Marais maritimes en Baie de Somme.
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Dans le cadre d’un accord de partenariat courant de 2022 à 2026, le BRGM et le Conservatoire du littoral renforcent leur coopération pour préserver et valoriser le littoral français. Il faut dire que cet espace, interface entre terre et mer, est le siège d’évolutions importantes du fait des changements climatiques, déjà palpables et certainement majeures pour l’avenir. Il s’agit bien sûr de l’élévation du niveau de la mer, mais aussi de son impact sur les activités humaines.
C’est dans ce contexte que le BRGM et le Conservatoire du littoral coopèrent en matière de connaissance et d’expertise en appui à la gestion, la préservation et la mise en valeur du littoral français.
Une gestion souple du trait de côte
Un premier partenariat, conclu en 2015 pour 5 ans, a déjà permis l’élaboration et la mise en œuvre en commun du projet Life Adapto, pour une gestion souple du trait de côte. Avec ces travaux, qui viennent donc de se conclure, il s’agissait de tester et démontrer l’efficacité de solutions nouvelles, des solutions fondées sur la nature (SFN), face à l’érosion et à la submersion marine.
Adapto a eu en effet pour objectif d’explorer, sur les littoraux naturels, des solutions nouvelles face à l’érosion et à la submersion marine. Plus particulièrement face à l’accentuation du changement climatique qui se traduit, outre l’élévation du niveau des eaux, par l’augmentation de la fréquence des évènements climatiques extrêmes.
Dix sites littoraux pilotes à dominante naturelle et agricole ont été choisis pour tester ce mode de gestion. Il s’agit de la baie d’Authie et de celle de Lancieux, de l’estuaire de l’Orne, du marais de Moëze-Brouage, de l’estuaire de la Gironde, du delta de la Leyre, du Petit et Grand Travers, les Vieux Salins d’Hyères, du delta du Golo et des rizières de Mana. Ces sites expérimentaux, neuf en métropole et un en Guyane, sont bien représentatifs d’un panel de milieux littoraux différents, des côtes basses et sableuses de l’atlantique aux côtes basses atlantiques poldérisées, en passant par les lidos méditerranéens, les salins méditerranéens ou les mangroves.
Sur chaque site, le projet Adapto amène les collectivités, les gestionnaires et les usagers concernés à construire leur propre projet de territoire. Adapto propose une démarche interdisciplinaire : risques littoraux, paysagère, économique, sociologique, biodiversité…
Baie de Lancieux-Beaussais. Submersion causée par un événement centennal. Hypothèse d’une brèche de 250 m dans la digue de Ploubalay et d’une digue de la Riche intacte.
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Une approche originale
Une approche originale a été choisie : face à l’érosion du trait de côte, tester une gestion souple et la comparer avec d’autres scénarios d’aménagement, dont celui qui consiste à résister par des digues en terre ou maçonnées par exemple. Ainsi des polders peuvent être reconnectés à la mer, afin de laisser plus de place à la mer (création de zone d’expansion pour les submersions marines) et de profiter de la capacité des habitats marins à atténuer les aléas… L’approche est nouvelle car il ne s’agit pas forcément de tout protéger obligatoirement. Ainsi, pour la Baie de Lancieux, plus précisément le polder de Beaussais, la digue de protection était en mauvais état sur un tronçon en particulier, et avait déjà connu l’apparition de brèches. Il a donc été reconnecté à la mer. Pour le marais de Moëze-Brouage, la digue devant les terrains du Conservatoire du littoral a connu la création d’une brèche. Pour ces deux sites, un choix de projet est en cours (paysagers, aléas naturels, biodiversité, perception sociale, économique). Il pourrait changer les mentalités et convaincre les acteurs du territoire, élus, professionnels, population, du bien-fondé de cette reconnexion à la mer et d’accepter la reconnexion sans réparer la digue. Autre exemple : sur les Vieux Salins d’Hyères, la majeure partie des enrochements existants ont été supprimés.
Ce type de travail commence à se propager. D’autant que ces solutions présentent aussi un intérêt pour le CO2 : certains milieux comme les vasières et les prés salés sont reconnus pour leurs forts taux de captation et de séquestration du carbone. C’est aussi un moyen pour contribuer à faire changer les façons de penser des acteurs du territoire (populations, élus, usagers, professionnels…).
Ainsi, le nouvel accord signé en janvier 2022 a pour objet d’aller plus loin, en définissant les domaines et les conditions dans lesquels le Conservatoire du littoral et le BRGM vont coopérer. Sur des solutions fondées sur la nature (SFN), sur les instances nationales de la stratégie de gestion du trait de côte et sur la coopération outre-mer.