Situées le long du littoral, les lagunes côtières constituent des morphologies communes caractérisées par des eaux marines intérieures dont la profondeur dépasse rarement quelques mètres, séparées de l'océan par un cordon sableux mais reliées par un ou plusieurs canaux ou bras de mer restreints. Agissant généralement comme des puits nets de matériel sédimentaire, ces lagunes évoluent progressivement vers d'autres types d'environnement, nécessitant alors un suivi adapté et parfois, l’aménagement de certains secteurs.
4 décembre 2024
Photographie aérienne du site des Salines, prise le 9 juin 2022 par autogyre.

Photographie aérienne du site des Salines, prise le 9 juin 2022 par autogyre. 

© Sub-C Marine

Le besoin

Le Conservatoire du Littoral et le BRGM ont souhaité acquérir de nouvelles connaissances vis-à-vis du fonctionnement hydrosédimentaire de la lagune des Salines, qui constitue un élément important du patrimoine historique martiniquais et représente des enjeux environnementaux de reposoir, de reproduction et d’alimentation pour les oiseaux migrateurs et les populations aquatiques.

Les résultats

Les observations et les analyses réalisées ont permis d’améliorer la connaissance du fonctionnement hydro-sédimentaire de la lagune des Salines et de mieux comprendre son évolution historique au cours de ces dernières années. 

Concernant le fonctionnement hydrodynamique, les travaux réalisés confirment notamment que :

  • Les apports d’eau douce annuels en transit dans la lagune des Salines sont nettement supérieurs au volume total de l’étang et constituent un forçage physique et écologique essentiel. Néanmoins, ces apports varient considérablement selon la saison : ainsi, la recharge théorique mensuelle est deux fois plus importante pendant la saison humide que pendant la saison sèche ;
  • Les marées observées dans la lagune sont déterminées par les marées de l'océan côtier et donnent lieu à une dynamique d'écoulement non linéaire. Ainsi, le canal reliant la lagune avec la mer sert de filtre dynamique qui alterne les courants ainsi que les fluctuations du niveau d'eau. Au sein de la lagune, l’amplitude de marée (de l’ordre de 0,07 m) est nettement inférieure à celle observée en mer (de l’ordre de 0,60 m) avec un déphasage important (environ 4 heures et demie) ;
  • Des fluctuations saisonnières de niveaux d’eau ont également été observées et sont directement reliées aux variations des niveaux d’eau en mer. Entre décembre et juillet, les niveaux en mer sont plus bas que ceux mesurés entre juillet et novembre, forcés par des effets barométriques à l’échelle de la Caraïbe et par la circulation régionale. On observe ainsi, à l’échelle saisonnière, des variations sur les niveaux d’eau de la lagune dont l’amplitude atteint environ 0,10 m.

Concernant l’évolution morphologique, une réduction importante de la surface en eau de la lagune a été mise en évidence entre 1992 et 2006 (estimée à environ 84 000 m² soit 10% de la superficie actuelle de l’étang). La mise en place d’une retenue collinaire sur le secteur nord-est de la lagune dans les années 80 constitue une ressource mobilisable non négligeable et un obstacle à l’écoulement naturel des eaux de ruissellement. Ainsi, le phénomène d’envasement décrit il y a quelques années ne serait pas directement relié à une mauvaise communication entre la mer et la lagune mais à une réduction des apports en eau douce en conséquence de l’aménagement du bassin versant. Depuis quelques années (entre 2006 et 2017), il semblerait que la morphologie de l’étang ait retrouvé un certain équilibre, et ce au détriment de certaines portions de la lagune.

 

Baie de Saint Pierre, Martinique

L’accompagnement du BRGM nous a été très précieux car il nous apporte une meilleure connaissance de notre milieu, ce qui a totalement réorienté notre vision et nos priorités. Une première collaboration réussie donc qui a donné lieu ensuite à une étude complémentaire, topographique et bathymétrique. Nous sommes heureux de ce partenariat qui se poursuit, puisque le BRGM va nous soutenir sur d’autres projets dont Adapto plus, pour nous accompagner dans l’adaptation au changement climatique.

Marie-Michèle Moreau, responsable Antenne de Martinique, Conservatoire du littoral, Délégation Outre-Mer
Installation de la sonde CTD diver CB2 au niveau de l’entrée (côté étang) du canal sud-est de la lagune.

Installation de la sonde CTD diver CB2 au niveau de l’entrée (côté étang) du canal sud-est de la lagune. 

© BRGM

L’utilisation

Parmi les principaux résultats obtenus, la réduction de la surface en eau de la lagune, décrite parfois comme un phénomène d’envasement, ne semble pas se poursuivre aujourd’hui. Néanmoins, certaines portions peuvent se trouver temporairement à sec (majoritairement entre décembre et juillet) en raison de leurs faibles profondeurs et des niveaux d’eau en mer relativement bas. Il paraît aujourd’hui nécessaire de mieux évaluer les impacts écologiques et environnementaux potentiels associés à cette dynamique.

Afin de comprendre et de suivre l’évolution de l’étang des Salines au cours du temps, la poursuite du suivi hydrodynamique et morphodynamique de l'étang des Salines doit être envisagé. L’élaboration d’un carnet de bord des évolutions observées pourrait être facilement mis en place. Ces informations, faciles à renseigner en temps réel, sont généralement inexistantes et difficiles à récupérer a posteriori, mais toutefois primordiales pour la mise en place d’une gestion adaptée.

Les partenaires

  • Conservatoire du littoral