Localisation des trois bassins versants objets du projet ISABEL dans le département de la Haute-Vienne.
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Le besoin
Le Limousin est une grande région d’élevage. Cependant, le maintien et le développement de cette activité nécessite une disponibilité de la ressource en eau en quantité suffisante et de qualité adaptée pour l’abreuvement du bétail. Or, le manque d’eau de surface sur certaines exploitations contraint des éleveurs à recourir au réseau d’eau potable pour l’abreuvement de leur bétail. De plus, l’abreuvement sur les cours d’eau entraîne des impacts directs (dégradation des berges), le piétinement du bétail affectant également les zones humides.
Pour répondre à ces problématiques, en contribuant à la recherche d’une autonomie en eau, le projet ISABEL (Identification de Solutions adaptées à l’Abreuvement du Bétail et limitation de la pression sur l’hydrosystème En Limousin) vise à fournir les connaissances nécessaires à l’exploitation de la ressource disponible dans les altérites meubles, via la technique des pointes filtrantes (ouvrages captants de faible profondeur). Visant des objectifs de sécurisation, de quantité et de qualité, cette exploitation doit s’inscrire dans un contexte de gestion équilibrée, sans conflit d’usage.
Profil d’altération d’une dizaine de mètres développé sur des diorites recoupées par des dykes bréchiques, Saint-Hilaire-Bonneval (Haute-Vienne).
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Les résultats
Transversal, le projet ISABEL associe hydrogéologues, pédologues, naturalistes et exploitants agricoles. La première phase du projet a consisté à caractériser trois bassins versants sélectionnés en Haute-Vienne. Outre les caractéristiques obtenues à partir de l’analyse de modèles numériques de terrain (tracé de sous-bassins versants, pentes, classification des paysages…), le BRGM a réalisé une cartographie de la présence d’altérites via des reconnaissances terrain. En collaboration avec le bureau d’études Kermap, le traitement d’images satellitaires a permis d’élaborer un premier indice caractérisant les sols présentant une persistance d’humidité.
En parallèle, la Chambre d’Agriculture a effectué des enquêtes de terrain pour caractériser la typologie de l’abreuvement (directe au cours d’eau, utilisation du réseau d’eau potable avec ou sans transport…), la distribution des unités de gros bétails et les volumes consommés. Le croisement des besoins en abreuvement et de la présence d’altérites a ensuite permis de sélectionner un site pilote au sein de chaque bassin versant.
Sur chaque site pilote, outre la caractérisation des zones humides, réalisée par le Conservatoire Botanique National du Massif Central, l’Université de Limoges a mis en œuvre des méthodes géophysiques (cartographie de la conductivité électrique) afin de guider l’implantation et la création de piézomètres. Les piézomètres (3 par site pilotes) implantés au premier semestre 2023, seront équipés d’un enregistreur de niveaux d’eau permettant d’appréhender la dynamique de recharge/vidange du réservoir superficiel des altérites. Des analyses sur les eaux superficielles et souterraines viendront compléter la connaissance des hydrosystèmes locaux.
L’utilisation
Le projet vise à élaborer une méthodologie reproductible et transposable pour le prélèvement de la ressource des altérites tout en respectant les étapes et critères suivants :
- Caractérisation d’une ressource peu connue et peu exploitée, dont le débit peut être soutenu par des nappes sous-jacentes ;
- Définition de zones favorables sur la base de critères scientifiques : les prélèvements ne doivent pas altérer le fonctionnement des zones humides et des cours d’eau ;
- Adéquation aux besoins des exploitants (prélèvements par pointes filtrantes) ;
- Réglementation et suivi des installations.
Les partenaires
- Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne
- Université de Limoges – Laboratoire E2Lim
- Conservatoire Botanique National du Massif Central
- Kermap
- Agence de l’Eau Loire-Bretagne
- Région Nouvelle Aquitaine