Le besoin
Le captage des Varras (Mauny, Seine-Maritime) qui se trouve dans un aquifère crayeux karstique, est sujet à la présence récurrente d’AMPA dans les eaux brutes. Ce composé possède au moins deux origines possibles, puisqu’il constitue à la fois un produit de dégradation du glyphosate (herbicide ayant aujourd’hui des usages possibles en agriculture et pour certains besoins des collectivités) et un produit de transformation de certains détergents.
Du fait de cette double origine possible et du contexte hydrogéologique, la présence du composé au droit du captage peut résulter de différentes voies de transfert dans l’aire d’alimentation : une infiltration diffuse liée à l’occupation du sol et/ou une infiltration plus localisée à l’aval des rejets de station d’épuration. Or déterminer l’importance relative de chacune des voies potentielles de transfert est essentiel pour la mise en œuvre par le syndicat, d’une gestion adaptée de cette contamination.
Les résultats
Pour cela, le BRGM a proposé une méthode originale, basée sur une approche multi-traceurs, dont certains spécifiques des eaux usées, et exploitant des outils chimiques et isotopiques en complément de l’amélioration des connaissances sur le fonctionnement hydrogéologique du bassin d’alimentation.
Plusieurs sources d’AMPA dans le milieu ont ainsi été identifiées : drainage agricole, bassin pluvial d’une zone d’activité commerciale et rejets de station d’épuration, ces derniers apparaissant comme une source continue. Un traçage coloré, réalisé au cours du premier automne, a démontré la relation hydraulique entre le milieu récepteur (fossé) et le captage. L’utilisation conjointe des isotopes du bore et de co-traceurs organiques a permis de mieux contraindre le fonctionnement hydraulique de ce fossé tout au long de l’année, y compris après des travaux de reprofilage et d’évaluer l’impact des rejets sur l’ensemble d’un cycle hydrologique.
Les résultats obtenus et la compréhension du fonctionnement hydrogéologique qui en découle ont permis de réinterpréter les données historiques. Cette analyse a mis en lumière que les conditions climatiques (pluie et intensité), les périodes de recharge ou décharge de l’aquifère mais aussi des conditions hydrodynamiques plus globales (niveau piézométrique) jouent sur la qualité de l’eau mesurée au niveau du captage vis-à-vis de l’AMPA et du glyphosate.
Cette collaboration nous a beaucoup apporté et appris. Outre les connaissances nécessaires à notre problématique spécifique de protection de la ressource en eau, l’expertise du BRGM nous a permis de mettre en lumière les sujets qu’il nous faudra approfondir, tels que le développement de notre réseau piézométrique. Les résultats obtenus nous permettent également de communiquer auprès de la population et de mener des actions de sensibilisation sur l’origine des polluants qui impactent la qualité de l’eau.
L’utilisation
Le SERPN va poursuivre les actions de gestion et de communication, entamées depuis de nombreuses années, en les orientant vers le monde agricole ainsi que les collectivités. Les résultats de l’étude permettent également d’engager le dialogue entre les différentes parties prenantes du secteur, certaines actions relevant de la compétence d’autres acteurs du territoire. Une priorisation des actions pourra ainsi être établie entre tous les acteurs.
Les partenaires
- SERPN (Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg)
- Agence de l’Eau Seine Normandie
- Département de l’Eure
- Métropole Rouen Normandie