conçu pour que les équipes des différents centres d'Espagne, d'Andorre et de France puissent collaborer ensemble et produire un travail harmonisé. Dans une seconde phase, on procède à un travail de relocalisation, pour connaître exactement où ont eu lieu les différents séismes.

Dans le protocole de protection civile, où se coordonnent les actions qui doivent s'accomplir lors d'un séisme, il y a un groupe d'évaluation sismique, qui est chargé de déterminer l'état des bâtiments, s'ils sont sûrs ou s'ils ont été endommagés. La plate-forme qu'on développe permet de s'adapter à la situation et aux besoins du moment. Elle permet de travailler dans une phase pré-urgence, de préparation, pour procéder aux collectes coordonnées des données sur la vulnérabilité des bâtiments face aux risques sismiques. Concernant la partie technologique, c'est nouveau qu'on puisse l'utiliser pour évaluer les dommages, que les techniciens collectent des données sur le terrain, et on voit que cela nous permet de coordonner nos équipes pour estimer les dommages, pour avoir une estimation rapide des dommages encourus. Comme ça, on peut agir en conséquence, préparer des abris ou des logements temporaires pour prendre en charge les familles ou les personnes qui ne peuvent accéder à leurs logements.

Évaluer les bâtiments en accédant à l'intérieur, ça peut être dangereux, un risque pour les techniciens et le personnel de la protection civile. On essaie de développer des outils non invasifs, pour l'analyse sans contact et à distance des bâtiments. Par exemple, quand on fait une échographie en médecine, on obtient cette image sans envahir le patient. Notre prétention est de développer ce genre d'outils, et à partir des vibrations de ce bâtiment, on peut constater quelle est la santé du bâtiment.

J'interviens sur la partie constitution du groupe d'intervention macrosismique. On a un objectif scientifique, qui est de déterminer la sévérité de la secousse au sol, en regardant, en analysant justement les dégâts, les dommages au bâtiment. Et donc on va regarder le degré de dommages de la fissure fine jusqu'à l'effondrement total du bâtiment. Avec tous ces indices, on a une assez grande certitude sur l'intensité, la sévérité de la secousse au sol à l'échelle communale. On va aussi pouvoir, avec ces données, ces informations, reproduire un séisme historique qu'on n'a pas vécu, nous, mais avec les données de vulnérabilité qui sont les nôtres. Le travail qu'on fait après nous permet de caler les modèles qui nous servent en temps d'urgence.

Dans une approche de plus en plus digitalisée, avoir des applications communes de part et d'autre de la frontière, pour informer et pour alerter semble essentiel en termes de réactivité.

Ce projet POCRISC permet là, sur les Pyrénées, d'homogénéiser nos méthodes, de les améliorer, et d'avoir des moyens humains en rapport avec d'éventuels événements forts.

On commence à avoir des outils, à être conscients de cette nécessité de collaborer et de trouver des solutions pour gérer la situation de façon commune.

Logo of POCRISC project

Logo of POCRISC, a project under the POCTEFA INTERREG Programme.

© POCTEFA POCRISC

Le projet POCRISC, cofinancé à hauteur de 65% par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) dans le cadre du Programme Interreg V-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2014-2020), a réuni pendant 3 ans (2018-2021) 10 partenaires en France, en Espagne et en Andorre, ainsi que 7 partenaires associés.

Ce projet s'inscrivait dans l'axe 2 du programme POCTEFA : "Promouvoir l'adaptation au changement climatique ainsi que la prévention et la gestion des risques".

Un projet commun pour favoriser l’homogénéisation des outils et pratiques des services transfrontaliers

Le périmètre du projet était la zone transfrontalière des régions de la Catalogne en Espagne, l’Occitanie en France et l’Andorre.

Le projet POCRISC s'est intéressé à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées :

  • en développant des approches partagées pour l’évaluation du risque pour les services chargés de la prévention,
  • en favorisant la diffusion d’une information commune aux autorités locales et au grand public,
  • et en fournissant des outils pour aider à la décision adaptée aux besoins des gestionnaires des crises.
Automatic macroseismic intensity map of the 16 January 2021 earthquake in the Girona area

Shakemap - Automatic macroseismic intensity map of the 16 January 2021 earthquake in the Girona area, with a magnitude of 3.4.

© POCTEFA POCRISC

Résultats du projet

Dans le cadre du projet POCRISC, différents outils ont été développés :

  • Pour anticiper les risques : mesure des vibrations dans des bâtiments essentiels et réalisation de modèles numériques pour évaluer leur résistance potentielle à d'éventuels séismes, et recommandations pour réduire leur vulnérabilité ;
  • Pour réagir lors du séisme : mise en ligne d'un service de cartes automatiques de mouvements de sol ou "shakemaps" à la suite de tremblements de terre modérés ou importants dans les Pyrénées, mise en oeuvre d'un exercice de crise grandeur nature coordonné par le BRGM ;
  • Pour préserver, après le séisme : développement de méthodes pour évaluer l'état des bâtiments et la sévérité des séismes, ainsi que d'une application smartphone pour l'évaluation des dommages post-sismiques, développée par DeveryWare avec les autres partenaires.

Tous ces résultats ont été mis en application au travers de collaborations conjointes des services transfrontaliers de secours associant des partenaires de la protection civile française, catalane et andorrane. Les résultats obtenus à l’échelle du projet sont transférables à l'ensemble du massif pyrénéen.

Un exercice de simulation de séisme dans les Hautes-Pyrénées

Dans le cadre du projet européen POCRISC, dont le BRGM était partenaire et qui visait à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées, un exercice de crise a été organisé autour de la ville de Tarbes le 19 novembre 2021. Retour d'expérience sur cet exercice grandeur nature coordonné par le BRGM.

© POCRISC

Samuel Auclair, sismologue au BRGM et responsable de l'organisation de l'exercice POCRISC, qui a permis, en fin de projet, de tester tous les développements réalisés pendant quatre ans pour améliorer la gestion de crise en cas de séisme. Pendant cet exercice, nous avons pu tester dans un environnement réaliste, mobilisant un grand nombre d'acteurs français, espagnols et andorrans, la contribution de ces développements à la gestion de crise.

Je m'appelle Rosa Mata Frances, je suis la responsable des opérations territoriales et logistiques de la direction générale de la protection civile de Catalogne. Et je suis responsable de coordonner la participation de la protection civile de Catalogne dans ce projet. Nous avons travaillé principalement dans deux actions, dans l'action d'évaluation des dommages subis par les bâtiments, où nous avons contribué au développement d'un questionnaire qui permet aux différents techniciens du terrain de collecter les dommages post-sismiques des bâtiments de façon homogène, en travaillant tous de la même façon. Et surtout, nous avons contribué à la conception de l'application qui permet de collecter ces données sans avoir à le faire sur papier.

Nous représentons une association qui s'appelle ACE qui voudrait pouvoir faire le même travail que celui de l'association AFPS en France, l'Association française du génie parasismique, qui apporte une aide lors des crises sismiques au niveau des évaluations. On est intervenu dans l'édition des guides, des guides pour évaluer la vulnérabilité sismique des bâtiments, quels dommages potentiels ils pourraient subir en fonction du type de bâtiment. Si ce sont des bâtiments anciens, ou à structure bétonnée ou métallique, etc. Et en fonction de ce type structurel, estimer quels dommages ils peuvent subir. Et aussi, parmi ces guides, qui sont une des puissantes actions du projet POCRISC, il y a aussi des guides, par exemple, sur comment équiper les bâtiments pour voir leur comportement dynamique, voir comment ils réagissent face à un séisme, ou comment il faudrait les renforcer pour qu'ils supportent un tremblement de terre.

Nous avons essayé de créer une application sur laquelle nous avons travaillé et qui s'est développée dans ce projet. Elle permet de collecter ces données enregistrées par les différents techniciens dans un format homogène, centralisé, pour qu'elles puissent être envoyées, traitées et analysées à un moment donné depuis un centre de coordination d'urgences.

Nous, en fait, on est là pour voir comment marche l'outil à travers DeveryWare, de pouvoir faire les analyses des bâtiments, de la vulnérabilité de ces structures au niveau des bâtiments et aussi, avoir les renseignements en cas de séisme. D'avoir ces renseignements de première main rapidement. Nous avons toute une structure organisée derrière qui est vraiment connectée entre différentes communes. Pour nous, c'est très important de voir cette relation qu'il y a eu, et aussi, de voir les différentes cellules au niveau des bâtiments. La cellule qui faisait l'analyse des bâtiments, nous avons vu qu'il y a une très bonne coordination, et à travers l'application qui a été créée par POCRISC, d'avoir cette application, ça va nous aider à gérer la situation de crise par rapport à la cellule de crise, avoir les renseignements, et surtout, les gens qui vont faire les évaluations sur le terrain, la communication va être très bonne et ça va nous aider à planifier, à nous organiser, à gérer mieux la situation de crise.

Une autre action importante qui s'est développée dans le projet est la simulation, pour pouvoir, quand vient le moment du séisme, faire une première estimation des dommages subis, qui permet aux gestionnaires des urgences d'avoir une première vision de ce qui a pu se passer, potentiellement, et qu'on doit ensuite confronter à la réalité.

Aujourd'hui, on a passé une journée sur une modélisation de séisme de grande ampleur. C'est quelque chose qui a demandé une préparation relativement longue. Et on a accueilli sur deux sites mis à disposition quelques 80 pompiers qui ont travaillé pendant 5 heures d'affilée pour, au final, sortir 20 personnes de décombres. Bien évidemment, c'étaient des victimes fictives. Cet exercice, je vous dirais au même titre que tous les autres, est important puisqu'on ne pourra être on ne peut plus efficaces que si on s'entraîne. Celui-là, il était particulier par rapport aux autres du fait de son dimensionnement. Il faisait suite à cet événement fictif de grande ampleur. On était un peu dans la continuité de tout ce qu'on a pu connaître dans la journée. On a travaillé avec nos collègues du SDIS64 et nos collègues andorrans, ce qui est peu habituel malgré tout. On a découvert de nouveaux outils de travail qui ne pourront qu'améliorer nos méthodes, et de fait, améliorer la prise en compte des victimes. C'est notre finalité et la finalité également de ce projet.

C'est un exercice très intéressant parce qu'on a pu voir comment se structurer, s'organiser. On a vu les points forts et les points faibles. Avoir cette vision comme on a pu avoir aujourd'hui, ça nous permet de structurer, d'améliorer notre plan opérationnel.

Nous avons pu, d'une part, mettre à l'épreuve les outils que nous avons développés au sein du projet, et d'autre part se connaître en personne entre les différents participants, d'échanger nos opinions et nos expériences sur comment chacun travaille, et au bout du compte, apprendre un peu les uns des autres.

Le retour d'expérience tiré de cet exercice va maintenant nous permettre de progresser à la fois pour améliorer les outils mis en place dans le cadre du projet, mais également collectivement, être en mesure de mieux faire face à un séisme qui surviendrait demain dans les Pyrénées.

Actions du projet POCRISC

Actions du projet POCRISC.

© POCTEFA POCRISC

L’expertise du BRGM au service du développement du territoire pyrénéen 

Ce projet POCTEFA vise à renforcer le développement économique et sociale de la zone frontalière franco-espagnole-andorrane. Son action est centré sur le développement d'activités transfrontalières économiques, sociales et environnementales au travers de stratégies communes favorisant un aménagement territorial durable. 

Le BRGM, au travers de l’intervention coordonnée de sa Direction des Actions Territoriales et de sa Direction des Risques et Prévention, apporte son expérience et son expertise dans le domaine des Sciences de la Terre aux différentes activités du projet et, en particulier, en ce qui concerne l’évaluation des aléas, vulnérabilités et risques sismiques à l’échelle des Pyrénées.

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