En Guyane, les glissements de versant sont de mieux en mieux identifiés et caractérisés. Afin d’alimenter les plans de préventions des risques, le BRGM développe une méthodologie de cartographie de l’aléa.
22 novembre 2024
Glissement de grande ampleur dans les Montagnes de Kaw-Roura (Guyane française, 2021).

Glissement de grande ampleur dans les Montagnes de Kaw-Roura (Guyane française, 2021). 

© ONF

Le besoin

Depuis une dizaine d’années, le BRGM et la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM) Guyane mènent des études de cartographie et de caractérisation des glissements de terrain sur ce territoire singulier, constitué d’un puissant profil d’altération qu’on ne retrouve que rarement en Métropole. Récemment, un certain nombre d’évènements impliquant plusieurs dizaines à centaines de milliers de mètres cube ont été identifiés par le BRGM. Or aucune méthodologie de cartographie de l’aléa n’est actuellement adaptée à ce territoire.

Pour pallier cette lacune, la DGTM a sollicité le BRGM afin de développer une méthodologie de cartographie de glissement de versant de plusieurs dizaines à centaines de milliers de m3 en incluant les zones de départ, les zones de propagation et ce, dans l’esprit des guides méthodologiques les plus récents publiés pour la Métropole.   

Les résultats

Dans un premier temps, l’étude  a consisté à identifier et à établir une base de données morphométriques d’une trentaine de glissements de terrain  à partir des données LiDAR disponibles sur le secteur d’étude (presqu’île de Cayenne). Après sélection de quatre glissements de dynamique ou d’ampleur différentes, des cartographies géologiques au 1/25 000e ont été réalisées autour de ces glissements. Les données cartographiques ont été complétées par des données hydrogéologiques et  géotechniques issues de différentes études disponibles dans la littérature scientifique.

Par la suite, des profils géophysiques électriques et sismiques ont été acquis en périphérie des occurrences sélectionnées. L’ensemble de ces données a permis de proposer des modèles hydrogéologiques puis hydrogéotechniques conceptuels de l’environnement autour des glissements de terrain sélectionnés. Ces modèles conceptuels ont servi de base pour modéliser numériquement différents types de rupture en tenant compte de différents scénarios de niveau de nappe d’eau. La calibration des paramètres a été réalisée sur des profils spécifiques pour chaque type de glissement de terrain retenu avec un outil de calcul d’équilibre limite (TALREN®). Une fois les paramètres définis, ils sont introduits dans un modèle de rupture spatialisé (ALICE®) afin de définir des secteurs susceptibles de se déstabiliser sous certaines conditions (influence de la nappe d’eau dans les matériaux).

Les secteurs identifiés servent de base pour calculer des probabilités de propagation et d’atteinte. La méthodologie (chaine de traitement numérique) couple donc calcul de rupture puis de propagation et permet de définir des probabilités de rupture et de propagation puis de déterminer des enveloppes spatiales d’atteinte pour des types de glissement de terrain connus pour leur potentiel destructeur en Guyane.

L’utilisation

Les résultats de cette étude, après une transposition en cartographie de l’aléa et l’acquisition de données géologiques, géotechniques et hydrogéologiques plus fines, permettront d’établir des cartes d’aléa modernes et adaptées aux spécificités géologiques du territoire guyanais qui alimenteront les futurs plans de prévention des risques mouvement de terrain.

Les partenaires

  • DGTM de Guyane