Jusqu’alors, aucun travail d’envergure n’avait été mené sur la connaissance des ressources en eau souterraine du socle vosgien à l’échelle des trois territoires Alsace, Lorraine et Franche-Comté. L’étude menée a conduit à une caractérisation des ressources par bassin versant préalable à la définition de la vulnérabilité au changement climatique.
8 octobre 2021
La Thur, en amont du lac de Kruth-Wildenstein (Haut-Rhin, juillet 2019).

La Thur, en amont du lac de Kruth-Wildenstein (Haut-Rhin, juillet 2019). 

© BRGM - Murielle Chabart

Le besoin

Le Massif des Vosges représente au sein de la région Grand Est un enjeu particulier quant à la gestion des ressources en eau. Le socle vosgien regroupe en effet une grande variété de roches ayant chacune des caractéristiques hydrogéologiques propres mais, d’une façon générale, les aquifères du socle ne semblent pas disposer de réserves en eau suffisantes pour résister aux sécheresses successives.

Les périodes de sécheresse de 2003, 2011, 2015 et plus récemment de 2018 et 2019 ont montré la sensibilité des captages et des rivières du socle vosgien pendant les périodes d’étiage, ce qui a amené les services de l’Etat à s’interroger sur les mesures à prendre en cas de sécheresse prolongée.

A l’occasion des Rencontres alsaciennes de l’environnement du 18 juin 2015 portant sur les impacts du changement climatique, le constat suivant a été partagé : « la vulnérabilité des sources dans les Vosges au changement climatique est sans doute forte et il apparait nécessaire de l’anticiper ».

L’étude menée par le BRGM s’inscrit pleinement dans cette démarche d’anticipation et vise en deux phases successives à :

  • évaluer les ressources en eaux souterraines du socle vosgien (étude terminée en 2020) ;
  • définir la vulnérabilité de la ressource face au changement climatique.
Campagne de jaugeage sur le cours d’eau de la Thur à Wildenstein (Haut-Rhin, juillet 2019).

Campagne de jaugeage sur le cours d’eau de la Thur à Wildenstein (Haut-Rhin, juillet 2019). 

© BRGM

Les résultats

En 2018 et 2019, le travail collaboratif mené entre géologues et hydrogéologues a permis de dresser, à l’échelle du massif vosgien, une carte de favorabilité des formations géologiques à la présence d’un profil d’altération pouvant se traduire sous forme de « potentiel de la ressource en eau », en application du nouveau concept d’aquifère de socle développé ces dernières années.

L’analyse des données hydrogéologiques relatives aux sources et aux forages captant le socle vosgien, l’acquisition de nouvelles données à l’étiage 2019 (préparation et mise en œuvre de trois campagnes de jaugeage du débit des cours d’eau, en collaboration avec l’Université de Lorraine) et la confrontation des résultats obtenus au terme de chaque étape, notamment avec la carte de favorabilité des formations de socle, a conduit à identifier les bassins versants à plus fort potentiel en terme de ressources en eau souterraine.

L’utilisation

L’étude a ainsi permis de dresser le bilan des connaissances disponibles sur le socle vosgien et d’envisager, à court terme, son partage au plus grand nombre, via la diffusion sur les plateformes ad hoc telles que ADES, Infoterre ou le SIGES Rhin-Meuse. L’usage de ces données intéresse d’ores et déjà plusieurs acteurs locaux : des collectivités en charge d’une gestion optimale de leurs ressources et en demande d’éléments de compréhension, des chercheurs travaillant localement sur des évaluations de la ressource ou tout autre acteur ayant des projets plus concrets, comme par exemple le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges dans le cadre d’un projet d’observatoire des eaux superficielles.

Les traitements effectués montrent une grande disparité de fonctionnement des 37 bassins versants hydrologiques étudiés. Il convient désormais de modéliser les différents systèmes hydrogéologiques afin de rendre compte de leur vulnérabilité face au changement climatique à l’horizon 2100. La modélisation mise en œuvre permettra de disposer d’un outil de gestion globale de la ressource en eau à l’échelle du socle vosgien et de perspectives d’actualisation en fonction de l’évolution du contexte local et de l’acquisition de nouvelles données.

La Thur, en amont du lac de Kruth-Wildenstein (Haut-Rhin, juillet 2019).

Cette étude du BRGM est fondamentale. C’est une étude de connaissance sur laquelle vont se baser les politiques de gestion concertées des milieux. Elle a ouvert quelques perspectives et confirmé nos craintes sur la raréfaction de la ressource en eau. Elle nous donne aussi les premiers éléments nécessaires en vue d’établir des plans de gestion économes, une problématique nouvelle mais très prégnante dans ce massif longtemps considéré comme un château d’eau quasi inépuisable.

Olivier Braud, commissaire à l'aménagement du Massif des Vosges

Les partenaires

  • Agence de l’Eau Rhin Meuse
  • Région Grand Est
  • Commissariat à l’aménagement du massif des Vosges
  • DREAL Grand Est
  • Université de Lorraine (LOTERR)